Arthur Conan Doyle et William Gillette
SHERLOCK HOLMES
DRAME EN CINQ ACTES ET SIX TABLEAUX
(1899)
Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Table des matières
ACTE PREMIER .......................................................................5
SCÈNE I .................................................................................5
SCÈNE II............................................................................... 8
SCÈNE III ............................................................................10
SCÈNE IV.............................................................................12
SCÈNE V ..............................................................................14
SCÈNE VI14
SCÈNE VII .......................................................................... 26
SCÈNE VIII31
SCÈNE IX............................................................................ 35
SCÈNE X41
SCÈNE XI 45
SCÈNE XII ...........................................................................47
SCÈNE XIII......................................................................... 49
ACTE II....................................................................................51
SCÈNE I .............................................................................. 52
SCÈNE II57
SCÈNE III 60
SCÈNE IV............................................................................ 65
ACTE III ..................................................................................67
SCÈNE I ...............................................................................67
SCÈNE II............................................................................. 69
SCÈNE III75
SCÈNE IV 78
SCÈNE V ..............................................................................81 SCÈNE VI............................................................................ 83
SCÈNE VII .......................................................................... 85
SCÈNE VIII ......................................................................... 88
SCÈNE IX 93
ACTE IV.................................................................................. 99
SCÈNE I .............................................................................. 99
SCÈNE II........................................................................... 100
SCÈNE III ..........................................................................103
SCÈNE IV 108
SCÈNE V ............................................................................ 110
SCÈNE VI........................................................................... 113
SCÈNE VII ......................................................................... 117
SCÈNE VIII ........................................................................122
ACTE V ..................................................................................128
PREMIER TABLEAU.........................................................128
SCÈNE I .................................................................................128
SCÈNE II................................................................................129
SCÈNE III ..............................................................................135
SCÈNE IV...............................................................................138
SCÈNE V 141
SCÈNE VI143
SCÈNE VII .............................................................................144
SCÈNE VIII............................................................................147
SCÈNE IX149
SCÈNE X................................................................................ 151
DEUXIÈME TABLEAU .....................................................152
SCÈNE I .................................................................................153
SCÈNE II155
SCÈNE III .............................................................................. 157
SCÈNE IV...............................................................................159
- 3 - SCÈNE V ............................................................................... 160 ................................................................................ 161
SCÈNE VII .............................................................................163
Toutes les aventures de Sherlock Holmes ............................165
À propos de cette édition électronique .................................168
- 4 - ACTE PREMIER
DÉCOR : Un salon dans la maison des Murray, vieille
demeure triste et en mauvais état, dans un lointain quartier de
Londres. Cependant, la pièce est vaste et conserve un certain
aspect de grandeur. Un escalier au fond de la pièce conduit au
premier étage, dont on entrevoit le palier. À droite, une porte
donnant dans le vestibule. Une large fenêtre occupe la plus
grande partie du côté droit.
Le mobilier, qui a été riche, est d'ancienne mode et fané; un
piano. À gauche du spectateur, un meuble, genre secrétaire, ou
armoire à une porte, dans le compartiment inférieur duquel se
trouve un coffre-fort avec des combinaisons de lettres. Lampes
allumées.
SCÈNE I
MADGE MURRAY, BENJAMIN
Mme Murray est une belle personne brune d'une trentaine
d'années, au visage et aux yeux durs. Elle est habillée avec
recherche.
Benjamin entre, portant un plateau sur lequel est un journal.
C'est un maître d'hôtel, tenue irréprochable.
BENJAMIN. – C'est à la troisième page, madame, en haut
de la deuxième colonne.
MADGE. – Merci !
BENJAMIN, pendant que Madge prend le journal. – Je
demande pardon à Madame, mais la femme de chambre voudrait
lui dire quelques mots.
- 5 - Madge a pris le journal et s'est assise sur un fauteuil, puis a
commencé à lire.
MADGE, les yeux fixés sur le journal. – Je n'ai pas le temps
pour le moment.
BENJAMIN. – Bien, madame.
MADGE, sans lever les yeux du journal. – Laquelle des deux
femmes de chambre est-ce ?
BENJAMIN, s'arrêtant. – Thérèse, madame.
MADGE, paraissant surprise. – Thérèse ?
BENJAMIN. – Oui, madame.
MADGE. – Avez-vous idée de ce qu'elle veut me dire ?
BENJAMIN. – Pas du tout, madame.
MADGE. – Eh bien ! qu'elle vous le communique. Je ne la
verrai que quand je saurai ce qu'elle désire.
BENJAMIN. – Je ferai la commission, madame. Il sort, en
fermant soigneusement la porte derrière lui.
Madge, une fois seule, examine avec attention le journal. Elle
s'approche d'une des lampes pour pouvoir lire plus facilement.
Benjamin rentre doucement. Il reste un moment à la porte et
observe Madge occupée à sa lecture. Celle-ci l'a terminée et se
lève avec irritation. Jetant violemment son journal sur le piano,
elle se dirige vers le meuble qui contient le coffre-fort. Après
avoir ouvert la porte de bois, elle fixe ardemment les yeux sur les
rouleaux des lettres, puis elle referme brusquement la porte. À ce
moment, elle voit Benjamin et se calme immédiatement. Celui-ci
- 6 - prend la mine d'un homme qui vient seulement d'entrer dans la
pièce.
BENJAMIN. – Je ne peux pas faire entendre raison à
Thérèse. Elle insiste pour parler à madame.
MADGE. – Eh bien ! qu'elle attende à demain.
BENJAMIN. – C'est ce que je lui ai dit, mais elle m'a
répondu qu'elle ne sera plus ici demain.
MADGE, étonnée. – Qu'est-ce que cela signifie ?
BENJAMIN. – Je demande pardon à madame; mais il me
semble qu'elle a l'air un peu étrange depuis quelque temps.
MADGE. – C'est bon ! Dites-lui de venir.
Benjamin s'incline et va pour sortir.
MADGE, le rappelant. – Ah ! Benjamin ! Le maître d'hôtel
s'arrête. Qu'est-ce qui vous a donc fait croire en m'apportant ce
journal, que je prenais un intérêt quelconque à cette annonce de
mariage qu'il contient ?
BENJAMIN, avec déférence. – J'avais entendu madame
causer avec monsieur des personnes que ce mariage concerne.
C'est ce qui m'avait fait croire que cela pouvait l'intéresser.
MADGE. – Benjamin, vous êtes intelligent, et j'aime cette
qualité chez mes serviteurs… Souvenez-vous cependant que s'il
est bon, pour un maître d'hôtel, d'avoir de l'esprit, il peut être
mauvais d'en avoir trop.
BENJAMIN. – Je me le tiendrai pour dit, madame.
- 7 - MADGE. – Maintenant envoyez-moi Thérèse !
BENJAMIN. – Bien, madame.
Il sort.
SCÈNE II
Madge reste un moment songeuse. Puis elle reprend le
journal et relit le passage qui l'avait intéressée. On entend la
porte extérieure de la maison se fermer violemment. Madge lève
la tête et se dirige vers la porte du vestibule.
Entre Murray. C'est un homme grand, solidement bâti, au
visage résolu. Sa mine est soignée et son extérieur serait
séduisant si son regard, à de certains moments, ne prenait un
aspect encore plus dur que celui de sa femme.
MADGE, vivement. – Eh bien ? As-tu trouvé notre homme ?
MURRAY. – Non. Il va au meuble dont il ouvre
nerveusement la porte; il donne un tour ou deux aux lettres tout
en parlant. Il n'était pas chez lui… Ah ! Il va falloir appeler un
serrurier !
MADGE, vivement. – Non ! non ! à aucun prix ! ce serait
une imprudence !
MURRAY. – Pourtant, il faut croire quelque chose.
Revenant au coffre-fort. Je ne connais rien à ces satanés engins.
Et nous n'avons plus un instant à perdre ! Il y a du nouveau.
MADGE. – Quelque chose de grave ?
- 8 - MURRAY. – Et d'inquiétant !… Les hauts personnages que
vise notre opération viennent de mettre dans leur jeu Sherlock
Holmes…
MADGE, tressautant. – Sherlock Holmes ? Le détective
amateur ?
MURRAY. – Parbleu !… Comme s'il y en avait un autre !
MADGE. – Comment sais-tu cela ?
MURRAY. – Je l'ai appris par des gens qui sont intéressés à
savoir exactement tout ce qui concerne Sherlock Holmes… Toutes
les fois qu’il s'attelle à une nouvelle affaire, ils sont renseignés.
MADGE. – Eh bien ! Tout Sherlock Holmes qu'il est, que
fera-t-il ?
MURRAY. – Je n'en sais rien, mais sûrement il fera quelque
chose… Il a beau n'êt