Wilkie Collins JE DIS NON 1884 Traduction de Camille Valdy, Paris, Librairie Hachette, 1888 Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Table des matières LIVRE PREMIER À LA PENSION ..........................................5 CHAPITRE PREMIER LE SOUPER CLANDESTIN ..................6 CHAPITRE II BIOGRAPHIE DANS LE DORTOIR ................. 14 CHAPITRE III MISS JETHRO..................................................24 CHAPITRE IV LE MAÎTRE DE DESSIN ..................................32 CHAPITRE V DÉCOUVERTES DANS LE JARDIN ................ 40 CHAPITRE VI SUR LA ROUTE DU VILLAGE......................... 51 CHAPITRE VII L’AVENIR PROJETTE SON OMBRE SUR LE PRÉSENT.................................................................................... 61 CHAPITRE VIII ENTRE MAÎTRE ET ÉLÈVE .........................69 CHAPITRE IX LE MÉDAILLON...............................................75 CHAPITRE X ON CHERCHE LA VÉRITÉ ...............................86 CHAPITRE XI L’AVEU..............................................................92 LIVRE DEUXIÈME À LONDRES........................................ 101 CHAPITRE PREMIER MISTRESS ELLMOTHER.................102 CHAPITRE II MISS LÉTITIA ................................................. 110 CHAPITRE III MISTRESS MOSEY ........................................ 118 CHAPITRE IV MISS JETHRO131 CHAPITRE V LE DOCTEUR ALLDAY ................................... 139 CHAPITRE VI MISS LADD..... ...
Wilkie Collins
JE DIS NON
1884
Traduction de Camille Valdy,
Paris, Librairie Hachette, 1888
Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Table des matières
LIVRE PREMIER À LA PENSION ..........................................5
CHAPITRE PREMIER LE SOUPER CLANDESTIN ..................6
CHAPITRE II BIOGRAPHIE DANS LE DORTOIR ................. 14
CHAPITRE III MISS JETHRO..................................................24
CHAPITRE IV LE MAÎTRE DE DESSIN ..................................32
CHAPITRE V DÉCOUVERTES DANS LE JARDIN ................ 40
CHAPITRE VI SUR LA ROUTE DU VILLAGE......................... 51
CHAPITRE VII L’AVENIR PROJETTE SON OMBRE SUR LE
PRÉSENT.................................................................................... 61
CHAPITRE VIII ENTRE MAÎTRE ET ÉLÈVE .........................69
CHAPITRE IX LE MÉDAILLON...............................................75
CHAPITRE X ON CHERCHE LA VÉRITÉ ...............................86
CHAPITRE XI L’AVEU..............................................................92
LIVRE DEUXIÈME À LONDRES........................................ 101
CHAPITRE PREMIER MISTRESS ELLMOTHER.................102
CHAPITRE II MISS LÉTITIA ................................................. 110
CHAPITRE III MISTRESS MOSEY ........................................ 118
CHAPITRE IV MISS JETHRO131
CHAPITRE V LE DOCTEUR ALLDAY ................................... 139
CHAPITRE VI MISS LADD.....................................................146
CHAPITRE VII LA LETTRE DE CÉCILIA.............................. 153
CHAPITRE VIII COMPARAISONS ........................................160
CHAPITRE IX ALBAN MORRIS ............................................ 166
CHAPITRE X ALBAN CHEZ SIR JERVIS.............................. 170
CHAPITRE XI EXTRAIT DU « TIMES » ...............................186
CHAPITRE XII J. B. ................................................................193 CHAPITRE XIII CONFIANCE ................................................199
CHAPITRE XIV MENTOR ET TÉLÉMAQUE ....................... 209
CHAPITRE XV FRANCINE..................................................... 216
CHAPITRE XVI « BONY » ......................................................225
CHAPITRE XVII LADY DORIS...............................................234
CHAPITRE XVIII MOIRA.......................................................242
LIVRE TROISIÈME NETHERWOODS...............................254
CHAPITRE PREMIER DANS LA CHAMBRE GRISE............255
CHAPITRE II SOUVENIRS DE SAN-DOMINGO..................262
CHAPITRE III DANS L’OBSCURITÉ .....................................270
CHAPITRE IV LES TRAHISONS DE LA PIPE...................... 280
CHAPITRE V CHANGEMENT D’AIR ................................... 288
CHAPITRE VI « LA DAME VOUS DEMANDE,
MONSIEUR » ...........................................................................297
LIVRE QUATRIÈME VILLÉGIATURE...............................305
CHAPITRE PREMIER EN DANSANT................................... 306
CHAPITRE II MANÈGES........................................................ 315
CHAPITRE III UNE CONSULTATION .................................. 321
CHAPITRE IV LE MEETING................................................. 328
CHAPITRE V EN CUISINANT................................................337
CHAPITRE VI LA SONDE JETÉE ..........................................346
CHAPITRE VII RIVALITÉ ......................................................352
CHAPITRE VIII MALVEILLANCE.........................................362
CHAPITRE IX LA FUITE ........................................................378
LIVRE CINQUIÈME AU COTTAGE....................................383
CHAPITRE PREMIER ÉMILY SOUFFRE............................. 384
CHAPITRE II MISS LADD CONSEILLÈRE...........................393
– 3 – CHAPITRE III CLAIRVOYANCE DU DOCTEUR ................. 404
CHAPITRE IV À LA RECHERCHE D’UN AMI ..................... 409
CHAPITRE V L’AMI EST TROUVÉ ........................................ 419
LIVRE SIXIÈME ICI ET LÀ................................................ 428
CHAPITRE PREMIER MIRABEL DISCERNE CLAIREMENT
SA VOIE ....................................................................................429
CHAPITRE II ALBAN MORRIS RETROUVE SON CHEMIN434
CHAPITRE III LES DEUX AMIS VRAIS................................442
LIVRE SEPTIÈME LE CLINK ............................................ 448
CHAPITRE PREMIER CONCILIABULES..............................449
CHAPITRE II UN ACCIDENT ................................................455
CHAPITRE III HORS LA CHAMBRE.....................................464
CHAPITRE IV DANS LA CHAMBRE469
CHAPITRE V AU REZ-DE-CHAUSSÉE ................................ 482
CHAPITRE VI LE PLAIDOYER POUR MIRABEL................ 490
CHAPITRE VI SUR LA ROUTE DE LONDRES .....................499
LIVRE HUITIÈME SARAH JETHRO ................................ 504
CHAPITRE PREMIER CÉCILIA DANS UN NOUVEAU
RÔLE.........................................................................................505
CHAPITRE II RELATION d’ALBAN MORRIS...................... 508
I. – Miss Jethro me reçoit. ......................................................508
II. – La confession de miss Jethro. ......................................... 510
III. – Rencontre de Mirabel et de miss Jethro......................... 511
IV. – La lettre de James Brown................................................513
V. – Miss Jethro se défend et se justifie.................................. 516
CHAPITRE III LA GRANDE CONSOLATION .......................520
CONCLUSION CAUSERIE DANS L’ATELIER ......................524
À propos de cette édition électronique.................................530
– 4 – LIVRE PREMIER
À LA PENSION
– 5 – CHAPITRE PREMIER
LE SOUPER CLANDESTIN
En dehors du dortoir, la nuit était paisible et sombre.
Une petite pluie tombait dans le jardin, trop doucement
pour qu’on pût l’entendre ; grâce à l’absence de vent, pas une
feuille ne bougeait ; le chien de garde s’était endormi, les chats
étaient rentrés ; pas un souffle ne troublait le silence de la terre
sous un ciel couleur de suie.
À l’intérieur du dortoir, la nuit n’était pas moins noire et
moins paisible.
Miss Ladd connaissait trop bien ses devoirs de maîtresse
de pension pour tolérer une lumière nocturne ; par conséquent,
les élèves, fidèles observatrices de la règle, devaient être pro-
fondément endormies. De temps en temps pourtant, le calme
absolu était légèrement troublé par l’une ou l’autre des jeunes
filles se retournant sur son lit. C’était le seul bruit perceptible,
puisqu’on ne saisissait même pas celui de la respiration des
dormeuses.
Le premier son qui vint rappeler la vie et son animation fut
purement machinal : c’était une horloge qui le causait. Venant
des basses régions du logis, l’organe du père Temps déclara que,
dans une heure, il serait minuit.
Une douce voix s’éleva languissamment du côté de la porte.
« Émily ! disait-elle, il est onze heures. »
– 6 – Il n’y eut pas de réponse. Au bout de quelques instants, la
voix languissante reprit sur un ton plus haut :
« Émily ! »
Une jeune fille, dont le lit était au fond du dortoir, soupira
sous la pesante chaleur de la nuit, et dit ensuite :
« Est-ce vous, Cécilia ?
– Oui.
– Que voulez-vous ?
– Je commence à avoir faim, Émily. Est-ce que la nouvelle
ne dort pas encore ? »
La nouvelle se chargea de répondre avec autant de promp-
titude que d’aigreur :
« Non, elle ne dort pas. »
Ayant un but particulier en perspective, les cinq vierges sa-
ges de la première classe de miss Ladd se tenaient éveillées de-
puis une heure, dans l’espoir que l’étrangère finirait par
s’endormir, et voilà à quel résultat cette veille aboutissait ! Le
bruit d’un fou rire courut tout autour de la pièce, tandis que la
nouvelle pensionnaire, mortifiée et blessée, exprimait nette-
ment sa façon de penser à ce sujet.
« Vous me traitez indignement ! Vous vous méfiez de moi
parce que je suis étrangère !
– Dites que nous ne vous connaissons pas, et vous serez
plus près de la vérité, dit Émily, prenant la parole au nom de ses
camarades.
– 7 –
– Comment pourriez-vous me connaître, puisque je ne suis
arrivée que d’hier soir ? Je vous ai déjà dit que je m’appelle
Francine de Sor. Maintenant, si vous voulez le savoir, j’ai dix-
neuf ans et je viens des Indes occidentales. »
Ce fut encore Émily qui se chargea d’interpréter les senti-
ments de l’assistance.
« Mais pourquoi êtes-vous venue ici ? demanda-t-elle. Qui
a jamais entendu parler d’une jeune fille entrant en pension
juste au moment où commencent les vacances ? Vous avez dix-
neuf ans, dites-vous ? Je suis d’un an plus jeune que vous et
mon éducation est finie. Il y a parmi nous une autre pension-
naire d’un an plus jeune que moi et dont l’éducation est égale-
ment terminée. Que vous reste-t-il encore à apprendre, à votre
âge ?
– Tout ! s’écria l’originaire des Indes occidentales en fon-
dant en larmes. Je ne suis qu’une pauvre créature ignorante ;
votre éducation aurait dû vous enseigner à me plaindre au lieu
de vous moquer de moi. Je vous déteste ! C’est indigne ! indi-
gne ! »
Quelques jeunes filles se mirent de nouveau à rire ; une au-
tre, celle qui avait parlé la première, prit le parti de Francine.
« Ne faites pas attention à leurs rires, miss de Sor ; oui,
c’est vrai, vous avez raison de nous accuser de manquer
d’égards. »
Francine de Sor essuya ses yeux.
« Merci, qui que vous soyez, dit-elle vivement.
– 8 – – Je m’appelle Cécilia Wyvil. Ce n’était peut-être pas préci-
sément gentil à vous de nous dire que vous nous détestez. Mais
comme, de notre côté, nous avions oublié les lois de la politesse,
ce que nous avons de mieux à faire, c’est de vous d