Les langues : ponts ou barrières à la communication ? “ Aucun récit historique ne peut nous permettre de comprendre l’évolution d’un peuple, de son organisation sociale, de ses croyances et de ses sentiments, autant qu’une analyse de sa langue. ” — MARTÍN ALONSO. TOUT au long de l’Histoire, la question du langage — ses origines, sa diversité et sa capacité à évoluer— a fasciné linguistes et historiens. Fascination d’ailleurs préservée, comme la plupart des récits historiques, grâce au langage lui-même, ce qui en fait sans contredit le moyen de communication par excellence. Actuellement, des linguistes estiment qu’environ 6 000 langues sont parlées dans le monde, sans tenir compte des dialectes. La plus largement répandue est de loin le chinois mandarin, qui compte plus de 800 millions de locuteurs, suivi plus ou moins dans l’ordre de l’anglais, de l’espagnol, de l’hindi et du bengali. Que se passe-t-il lorsque des cultures différentes et, corrélativement, leurs langues entrent brusquement en contact l’une avec l’autre ? Inversement, comment l’isolement de certains groupes affecte-t-il leur langue ? Voyons comment s’érigent des ponts, mais aussi des barrières, dans le domaine de la communication. Pidgin, créole et lingua franca La colonisation, les échanges commerciaux et même les camps de concentration sont des contextes dans lesquels les gens ont ressenti le besoin de combler le fossé linguistique qui les séparait.