Sujet Liban Français Epreuve Anticipée - Bac L

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Voici le sujet de l’épreuve anticipée de Français du Bac L 2017 au Liban
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09 juin 2017

Nombre de lectures

29

Langue

Français

BACCALAURÉAT GÉNÉRAL
SESSION 2017
FRANÇAIS
ÉPREUVE ANTICIPÉE
SÉRIE L
Durée de l’épreuve : 4 heures
Coefficient : 3
L’usage des calculatrices et des dictionnaires est interdit.
Le sujet comporte 7 pages, numérotées de 1/7 à 7/7.
Le candidat s’assurera qu’il est en possession du sujet correspondant à sa série.
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Objet d’étude : e Le personnage de roman, duXVIIsiècle à nos jours.Le sujet comprend :
Texte A :Madame de La Fayette,La Princesse de Clèves, 1678.
Texte B :Jean-Jacques Rousseau,La Nouvelle Héloïse, 1761.
Texte C :Marcel Proust,Du côté de chez Swann, 1913.
Texte D :Albert Cohen,Belle du Seigneur, 1968.
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TEXTE A : Madame de La Fayette,La Princesse de Clèves, 1678. [Madame de Clèves, mariée à Monsieur de Clèves, aime en secret Monsieur de Nemours. Cet amour est réciproque mais la bienséance les empêche de se l’avouer. Madame de Clèves se réfugie dans une propriété loin de la Cour, pour éviter Monsieur de Nemours et préserver sa réputation. Mais il la suit et parvient à l’observer sans qu’elle ne le sache.] 1 Il vit beaucoup de lumières dans le cabinet ; toutes les fenêtres en étaient ouvertes et, en se glissant le long des palissades, il s’en approcha avec un trouble et une émotion qu’il est aisé de se représenter. Il se rangea derrière une des fenêtres, qui servaient de porte, pour voir ce que faisait madame de Clèves. Il vit qu’elle était 2 seule ; mais il la vit d’une si admirable beauté qu’à peine fut-il maître du transport que lui donna cette vue. Il faisait chaud, et elle n’avait rien sur sa tête et sur sa gorge, que ses cheveux confusément rattachés. Elle était sur un lit de repos, avec une table devant elle, où il y avait plusieurs corbeilles pleines de rubans ; elle en choisit quelques-uns, et monsieur de Nemours remarqua que c’étaient des mêmes couleurs qu’il avait portées au tournoi. Il vit qu’elle en faisait des nœuds à une canne des Indes, fort extraordinaire, qu’il avait portée quelque temps et qu’il avait donnée à 3 sa sœur, à qui madame de Clèves l’avait prise sans faire semblant de la reconnaître pour avoir été à monsieur de Nemours. Après qu’elle eut achevé son ouvrage avec une grâce et une douceur que répandaient sur son visage les sentiments qu’elle avait dans le cœur, elle prit un flambeau et s’en alla proche d’une grande table, vis-à-4 vis du tableau du siège de Metz , où était le portrait de monsieur de Nemours ; elle 5 s’assit et se mit à regarder ce portrait avec une attention et une rêverie que la passion seule peut donner. On ne peut exprimer ce que sentit monsieur de Nemours dans ce moment. Voir au milieu de la nuit, dans le plus beau lieu du monde, une personne qu’il adorait, la voir sans qu’elle sût qu’il la voyait, et la voir tout occupée de choses qui avaient du rapport à lui et à la passion qu’elle lui cachait, c’est ce qui n’a jamais été goûté ni 6 imaginé par nul autre amant .
1 Cabinet : petite pièce à usage privé. 2 À peine fut-il : il fut à peine. 3 Sans faire semblant : sans laisser paraître qu’elle l’avait reconnue. 4 Le siège de Metz, d’octobre 1552 à janvier 1553, se conclut par une défaite du Saint-Empire romain germanique et par l’occupation de Metz par les troupes françaises. 5 Rêverie : émotion très forte faisant perdre le contact avec la réalité. 6 e Amant : auXVIIsiècle, personne qui en aime une autre, sans que cela ne soit nécessairement réciproque.
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TEXTE B : Jean-Jacques Rousseau,La Nouvelle Héloïse, 1761. [Saint-Preux est chargé de l’instruction de la noble Julie d’Étange. Les deux jeunes gens tombent amoureux, mais la différence sociale les force à garder cet amour secret. Saint-Preux quitte alors Clarens, la ville de leur rencontre, et voyage. Mais les deux personnages entretiennent une correspondance.] Lettre XXV de Julie […] Je l’avais trop prévu ; le temps du bonheur est passé comme un éclair ; celui des disgrâces commence, sans que rien m’aide à juger quand il finira. Tout m’alarme et me décourage ; une langueur mortelle s’empare de mon âme ; sans sujet bien précis de pleurer, des pleurs involontaires s’échappent de mes yeux ; je ne lis pas dans l’avenir des maux inévitables ; mais je cultivais l’espérance, et la vois flétrir tous les jours. Que sert, hélas ! d’arroser le feuillage quand l’arbre est coupé par le pied ? Je le sens, mon ami, le poids de l’absence m’accable. Je ne puis vivre sans toi, je le sens ; c’est ce qui m’effraye le plus. Je parcours cent fois le jour les lieux que nous habitions ensemble, et ne t’y trouve jamais ; je t’attends à ton heure ordinaire : l’heure passe, et tu ne viens point. Tous les objets que j’aperçois me portent quelque idée de ta présence pour m’avertir que je t’ai perdu. Tu n’as point ce supplice affreux : ton cœur seul peut te dire que je te manque. Ah ! si tu savais quel pire tourment c’est de rester quand on se sépare, combien tu préférerais ton état au mien ! Encore si j’osais gémir, si j’osais parler de mes peines, je me sentirais soulagée des maux dont je pourrais me plaindre. Mais, hors quelques soupirs exhalés en secret dans le sein de ma cousine, il faut étouffer tous les autres ; il faut contenir mes larmes ; il faut sourire quand je me meurs. Sentirsi, o Dei ! morir, E non poter mai dir : 1 Morir mi sento ! 2 Le pis est que tous ces maux aggravent sans cesse mon plus grand mal, et que plus ton souvenir me désole, plus j’aime à me le rappeler. Dis-moi, mon ami, mon doux ami ; sens-tu combien un cœur languissant est tendre, et combien la tristesse fait fermenter l’amour ? Je voulais vous parler de mille choses ; mais, outre qu’il faut mieux attendre de 3 savoir positivement où vous êtes, il ne m’est pas possible de continuer cette lettre dans l’état où je me trouve en l’écrivant. Adieu, mon ami ; je quitte la plume, mais croyez que je ne vous quitte pas.
1 « Oh dieux ! Se sentir mourir, et n’oser dire : je me sens mourir ! » : citation du poète italien Metastasio. 2 Le pis : le pire. 3 Positivement : d’une façon précise.
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TEXTE C : Marcel Proust,Du côté de chez Swann, 1913. [Charles Swann, riche collectionneur d’art, rencontre, au cours d’une soirée chez les Verdurin, Odette de Crécy, femme qui se fait entretenir par de riches amants. Un soir, alors qu’il croit la retrouver chez les Verdurin, on lui dit qu’elle est partie au café Prévost prendre un chocolat.]
Swann partit chez Prévost, mais à chaque pas sa voiture était arrêtée par d’autres ou par des gens qui traversaient, odieux obstacles qu’il eût été heureux de renverser si le procès-verbal de l’agent ne l’eût retardé plus encore que le passage du piéton. Il comptait le temps qu’il mettait, ajoutait quelques secondes à toutes les minutes pour être sûr de ne pas les avoir faites trop courtes, ce qui lui eût laissé croire plus grande qu’elle n’était en réalité sa chance d’arriver assez tôt et de trouver encore Odette. Et à un moment, comme un fiévreux qui vient de dormir et qui prend conscience de l’absurdité des rêvasseries qu’il ruminait sans se distinguer nettement d’elles, Swann tout d’un coup aperçut en lui l’étrangeté des pensées qu’il roulait depuis le moment où on lui avait dit chez les Verdurin qu’Odette était déjà partie, la nouveauté de la douleur au cœur dont il souffrait, mais qu’il constata seulement comme s’il venait de s’éveiller. Quoi ? toute cette agitation parce qu’il ne verrait Odette que demain, ce que précisément il avait souhaité, il y a une heure, en se rendant chez Mme Verdurin ! Il fut bien obligé de constater que dans cette même voiture qui l’emmenait chez Prévost, il n’était plus le même, et qu’il n’était plus seul, 1 2 qu’un être nouveau était là avec lui, adhérent , amalgamé à lui, duquel il ne pourrait peut-être pas se débarrasser, avec qui il allait être obligé d’user de ménagements comme avec un maître ou avec une maladie. Et pourtant depuis un moment qu’il sentait qu’une nouvelle personne s’était ainsi ajoutée à lui, sa vie lui paraissait plus intéressante.
1 Adhérent : étroitement attaché. 2 Amalgamé : mélangé.
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TEXTE D : Albert Cohen,Belle du Seigneur,1968. [Ariane, déjà mariée, tombe éperdument amoureuse de Solal. Ils entretiennent une correspondance : Ariane reçoit dans l’extrait suivant une lettre de son amant.]
Dans sa chambre, l’habituel cérémonial. Porte fermée à clef, volets fermés, rideaux tirés, boules de cire pour supprimer les bruits du dehors, tous les bruits de non-amour. La lampe de chevet allumée, elle s’étendait sur le lit, arrangeait l’oreiller. Non, ne pas lire encore, faire durer le plaisir. Voir un peu l’enveloppe d’abord. Belle enveloppe solide, sans l’affreux doublage intérieur. Très bien. Et il avait collé le timbre soigneusement, pas sens dessus dessous, tout droit, juste au bon endroit, avec amour, voilà. Oui, parfaitement, c’était une preuve d’amour. Elle regardait la lettre de loin, sans la lire. Ainsi, lorsqu’elle était une petite fille, elle considérait le biscuit Petit-Beurre avant de le manger. Non, ne pas lire, attendre encore. Elle est à ma disposition, mais il faut que je meure d’envie de la lire. Regardons un peu l’adresse. Il a pensé à moi en écrivant mon nom, et parce qu’il a dû mettre madame qui fait honorable, décent, il a peut-être pensé par contraste à moi nue, si belle, qu’il a vue de tous les côtés. Maintenant regardons un peu le papier, mais du côté pas 1 écrit. Papier très beau, japon peut-être. Non, le papier ne sent rien. Il sent la netteté, la propreté absolue, un papier viril, voilà.
Soudain, elle n’en pouvait plus. C’était alors une lecture minutieuse et lente, une étude de la lettre, avec des arrêts pour méditer, pour se représenter, les yeux fermés, et sur les lèvres un sourire un peu idiot, un peu divin.
1 Le papier japon est un papier de qualité.
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I. Vous répondrez à la question suivante (4 points) :
De quelle manière est vécue l’absence de l’être aimé dans les textes du corpus ?
II. Vous traiterez, au choix, l’un de ces trois sujets (16 points) :
1. CommentaireVous commenterez l’extrait deLa Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau (texte B).
2. DissertationL’expression des sentiments des personnages est-elle indispensable dans un roman ? Vous appuierez votre réflexion sur les textes du corpus et sur les textes que vous avez étudiés en classe ou rencontrés au cours de vos lectures et recherches personnelles.
3. InventionAprès avoir retrouvé Odette, Swann rentre seul chez lui. La reverra-t-il ? Elle ne lui a donné aucune réponse claire. Vous raconterez ce qu’il éprouve, en développant l’analyse qu’il fait de ses sentiments.
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