Le miracle manichéen Le manichéisme en Asie centrale Partie 2 * Cet article a été donné en conférence lors du Symposium « Mani », à Renova, Bilthoven, Hollande, le 7 mai 2005, et publié en hollandais par la Rozekruis Pers, Haarlem, dans les Actes du Colloque (septembre 2005). « La Sagesse et les bonnes oeuvres, ont toujours été apportées avec une suite parfaite, dune époque à lautre, par les Messagers de Dieu. Ainsi, elles vinrent en leur temps par le Prophète nommé Bouddha dans les pays de lInde, en un autre par Zoroastre dans la contrée de la Perse, en un autre par Jésus dans lOccident. Après quoi, la Révélation est arrivée et cette Prophétie sest manifestée en ce dernier âge par moi, Mani, Messager du Dieu de Vérité en terre de Babylonie. » Lhistoire du Manichéisme ne se comprend bien quà condition de tenir compte du caractère et de la portée que Mani a entendu attacher à sa propre Révélation, du but et du rôle quil a assigné à son Eglise dès son origine. Dans lesprit de son fondateur, le Manichéisme prend un caractère récapitulatif : il est synthèse et conclusion de la Révélation universelle dont il constitue lexpression parachevée et ultime (doù les titres de « Sceau des prophètes » et de « Paraclet vivant » que Mani sattribue quatre siècles avant Mahomet). A la différence de ses prédécesseurs dont les enseignements n'étaient que partiels, voilés, obscurs et ont été, en outre, mal compris, défigurés, voire trahis, par les disciples qui les ont rédigés et codifiés, la mission de Mani ne consiste pas à apporter une Loi spirituelle nouvelle, mais à « ressusciter » le sens caché et ésotérique des Révélations antérieures à la Religion de la Lumière. Son rôle est de faire resurgir au grand jour les « saints enseignements du passé », de les rétablir dans leur pureté et leur intégrité originelles, d initier tous les hommes aux mystères de leur propre religion , et de les inciter à mettre en application les « saints commandements ». Universelle par nature et appelée à le devenir en fait, la nouvelle « Eglise du Paraclet » fondée par Mani va connaître dès sa genèse un succès foudroyant et se répandre dans la quasi-totalité des zones civilisées en quelques centaines dannées. Conformément au mythe manichéen, elle va aussi sattirer, simultanément, de sévères inimitiés. Partout et en tous temps, la Religion de la Lumière, pourtant non violente, va être pendant mille ans lobjet dune « haine sans cause » de la part de toutes les religions et de tous les empires, processus qui aboutira finalement à la destruction totale du mouvement et de ses membres (en termes actuels, ce phénomène porte le nom de « génocide »).