Laccès effectif au marché agricole de lUE Jacques Gallezot 1 (INRA) 24/07/2002 Les droits de douanes continuent doccuper une place importante dans les débats de politique commerciale, plus particulièrement encore pour les produits agricoles (OMC,2002). Sous langle de léconomie du développement cette question alimente une problématique importante : les protections douanières des pays riches pénaliseraient particulièrement les avantages comparatifs des pays en développement (rapport Oxfam, 2001) et notamment la structure des exportations des pays les plus pauvres (le cas des exportations du Bangladesh sur le marché US, Gresser, 2002) Les politiques commerciales peuvent être appréciées de façon différenciée selon les impacts qui sont à cet effet mis en avant. La relation entre les termes des accords et leurs effets sur les échanges et le marché peut être privilégié, ce peut-être également le point de vue des aspects re-distributifs ou encore le changement en termes de « bien être » induit par les modifications tarifaires introduites. Pour chacun de ces aspects les mesures vont être adaptées et seront souvent différentes. Les différents instruments qui sont utilisés pour agir sur le commerce peuvent également constituer des barrières aux importations comme par exemple les entreprises dEtat et plus généralement les situations de monopoles faisant jouer ici les politiques de concurrence. Cependant la donnée de base dans ce débat reste le droit de douane. Force est de constater la dispersion des mesures existantes dans la littérature sur le domaine de la moyenne du droit de douane pour lagriculture allant de 10% (Gallezot, 2002) à 40% (Messerlin, 2001) et avec des estimations intermédiaires de 30% (Gibson et al., 2001), 21% (Gibson, 2001) 2 ou 18% (Bureau et Salvatici, 2002). Ces divergences peuvent sexpliquer par le type de données utilisées et les hypothèses de calcul retenues. La majorité des travaux sur le sujet sappuie sur les engagements pris à lOMC ( bound tariffs ) et les mesures effectuées se font par rapport aux seuls droits respectant la clause de la nation la plus favorisée (NPF). Il sagit là de droits « plafonds » qui diffèrent de la réglementation appliquée. De ce point de vue les approches utilisant le droit appliqué en usage sont rares et le sont encore plus lorsquil sagit de tenir compte des préférences accordées notamment vis-à-vis des pays en développement. Or ces éléments ont un poids considérable dans les politiques commerciales de lUE et lappréciation du degré douverture de ses marchés. A ces éléments il convient dajouter que les modalités techniques du traitement de la tarification peuvent également contribuer à expliquer la dispersion des mesures signalée (transformation des droits spécifiques, niveau de détail de la nomenclature des produits considérés, etc..) Lobjet de ce papier est dapprofondir la question de laccès au marché agricole de lUE du point de vue des mesures tarifaires à limportation. La question est abordée par rapport à lensemble de la réglementation appliquée et tient compte notamment des accords préférentiels que lUE a contractés. Le problème plus particulièrement posé ici est celui de 1 Jacques Gallezot, Directeur de recherche à LINRA, Chercheur associé au CEPII, UMR dEconomie Publique, INRA- INAPG, 16 Rue Claude Bernard, 75005. (gallezot@inapg.inra.fr) 2 l'USDA a simultanément publié deux études : Profiles of tariffs in Global Agricultural Markets et The Road Ahead : Agricultural Policy Reform in the WTO présentant des valeurs très différentes de la moyenne de la protection pour lUE .