Impact des mutations technologiques sur les marchés de gré à gré
Les marchés financiers connaissent actuellement une mutation spectaculaire caractérisée par une systématisation du recours aux nouvelles technologies. Initié il y déjà plusieurs années sur les marchés organisés (marchés d’actions et marchés de contrats à terme) européens, ce mouvement touche aujourd’hui également l’ensemble des marchés de gré à gré (marchés de change et marchés de taux d’intérêt) et se déploie parallèlement en direction de la clientèle finale, en particulier à travers l’Internet.
Les différents types de marchés de gré à gré, sur lesquels on se concentrera ici, n’ont pas entamé de façon concomitante leur mue vers l’électronique — le mouvement s’est d’abord déployé sur les marchés de change. La révolution technologique paraît néanmoins être aujourd’hui engagée de façon irréversible sur les marchés professionnels. Ce basculement vers l’électronique bouleverse la configuration et le fonctionnement des marchés financiers comme l’organisation de leurs acteurs. Il induit certains risques qu’il convient d’identifier clairement.
L’une des missions des banques centrales est de préserver la stabilité financière interne et externe. Sous cet angle, les bouleversements amenés par la révolution technologique en cours doivent être examinés avec attention pour s’assurer qu’ils ne viennent en rien affecter la robustesse de l’environnement financier et monétaire.
À cet égard, il est important de bien apprécier l’impact de la montée en puissance des plates-formes de commerce électronique (e-trading) pour déterminer lecorpusdes règles qui leur sont applicables, sachant que ces systèmes associent fréquemment des établissements financiers et des prestataires de services non financiers, et qu’ils intègrent fréquemment une composante « d’extra-territorialité ».
De façon plus générale, on doit se demander dans quelle mesure la révolution électronique observée sur tous les marchés modifie la façon dont les banques centrales sont appelées à traiter la prévention des risques systémiques.
Frédéric FOUQUET Direction générale des Opérations François HAAS Direction des Marchés de capitaux Service des Marchés
NB : Cet article synthétise les conclusions des travaux menés dans le cadre d’un groupe de travail interne à la Banque de France, animé par Yves Nachbaur (directeur délégué), et réunissant des représentants de la direction générale des Opérations (Frédéric Fouquet, François Haas, Cyrille Stevant, Florence Verhille).
BULLETIN DE LA BANQUE DE FRANCE – N° 86 – FÉVRIER 2001