Peau neuve de Deleuze Emilie
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

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Peau neuve de Emilie Deleuze FICHE FILM Fiche technique
France -1999 - 1h36 Couleur
RÈalisateur : Emilie Deleuze
ScÈnario : Emilie Deleuze Laurent Guyot Guy Laurent
Montage : Fabrice Rouaud
Musique : LÕAttirail, Supersonic
InterprËtes : Samuel Le Bihan (Alain) Marcial Di Fonzo Bo (Manu) Catherine Vinatier (Pascale) Claire Nebout (Isabelle) Fabien Lucciarini (Jean) Candice Dufour (Anna)
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lection pour les atmosphËres vaguemen inquiÈtantes et un souci de radiogra phier lÕambiguitÈ des personnages. Pourquoi Alain abandonne-t-il femme e enfant pour une amitiÈ bizarre avec u type avec qui il nÕa rien en commun Pourquoi cherche-t-il avec tant dÕobst nation ‡ oublier son ancien boulot e manÏuvrant les grosses machines assourdissantes ? Avec un rÈel talen dans le registre de lÕabsurditÈ drolatiqu et un humour ‡ fleur de peau, …mili Deleuze enregistre les contradictions e les zones de dÈraison de ses protago nistes sans jamais recourir aux grosse ficelles explicatives. Pour son premie film, la cinÈaste signe une rÈjouissant Ètude de mÏurs qui mÈprise les clichÈs et autres raccourcis, si souvent lÕÏuvre avec ce type de sujet. On n pouvait malheureusement pas en dir autant de tous les films franÁais prÈsen tÈs cette annÈe sur la Croisette Olivier De Bruy Positif n∞461/462 - Juillet/Ao˚t 9
Incontestablement, Emilie Deleuze aim filmer les hommes entre eux. Son film Peau neuve, est essentiellement fai de ce dÈsir de mettre ‡ jour un lien pro prement masculin, ni tout ‡ fait amou reux, en tout cas pas explicitement, ni tout ‡ fait amical, au sens o˘ lÕamiti est un sentiment encore trop massi pour rendre compte de la relation qui s noue entre Alain (Samuel Le Bihan) e Manu (Marcial Di Fonzo Bo, Etonnant) Peau neuveraconte dÕabord lÕhisto dÕune mÈtamorphose fragile, dÕun de nir incertain, celui dÕAlain qui, insatisfa de son travail (il est testeur de jeu vidÈos) et de sa vie de couple (il a un femme et un enfant), dÈcide de change de mÈtier et de faire en province u stage de conducteur dÕengins de cha tier. Il sÕagit clairement pour lui de qui ter la simulation pour la rÈalitÈ. A parti de l‡, le film se dÈplace sur le group des stagiaires face aux machines, cap
tant un processus de fascination, et d peur et dÕapprivoisement trËs particulie CÕest le versant amÈricain dePea neuve: lÕespace, les hommes, le machines et ce qui se trame entre ce trois termes. Le film pourrait, ‡ c moment, tout aussi bien Ítre un wester ou un film de guerre et se rattacher trË directement ‡ une tradition explicite ment hawksienne. De ces qualitÈs indÈ niables, parfaitement perceptibles dan le filmage et dans le jeu des acteurs dÈcoulent peut-Ítre les faiblesses d film, et notamment le contre-cham conjugal, cÕest-‡-dire la lente dÈsagr gation du couple hÈtÈrosexuel tradition nel. Le personnage de lÕÈpouse est de sinÈ ‡ gros traits et le regard dÕEmili Deleuze est alors empreint dÕune Èto nante misogynie, ratant systÈmatique ment toutes les sÈquences qui renvoien au couple lÈgitime. La normalitÈ franÁai se nÕest sans doute pas un objet d dÈsir pour Emilie Deleuze et on prÈfËr la voir dessiner les contours dÕun autr couple, celui que forment Alain e Manu, qui, tout aussi loin des clichÈs d la virilitÈ que de lÕhomosexualitÈ, fait d Peau neuveune rÈussite sur le mod mineur. Thierry Jouss
Cahiers du CinÈma n∞538 - Septembre 9
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
Propos de la rÈalisatrice
Il est parfois impossible dÕexpliquer pourquoi un jour, un instant, la vie ne vous paraÓt plus supportable. Pourquoi quelquÕun dÈcide de changer de vie, de peau, du jour au lendemain. Cela nÕest pas d˚ ‡ une situation insupportable en soi, cÕest juste quÕelle nÕest plus suppor-table pour lui. DÈcider de faire peau neuve devient alors une ´mÈtamorpho-seª intime. Rien dÕextÈrieur ne semble venir le justifier. Il fallait donc quÕAlain, le personnage principal, soit le plus transparent pos-sible, le plus normal possible. Son envie de changement ne vient pas dÕune situa-tion dramatique quÕil subirait, sociale, amoureuse, familiale. Elle nÕest pas non plus motivÈe par un but quÕil se serait fixÈ. Car, dans ce cas, le changement nÕaurait de sens quÕen fonction dÕune rÈussite ou dÕun Èchec. Ainsi placÈ dans une situation que lÔon pourrait qualifier de ´simple changementª, sans motiva-tion Èvidente ni but prÈcis, Alain se retrouve soudain ‡ lÕaff˚t. Il sÕouvre, il sÕexpose. Sa carapace se fissure. Il entre dans une parenthËse de sa vie o˘ tout devient possible. Un moment dÕincertitude aussi, et de choix : il est trimbalÈ dÕun dÈsir ‡ un autre, dÕun lieu ‡ un autre, Paris et Egletons (CorrËze). JusquÕau moment o˘ son regard se fixe sur Manu. A partir de l‡, il se dÈtache lÕair de rien de toutes les Èvidences qui lÕentourent : je suis responsable, si je ne travaille pas, je serai au chÙmage, si je quitte ma femme, je serai cÈlibataire et seul, si je ne mÕoccupe plus de ma fille, je serai un pËre indigne etcÉ Il se donne au contraire la possibilitÈ de rencontrer quelquÕun qui, a priori, ne lui est rien. On imagine que si Alain avait rencontrÈ Manu avant de se dire ´je vais chan-gerª, il ne lÕaurait pas vu. Et cÕest l‡ que se situe le moment important de son changement. Au dÈpart, il commence
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quÕabstraite. Puis, il rencontre lÕaut Cela devient la rencontre entre u ´idiotª et un homme qui a une grand idÈe stupide. Et Alain passe alors dÕu rÍve global, dÕempathie un peu absurd ‡ une rÈalitÈ toute petite, Manu. Il me semble quÕon ne change jamai seul, mais ‡ travers quelquÕun, ou u groupe, ou tout un peuple selon le Èpoques. Dans le cas dÕAlain, cÕest se confrontant ‡ Manu quÕil va change Manu est, comme le dit Alain, ´u enfant qui a une tÍte de vieuxª. Il nÕe dans aucun rÙle, aucun code ; il ne reco pie rien, il ne ressemble ‡ personne. CÕest un idiot, au sens dostoÔevskie devant lequel on est dÈsarmÈ. CÕest e cela que malgrÈ son ÈgoÔsme, sa duretÈ son dÈsarroi, lÕidiot est une figure nobl Manu nÕa pas de passÈ, car je ne voulai donner aucune explication psychanaly tique ou sociale, forcÈment caricatu rales, ‡ sa souffrance. Par contre, il a u accent, ce qui lui confËre presque mal grÈ lui une diffÈrence et un mystËr immÈdiatement perceptibles. Il est dans lÕinstant, il a lÕimmÈdiat de lÕenfant, le rapport difficile au temp et au monde qui lÕentoure, mais il nÕ justement pas un enfant. Face ‡ lui, j suis comme Alain : jÕai envie de lui tap dessus et en mÍme temps, je pourrais l suivre au bout du monde. SÕil est dÈmuni, il nÕinspire pas la pit Ce quÕAlain lui offre rÈpond ‡ un vr bonheur de donner. Un simple cadea par exemple comme le simulateur d manettes quÕAlain fabrique spÈcial ment pour lui. CÕest un cadeau ´partic lierª qui nÕexiste quÕentre eux, contrai ment peut-Ítre ‡ la Barbie offerte Anna, et fabriquÈe ‡ la chaÓne pour de millions de petites filles. Je voulais sortir du carcan des gÈnÈrali tÈs. Parce quÕil me semble que ce q dÈfinit le mieux une vie, quelle quÕell soit, cÕest justement quÕelle est indÈ nissable. Elle Èchappe ‡ toute classifica tionÉ cÕest peut-Ítre pour cette raison quÕon essaye toujours de la faire ten dans des cadres, des cases, comme p
se rassurer ou avoir lÕimpression de l comprendre, alors quÕelle ne demand quÕ‡ dÈborder, ‡ sÕÈchapper. Voil‡ pourquoi jÕessaye de ne pas b‚t des personnages-fonctions. La violence que je voulais dÈlibÈrÈment prÈsente dans le film nÕest par exemple pas inca nÈe par un personnage de mÈchant. D mÍme quÕAlain nÕa jamais ÈtÈ cen reprÈsenter quoi que ce soit de sa gÈnÈ ration ou de son milieu. Et le caractËre enfantin de Manu ne confËre aucun valeur particuliËre ‡ lÕenfance. Ce quÕil peut y avoir de beau ou intÈre sant entre deux personnes, cÕest ce qu y a entre. Ce qui mÕattire ce sont ce regards, tout ce qui ne sÕexplique pas qui nÕappartient a priori quÕ‡ ces p sonnes. JÕessaye donc dÕÍtre au pl prËs des gens, de ce qui les regarde, dans ce quÕils ont de particulier et su tout de ne jamais porter de jugement d valeur sur eux, pour ne pas les canton ner dans des rÙles positifs ou nÈgatifs. Comme Alain, je peux avoir au dÈpar une idÈe gÈnÈrale du film, et puis comme lui, je suis obligÈe de la confron-ter aux autres, aux ÈvÈnements et ‡ tou un tas de petites choses pour quÕÈve tuellement elle se matÈrialise. RÈguliËrement, pendant lÕannÈe qui prÈcÈdÈ le tournage, je suis allÈ ‡ lÕAFPA, le centre de formation profe sionnelle dans lequel se dÈroule le stage de reconversion dÕAlain. Et ce q mÕa immÈdiatement frappÈe, en plus d ce que je pouvais dÈcouvrir sur les machines, sur la personnalitÈ des forma teurs ou des stagiaires, cÕest qu lÕendroit ressemblait ‡ un milieu carc ral ouvert, une sorte de caserne sans murs, avec toute la violence que peu gÈnÈrer un lieu o˘ nÕest reprÈsent quÕun seul sexe. On mettrait 400 filles, seules, dans le mÍme endroit, ce serait sans doute pareil. Comme si le risque dÕexplosio Ètait d˚ au caractËre univoque et au fai que tout aille dans le mÍme sens. Cette violence que je ne pouvais nie
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au dÈpart ne faisait pas partie du rÈcit, a finalement ÈtÈ traitÈe de maniËre laten-te et invisible, cÕest-‡-dire comme elle sÕexprimait sur place. Elle apparaÓt soit hors-champ, soit ‡ travers le rÈcit. Ce qui fait peur aux personnages, cÕest ce quÕils imaginent. A partir dÕun Òon ditÓ ou dÕun dÈtail, ils sÕinventent toute une histoire, ils sÕinventent toute une violen-ce quÕils crÈent et quÕils fantasment. Ce qui leur fait peur cÕest quÕils ne savent pas ce qui est vrai et ce qui est de lÕaffa-bulation. Et la limite entre les deux est trËs fine. Par exemple, en ce qui concer-ne le personnage de ´lÕassassinª, dont on ne saura dÕailleurs jamais sÕil lÕest vraiment, cÕest Alain et Manu qui lÕenferment dans le rÙle de celui qui fait peur. Au contraire des rÙles que lÕon se donne, ou dans lesquels on vous canton-ne, la personnalitÈ de chacun, et donc des personnages du film, me semble avant tout Ítre un mÈlange de compo-sants masculins et fÈminins. Ce qui fait que, selon les situations, les rapports homme-femme sont constamment inter-changeables. Alain est profondÈment homme avec Manu et profondÈment femme avec la femme de lÕANPE (Claire Nebout). Ce qui mÕintÈresse chez Alain cÕest la fÈminitÈ quÕil peut y avoir en lui, comme chez Claire Nebout, la masculinitÈ quÕil y a en elle et dans le personnage quÕelle interprËte. MÍme si, bien s˚r, ils jouent leurs rÙles dÕhomme et de femme, ils sont dans une sociÈtÈ donnÈe avec ses rites, ses codes, ses habitudes. Pascale, la femme dÕAlain, est pleine-ment dans le rÙle de la femme : elle pro-tËge lÕenfant, elle ne sÕintÈresse pas aux machines. Mais est-ce que cÕest elle qui endosse son rÙle ou est-ce Alain qui la replace dedans ? Entre Alain et Manu, les jeux de rÙles et de personnalitÈs sont dÕune certaine maniËre incomprÈhensibles et irration-nels comme dans nÕimporte quelle his-toire dÕamitiÈ ou dÕamour. La seule
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que lÕon puisse discerner, cÕest la sen bilitÈ quÕAlain a acquise dËs lÕinstant il a dÈcidÈ de changer. Cette sensibilit sÕexerce et se manifeste ici pour u homme, Manu, ce quÕil nÕavait sa doute jamais ÈprouvÈ auparavant. Mai la plupart des hommes ou des femme nÕont-ils pas en eux un possible dÈs homosexuel ? Et il nÕest pas impossibl que plus tard, Alain ait une aventur avec Manu. LÕessentiel, cÕest quÕen dÈcidant changer, Alain se donne la possibilitÈ d sortir de son rÙle. Et peu importe quÕa final il reconstruise une vie assez simi laire, comme plein de gens qui sous prÈ texte de refaire leur vie finissent pa reproduire la mÍme existence. Cela n veut pas dire que cÕest un Èchec mai simplement quÕon se dÈbarrasse dÕu peau, jamais complËtement de soi mÍme. Concernant les machines, ce qui m sÈduit, comme beaucoup je crois, cÕe Èvidemment leur puissance, leur gran deur et leur cÙtÈ animal. JÕai toujou ÈtÈ surprise, et contente, de voir qu des gens sÕarrÍtaient comme moi a bord des chantiers pour regarder ce engins au travail. En mÕy confrontant d plus prËs, et en apprenant ‡ les condui re, jÕai fini par les aimer diffÈremmen La pelleteuse par exemple, cÕest ma pr fÈrÈe parce quÕelle a quelque chose d fÈminin. A la diffÈrence du bulldozer qui avance et recule, en jouant de sa puis sance, elle est aussi puissante mais ell a en plus une dÈlicatesse trËs fÈminine Elle peut ramasser un petit Ïuf. Toujours cette histoire de mÈlangeÉ En fait, le rapport entre lÕhomme et l machine ne se limite pas ‡ une histo de puissance, mÍme si cela paraÓ priori Èvident. CÕest une quest dÕapprÈciation. Prenez Manu quand i ´il faut dominer la machine sinon elle baiseª, il souffre de la violence, du br de sa peur, de son incapacitÈ ‡ la do ner. Il voit la machine comme monstre terrifiant et bruyant. Il est d un rapport de domination. A lÕinvers
on Èc Manu, se. Il l tion. Et que lui ports È Tourne cÕest import lÕento cinÈm comÈdi ventÉ ment p pellete dans la forma propre mainte mÈlang stagiai leur ex film. L queme Si lÕo depuis ce qui ce quÕ ou plut et la fi maÓtris faire to les st centre, de co dÕenvi abstrai Guyot, Ècrire nous d nique
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Je dÈcouvrais leur univers pour lÕintÈ-grer dans le rÈcit et eux, ils dÈcouvraient dÕune certaine maniËre les contraintes du cinÈma. Le projet devenait aussi le leur. Quand AgnËs b. et Haut et Court ont dÈcidÈ de le produire, je nÕai pas voulu remettre tout Áa en cause. Voil‡ pourquoi, ils ont par la suite jouÈ leur propre rÙle dans une histoire quÕils dÈcouvraient. Et tout Áa Ètait dÕautant plus facile que la vie dÕun tournage, lÕorganisation dÕun plateau, ressemble par bien des points ‡ la vie dÕun chan-tier. Propos recueillis par Isabelle de Catalogne- Mars 1999 Dossier distributeur
Filmographie
Courts mÈtrages : Un homme faible Coup de sang JusquÕ‡ demain
TÈlÈfilm : LÕincruste
Long mÈtrage :
1984 1990 1992
1994
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