Gremlins de Dante Joe
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Nombre de lectures 29
Langue Français

Extrait

fi che fi lm
SYNOPSIS
Rand Peltzer offre à son fils Billy un étrange animal : un
mogwai. Son ancien propriétaire l’a bien mis en garde : il ne
faut pas l’exposer à la lumiere, lui éviter tout contact avec
l’eau, et surtout, surtout ne jamais le nourrir après minuit...
Sinon...
CRITIQUE
Il fut un temps que les moins de vingt ans n’ont (pour ainsi
dire) pas connu. Celui où l’industrie cinématographique amé-
ricaine savait produire des comédies à la fois familiales et
distrayantes tout en restant relativement intelligentes, drô-
les sans êtres vulgaires, et qui ne souffraient pas du gigan-
tisme boursouflé qui afflige les blockbusters qui rythment
désormais nos étés. Cette époque s’appelait « lesannées 80»
et
Gremlins
en est un des plus beaux vestiges. Un véritable
fossile, témoin d’une époque révolue, qui nous parvient au
travers du prisme de l’enfance pour certains, de l’adolescen-
ce pour d’autres.
Fraîchement auréolé du succès interplanétaire d’
E.-T.
, Steven
Spielberg inaugurait donc avec
Gremlins
, non seulement le
FICHE TECHNIQUE
USA - 1984 - 1h45
Réalisateur :
Joe Dante
Scénario :
Chris Columbus
Image :
John Hora
Montage :
Tina Hirsch
Musique :
Jerry Goldsmith
Interprètes :
Zach Galligan
(Billy Peltzer)
Phoebe Cates
(Kate Beringer)
Hoyt Axton
(Randall Peltzer)
Frances Lee McCain
(Lynn Peltzer)
Polly Holliday
(Ruby Deagle)
Glynn Turman
(Roy Hanson)
GREMLINS
DE
J
OE
D
ANTE
1
début d’une fructueuse collabora-
tion avec Joe Dante, qui allait se
prolonger sur
L’aventure intérieure
et
Gremlins 2
, mais aussi et surtout
le début d’une formidable série de
comédies familiales à caractère
plus ou moins fantastique et dont
on a depuis lors semble-t-il perdu
la recette. De
Gremlins
aux
Goo-
nies
en passant par
L’aventure in-
térieure
, mais aussi
Le secret de la
Pyramide
,
Qui veut la peau de Roger
Rabbit ?
ou encore
Retour vers le
Futur
, Spielberg est dans les cou-
lisses de ces productions qui ont
baigné la jeunesse des trentenaires
d’aujourd’hui, dont on a usé les cas-
settes vidéos les mercredis après-
midi et qu’on regarde désormais
avec une larme de nostalgie au coin
de l’œil.
(…) Avec ses petites boules de poils
se transformant en hordes de dé-
mons verdâtres aussi débiles que
destructeurs si on leur donne à
manger après minuit, Joe Dante
nous offre un conte moral tout
autant pétri de la naïveté propre
aux comédies des années 80, que
gentiment égrillard. En partant
d’une innocente et pacifique boule
de poil capable d’engendrer les
pires fléaux si l’on trangresse les
règles, il fait ainsi feu de tout bois
tout en s’adressant aussi bien aux
plus jeunes qu’à un public adulte. Il
en profite dès lors pour se livrer à
une critique relativement sévère de
la société américaine qui tendrait
à ignorer les cultures étrangères
sans se soucier des conséquences.
Faisant totalement fi du politique-
ment correct, il met en place un
crescendo dans la violence parfai-
tement maîtrisé et parvient même à
faire d’une paisible mère de famille
une machine à tuer du gremlin lors
d’une mémorable scène de carnage
dans une cuisine dont le moindre
ustensile culinaire a été transformé
en arme mortelle.
Ainsi, malgré les ravages du temps
et la révolution technologique que
constitua l’arrivée massive des ima-
ges de synthèse à la fin des années
90 et qui rangea ses marionnettes
au rang de curiosité historique,
Gremlins
n’a pratiquement pas pris
la moindre ride. Il suffit de faire
l’expérience avec un bambin de cinq
ans pour se convaincre que le film a
conservé tout son pouvoir de per-
suasion, tandis que de leur côté, les
adultes se réjouiront de son charme
délicieusement suranné. (...)
http://www.ecranlarge.com
Avec
Gremlins
, Dante peut donner
libre cours à autre chose, comme
il l’avait fait dans son sketch du
film
La Quatrième Dimension
, où,
hormis à la série dont il s’inspi-
rait, il rendait hommage à son goût
pour deux fameux cartoonistes
comme Tex Avery ou Chuck Jones.
Dans
Gremlins
, il fait de même. Ou
du moins il tenta, avant d’avoir à
couper quelques scènes qui pré-
sentaient Billy comme un artiste
en devenir. Il reste cependant
assez d’éléments pour s’en rendre
compte : ses dessins, ainsi que ses
comics sur lesquels Gizmo donne
naissance aux autres mogwaïs. Ce
qui est symbolique, d’ailleurs, puis-
que les super-héros sont eux aussi
des personnages normaux deve-
nant des personnages «autres».
N’oublions pas non plus de signa-
ler le caméo de Chuck Jones en per-
sonne, qui dans le bar, au début du
fi lm, donne des conseils de dessin
à Billy. Sans oublier l’aspect très
cartoons des
Gremlins
, dont les
actes, le chaos qu’ils répandent,
leur irrévérence et leurs mouve-
ments exagérés incessants ne sont
pas sans rappeler les dessins ani-
més de Chuck Jones pour la Warner
ou ceux de Tex Avery pour la MGM.
Bref le côté cartoon du fi lm est évi-
dent, et central.
Du reste de quoi sont inspirés
les
Gremlins
? A la base, comme
le dit le personnage de Murray
Futterman, les Gremlins sont appa-
rus pendant la seconde guerre
mondiale. Lorsqu’un appareil ne
fonctionnait plus correctement, on
disait qu’il y avait des Gremlins
dedans. Une idée reprise plus tard
par le célèbre et talentueux auteur
de livres pour enfants Roald Dahl
dans son livre
The Gremlins
(1943),
écrit durant la guerre, alors qu’il
était un officier de la Royal Air
Force particulièrement indiscipli-
né. Puis le concept des Gremlins fut
repris plus tard, toujours pendant
la guerre, par la Warner et les car-
toons avec Bugs Bunny. Bien sûr, à
l’époque, les Gremlins n’avaient ni
le même look ni le même compor-
tement que ceux du fi lm de Dante,
mais les bases étaient là : c’étaient
des grains de sable dans la machi-
ne de l’Occident. Ceux sur qui on
rejetait les fautes. Nous y revien-
drons.
En attendant, le côté ultra-référen-
ciel de Dante (qui peut d’ailleurs
en agacer certains) ne se limite
pas aux cartoons et met en scène
des horizons cinématographiques
2
divers, qu’il applique à différents
niveaux du film. Ainsi, la situa-
tion temporelle et spatiale du fi lm
renvoie directement à
La Vie est
Belle
(
It’s a Wonderful life
, 1946) de
Frank Capra , que la mère de Billy
regarde, d’ailleurs, à un moment
du fi lm. Le Bedford Falls de Capra
devient Kingston Falls chez Dante,
mais la ville reste la même. Une
ville paisible, une petite commu-
nauté de gens variés. Une ville
sous la neige, à l’époque de Noël.
Dominée par une banque et par
un richissime entrepreneur immo-
bilier. Ici Mr. Potter devient Mrs.
Deagle, une veuve au style très
«Margaret Thatcher», recluse dans
sa demeure avec ses chats (à qui
elle donne des noms de monnaie :
Big Dollar, Kopek, Rouble...) pour
unique compagnie. Ayant déjà fait
fermé une usine d’agro-alimentaire
(de pâtes, plus exactement), elle a
conduit les chômeurs à hypothé-
quer leurs maisons, dont elle pré-
voit de prendre possession pour
revendre le terrain à une entre-
prise de produits chimiques. Tout
ceci se retrouve encore une fois
dans les scènes coupées. Enfi n bref,
La Vie est Belle
de Capra, une réfé-
rence du fi lm de Noël gentil mais
pas niais, et encore moins creux,
est une grande source d’inspira-
tion de
Gremlins
.
Et puis bien sûr il y a la science-fi c-
tion des 50’s. Les Gremlins sont des
monstres, déjà, semblables à ceux
des 50’s. De par leur renaissance
après une période d’incubation
dans des cocons, on peut les rap-
procher des Body Snatchers du fi lm
du même nom de Don Siegel (1956).
D’ailleurs
Invasion of the Body
Snatchers
est effectivement l’un
des films que Billy regarde dans
sa chambre (on voit l’extrait où
Kevin McCarthy, un acteur fétiche
de Dante, hurle sa désormais célè-
bre ligne de dialogues : «They’re
here already ! You’re next ! You’re
next, You’re next...». Pour en reve-
nir aux Gremlins, comme les Body
Snatchers, les entités de départ,
normales, se transforment en mons-
tres. Ici, pas de discours sur les
effets du communisme, mais une
autre origine cinéphilique possible
de la métamorphose, après celle
en référence aux super-héros que
nous avons vue plus haut. Certains
voient même dans cette métamor-
phose une interprétation plus
«naturelle» que cinéphilique : un
dédoublement plus terre-à-terre, la
représentation métaphorique d’en-
fants s’affranchissant des règles
que leur éducation leur impose...
Tout cela est recevable, et Dante
charge donc ces transformations
de sens divers, cinéphiliques ou
autres. A chacun de voir ce qui lui
plait. (…)
Pour conclure, bien force est d’ad-
mettre que derrière toute la comé-
die de ce qui nous est présenté à
l’écran, le rire trouve son fonde-
ment dans la nature humaine. Les
Gremlins servent en effet à mettre
en avant tous nos penchants futi-
les, mondains, modernes, et nos
valeurs occidentales superficiel-
les. Dante ne prétend pourtant en
aucun cas être différent de nous,
mais il nous contraint à réfl échir
sur nous-même. D’un point de vue
comique,
Gremlins
est donc un fi lm
en tout point maîtrisé, loin des
lourdeurs vulgaires souvent servies
à notre époque, et se permettant
en outre d’être particulièrement
acerbe voire carrément cruel. Rien
n’y est respecté. Cette anarchie
présente dans le fi lm présente un
caractère vivifi ant, dans le sens où
peu de réalisateurs l’ont appliquée
avec tant d’énergie, mais également
parce qu’elle est avant tout présen-
tée pour nous faire réfléchir sur
nous-même et nous force à réfl é-
chir à nos valeurs modernes, qui
évoluent à l’instar du cinéma vers
une vie faite d’apparences, ce qui
pourrait être louable si ces appa-
rences n’étaient pas dans beaucoup
de cas sans aucun sens utile, et
même parfois franchement néfastes
(«le monde change, tu dois deve-
nir dur», dit par exemple le salaud
Gerald à Billy Peltzer). Le fait que
l’on rit de nous-même prouve bien
que notre vie peut devenir ridi-
cule, pour peu que l’on y réflé-
chisse posément. Mais à cette épo-
que, en 1984, Dante a encore une
vision optimiste et la fin de son
fi lm refl ète ceci, avec un retour à la
vie normale à la douce vie fantas-
mée de Kingston Falls, transposée
à l’écran par le vieil antiquaire chi-
nois qui retourne chez lui accom-
pagné de Gizmo, tandis que la voix
off du père nous met en évidence
le propos du fi lm, qui n’était rien
d’autre qu’une fable familiale. Dans
Gremlins 2
, Dante se fera plus radi-
cal, son fi lm sera moins irréel, plus
ancré dans le réel (contrairement
à ce premier volet très influencé
par la folie-douce de Capra ), et
ses personnages qui n’auront pas
compris le message du premier fi lm
en subiront les conséquences, avec
cette fois-ci une anarchie encore
3
Le centre de Documentation du Cinéma[s] Le France
,
qui produit cette fi che, est ouvert au public
du lundi au jeudi de 9h à 12h et de 14h30 à 17h30
et le vendredi de 9h à 11h45
et accessible en ligne sur www.abc-lefrance.com
Contact
: Gilbert Castellino, Tél : 04 77 32 61 26
g.castellino@abc-lefrance.com
plus accentuée aboutissant à un
lâché total d’un réalisateur de plus
en plus mordant, en roue libre...
Walter Paisley - Jeudi 23 Juin 2005
http://www.cinetudes.com.
BIOGRAPHIE
Passionné par le cinéma fantasti-
que et les films de genre, véritable
movie freak, Joe Dante écrit très
jeune pour diverses publications,
dont
Famous Monsters
, le fanzine
Castle of Frankenstein
et
The Movie
Bulletin
. Alors étudiant en dessin,
le jeune Joe Dante réalise en 1968,
en collaboration avec son ami Jon
Davison,
The Movie orgy
, œuvre de
sept heures composée d’extraits de
classiques des années cinquante.
Une première expérience de mon-
teur qui lui permet de rentrer au
sein de l’écurie Roger Corman au
montage de bandes-annonces et
de certains longs métrages, dont
Lâchez les bolides !
(1974), premier
film de Ron Howard. En 1976, il se
voit proposer, en compagnie de son
collègue Allan Arkush, un défi par
le maître Corman : réaliser le film
le moins cher de l’histoire de New
World Pictures, soit un budget de
60 000 dollars. Le résultat, la comé-
die
Hollywood Boulevard
tournée
en seulement dix jours, lui offre
ses galons de réalisateur.
Deux ans plus tard, Joe Dante
passe à la réalisation en solo avec
Piranhas
, sanglante série B sur-
fant sur la vague des
Dents de la
mer
. C’est ce film qui attire l’atten-
tion d’un Steven Spielberg alors
en pleine ascension, qui le prend
sous son aile. Après le très remar-
qué
Hurlements
(1981), Spielberg
lui propose de mettre en scène
un épisode du film
La Quatrième
Dimension
, puis la comédie hor-
rifique
Gremlins
: véritable car-
ton (114 millions de dollars aux
Etats-Unis pour un budget de onze
millions), cette bande rapidement
devenue-culte impose Joe Dante et
son humour décalé et irrévéren-
cieux comme l’un des réalisateurs
à suivre. Passionné par le monde
de l’enfance et la science-fiction
comme son mentor, Joe Dante
dirige l’année suivante les jeunes
Ethan Hawke et River Phoenix dans
l’aventure fantastique
Explorer
.
(…)
En 1993, Joe Dante signe un hom-
mage aux films de son enfance avec
Panic sur Florida Beach
, l’histoire
de la présentation d’un monster
movie dans une petite ville amé-
ricaine durant la crise des mis-
siles cubains. Après cet opus aux
accents nostalgiques malheureu-
sement peu lucratif, le cinéaste se
tourne vers la télévision pour quel-
ques années et signe notamment
La Seconde Guerre de Sécession
(1997) pour HBO. En 1998, après
cinq années passées loin des pla-
teaux de cinéma (et un premier
développement pour le projet
La
Momie
notamment), il revient avec
Small Soldiers
, anti-
Toy Story
au
discours anti-militaire et anti-con-
sumériste. Les résultats mitigés du
film, au ton sans doute trop noir
pour le public visé, l’éloignent une
nouvelle fois des plateaux, jusqu’à
2003 et
Les Looney Tunes passent à
l’action
dans lequel il confronte les
humains Brendan Fraser et Jenna
Elfman aux Toons Bugs Bunny et
Daffy Duck.
www.allocine.fr
FILMOGRAPHIE
Séries télévisées :
Police Squad !
1982
Saison 1
Les Maîtres de l’Horreur
2005
Saison 1
Les Maîtres de l’Horreur
2006
Saison 2
Longs métrages :
The Movie orgy
1968
Hollywood Boulevard
1976
Piranhas
1978
Le Lycée des cancres
1979
Hurlements
1980
La Quatrième Dimension
1983
Gremlins
1984
Shadow Man
1985
Explorers
1985
Amazone Women on the moon
1987
L’Aventure intérieure
Amazon women on the moon
1988
Les Banlieusards
1989
Gremlins 2, la nouvelle généra-
tion
1990
Panic sur Florida Beach
1993
Lightning
1995
The second civil war
1997
Small Soldiers
1998
Les Looney Tunes passent à l’ac-
tion
2003
Trapped Ashes
2006
Documents disponibles au France
Revue de presse
Positif n°286
Cinéastes n°11
4
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