En compagnie d’Antonin Artaud de Mordillat Gérard
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Nombre de lectures 58
Langue Français

Extrait

En compagnie d'Antonin Artaud
de Gérard MordillatF
FICHE FILM
fiche technique
France - 1993 - 1h40
Réalisateur :
Gérard Mordillat
Scénario :
Gérard Mordillat
Jérôme Prieur
d'après l'oeuvre de Jacques
Prevel
Musique :
Jean-Claude Petit
Interprètes :
Sami Frey
Sami Frey dans En compagnie d'Antonin Artaud(Antonin Artaud)
Marc Barbé
Résumé Critique
(Jacques Prevel)
Julie Jézéquel Deux hommes marchent vite dans les rues Mordillat filme leurs errances dans un noir
(Jany) désolées du Paris d’après-guerre. Le plus et blanc qui évoque admirablement les
vieux, béret vissé sur l’œil, visage ravagé années 40 ; la caméra épie également lesValérie Jannet
de souffrance et bouche grimaçante, c’est silences tourmentés des deux hommes, les
(Rolande) Antonin Artaud, le poète iconoclaste et montre aux prises avec la fureur d’écrire.
Clotilde de Bayser visionnaire que des amis viennent de sortir Car ces deux hallucinés n’existent que par
de l’asile psychiatrique de Rodez pour le leurs mots, dont sont fiévreusement noircis(Marthe)
faire transférer à Ivry, dans une clinique de petits cahiers. Peu importe les femmes,
Charlotte Valandrey plus permissive. Le plus jeune, Jacques les amis, le monde. Seule compte l’ascèse
(Colette) Prevel, poète lui aussi, et lui aussi doulou- poètique : pleinement accomplie pour
reux, suit son maître Artaud comme une Artaud, à demi réussie pour le disciple
ombre... Prevel.
Tel un poème en images, le scénario pro-
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
cède par fulgurances, ellipses, scènes sonnage Antonin Artaud et une remar- qu’on puisse imaginer, m’a paru, à
chocs :comme cette cruelle séquence où quable interprétation de Sami Frey, cause de cette caractéristique, le plus
l'ancien acteur de Dullin, de Jouvet, de aussi convaincant dans la violence (voir cinématographique.
Pitoëff oblige une comédienne à jouer en particulier l’altercation avec Prevel J’ai proposé à Jérôme Prieur de faire
dans le suraigu, le cri. Sans prétendre pour manque de Laudanum) que dans ensemble l’adaptation de ce Journal. Et
dresser une chronique des derniers l’émotion, qui puise sa force dans la là, il s’est passé quelque chose d’inat-
moments d’Artaud, la mise en scène de pudeur de l’interprète lors de la dernière tendu. En allant rendre visite à Rolande
Gérard Mordillat est fidèle à l’esprit de confidence en forme d’adieu à l’hôpital: Prevel pour l’informer de ce que nous
l’artiste par sa liberté de ton, ses décors "Je suis foutu, complètement foutu". Ce allions faire, nous avons eu le sentiment
imprévus, ses interprètes aux présences qui sera directement et tout aussi pudi- incroyable de voir une femme pour qui
dérangeantes. quement enchaîné sur un enterrement Artaud était un ami toujours présent.
Sami Frey restitue la violence mystique silencieux, hommage à ce cinéma muet L’idée de faire un travail documentaire
d’Artaud par un jeu étrangement inté- surréaliste dont Artaud fut le premier qui soutiendrait notre travail de fiction
rieur. Il est entouré de partenaires serviteur. Antonin Artaud déclarait : nous est venue naturellement.
d’une grâce tragique, tel Marc Barbé "Tant que je me sentirai suivi par un Nous sommes donc allés à la rencontre
(Jacques Prevel). Ce film a été diffusé double ou par un spectre , ce sera signe de ceux qui avaient connu Artaud. Et,
sur Arte, tout comme le documentaire que je suis". Dans ces deux films, fiction chose inimaginable, tous acceptaient de
de trois heures La véritable histoire et documentaire, il n’est suivi que par parler de lui et, pour certains, avec la
d'Artaud le Mômo, également signé des amis connus ou inconnus, d’hier ou conscience que c’était malheureuse-
Mordillat. Cette double exploration de d’aujourd’hui, mais par lesquels il est, ment aussi la dernière fois. Cela a
l’âme crucifiée d’un poète est un voyage tel qu’en lui-même, qualités et défauts, donné un documentaire de trois heures,
au pays de l’art qui ne peut laisser per- hors des trop faciles clichés. Souhaitons un film en soi et pas seulement une
sonne indemne. toutefois qu’il leur vienne un jour l’idée sorte de contre-point du film de fiction.
Fabienne Pascaud de se souvenir qu’Antonin Artaud a exis- C’est seulement huit mois plus tard que
Télérama n°3034 té avant 1945 et qu’il créa alors beau- j’ai tourné la fiction.
coup et bien, pas seulement en littératu-
re. Comment avez-vous pensé le film de fic-
En compagnie d’Antonin Artaud, François Chevassu tion ?
adaptation du journal de Jacques Prevel Le mensuel du cinéma n°15 D’abord, nous possédions une chose
qui ne connut I’auteur que de 1946 à fondamentale : le Journal de Jacques
1948, s’en tient lui aussi à cette seule Prevel. Il y a tout noté sur Artaud... mais
période. Avec même un resserrement aussi sur sa propre vie, partagée entreEntretien avec le réalisa-
puisque le scénario reste strictement sa femme Rolande et Jany avec qui il
teur
centré sur Jacques Prevel et Antonin vivait. Prevel dit le déchirement de cette
Artaud, au détriment de tous ceux qui existence, la quête quotidienne de la
sont réellement intervenus dans sa vie. drogue, de la nourriture et de la littéra-Comment et pourquoi est née cette idée
Seules Rolande Prevel (épouse de ture. Ensuite, le documentaire nous per-de réaliser à la fois une fiction et un
Jacques) et Jany du Ruy (sa véritable mettait d’être entourés des amisdocumentaire sur Antonin Artaud ?
compagne) sont épargnées. Sans doute d’Artaud, qui nous conseillaient sur desEn 1969, j’ai lu dans l’anthologie éditée
parce qu’elles sont indispensables à une choses très pratiques pour la directionpar Pierre Seghers un poème de
bonne lecture des deux hommes. Les d’acteurs. Artaud marchait vite et neJacques Prevel qui m’avait beaucoup
méticuleux pourront aussi déceler s’asseyait jamais. Ce n’était pas unplu. En 1974, lorsque Bemard Noël a
quelques écarts avec la réalité suppo- homme renfermé mais très soucieux despublié le Journal et les poèmes de
sée, surtout s’ils ont déjà vu le docu- autres. Il pouvait aussi être très drôle,Prevel, je les ai achetés. Depuis, ces
mentaire. Ainsi du déplacement de lieu d’un humour furieux mais très drôle.deux livres accompagnent ma vie.
ou de temps d’anecdotes ou de déclara- J’étais évidemment, par ailleurs, un lec-
tions d’Antonin Artaud. Mais tout cela La rencontre entre Artaud et Prevel estteur d’Antonin Artaud. J’ai pensé qu’il
n’a finalement que très peu d’importan- une rencontre amoureuse. Et tout le filmétait temps pour moi de faire un film sur
ce au regard des deux atouts majeurs de montre des relations passionnelles.l’écriture et l’acte d’écrire. Le Journal
ce film: un esprit parfaitement respecté Pourtant vous ne tombez jamais dansde Prevel, même s’il était apparemment
avec une belle restitution du vrai per- l’image excessive qu’on donne habituel-l’objet le moins cinématographique
L E F R A N C E
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42100 SAINT-ETIENNE
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Fax:77.25.11.83D O C U M E N T S
lement d’Artaud. Comment êtes-vous faire une hagiographie. Avec Marc Prevel et n’ai gardé que les morceaux où
parvenu à cet équilibre ? Barbé, j’ai travaillé de la même façon je me retrouvais entièrement moi-même.
Nous avions ces deux garde - fous le sur Prevel. Chacun faisant des lectures J’ai jeté tout le reste. Je me suis seule-
Journal et les amis d’Artaud - qui nous de Prevel, d’Artaud et des lectures ment soucié d’avancer dans ces ten-
empêchaient de verser dans la légende, autour d’Artaud. Nous ne nous sommes sions passionnelles telles que je les res-
le lieu commun sur les poètes, etc. C’est réunis qu’une seule fois pour une lecture sentais, en me guidant plus à l’oreille
vrai que la rencontre entre Artaud et générale. qu’à l’œil et en essayant de retrouver la
Prevel est une rencontre passionnelle. J’ai poussé Sami à aller au plus profond musicalité même du récit plutôt que
Mais ce ne sont pas des hommes qui de lui-même afin qu’il puisse trouver d’établir des sens.
expriment leur passion de façon senti- dans cette obscurité qu’il porte en lui Je me foutais qu’on ne comprenne pas
mentale. Leurs rapports sont assez bru- quelque chose capable de ressusciter qui est qui, le comment et le pourquoi.
taux, mais ils sont d’une sincérité abso- Artaud. Il n’était jamais dans l

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