Le sanctuaire de Fondo Ruozzo à Teano (Campanie) et ses ex-voto - article ; n°1 ; vol.135, pg 9-34
27 pages
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1991 - Volume 135 - Numéro 1 - Pages 9-34
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Paul Morel
Le sanctuaire de Fondo Ruozzo à Teano (Campanie) et ses ex-
voto
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 135e année, N. 1, 1991. pp. 9-34.
Citer ce document / Cite this document :
Morel Jean-Paul. Le sanctuaire de Fondo Ruozzo à Teano (Campanie) et ses ex-voto. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 135e année, N. 1, 1991. pp. 9-34.
doi : 10.3406/crai.1991.14934
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1991_num_135_1_14934COMMUNICATION
LE SANCTUAIRE DE FONDO RUOZZO Â TEANO (CAMPANIE)
ET SES EX-VOTO,
PAR M. JEAN-PAUL MOREL
Que les innombrables dépôts votifs de l'Italie antique aient si rar
ement reçu toute l'attention qu'ils méritent peut tenir à deux raisons
principales. En premier lieu, l'abondance des trouvailles, souvent
décourageantes par leur pléthore même, et les sérieux problèmes matér
iels que posent le classement et l'étude de telles masses d'objets.
En second lieu, l'impression de déjà-vu et de monotonie fastidieuse
qui est souvent réputée s'en dégager, à tort ou à raison. Cette seconde
cause ne peut certes pas être invoquée dans le cas du sanctuaire dont
nous avons l'honneur d'entretenir l'Académie, et seul le premier de
ces motifs, c'est-à-dire en quelque sorte l'excès de biens, peut expli
quer, sinon justifier, le retard avec lequel nous présentons cette fouille.
Nous avons conduit à Teano, de 1980 à 1983, des fouilles franco-
italiennes1, à propos desquelles nous avons plaisir à évoquer la géné
rosité scientifique et l'amitié agissante des responsables de la Surin
tendance archéologique des provinces de Naples et de Caserte2.
L'antique Teanum Sidicinum, ville des Sidicini — un peuple appa
renté aux Samnites —, est situé au pied de la montagne volcanique
de la Roccamonfina, aux confins septentrionaux de la Campanie3.
1. Sur ces fouilles, voir les chroniques de F. Zevi dans les Atti dei Convegni di studi
sulla Magna Grecia de Tarente (désormais cités Atti Tarante), XX, 1980, p. 267-269 ;
XXI, 1981, p. 346-351 ; et de E. Pozzi, dans^rn Toronto, XXII, 1982, p. 398-399 ; XXIII,
1983, p. 487-488.
2. Il nous est particulièrement agréable d'exprimer notre plus vive gratitude au Prof. Fausto
Zevi, surintendant jusqu'en 1982, qui a suscité ces recherches et les a constamment encou
ragées de toute son autorité et stimulées de toute sa science ; à son adjointe, Dott.ssa Giu-
liana Tocco Sciarelli, directrice de la Surintendance chargée de la zone de Teano ; à la
Dott.ssa Enrica Pozzi, surintendante depuis 1982 ; et à tous leurs collaborateurs de la Surin
tendance, en particulier les inspecteurs Dott. Nunzio Allegro et Dott.ssa Luigia Melillo. Nos
remerciements amicaux s'adressent aussi à Jacques Rougetet, architecte du Centre Jean Bérard
de Naples, notre compagnon sur la fouille, et aux directeurs successifs du Centre,
M™ Mireille Cébeillac Gervasoni et M. Olivier de Cazanove, pour leur aide sans défaillance.
3. Sur Teano et sur les Sidicins, voir notamment E. Gabrici, Necropoli di età ellenistica
a Teano dei Sidicini, dans MAAL, 20, 1910, col. 6-152 ; J. Heurgon, Recherches sur l'his
toire, la religion et la civilisation de Capoue préromaine, des origines à la deuxième guerre puni
que, Paris, 1942, passim, notamment p. 48, 83, 245 ; A. De Monaco, Teano osca e romana,
Teano, 1960 ; W. Johannowsky, Relazione preliminare sugli scavi di Teano, dans Boll d'Ane,
s. IV, XLVIII, 1963, p. 131-165 ; C. Cipriano, Teano, s.l.n.d. (S. Nicola la Strada, 1982). 10 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
A vol d'oiseau, Cales est distant de 8 km, Capoue de 25 km, Cumes
et Naples de moins de 50 km, les confins du Latium sont à une
vingtaine de kilomètres, de même que la mer Tyrrhénienne : cet env
ironnement géographique, politique et surtout culturel explique en
grande partie la multiplicité des apports et des influences que reçut
Teano.
Le sanctuaire
Le lieu-dit Fondo Ruozzo, où se sont déroulées nos recherches,
est situé en rase campagne, à 3 km de la ville de Teano. Il s'agit
d'un étroit plateau délimité par deux cours d'eau parallèles, vers le
squels il se termine au Sud et au Nord par des versants abrupts. Le
principal de ces cours d'eau est le petit fleuve Savone, qui se jette
dans la mer Tyrrhénienne au Nord de l'embouchure du Volturne
(et à la propre embouchure duquel a été repéré un autre sanctuaire
actif depuis le vne siècle av. n.è. jusqu'à l'Empire4). Le
de Fondo Ruozzo était établi sur le sommet de ce plateau et sur
le versant qui, au Sud, descend vers la vallée encaissée du Savone.
A en juger par les rares objets datables avec quelque précision,
le sanctuaire (fig. 1) a connu deux grandes phases d'activité, séparées
par une période moins clairement perceptible : l'une remonte à la
fin du vie siècle et au Ve siècle avant notre ère (alors que Teano n'était
apparemment qu'un groupement de pagt), l'autre à la deuxième moit
ié du ive siècle et au me siècle, en concomitance avec le moment
où Teano serait « devenu une ville » par synœcisme5. La fin du
me siècle porta au sanctuaire un coup sévère, marqué probablement
par la destruction de ses bâtiments, et en tout cas par un ralentiss
ement considérable de sa fréquentation. Il est presque inéluctable d'y
voir un effet de la deuxième guerre punique : en effet, Hannibal
séjourna longtemps dans la région, y laissant maintes séquelles de
son passage.
Au IIe siècle, le sanctuaire, ou ce qui en restait, devait recevoir
encore de rares offrandes, mais il était de toute évidence considéra-
4. Il s'agit du sanctuaire du lieu-dit Panetelle, sur lequel voir les brèves indications
de W. Johannowsky, Contributo deïï'archeologia alla storia sociale : la Campania, dans Incontro
di studi su « Roma e l'Italia fra i Gracchi e Silla » (Pontignano, 1969), dans Dial. di Arch.,
IV-V, 1970-1971, 2-3, p. 477 ; et surtout dans une intervention lors du Simposio Europeo
« Flotte e commercio greco, cartaginese ed etrusco nel Mar Tirreno » (Ravello, 1987 ;
Actes à paraître).
5. Sur cette évolution, cf. W. Johannowsky, Relazione preliminare sugli scavi di Teano,
art. cité, p. 133 ; Id., Testimonianze materiali del modo di produzione schiavistico in Campan
ia e nel Sannio Irpino, dans A. Giardina et A. Schiavone, éd., Società romana e produzione
schiavistica. I. L'Italia : insediamenti e forme economiche, Rome-Bari, 1981, p. 302 et 306. LE SANCTUAIRE DE FONDO RUOZZO 1 1
blement appauvri. Toutefois, vers la fin de ce siècle, intervint, comme
sur un assez grand nombre de sites de la Campanie interne, une
reconstruction selon des principes radicalement différents. A la place
des bâtiments édifiés en blocs de tuf gris et des aménagements creusés
dans la roche volcanique qui caractérisaient les deux premières
périodes, on construisit alors un nouveau sanctuaire formé de ter
rasses étagées à flanc de colline et contenues par des murs en opus
incertum en moellons de tuf jaune évoluant par endroits vers le quasi
reticulatum, qui incorporent çà et là des ex-voto des époques précé
dentes (l'un de ces murs, dont la hauteur atteint 5 mètres, a été dégagé
sur plus de 40 mètres de long). Ce nouveau sanctuaire resta inachevé,
et fut abandonné à une date que l'aspect des structures et les données
stratigraphiques situent aux alentours de 100 av. n.è. ou peu après.
Ici encore, un rapprochement historique s'impose : c'est à la guerre
sociale, au cours de laquelle la Campanie reçut de rudes coups, que
nous attribuerions cet abandon définitif. Les seuls vestiges posté
rieurs sur le site sont deux tombes des environs de l'an 300 de notre
ère, qu'il faut rapporter sans doute à quelque villa voisine.
Le sanctuaire primitif comportait des cheminements taillés dans
le tuf, et en particulier une voie très profondément encaissée permett
ant d'accéder par une pente douce au sommet du plateau. Cette
sorte de ravin fut par la suite, lors de la construction du dernier
état (c'est-à-dire du sanctuaire en terrasses), entièrement comblé au
moyen d'ex-voto. En effet, le propre du matériel votif de Fondo Ruozzo
est d'avoir été à plusieurs reprises, au cours de ces quelques siècl

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