Un pigeonnier antique près d Apollonia en Cyrénaïque - article ; n°3 ; vol.136, pg 623-642
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1992 - Volume 136 - Numéro 3 - Pages 623-642
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur François Chamoux
Un pigeonnier antique près d'Apollonia en Cyrénaïque
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 136e année, N. 3, 1992. pp. 623-
642.
Citer ce document / Cite this document :
Chamoux François. Un pigeonnier antique près d'Apollonia en Cyrénaïque. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 136e année, N. 3, 1992. pp. 623-642.
doi : 10.3406/crai.1992.15137
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1992_num_136_3_15137COMMUNICATION
UN PIGEONNIER ANTIQUE PRÈS D'APOLLONIA
EN CYRÉNAÏQUE,
PAR M. FRANÇOIS CHAMOUX, MEMBRE DE L'ACADÉMIE
Un des objectifs poursuivis au fil des années par la mission archéolo
gique française en Libye, installée sur le site du port de Cyrène,
Apollonia de Cyrénaïque1, était et reste la prospection de la chôra,
pour y repérer les vestiges de l'occupation et de l'exploitation du
sol2. La prospérité des cités grecques implantées dans cette région
fertile reposait sur l'agriculture3. Textes et inscriptions le montrent
assez. Comme, jusqu'à une époque récente, la vie des Libyens, depuis
la conquête arabe, est restée essentiellement pastorale4, une grande
partie des campagnes est toujours en friches ou n'est cultivée que
superficiellement, ce qui permet de découvrir aujourd'hui encore les
traces des fermes et parfois même des champs, les cultures en ter
rasses, le système d'irrigation et les installations diverses qui remontent
aux temps de la colonisation hellénique. Le gros effort de modernisat
ion que fournit actuellement la Libye effacera progressivement ces
témoignages de son lointain passé. D'où l'intérêt de noter sans plus
attendre les indices qui parsèment la chôra.
Dans l'étroite plaine côtière qui entoure Apollonia, entre la mer
au nord et le premier gradin du djebel au sud, l'exploration en sur
face montre la densité de l'occupation paysanne. Les murs des mai
sons ou des étables, en briques crues, ont d'ordinaire disparu, mais
des éléments en pierres grossièrement taillées, angles de murs, jambages
1. L'Académie a été régulièrement tenue au courant des travaux de cette mission :
CRAI, 1977, p. 6 s. (F. Chamoux) ; 1985, p. 93 s. (A. Laronde), p. 362 s. (Y. Garlan) ;
1988, p. 337 s. (A. Laronde).
2. Les premiers résultats de cette prospection sont utilisés dans un chapitre de l'ouvrage
d'A. Laronde, Cyrène et la Libye hellénistique, Libykai Historiai (Paris, 1987), p. 325 s.
Cf. aussi CRAI, 1983, p. 67 s. (A. Laronde).
3. Je l'avais souligné dans Cyrène sous la monarchie des Battiades (Paris, 1953), p. 229 s.
Les travaux ultérieurs ont apporté de nouveaux éléments d'information confirmant ces
vues : ainsi dans l'ouvrage d'A. Laronde, loc. cit. et passim, et dans celui de D. Roques,
Synésios de Cyrène et la Cyrénaïque du Bas-Empire (Paris, 1987), p. 387 s. Cf. aussi les
études rassemblées dans Cyrenaica in Antiquity (BAR Int. Séries 236, Oxford, 1985),
p. 121-191 (en particulier les contributions de C. Dobias-Lalou et d'A. Laronde).
4. Cette vie est brillamment évoquée, vers 1824-1825, par J.-R. Pacho, Relation d'un
voyage dans la Marmarique, la Cyrénaïque, etc. (Paris, 1829 ; rééd. Marseille, 1979). La
modernisation et l'urbanisation ont commencé avec la colonisation italienne, entre les deux
guerres mondiales, et se sont considérablement développées depuis. 624 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
o t 2 3 h
FlG. 1. — La côte à l'Ouest d'Apollonia (d'après la carte italienne au 1/50 000e).
L'emplacement du pigeonnier est indiqué sur la plaine côtière
par un petit cercle au pied du djebel.
de portes, en révèlent l'emplacement. On voit aussi des restes de
pressoirs à huile et des abris creusés dans le roc pour les animaux
ou les denrées. On ramasse en surface beaucoup de petits tessons
d'argile, attestant une longue présence humaine. Lorsqu'on dispo
sera d'une bonne couverture du pays par la photographie aérienne,
la cadastration agraire et les voies de circulation apparaîtront mieux.
A l'occasion d'une prospection dans la chôra, notre petit groupe
d'archéologues repéra, le 19 mai 1978, à environ sept kilomètres à
l'ouest d'Apollonia, un amas de ruines apparemment isolées, sur le
rebord d'une terrasse rocheuse, à quelque distance au sud de la piste
qui longe la côte en direction du ras Aamer, point septentrional du
littoral de la Cyrénaïque5. A cet endroit, le terrain, à peu près plat,
s'élève insensiblement vers le djebel. A environ 600 ou 700 m du
rivage, une barre haute d'une vingtaine de mètres marque une déni
vellation très nette, avec une forte pente, en certains points formant
falaise. Au-delà, vers le sud et jusqu'au pied même du djebel, s'étend
une longue terrasse, large de deux ou trois cents mètres, couverte
5. Une brève présentation de ces ruines a été faite dans une séance de la Société natio
nale des Antiquaires de France, le 20 février 1980 (Bull, de la Soc. nat. des Ant. de France,
1980-1981, p. 33-34). J'ignorais alors que le site avait déjà été repéré par S. Stucchi (Architet-
tura Cirenaica, Rome, 1975, p. 519), qui a consacré quelques lignes à ce monument. PIGEONNIER ANTIQUE EN CYRENAÏQUE 625 UN
Fig. 2. — Le pigeonnier d' Apollonia.
Les ruines : a) vues de l'Est ; b) vues du Sud-Est. 626 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
d'un maquis peu dense et de champs abandonnés qui servent de pâture.
Le coin est tout à fait désert, comme presque toute la côte jusqu'à
Phycous, au-delà du ras Aamer, à une trentaine de kilomètres plus
à l'ouest (fig. 1).
Selon S. Stucchi, le lieu-dit où se trouvent ces ruines porte le nom
de Gasr-as-Suwayrah, c'est-à-dire « la tour du petit rempart »6, allu
sion évidente à l'aspect, tenu pour militaire, de la construction telle
que les Arabes l'ont vue après la conquête musulmane (milieu du
viie s. de notre ère). Elle est aujourd'hui effondrée, sans doute depuis
fort longtemps, à en juger par l'érosion des pierres. Des broussailles
ont poussé entre les blocs, mais il ne semble pas que ceux-ci aient
servi de carrière : aucun vestige d'occupation humaine postérieure
à l'Antiquité n'apparaît dans les environs, aucune voie commode de
communication n'en aurait facilité le transport, et d'ailleurs la pierre
à bâtir est si commune en Cyrénaïque qu'il n'était pas tentant d'aller
la chercher si loin. Le bâtiment s'est écroulé sur place, peut-être
à l'occasion d'un séisme comme la région en a connu beaucoup, après
que la vétusté et le manque d'entretien l'eurent rendu plus fragile.
Son état actuel (fig. 2, a et b) donne à penser qu'un simple nettoyage
du site et l'emploi de quelques moyens mécaniques permettraient,
sans beaucoup de peine ni de dépenses, de l'étudier d'une manière
approfondie et peut-être même de le restaurer partiellement. L'opé
ration ne serait pas sans intérêt, comme je me propose de le montrer.
Nos devoirs de fouilleurs à Apollonia ne nous ont pas permis de
procéder à un examen approfondi du monument : nous n'avons dis
posé que de quelques heures, lors de notre passage, pour noter cer
taines particularités et prendre quelques mesures, ainsi que pour explo
rer sommairement les environs7. Le lendemain de notre visite, le
samedi 19 mai, l'architecte de la mission, Gilbert Hallier, est venu
passer une après-midi sur la ruine. Les relevés très précis qu'il a
faits alors de tous les blocs accessibles lui ont fourni les éléments
d'une monographie dont la présente communication expose les
résultats. La reconstitution graphique qu'il a conçue et dessinée a
pour base les mensurations qu'il a prises lui-même sur le site ; elle
s'appuie sur sa connaissance approfondie de l'architecture antique
et sur les recherches étendues qu'il a conduites dans la bibliographie
relative à ce type de monument. Il m'a fait bénéficier de tout ce
travail, dont je résume ici l'essentiel en rendant hommage à sa science
et 

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