Observations sur la topographie et l iconographie de la cathédrale du sacre - article ; n°3 ; vol.136, pg 463-479
18 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Observations sur la topographie et l'iconographie de la cathédrale du sacre - article ; n°3 ; vol.136, pg 463-479

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
18 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1992 - Volume 136 - Numéro 3 - Pages 463-479
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 96
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Willibald Sauerländer
Observations sur la topographie et l'iconographie de la
cathédrale du sacre
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 136e année, N. 3, 1992. pp. 463-
479.
Citer ce document / Cite this document :
Sauerländer Willibald. Observations sur la topographie et l'iconographie de la cathédrale du sacre. In: Comptes-rendus des
séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 136e année, N. 3, 1992. pp. 463-479.
doi : 10.3406/crai.1992.15121
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1992_num_136_3_15121COMMUNICATION
OBSERVATIONS SUR LA TOPOGRAPHIE ET L'ICONOLOGIE
DE LA CATHÉDRALE DU SACRE,
PAR M. WILLIBALD SAUERLANDER
C'est Louis Bréhier qui a parlé le premier des relations entre le
programme iconographique de la cathédrale de Reims et le rituel
du sacre1. Si nous pouvons nous fier à Flodoard, le thème du cou
ronnement royal ou impérial s'annonçait dès l'époque carolingienne
au frontispice de la cathédrale de Reims. Une image — soit une sculp
ture, soit une mosaïque ou même une peinture — rappelait sur le
fronton de la cathédrale du ixe siècle le couronnement de Louis le
Pieux par le pape Etienne IV à Reims en 8162. Je cite Flodoard :
« HUIUS ECCLESIAE PINNACULUM TALEM VIDETUR PERMONSTRARE TITU-
LUM, PERSONIS ETIAM VEL IMAGINIBUS STEPHANI PAPAE AC LUDOWICI IMPE-
RATORIS INSIGNITUM : LUDOWICUS CAESAR FACTUS CORONANTE STEPHANO
hac in sede papa magno »3. Une telle image et l'insistance sur les
mots : « hac in sede » semblent refléter les efforts bien connus des
archevêques carolingiens de Reims — et surtout de Hincmar — pour
valoriser les prérogatives et la primauté de leur siège4.
Quand fut construit quatre siècles plus tard le frontispice de la
cathédrale actuelle, le sacre des rois de France par l'archevêque de
Reims et dans son église métropolitaine était une coutume incontestée.
Le cérémonial de l'onction et du couronnement ainsi que de l'intro
nisation du roi était formellement réglé par les ordines5. C'est à cette
situation stabilisée que répondent les images signalées par Bréhier
à la façade de la nouvelle cathédrale. Ainsi voyait-on jusqu'en 1914
— fort restauré, il est vrai — au-dessus de la grande rosé un énorme
1. L. Bréhier, Les sculptures de la façade de la cathédrale de Reims et les prières liturgiques
du sacre, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Comptes rendus des séances 1915, p. 154 s.
2. Pour cette image voir P. E. Schramm, Die deutschen Kaiser und Kônige in Bildern
ihrer Zeit 751-1190, Mûnchen 1983 (2), p. 43.
3. Flodoardi, Historia Remensis Ecclesiae Lib. II, cap. xix. MG.SS. 13, p. 467.
4. P. E. Schramm, Der Kônig von Frankreich, Darmstadt 1960 (2), vol. 1, p. 112-120.
5. P. E. Ordines-Studien II : Die Krônung bei den Westfranken und Franzosen.
Archiv fiir Urkundenforschung XV (1938), p. 3-55. Les dates proposées par Schramm pour
les différents ordines ne sont plus acceptées sans réserve. Voir par exemple : R. A. Jackson,
Vive le Roi, Chapel Hill and London 1984, Appendix B, The Médiéval coronation texts.
En outre : J. Le Goff, A Coronation Program for the âge of Saint Louis : The ordo of 1250,
dans : Coronations. Mediaeval and Early Modem Monarchie Ritual, éd. J. M. Bak, 1990,
p. 46-57. COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 464
bas-relief montrant David vainqueur de Goliath. En sculpture monum
entale le sujet semble être unique. Il est en plus une interpolation
dans le programme purement christologique de cet étage de la façade.
L'explication se trouve dans une oraison de l'archevêque avant l'onction
du roi, qu'on peut lire dans le manuscrit lat. 1246 de la Bibliothèque
Nationale qui contient un ordo daté au milieu du xme siècle6. « rex
REGUM. . ., QUI HUMILEM QUOQUE PUERUM TUUM DAVID REGNI FASTIGIO
SUBLIMASTI, EUMQUE DE ORE LEONIS ET DE MANU BESTIAE ATQUE GOLIAE
SED ET DE GLADIO MALIGNO SAUL, ET OMNIUM INIMICORUM LIBERASTI »7.
En plus, cette image du roi biblique vainqueur répond à une autre
demande exprimée par l'archevêque dans la même oraison : que le
roi sacré « omnibus sit hostibus fortior »8. Au frontispice de la
cathédrale du sacre cette sculpture colossale est donc comme un pall
adium de la royauté sacrée.
Dix petits groupes de figures dans la voussure qui encadre la grande
rosé jouent sur le même thème. Cinq représentent de nouveau David,
les cinq autres Salomon, le roi sage. Le numéro 2 du côté sud repré
sente l'onction de David par Samuel (I Rois, XVI, 13). Or dans l'orai
son avant l'onction des mains du roi on lit : « ungantur manus istae
DE OLEO SANCTIFICATO ; UNDE UNCTI FUERUNT REGES ET PROPHETAE, ET
sicut unxit Samuel david in regem »9. Le numéro 10 du côté nord
représente Salomon en prière auquel Dieu répond : « feci tibi secun-
DUM SERMONES TUOS ET DEDI TIBI COR SAPIENS ET INTELLIGENS » (III
Rois, III, 12). De nouveau l'explication se trouve dans les oraisons
du sacre, dans la demande : « (eum) sapientiae tuae rore perfunde
quam salomon te renumerante percepit e caelo »10. Ainsi le pr
ogramme de l'étage de la rosé tourne autour du thème de la force
et de la sagesse du roi sacré.
Mais de quel moment datent ces sculptures ? La réponse à cette
question n'est pas facile. Nous manquons d'une étude de la sculp
ture de cette partie de la cathédrale. Elle sera très difficile à faire
après les restaurations du xixe siècle et les destructions de la Pre
mière Guerre. Autrefois nous avons proposé pour les grandes statues
de l'étage de la rosé une date autour de 1260, dix ans avant la mort
de saint Louis. A la lumière des recherches récentes, ce serait trop
tôt11. Encore faut-il distinguer les grandes statues sur les contreforts
et les petits groupes dans la voussure autour de la rosé, éventuellement
6. Telle est la date proposée par J. Le Goff, loc. cit., note 5.
7. Godefroy, vol. I, p. 20 (abrév. de Th. et D. Godefroy, Le cérémonial français, 2 vol.,
Paris 1649).
8.vol. I, p. 19.
9. Godefroy, vol. I, p. 18-19.
10.vol. I, p. 17.
11. W. Sauerlânder, Gotische Skulptur in Frankreich, Munich 1970, p. 167. Voir contra :
P. Kurmann, La façade de la cathédrale de Reims, Paris, 1987, p. 130-159. CATHÉDRALE DU SACRE 465 REIMS,
encore plus récents. Ainsi il peut être exclu que ces images de la
force de David et de la sagesse de Salomon aient été prêtes pour
le sacre de Philippe le Hardi en 1271 ; il n'est pas sûr qu'elles l'aient
été pour celui de Philippe le Bel en 1286. Mais peu importe. Ces
représentations de la force et de la sagesse du roi ne se réfèrent pas
à un sacre particulier, mais à un rituel qui se répète. YSordo du sacre
ne change presque plus entre le xme siècle et la fin de l'Ancien
Régime. C'est cette stabilisation du cérémonial que reflètent les récits
de l'histoire de David et de Salomon autour de la rosé.
Le centre de la façade est couronné par sept statues représentant
le baptême de Clovis. Aujourd'hui ces statues sont presque entièr
ement modernes, mais des documents anciens montrent que les détails
de l'iconographie restent plus ou moins exacts12.
Clovis apparaît entre saint Rémi qui vient de recevoir la sainte
Ampoule apportée par la colombe céleste, et sa femme Clotilde qui
tient la couronne. Derrière Clotilde on remarque un personnage laïque
portant les vêtements du roi. Derrière saint Rémi se tient un diacre,
porteur de la croix de l'archevêque. Il s'agit donc d'une représenta
tion du baptême, de l'onction et du couronnement de Clovis. Tous
les détails de la légende du sacre telle qu'elle avait été forgée à Reims
depuis Hincmar y sont visibles13.
Autour de ce groupe central s'étend une galerie des 56 statues
des rois qui se prolonge autour des deux clochers. Je ne m'arrête
pas au problème très discuté — et au fond insoluble — de décider
s'il s'agit des rois de Juda ou des rois de France, ce qui semble
plus probable14. Mais quoi qu'il en soit : cette galerie des rois est
évidemment une image de la royauté sacrée et de sa continuité à
travers les âges et les dynasties. Avec l'érection de cette galerie l'ic
onographie du sacre à la façade de la cath

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents