Le problème de l existence de structures de type « féodal » dans la société d al-Andalus (l exemple de la région valencienne) - article ; n°1 ; vol.44, pg 699-726
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Le problème de l'existence de structures de type « féodal » dans la société d'al-Andalus (l'exemple de la région valencienne) - article ; n°1 ; vol.44, pg 699-726

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Publications de l'École française de Rome - Année 1980 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 699-726
Le problème de l'existence, dans l'Espagne musulmane, de structures sociales, économiques, politiques, comparables à celles de l'Occident chrétien des XIe-XIIe siècles, n'a fait l'objet que de peu de travaux jusqu'à présent. Il est plus intéressant de rechercher une définition positive de cette société que de se préoccuper en premier lieu de savoir si elle se conforme ou non au modèle « féodal » occidental. Pour cela, on tentera une approche locale (étude de la société rurale valencienne à la veille de la conquête chrétienne du second quart du XIIIe siècle); les textes arabes exploitables sont très peu nombreux et apportent peu, mais on peut utiliser les documents chrétiens immédiatement postérieurs à la conquête, ainsi que les données archéologiques et toponymiques, pour étudier d'une part les édifices castraux et leur environnement de villages (alquerias) et de domaines fonciers (rafals), d'autre part l'aristocratie militaire des alcaides ou tenants de châteaux. On suggère en conclusion de rapprocher la société considérée du type pour lequel a été proposé le qualificatif de « tributaire ».
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Guichard
Le problème de l'existence de structures de type « féodal » dans
la société d'al-Andalus (l'exemple de la région valencienne)
In: Structures féodales et féodalisme dans l'Occident méditerranéen (Xe-XIIIe siècles). Bilan et perspectives de
recherches. Actes du Colloque de Rome (10-13 octobre 1978). Rome : École Française de Rome, 1980. pp. 699-
726. (Publications de l'École française de Rome, 44)
Résumé
Le problème de l'existence, dans l'Espagne musulmane, de structures sociales, économiques, politiques, comparables à celles
de l'Occident chrétien des XIe-XIIe siècles, n'a fait l'objet que de peu de travaux jusqu'à présent. Il est plus intéressant de
rechercher une définition positive de cette société que de se préoccuper en premier lieu de savoir si elle se conforme ou non au
modèle « féodal » occidental. Pour cela, on tentera une approche locale (étude de la société rurale valencienne à la veille de la
conquête chrétienne du second quart du XIIIe siècle); les textes arabes exploitables sont très peu nombreux et apportent peu,
mais on peut utiliser les documents chrétiens immédiatement postérieurs à la conquête, ainsi que les données archéologiques et
toponymiques, pour étudier d'une part les édifices castraux et leur environnement de villages (alquerias) et de domaines fonciers
(rafals), d'autre part l'aristocratie militaire des alcaides ou tenants de châteaux. On suggère en conclusion de rapprocher la
société considérée du type pour lequel a été proposé le qualificatif de « tributaire ».
Citer ce document / Cite this document :
Guichard Pierre. Le problème de l'existence de structures de type « féodal » dans la société d'al-Andalus (l'exemple de la
région valencienne). In: Structures féodales et féodalisme dans l'Occident méditerranéen (Xe-XIIIe siècles). Bilan et
perspectives de recherches. Actes du Colloque de Rome (10-13 octobre 1978). Rome : École Française de Rome, 1980. pp.
699-726. (Publications de l'École française de Rome, 44)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1980_act_44_1_1253PIERRE GUICHARD
LE PROBLÈME DE L'EXISTENCE DE STRUCTURES
DE TYPE «FÉODAL» DANS LA SOCIÉTÉ D'AL-ANDALUS
(L'EXEMPLE DE LA RÉGION VALENCIENNE) *
La question du «féodalisme»1 dans l'Espagne musulmane - qu'il vaut
mieux dénommer al-Andalus, appellation sans connotations idéologiques -
n'a guère suscité de travaux jusqu'à une date récente, en raison tant de la
pauvreté des sources disponibles pour une histoire sociale de cette partie
du monde musulman médiéval que du présupposé, explicite ou implicite
dans trop de travaux sur le Moyen Age hispanique, d'une identité fonda
mentale des deux parties musulmane et chrétienne de la Péninsule. On ne
nie évidemment pas les différences importantes tenant à la religion, à la
langue, aux différences de niveau culturel et de développement économiq
ue, mais on en minimise volontiers la portée et l'on tend à admettre d'une
part une grande continuité de civilisation entre XHispania préislamique et
al-Andalus, d'autre part une certaine analogie structurelle entre société
musulmane et société chrétienne dans le cadre péninsulaire, à partir d'un
substrat géographique, ethnique et sociologique identique à l'origine. Tout
* Abréviations utilisées pour les références dans le texte :
AC.A : Archives de la Couronne d'Aragon (Barcelone)
AH.N. : Archivo Histórico Nacional (Madrid)
AR.V. : Archives du Royaume de Valence (Valence)
Chron. : Llibre dels feyts, ou Chronique du roi Jacques Ier d'Aragon. (On a utilisé
l'édition J. M. de Casacuberta, publiée dans la «Collecció Popular
Barrino», Barcelone, 1926-1962).
Note de la Rédaction : Les figures (cartes, plans et photographie h.-t.) sont regroupées p. 721-
725.
1 Les mots «féodal», «féodalité», seront pris dans leur acception historique la plus large,
c'est à dire comme caractérisant les traits non seulement juridiques (vassalité et fief), mais
aussi socio-économiques (économie domaniale, existence d'une classe chevaleresque) et polit
ique (émiettement du pouvoir central) qui caractérisent la société occidentale à l'époque
féodale. HORS DE L'OCCIDENT 700
pousse donc à admettre une description de la société musulmane d'al-
Andalus, rurale surtout, qui utilise une terminologie et des concepts (se
igneurs, châteaux, colons, domaines, etc.) fortement marqués d' «occidenta-
lisme», et les accepte plus ou moins dans le sens que ces mots ont acquis
dans le contexte féodal classique. Il n'est pas nécessaire de multiplier les
exemples; on se référera plus loin aux travaux du P. Burns sur la société
mudéjare valencienne au XIIIe siècle, et tout récemment encore l'ouvrage
important de A. Barbero et M. Vigil sur La formation del feudalismo en la
peninsula ibèrica (Madrid, 1978) consacre un chapitre au problème de
l'invasion musulmane dans lequel il ne remet nullement en cause cette
tendance, bien au contraire.
Une première tentative pour sortir de cette interprétation insuffisam
ment critique de la réalité sociale d'al-Andalus a été faite par Pedro
Chalmeta, dont on ne retiendra ici que les travaux concernant directement
la question des structures de type féodal en al-Andalus2. Il s'agit d'un
intéressant effort d'analyse systématique portant sur les quatre premiers
siècles de l'histoire de cette région, et visant à déterminer si les traits
fondamentaux qui définissent une société féodale se retrouvent ou non
dans l'organisation sociale, économique et politique andalouse. Parmi les
points les plus suggestifs, on retiendra en particulier l'étude des liens de
dépendance interpersonnels et la constitution de «seigneuries» locales
consécutives à l'octroi d'iqtâ'/s par le pouvoir central au moyen de «diplô
mes de reconnaissance» (sidjill/s)3. De cette étude générale des faits et des
institutions qui, en al-Andalus, présentent une certaine similitude extérieure
avec les traits correspondants de la société féodale, Pedro Chalmeta tire
une conclusion prudente, dont il faut certainement développer les implica
tions : les comparaisons ponctuelles qui peuvent être établies entre société
féodale occidentale et société andalouse ne permettent en aucun cas de
conclure à une identité de structure, car les éléments éventuellement
analogues sont intégrés à un système social différent.
2 Le problème de la Féodalité hors de l'Europe chrétienne : le cas de l'Espagne musulmane,
dans // Coloquio Hispano-Tunecino, Madrid, 1973, p. 91-115, et Concessiones territoriales en
al-Andalus hasta la llegada de los Almoravides, dans Cuadernos de Historia (Madrid), VI, 1975,
p. 1-90.
3 En ce qui concerne la nature des sidjill/s (ou tasdjîl/s), les remarques de Chalmeta
(Concesiones, p. 53-55), me paraissent pouvoir être complétées d'un point de vue différent par
les miennes (Structures sociales «orientales» et «occidentales» dans l'Espagne musulmane, Paris,
1977, p. 313 et chap. VI et VII). STRUCTURES FÉODALES DANS LA SOCIÉTÉ D'AL-ANDALUS 701
II appartient plutôt aux arabisants de pousser éventuellement plus loin
l'étude des textes, en particulier en ce qui concerne les deux derniers
siècles de l'histoire d'al-Andalus. A mon avis toutefois, une telle enquête
risque de donner des résultats décevants dans la mesure où les sources
arabes éditées - je pense en particulier aux chroniques et aux dictionnaires
biographiques - sont très pauvres en données précises sur l'organisation
sociale du milieu rural andalou dans la phase chronologique correspondant
à notre époque féodale (XIe-XIIe siècles). Par ailleurs il me semble que la
méthode comparative elle-même, dans l'état actuel des connaissances sur la
société andalouse, ne peut guère que mener en définitive à une sorte
d'impasse : avant de pouvoir constater utilement des ressemblances et des
différences, il faut en effet s'interroger de façon plus positive

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