La tholos d Athena Pronaia dans son sanctuaire de Delphes - article ; n°2 ; vol.132, pg 290-309
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1988 - Volume 132 - Numéro 2 - Pages 290-309
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 58
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Georges Roux
La tholos d'Athena Pronaia dans son sanctuaire de Delphes
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 132e année, N. 2, 1988. pp. 290-
309.
Citer ce document / Cite this document :
Roux Georges. La tholos d'Athena Pronaia dans son sanctuaire de Delphes. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres, 132e année, N. 2, 1988. pp. 290-309.
doi : 10.3406/crai.1988.14606
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1988_num_132_2_14606COMMUNICATION
LA THOLOS D'ATHÉNA PRONAI A
DANS SON SANCTUAIRE DE DELPHES
PAR M. GEORGES ROUX
Un seul texte antique — mais quel texte I — mentionne explicit
ement la belle tholos en marbre construite à Delphes, dans le sanc
tuaire d'Athéna Pronaia, par Théodoros de Phocée. Dans l'introduc
tion à son livre VII Vitruve rappelle fièrement que son traité
d'architecture n'est pas, comme tant d'autres, une simple compilat
ion, mais une œuvre originale, personnelle, encore que nourrie,
comme il est naturel, de l'expérience accumulée par ses prédéces
seurs et transmise à la postérité dans leurs ouvrages. Reconnaissant
honnêtement sa dette envers eux, il les classe en deux catégories :
d'une part les minus nobiles multi, la foule des auteurs de second
ordre dont il juge inutile de citer les titres bien qu'il ait tiré profit de
leur lecture ; d'autre part ceux que Baudelaire eût appelés les
« phares », les architectes de premier plan quorum artes aevo perpetuo
nobilissimas laudes et sempiterne florentes habere judicantur, créateurs
qui ont marqué une date dans le développement de l'architecture et
publié sur leurs chefs-d'œuvre des livres fondamentaux : tels sont
les traités de Théodoros de Samos sur le grand temple d'Héra, des
Cretois Chersiphron et Métagénès sur celui d'Artémis à Ëphèse,
d'Ictinos et Carpion sur le Parthénon, de Philon sur l'arsenal du
Pirée, 0au[AaÇ6fjisvov ëpyov au jugement de Plutarque (Sylla,
XIV, 11), de Pythéos et Satyros sur le Mausolée d'Halicarnasse, du
même Pythéos sur le temple d'Athéna à Priène, d'Hermogène sur
les temples de Dionysos à Téos, à Magnésie du Méandre,
et de quelques autres auteurs de même niveau. Au rang de ces
clarissimi architecti promis à une gloire éternelle, parmi ces egregiae
operae (dont trois — le temple d'Artémis, le Parthénon, le Mausol
ée — comptaient au nombre des Sept Merveilles du Monde) et de
ces traités considérés comme les maîtres-livres de l'architecture,
Vitruve situe Théodoros de Phocée1, sa tholos et son ouvrage :
De tholo qui est Delphis.
Ceux qui ont étudié la tholos — et je fais ici mon propre mea
1. Théodoros de Phocée, non de Phocide comme on l'a supposé quelquefois.
Dans ce dernier cas, il serait désigné par le nom de sa cité, non par celui de la
région, comme l'a fait remarquer F. Chamoux. LA THOLOS D'ATHÉNA PRONAIA À DELPHES 291
culpa — n'ont pas accordé à ce passage du De architectura toute
l'importance qu'il mérite. Les notices qui la concernent dans nos
manuels d'archéologie ne se soucient guère de justifier l'opinion
élogieuse de l'architecte latin ; la publication dans la collection des
Fouilles de Delphes2 a souffert d'une erreur — corrigée depuis3 — sur
la hauteur de la colonne : restituée trop basse d'un tambour, elle
altérait les proportions de l'ensemble et dissimulait l'une des origi
nalités les plus remarquables du monument. Par une malchance
supplémentaire, les dessins de K. Gottlob, imprimés avec une
réduction excessive sur un papier médiocre, sont difficilement utili
sables. Une nouvelle publication des planches, après les rectifications
nécessaires, indispensable, rendrait évidentes les qualités qui fai
saient de la tholos, au début du ive siècle, un monument unique, et
de Théodoros l'un de ces grands architectes qui, échappant avec
audace aux canons traditionnels, ont ouvert des voies nouvelles
dans les domaines du style et de la technique, et sont parfois sortis
de l'ordinaire par la seule richesse de la parure sculptée dont ils ont
orné leurs monuments.
Tels sont justement les caractères des édifices majeurs parmi
lesquels Vitruve range la tholos : les temples d'Héra et d'Artémis
sont les premiers temples géants construits en Grèce, et sur des
terrains alluviaux peu propices par nature à porter de telles masses ;
le Parthénon, le premier grand temple dorique entièrement en
marbre et aussi luxueusement orné de sculptures ; le Mausolée
d'Halicarnasse, le premier tombeau de cette taille et de cette richesse,
si étonnant pour les contemporains qu'il connut la consécration
philologique de fournir à la langue universelle un nouveau nom
commun ; les temples de Téos, de Magnésie, de Priène, qui inaugurent
des plans originaux développés à partir de canons nouveaux visant
à l'élégance, à la pureté géométrique de la conception. Théodoros de
Phocée n'était pas moins novateur : l'ordre dorique après lui ne fut
plus ce qu'il était avant ; il fit du ive siècle le siècle d'or des tholos.
1) Œuvre originale, la tholos l'est d'abord par son matériau : à
Delphes, et même dans le Péloponnèse et la Grèce continentale — à
l'exception de l'Attique naturellement — , elle est le premier grand
monument entièrement construit en marbre, de la crépis à l'acrotère
faîtier (fig. 1) : ce luxe n'était jusqu'alors consenti qu'aux trésors
delphiques, de dimensions plus réduites. On ne peut citer, dans les
2. J. Charbonneaux, K. Gottlob, Le sanctuaire d'Athéna Pronaia : la tholos,
FD II, 1925.
3. P. Amandry, J. Bousquet, « La colonne dorique de la tholos de Marmaria »,
BCH 64-65, 1940-1941, p. 121-127 ; FI. Seiler, Die griechische tholos, Mayence,
1986, p. 56-71, fig. 26-30, avec la bibliographie récente. 292 COMPTES RENDUS DE L ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
Fig. 1. — La tholos d'Athéna Pronaia à Delphes
mêmes régions, antérieurement à l'époque impériale, qu'un seul
autre temple de marbre : celui d'Athéna Aléa à Tégée. Encore ce
dernier était-il proche des carrières de Doliana, tandis qu'il fallut
apporter du lointain Pentélique et hisser à grands frais du port de
Kirrha au niveau du sanctuaire les blocs de la tholos. Nous savons
par les comptes du temple d'Apollon au ive siècle combien — même
pour un matériau plus léger comme le pôros — ces transports étaient
coûteux. Le choix du marbre attique — au lieu des matériaux
habituels, pôros de Corinthe ou calcaire de Saint-Élie — manifeste
l'intention de bâtir un édifice de qualité exceptionnelle, sans regarder
à la dépense.
2) Autre originalité non moins remarquable : le plan (fig. 2). En
ce début du ive siècle, il n'existe en Grèce aucune autre tholos à
péristyle que celle de Théodoros. Elle avait été précédée à Delphes
même par la petite tholos, en pôros, de Sicyone4. Mais celle-ci,
détruite lors des grands travaux amphictioniques qui suivirent
l'incendie du temple en 548, ensevelie depuis un siècle et demi,
s'était effacée des mémoires. La très ancienne tholos de Lathurésa5
(vme siècle), elle aussi anéantie, et la tholos d'Athènes (vers 475-
4. P. de La Coste-Messelière, Au Musée de Delphes, Paris, 1936, p. 52-56,
fig. 3-4 ; FI. Seiler, I.I., p. 40-45, fig. 19-55.
5. Première publication de cet important monument par FI. Seiler, /./., p. 6-24,
fig. 1-10. LA THOLOS D'ATHÉNA PRONAIA À DELPHES 293
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Fig. 2. — Plans de la tholos et du temple des Athéniens à Délos.
470)6 n'avaient pas de péristyle : tout l'espace disponible au sol était
réservé à l'accroissement du volume intérieur, nécessaire à leur
fonction7 de lieu d'assemblée. A Delphes, l'espace est réparti entre
une cella utilitaire et un péristyle ornemental. La « Thymélé »
d'Épidaure et le « Philippeion » d'Olympie témoignent du succès
que connut ce plan nouveau.
Théodoros, quant &#

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