La géographie des États mycéniens - article ; n°2 ; vol.143, pg 527-546
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1999 - Volume 143 - Numéro 2 - Pages 527-546
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Louis Godart
Madame Anna Sacconi
La géographie des États mycéniens
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 143e année, N. 2, 1999. pp. 527-
546.
Citer ce document / Cite this document :
Godart Louis, Sacconi Anna. La géographie des États mycéniens. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 143e année, N. 2, 1999. pp. 527-546.
doi : 10.3406/crai.1999.16016
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1999_num_143_2_16016COMMUNICATION
LA GÉOGRAPHIE DES ÉTATS MYCÉNIENS, PAR M. LOUIS GODART,
CORRESPONDANT ÉTRANGER DE L'ACADÉMIE, ET M" ANNA SACCONI
I. Cnossos et La Canée (Kudonia) en Crète, Midéa, Mycènes,
Pylos, Thèbes et Tirynthe en Grèce continentale sont les 7 sites
palatiaux mycéniens à nous avoir restitué, à ce jour, des docu
ments d'archives en linéaire B. Tous ces palais contrôlaient un ter
ritoire plus ou moins étendu.
Dans cette communication nous voudrions nous interroger sur
l'extension géographique de chacun des royaumes mycéniens que
nous venons de citer et, du même coup, examiner la question
complexe des relations qui existaient entre ces centres de la Grèce
de la fin de l'Âge du bronze.
Les toponymes attestés dans les archives comptables mises au
jour dans les ruines de ces différents palais correspondent quel
quefois à des noms de localités qui, au Ier millénaire av. notre ère ou
même aujourd'hui encore, sont utilisés pour désigner des bour
gades ou des régions bien connues de la Grèce. Dans ces cas précis,
il est probable que la localité mycénienne soit à situer à l'endroit ou
tout au moins dans les parages de la localité connue à l'époque his
torique ou à l'époque contemporaine. Cette probabilité devient une
quasi-certitude lorsque nous avons affaire à des localités modernes
reposant sur des strates remontant à l'Age du bronze ou même au-
delà et dont le noni correspond au nom antique. Tel est, par
exemple, le cas de Cnossos. En outre, même si les correspondances
linguistiques peuvent être parfaites entre les noms mycéniens et les
noms modernes, il faut tenir compte du fait qu'en Grèce comme
ailleurs, de mêmes noms de localités ont pu être répétés durant des
siècles et des siècles et utilisés pour servir à désigner des régions
différentes. Ainsi, par exemple, dans les tablettes de Pylos, on
trouve des toponymes comme Leuktron (re-u-ko-to-ro), Orchome-
nos (e-ko-me-no) ou Korinthos (ko-ri-to) qui servent à nommer de
simples bourgades de Messénie et peuvent donc difficilement cor
respondre aux sites d'Arcadie, de Béotie et de Corinthie qu'évo
quent ces noms à l'époque historique. Par ailleurs, à l'âge histo
rique il existe bel et bien, en Grèce continentale, trois villes de
Leuktron ainsi que plusieurs villes d'Orchomène. 528 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Plus souvent ces toponymes mycéniens n'ont aucun correspon
dant en grec alphabétique. C'est donc sur la base des contextes
qu'il faut tenter de déterminer l'appartenance de telle ou telle
localité au nom mystérieux à l'une ou l'autre aire géographique
connue. Les éléments dont on dispose pour y parvenir sont essen
tiellement basés sur l'analyse des contextes. Ainsi, les tablettes de
la série Co de Cnossos, œuvre du scribe 107, recensent dans
6 localités de Crète dont les noms sont a-pa-ta-wa, ku-do-ni-ja, si-
ra-ro, wa-to, o-du-ru-we et ka-ta-ra-i, des troupeaux d'ovins, de
caprins, de porcins et de bovins dans lesquels les femelles sont de
très loin majoritaires. Il s'agit donc très probablement d'animaux
sélectionnés pour la reproduction et installés dans des plaines ou
des vallons bien irrigués. Les terres de Crète occidentale possè
dent ces caractéristiques. Puisque deux des toponymes de cette
série Co, a-pa-ta-wa et ku-do-ni-ja, servent à désigner des cités de
Crète occidentale, il est logique de penser que les 4 autres locali
tés de la série, si-ra-ro, wa-to, o-du-ru-we et ka-ta-ra-i, soient à leur
tour à situer en Crète occidentale.
II. Examinons donc la situation région par région et site par
site.
Les grandes régions que nous prendrons en considération sont
au nombre de 4 et comprennent la Crète, la Messénie, l'Argolide
et la Béotie.
1. La Crète
Les sites crétois qui nous ont fourni des documents d'archives
en linéaire B sont au nombre de deux : Cnossos et La Canée, l'an
tique Kudonia.
a. Cnossos
Le site de Cnossos a une très longue histoire qui se confond
avec les premiers temps du peuplement de la Crète puisque dans
les couches de la Cnossos du Néolithique ancien, les archéologues
ont trouvé des traces remontant au VIIe millénaire av. notre ère.
Depuis cette époque le site n'a plus jamais été abandonné. Le
toponyme ko-no-so utilisé par les scribes mycéniens correspond au grec Knossos et sert indubitablement à désigner le site
au nom fabuleux qui joua un rôle déterminant dans l'histoire de la
Crète. GÉOGRAPHIE DES ÉTATS MYCÉNIENS 529
Site palatial à l'époque minoenne, aussi bien aux temps des pre
miers que des seconds palais, Cnossos est, de l'avis unanime,
conquise par les Mycéniens qui en font la capitale de la Crète aux
alentours de 1450 av. notre ère.
Les archives en linéaire B découvertes dans les ruines du palais
de Cnossos semblent bien remonter à deux époques différentes.
Les documents découverts dans la « Pièce aux tablettes de
chars » seraient plus anciens que les pièces d'archives mises au
jour dans les divers autres endroits du palais1. En dépit des efforts
déployés par ceux qui se sont efforcés d'abaisser la chronologie
cnossienne, on estime raisonnable de dater aux environs de 1450
av. notre ère les documents d'archives découverts dans la « Pièce
aux tablettes de chars » et des environs de 1370 le reste des
archives en linéaire B de Cnossos2.
Voyons donc ce que nous apprennent ces tablettes au sujet de
l'extension territoriale de l'Etat mycénien de Crète (fig. 1).
Il apparaît que parmi la soixantaine de toponymes attestés dans
les textes cnossiens, seuls quelque douze d'entre eux se retrouvent
dans le grec du premier millénaire. Il s'agit de : Amnisos [a-mi-ni-
so), Aptera (a-pa-ta-wa), du Dikté (di-ka-ta-Jo), de Kantaros (ka-ta-
ro), de Kadiston Oros (ka-di-ti-ja), de Cnossos (ko-no-so), de Kudo-
nia (ku-do-ni-ja), de Lato (ra-to), de Luktos (ru-ki-to), de Phaistos
(pa-i-to), de Sybritas (su-ki-ri-ta) et de Tylissos [tu-ri-so). A ces
douze localités, il convient peut-être d'ajouter les noms de Inatos
(i-na-to) et d'Itanos, orthographié u-ta-no.
Ces localités appartiennent à la Crète de l'Ouest, à la Crète cen
trale et à une partie au moins de la orientale, celle qui com
prend le massif du Lassithi et s'étend jusqu'à la ville de Luktos.
D'après les textes cnossiens, il apparaît que l'administration
mise en place à Cnossos et obéissant aux ordres du chef de l'État
(le wanax) contrôlait et gérait l'ensemble des territoires compris
entre, à tout le moins, La Canée et Luktos.
Dans les archives de Cnossos, nous ne trouvons aucune trace de
références à des contacts entre l'État cnossien et d'autres États ou
localités du monde mycénien. Les seuls mots que nous pouvons
lire dans les archives de Cnossos et qui se rapportent à des réali
tés géographiques étrangères à la Crète sont les mots a3-ku-pi-ti-jo,
a-ra-si-jo et ku-pi-ri-jo qui servent à désigner trois individus qui
ont pour noms respectifs : l'Égyptien, l'homme d'Alasia (terme
1. J. Driessen, « An Early Destruction in the Mycenaean Palace at Knossos », Acta
Archaeologica Lovaniensia 2, 1990.
2. L. Godait, • Quelques aspects de la politique extérieure de la Crète minoenne et
mycéniennes », Res Mycenaeae, 1983, p. 133 ; Id., Y. Tzedakis, « Les royaumes mycéniens de
Crète », dans La Crète mycénienne {BCH, Suppl. XXX), 1998, p. 153. Spada Cap
MER DE CRETE
ilfE/7 DE LIBYE
FlG. 1. - Uîle de Crète et les principales villes mycénienn

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