Le débat stratégique, n°111-112septembre-novembre 2010. Lecture 02, • Gé n é r a lL o u pF R A N C A R T ,P I R O T HC h r i s t i a n E m e u t e st e r r o r i s m eg u é r i l l a s . . . V i o l e n c ee tc o n t r e - v i o l e n c ee nz o n eu r b a i n e . Paris Économico, Coll.Stratégies et Doctrines 2010,333 p. Dans cette collection dirigée par le Général Desportes, et qui contient une série douvrages représentatifs de ce quon est en droit dappeler la doctrine française autonomedemploi des forces militaires, le Général Francart à publié en mai un nouvel ouvrage qui prend à bras le corps la question de la guerre urbainecomme type de guerre devenue la guerre normale » en ce début de siècle. Quon aime ou quon naime pas cette normalité, il faut renoncer à la définition de la guerre comme action des armées en campagne » commençant aux frontières des Etats. Les batailles principales des opérations extérieures ont lieu pour le contrôle des zones urbaines. La population, léconomie, la politique, tous les enjeuxy sont groupés. La guerre contre-insurrectionnelle par projection de forces,posedonc, sansfaux fuyants possibles, la question de laprotectionmême sides populations civiles non combattantes », faute de quoi, on est censé leslibérer, la guerre urbaine peut convertir le peuple en ennemi principal et lintervenant perdra politiquement la guerre, comme les Etats Unis en Iraq et en Afghanistan. Francart avait écritsuccessivement :La guerre du sens (2000) ; Infosphère et Intelligense stratégique (2002) ; Le livre gris sur la sécurité et la défense (2006);Mais dès1999 il publiaitMaîtriser la Violenceun ouvrage qui fut une première mise en perspective des missions de restauration de la paix qui, du Rwanda à la Bosnie et au Kosovo mettait larmée française sous missions de lONU, et/ou de lOTAN en face des décompositions du système communiste et plus globalement déjà, de laffaiblissement de létat westphalien sous le choc de la mondialisation économique Dans son ouvrage de 1999, le général Francart avait fondé toute son approche sur unetypologie des violences, qui avait lavantage de créer un vocabulaire nuancé pour lanalyse des situations de troubles locaux et fonder une pédagogie de lintervention, admettant la complexité des enjeux. Néanmoins on pouvait le critiquer pour avoir fourni une typologie purement comportementale, cest à dire qui nétait nullement fondée sur les causes politiques ou sociales, historiques et idéologiques, des soulèvements populaires ou des prise de pouvoir violentes doligarchies, lune ou lautre ou les deux pouvant êtreà lorigine des déstabilisations, autrement dit des guerres civiles. Les approches doctrinaires sur lemploi des forces étaient conviées à sediversifier en fonction de lobjectif: maintenir la stabilité», ou rétablir la stabilité». Comme si stabilité voulait dire quelque chose de clair. Les notions decomportementviolentdes parties locales, opposée à celle derétablissement par laforcede la stabilité, pouvait paraître une polarité objective. Dans un combat décrit comme aussi territorial quune guerre internationale de jadis Lopposition définissait une référence automatique en faveur du camp de la stabilité». Au chapitre V (p.145), le général Francart traitait en les opposant, delemploide laforcepour lutter contrelexercicede laviolence.Seule une armée réglée, intervenant en rétablissement de la Paix aurait le droit dêtre définie comme force » alors que ladversaire nexhiberait que de la violence ».Le vocabulaire,utilisable pour les casques bleus en ex-Yougoslavie, pouvait servir à définir des missions mais ménageait le bénéfice du doute à légard des actions de larmée régulière serbe, sanstrop tenir compte de lexercice de la violence extrême contre les civils désarméspar les milices de fascistesde Seselj ou dArkan leurs complices.Quelque chose de nouveauqui surgit à lépoque fait de tout conflit une guerre interne+externe qui ramène parfois lefront auxfrontières identitairesentre périmètressuburbains et urbains fortifiés voisinant leszones abandonnés aux violents qui apparaissent alors commedélinquants. Ce quelque chose cest à la fois (ou successivement) la fin de la bipolarité, la révolution électronique, la globalisation de léconomie financière et des projections de forces sans statut juridique défini, la décomposition de létat providence et du principe de létat protecteur. Une histoire qui commence disons il y a un quart de siècle et bouleverse la pensée stratégique etlordredoctrines des militaires. Passons au nouveau livre. Lauteur sefforce aujourdhui de produireune nouvelle typologieviolences des urbaines. Ce manuel, fourmillant de faits particuliers ou exemplaires, est fondé sur le descriptifdes types de morphologiesurbaines ; il suppose dune manière réductrice quune typologie des morphologies urbaines est un préalable nécessaire àla mise en forme dune doctrine demploi des forces en ville qui ne soit pas une catastrophe humanitaire. Ce nest pas faux en soi militairement parlant, mais ne peut constituer lefondementdune approche de la guerre urbaine, qui ne peut plus être techno-militaire De même que le comportement violent ne suffit pas à définir lennemi, le tissus urbain ne suffit pas à baliser une modération militaire.Un