Revue de science criminelle 2008 p. 963 La police française en proie à la réforme Claude Journès, Doyen honoraire, Professeur à l'Université Lumière Lyon 2, UMR Triangle L'évolution des systèmes policiers témoigne de la façon dont les régimes politiques réagissent face aux transformations de la société globale. L'analyse comparative, sensible à cette évolution, mais en quête aussi d'invariants, a souvent prêté à la police française précocité, centralisation et impopularité par opposition à un modèle anglais de police issu de la communauté, donc proche de la population. Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Paris Match, en date du 31 juillet 2008, la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a exprimé son intention de « donner aux Français la police la plus moderne d'Europe » c'est-à-dire capable de lutter contre le terrorisme, d'« être réactive » et d'« avoir la confiance des Français ». Le souci de la modernité ne constitue pas vraiment une innovation si l'on songe simplement à la loi Joxe du 7 août 1985 relative à la modernisation de la police nationale. Les réformes impulsées à la police n'ont pas vocation à résoudre les problèmes sociétaux et ce d'autant plus que les causes de la délinquance restent extérieures à l'institution policière. Et ces réformes, comme celles apportées aux autres administrations, ne peuvent engendrer d'emblée un bouleversement total.