Maghrébines de France : Pour en finir avec certains interdits
Fériel Berraies Guigny
Si l’on veut qu’une société évolue dans le bon sens, il faut associer les hommes au combat d’émancipation des femmes. Qu’à cela ne tienne, qu’en estil vraiment pour les femmes d’origine maghrébine ou africaine en France ?
L’association de Fadéla Amara, “Ni putes ni soumises”, a accueilli dernièrement “ Les caravanières venues du Sud ” à Paris. Il s’agit d’une trentaine de femmes venues d’Algérie, du Maroc et de Tunisie. Des femmes qui mènent dans leur pays le même combat que l’association “Ni putes ni soumises” en France. Fadela Amara, la présidente de “Ni putes ni soumises”, explique l’importance de ces échanges dans l’évolution de la situation des femmes dans les quartiers difficiles ou les pays de culture traditionnelle.
A l’heure où la femme tunisienne est en train de fêter le cinquantenaire de la promulgation du Code du Statut Personnel, la femme française d’origine maghrébine ou africaine est encore enlisée dans une problématique liée au mariage forcé, au retour à la lapidation (phénomène qui semble revenir en force comme aux temps anciens) à la polygamie et au port du voile. On se souvient tous de ces femmes grillagées jusqu'aux yeux, obligées de se cloîtrer dans leur maison si elles n'avaient aucun motif pour sortir. On croyait ce sort réservé seulement aux femmes d’Afrique Noire et du Moyen Orient ou, plus proche encore, aux femmes dans certains pays maghrébins. Paradoxalement, en terre de liberté et de démocratie, c'estàdire en France, le phénomène revient en puissance. C’est à n’y rien comprendre : quand on s’expatrie, c’est pour un avenir meilleur, dans l’absolu. Il est inconcevable, pour les femmes de l’ère postBourguiba et de l’ère Ben Ali, de réaliser que nos femmes “ mowatinetina fil kharej ” bien que devenues Françaises, aient encore moins de droits que dans leur pays d’origine !