L évolution du nomadisme dans les hautes plaines de l Ouest Algérien - article ; n°3 ; vol.38, pg 205-223
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L'évolution du nomadisme dans les hautes plaines de l'Ouest Algérien - article ; n°3 ; vol.38, pg 205-223

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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1963 - Volume 38 - Numéro 3 - Pages 205-223
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel Sivignon
L'évolution du nomadisme dans les hautes plaines de l'Ouest
Algérien
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 38 n°3, 1963. pp. 205-223.
Citer ce document / Cite this document :
Sivignon Michel. L'évolution du nomadisme dans les hautes plaines de l'Ouest Algérien. In: Revue de géographie de Lyon. Vol.
38 n°3, 1963. pp. 205-223.
doi : 10.3406/geoca.1963.1756
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1963_num_38_3_1756AUX LIMITES DU MONDE SEDENTAIRE :
L'ÉVOLUTION DU NOMADISME
DANS
LES HAUTES PLAINES DE L'OUEST ALGÉRIEN
par Michel Sivignon
Dans le pays des Hautes Plaines algériennes, la steppe comprise entre
le Djebel Nador et le Djebel Amour n'a pas grande originalité. Les
paysages n'y sont point différents de ceux qu'on rencontre plus à l'Ouest
ou plus à l'Est. C'est seulement la partie la plus étroite des Hautes
Plaines oranaises. Ce fragment distrait de l'ensemble a cependant la
valeur d'un échantillon. Au demeurant, ses limites nous ont été fixées
moins par des raisons géographiques précises que par les possibilités
de travail que nous ont laissées « les événements » 4
Sur la grande route Tiaret-Laghouat, la sortie du bourg de La Fon-
taine (El Ousseukh) marque le début du pays nomade. Au Sud de ce
marché, la tente remplace le gourbi, les labours cessent, chameaux et
moutons cherchent leur pâture, bêtes et gens vivent dans les étroites
limites que leur imposent les contraintes d'un pays ingrat.
I. — Les contraintes du milieu.
La contrainte de l'eau.
Dans le pauvre matériel qui constitue le mobilier du nomade, les réci
pients destinés au transport ou à la conservation de l'eau occupent tou
jours la première place. Pour l'habitant de Trézel, dès que sur la route
d'Aflou on franchit le bourg de La Fontaine, on entre dans le Sahara,
c'est-à-dire dans le pays sans eau courante où la culture sans irrigation
n'est plus possible. C'est bien en effet le climat qui définit notre pays.
La seule station pour laquelle nous disposons d'observations météoro-
1. Evénements qui vont vite : en 1963, le Sersou est vidé de ses colons européens
et les compagnies alfatières nationalisées. Mais la vie des nomades changera-t-elle
notablement ? Cet article expose la situation au début de 1962. 206 MICHEL SIVIGNON
logiques régulières est celle de La Fontaine (El Ousseukh), pour laquelle
le total annuel n'atteint même pas 300 millimètres de précipitations. Au
S. de cette agglomération, les plaines dont nous nous occupons n'ont
guère pour leur part que 250 mm. Bien entendu, les variations sont très
importantes d'une année à l'autre et les années comme 1947 où La
Fontaine a reçu 147 mm sont un désastre pour les bêtes et pour les gens.
Mais elles ne sont pas exceptionnelles. Il n'y a pas de maximum très
marqué. La saison des pluies dure de septembre à avril. Parfois ce sont
des pluies d'automne, parfois de printemps. La fantaisie est la règle. En
dépit d'une situation continentale, les orages d'été ne masquent pas le
minimum très accentué de juillet et août. Pourtant, le 20 juillet 1961, à
une dizaine de km à ГО. de La Fontaine, à la suite d'un violent orage,
un camion militaire fut emporté sur 1500 m par un oued subitement
gonflé et 15 de ses occupants noyés. Le fait divers a parfois la valeur
du graphique. L'utilité de cette eau estivale est réduite par la très forte
evaporation : les journées d'été sont très chaudes. En hiver par contre,
le spectacle des chameaux engourdis, le dos tout blanc de neige, n'est
point si rare : nous sommes à une altitude moyenne de 1000 m.
Une telle indigence et une telle irrégularité des précipitations jointes
à la température moyenne élevée, expliquent qu'il n'y ait aucune rivière
permanente. Seul, l'Oued Touil a par endroits, un cours à l'air libre.
Il est presque toujours réduit à un filet souterrain qui, à Taguine, al
imente des fontaines abondantes. Les autres oued ne coulent que quel
ques jours dans l'année, pour les mieux alimentés. Il faut aller au cœur
des massifs du Djebel Nador et du Djebel Amour pour retrouver le
spectacle de l'eau courante.
Sans doute l'allure générale du relief n'aide-t-elle pas à l'organisa
tion d'un réseau hydrographique. Frappantes sont la platitude et la
monotonie des horizons. Entre Djebel Nador et Djebel Amour, l'altitude,
nous l'avons vu, se maintient partout à des valeurs voisines de 1000 m.,
suivant un plan qui s'abaisse doucement vers l'Ouest, en direction de
l'oued Touil. Cela n'exclut pas un relief en creux parfois marqué : les
oueds affluents de ГО. Touil, O. Berrichet et O. Brana encochent vigou
reusement le plateau d'une vingtaine de mètres. Leur lit est large de
200 à 400 m et les versants raides. En creux également les dépressions
endoréiques, particulièrement nombreuses et vastes le long de l'axe
routier Tiaret-Aflou, où elles atteignent pour les plus grandes 2 km de
diamètre et sont découpées comme à l'emporte-pièce dans la platitude
générale. Mais la majorité de ces dayas atteint seulement 100 à 200 m
de diamètre avec une dénivellation très faible.
La nature du terrain explique également qu'une grande partie des
eaux s'infiltre rapidement dans le sol. Une cuirasse calcaire recouvre ces
glacis qui s'inclinent doucement vers l'oued Berrichet, lequel fait figure
de gouttière drainant vers l'oued Touil les eaux de la région. Sous cette
croûte superficielle, la plaine est recouverte de dépôts récents, provenant
de la démolition des chaînes tertiaires. Les modestes hauteurs qui domi
nent la plaine de 100 à 200 m., comme le Djebil, sont constituées de grès ■
NOMADISME DANS L OUEST ALGERIEN 207 LE
о Via la r
DEPARTEMENT
DE T JAR ET
DEPARTEMENT
DE MEDEA
a' Fontaine /
-;•
1 /CEI OusseuA
i Ženina Haasian-ed-Dit DJEBEL^AMOV*,,
— Légende —
Zone étudiée dans l'article Route de
Relizane à Laghouat Hauteurs du Djebel Nadorj
et du Djebel Amour
Echelle
Limite départementale Q ip 2.0 зр
Fig. 1. — Croquis de localisation de la zone étudiée. MICHEL SIVIGNON 208
qui" crétacés, aussi bien celles du Nord que celles du Sud. Ces reliefs,
se raccordent par de fortes pentes au niveau de la plaine ont cette ra
ideur typique des climats arides. Le paysage tout entier porte la marque
de la sécheresse.
Le premier problème posé aux nomades est donc celui de l'eau, pour
eux-mêmes et pour leurs troupeaux.
Il n'existe pas, sur tout ce territoire, de source. Le premier point d'eau
courante pérenne que l'on rencontre est celui de ГО. Krosni, au cœur
du Djebel Nador, si l'on exclut ГО. Touil dont on a déjà parlé. Heureus
ement, dans certaines dayas et au fond de quelques oueds, la nappe
phréatique n'est pas trop loin. Mais jusqu'à ces dernières années, les
puits étaient très peu nombreux et la quête de l'eau une expédition pour
laquelle les chameaux étaient toujours mis à contribution. A l'exception
de ceux de l'Oued Touil, ces puits, trop peu profonds, tarissaient sou
vent en saison sèche. La grande ressource était et demeure dans une
large mesure l'eau des mares temporaires, fort trouble d'ailleurs, qui
reste au fond d'un oued ou d'une daya. Après les pluies, les enfants
s'affairent à « écrémer » les flaques jaunâtres, pour remplir leur tonnelet.
La situation s'est beaucoup améliorée depuis 1949-1950, période pen
dant laquelle le Service de l'Hydraulique a entrepris de creuser des puits
et de les munir d'éoliennes permettant de déverser l'eau dans des réser
voirs. Des abreuvoirs sont alimentés régulièrement par ces réservoirs.
Ce très beau travail — les puits ont été creusés jusqu'à 100 m de pro
fondeur — a rendu de grands services aux nomades. Il est vrai que
l'entretien de ces éoliennes suppose leur visite régulière par les services
compétents, condition qui n'a guère été réalisée pendant les sept années
1954-1961, d'où la détérioration des installations par les nomades, à qui
le sens de la mécanique fait défaut. Cependant, ces éoliennes ont permis

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