Vegetarisme et spiritualité
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L'une des principales causes des malheurs de l'homme est son alimentation, car il se nourrit d'autres êtres souffrants. Elle empêche de renoncer à l 'idée de supériorité qui est implicite
dans ce comportement, ainsi qu'au goût. Et comme cela est injustifiable, beaucoup de ceux qui mangent les animaux montrent de la mauvaise foi en défendant leur tradition. Celui qui ne
mange plus de viande, au minimum, pour des raisons sentimentales ou spirituelles, est déjà sur la voie de l'illumination, par la compassion. Il y aura toujours mille raisons pour manger de la viande ou pour s'abandonner à toute autre dépendance. Se battre contre ces raisons est impossible : les mauvaises herbes repoussent aussitôt qu'on les arrache. Toutefois, elles sont toutes aussi paradoxales qu'irrecevables. En particulier, le mythe de la supériorité humaine repose sur le paradoxe que voici : si nous sommes supérieurs en conscience à l'animal, nous devons donc être plus justes, plus sensés, plus altruistes. Pourtant, nous disons : «Nous mangeons les animaux parce que nous sommes
supérieurs en conscience». Si donc on juge que l'homme est supérieur à l'animal en conscience, il faut expliquer en quoi cette différence précise justifie de se nourrir de l'animal,
car il semble que manger l'animal ne soit pas plus conscient, mais au contraire plus animal, plus inconscient, et plus cruel. C'est un peu comme si l'on prétendait : «l'homme blanc est
supérieur en justice à l'homme noir, donc il a le droit de se montrer injuste envers l'homme noir». C'est là le même type d'argument que celui qui autorise à manger des animaux.
Les musulmans prétendent que les animaux ont été créés pour être mangés, bien qu'ils souffrent et aient une relative conscience. Toute chose a une utilité, selon eux, et c'est logique. En vertu de cette loi, quelle serait l'utilité de ce qui est modélisé et structuré ? Peut-être d'offrir une formidable occasion d'enfreindre et de démolir un moule inerte. Celui qui éprouve
de la compassion pour les animaux alors que son milieu l'en empêchait a priori a d'autant plus de mérite. C'est peut-être pour cela que les animaux peuvent être mangés : pour que l'on ait
plus de mérite à ne pas les exploiter...

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Publié le 30 septembre 2011
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Langue Français

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Végétarisme et spiritualité L'une des principales causes des malheurs de l'homme est son alimentation, car il se nourrit d'autres êtres souffrants. Elle empêche de renoncer à l 'idée de supériorité qui est implicite dans ce comportement, ainsi qu'au goût. Et comme cela est injustifiable, beaucoup de ceux qui mangent les animaux montrent de la mauvaise foi en défendant leur tradition. Celui qui ne mange plus de viande, au minimum, pour des raisons sentimentales ou spirituelles, est déjà sur la voie de l'illumination, par la compassion. Il y aura toujours mille raisons pour manger de la viande ou pour s'abandonner à toute autre dépendance. Se battre contre ces raisons est impossible : les mauvaises herbes repoussent aussitôt qu'on les arrache. Toutefois, elles sont toutes aussi paradoxales qu'irrecevables. En particulier, le mythe de la supériorité humaine repose sur le paradoxe que voici : si nous sommes supérieurs en conscience à l'animal, nous devons donc être plus justes, plus sensés, plus altruistes. Pourtant, nous disons : «Nous mangeons les animaux parce que nous sommes supérieurs en conscience». Si donc on juge que l'homme est supérieur à l'animal en conscience, il faut expliquer en quoi cette différence précise justifie de se nourrir de l'animal, car il semble que manger l'animal ne soit pas plus conscient, mais au contraire plus animal, plus inconscient, et plus cruel. C'est un peu comme si l'on prétendait : «l'homme blanc est supérieur en justice à l'homme noir, donc il a le droit de se montrer injuste envers l'homme noir». C'est là le même type d'argument que celui qui autorise à manger des animaux. Les musulmans prétendent que les animaux ont été créés pour être mangés, bien qu'ils souffrent et aient une relative conscience. Toute chose a une utilité, selon eux, et c'est logique. En vertu de cette loi, quelle serait l'utilité de ce qui est modélisé et structuré ? Peut-être d'offrir une formidable occasion d'enfreindre et de démolir un moule inerte. Celui qui éprouve de la compassion pour les animaux alors que son milieu l'en empêchait a priori a d'autant plus de mérite. C'est peut-être pour cela que les animaux peuvent être mangés : pour que l'on ait plus de mérite à ne pas les exploiter... Égalité hommes-animaux L'homme est, avant ses possibilités d'Éveil, un animal, une girouette obéissant à ses pulsions et conditionnements à presque 100%, probablement 99.9%. L'animal, quant à lui, se situe probablement à 99.99%. Il y a seulement 0.01% de différence. Quelques rares hommes deviennent des saints, des sages, des prophètes, mais ils ne mangent pour autant leurs congénères qui sont restés des animaux. Au sujet de l'égalité entre hommes et animaux, Peter Singer 1 remarquait que tout individu ne peut être égal à un autre qu'en ce qui est comparable. Ainsi, par exemple, il est impossible d'accorder aux hommes le droit d'avorter. Et pareillement, il est impossible d'accorder aux animaux le droit de vote, car aucun animal n'ira voter, sinon l'homme. Toutefois, l'animal ressentant la douleur autant que l'homme, il n'est pas absurde de vouloir les rendre égaux en droit de ne pas subir la douleur. Quelques-uns s'excusent de leur alimentation en prétendant : «Je ne tue pas moi-même l'animal, il vient tout seul dans mon assiette et, de ce fait, je ne suis pas criminel». Voici une vue bien étroite de nos responsabilités, car nous sommes responsables de nos actes, mais encore des causes et conséquences, nécessairement impliquées. Il n'y a pas seulement l'animal mort sous forme de «steak» au milieu de l'assiette, mais encore toute la machinerie infernale qui l'a amené ici, toutes les souffrances qu'il a enduré, et notre responsabilité de commanditaire, puisque client, par rapport à ce cercle infect. Faisant allusion aux pharisiens qui surveillaient avec trop d'attention ce qui était mangé, Jésus a dit : «Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l'homme impur, mais ce qui en sort» (Matthieu 15.11 et Marc 7.15). En effet, selon la loi juive, il fallait qu'un animal, pour être mangé, soit mort d'une certaine façon et non d'une autre, qu'il ait été vidé de tout son sang, qu'il n'appartienne pas à telle ou telle espèce, que rien ne vienne salir la nourriture, etc... Mais, est-ce que manger de la viande n'est pas précisément faire attention à ce que l'on mange ? Quelle complication que de manger de la viande ! Car pour qu'elle soit produite, il faut employer la violence, élever, abattre, découper et conditionner. Pour finir, celui qui l'achète la paye dix fois plus cher que si, plutôt que de privilégier le goût et le luxe, il se nourrissait simplement de végétaux. En conséquence, Jésus n'autorise pas à faire des festins, mais répondrait à ceux qui mangent de la viande : «Pourquoi t'obstine-tu tant à préparer ton alimentation, à aller exprès égorger un animal, à payer exprès le prix fort, alors que j'ai dit de ne pas la surveiller ?» Si nous considérions que tous les aliments sont les mêmes, nous devrions logiquement prendre ceux les moins chers, ceux produits sans détours de souffrance ou de préparation. Par ailleurs, comment manger de la viande sans égoïsme – ne serait-ce que par rapport à notre appartenance à l'humanité – car c'est un échange totalement déséquilibré entre nous et l'animal. Celui-ci endure des souffrances qui sont probablement bien supérieures au plaisir que nous éprouverons à nous en nourrir. Or, dans l'esprit d'un sage, il est impensable de faire souffrir autrui, ne serait-ce qu'un peu, même si cela n'est qu'une probabilité, seulement pour un avantage personnel. Certains prétendent que l'animal ne souffre pas. Ce n'est pas juste. D'abord, parce que nous pouvons grâce à la ressemblance qui existe entre et nous et les animaux, les mammifères tout au moins, être sûrs qu'ils souffrent. Non seulement ils éprouvent des sentiments, mais ils sont constitués sur le plan nerveux exactement de la même façon. Ils n'ont pas de nerf, disait Voltaire, qui les empêche de ressentir la douleur. Ensuite, il est impensable que l'on reconnaisse la souffrance d'un embryon de trois mois avant celle d'une vache ou d'un cochon. Conscience et souffrance La souffrance n'est pas une affaire de conscience, mais d'intérêts liés à un être individuel. Si l'on juge que l'univers est conscient parce qu'une présence en chaque objet permet qu'ils soient chacun réels, frapper une pierre n'est pourtant pas une agression envers cet univers, car cela n'en menace pas les intérêts. Il convient donc de se poser la question concernant chaque chose : a-t-elle une conscience individuelle ou sa conscience appartient-elle à l'univers ? Et, par
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