Rapport etude MCOOL
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2004 CELLULE D’INTÉLIGENCE ÉCONOMIQUE LES EFFETS DE L’ÉTIQUETAGE OBLIGATOIRE DE LA VIANDE PORCINE AUX ÉTATS-UNIS SUR LES EXPORTATIONS QUÉBÉCOISES DE VIANDE PORCINE Abdessalem Abbassi, Olivier Bonroy et Jean-Philippe Gervais RÉSUMÉ L’art icle X du Farm Bill de 2002 oblige les détaillants américains à informer les consommateurs, par le biais d’étiquettes, sur le pays d’origine de la viande hachée, des coupes de viande de bœuf, d’agneau et de porc, des poissons, des fruits de mer, des fruits et légumes (frais et congelés) et des cacahuètes. Pour tous ces biens, les détaillants doivent apposer un label, une étiquette, ou encore tout autre signe visible mentionnant en anglais l’origine du produit, sur le paquet, la boîte ou tout autre contenant du produit et ceci au point final d e consommation. Cette loi appelée Mandatory Country of Origin Labeling (MCOOL) est en vigueur pour les poissons et les fruits de mer depuis le 30 novembre 2004 et devrait être élargie aux autres produits concernés à partir du 30 novembre 2006. Certains groupes font présentement pression pour annuler ou modifier certaines parties de la loi. L’introduction du programme MCOOL aura deux effets directs. Premièrement, les coûts de ségrégation et les coûts liés à l’étiquetage hausseront la structure de coûts des transformateurs américains. Cet effet est appelé l’effet coûts. Deuxièmement, il pourrait exister un accroissement de la disposition à payer pour les ...

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 2004
 CELLULE D’INTÉLIGENCE ÉCONOMIQUE    LES EFFETS DE L’ÉTIQUETAGE OBLIGATOIRE DE LA VIANDE PORCINE AUX ÉTATS-UNIS SUR LES EXPORTATIONS QUÉBÉCOISES DE VIANDE PORCINE   Abdessalem Abbassi, Olivier Bonroy et Jean-Philippe Gervais   RÉSUMÉ  L’article X du Farm Bill de 2002 oblige les détaillants américains à informer les consommateurs, par le biais d’étiquettes, sur le pays d’origine de la viande hachée, des coupes de viande de bœuf, d’agneau et de porc, des poissons, des fruits de mer, des fruits et légumes (frais et congelés) et des cacahuètes. Pour tous ces biens, les détaillants doivent apposer un label, une étiquette, ou encore tout autre signe visible mentionnant en anglais l’origine du produit, sur le paquet, la boîte ou tout autre contenant du produit et ceci au point final de consommation. Cette loi appelée Mandatory Country of Origin Labeling  (MCOOL) est en vigueur pour les poissons et les fruits de mer depuis le 30 novembre 2004 et devrait être élargie aux autres produits concernés à partir du 30 novembre 2006. Certains groupes font présentement pression pour annuler ou modifier certaines parties de la loi. L’introduction du programme MCOOL aura deux effets directs. Premièrement, les coûts de ségrégation et les coûts liés à l’étiquetage hausseront la structure de coûts des transformateurs américains. Cet effet est appelé l’effet coûts. Deuxièmement, il pourrait exister un accroissement de la disposition à payer pour les produits étiquetés « produit U.S. ». Cet effet est identifié comme l’effet valorisation. En permettant aux consommateurs américains de différencier les produits locaux des produits  étrangers, l’introduction d’une étiquette va créer une prime pour les produits américains par rapport aux produits étrangers. Cette prime reflète la valorisation des consommateurs américains pour la  différence entre les attributs des produits locaux et étrangers, et pour des sentiments de sécurité accrue et de patriotisme. Nous démontrons que l’effet du programme MCOOL sur le profit des transformateurs dépend de la force relative des deux effets : coûts et valorisation. Toute chose égale par ailleurs, l’effet coûts augmente le prix de la viande porcine (québécoise et américaine) et, par conséquent, les profits des transformateurs québécois. En revanche, l’effet valorisation augmente le prix du porc vivant et diminue le prix de la viande porcine québécoise. Ainsi, si l’effet coûts l’emporte sur l’effet valorisation, le programme MCOOL avantagera les transformateurs québécois. Cependant notre étude démontre que le scénario le plus plausible, vu les connaissances actuelles, suggère que c’est l’effet valorisation qui l’emporterait. Le programme MCOOL pourrait donc avoir des conséquences fâcheuses pour les transformateurs québécois.  
 
1. Introduction Le 13 mai 2002, le Président Bush signa la loi Farm Security and Rural Investment Act of 2002 . Cette loi, plus communément appelée le Farm Bill  de 2002 devint la ligne directrice de la politique agricole des États-Unis et le sera jusqu’en 2008. La loi de 2002 diffère du Farm Bill de 1996 sur plusieurs points. Notamment, certains produits agroalimentaires devront être étiquetés en fonction de leur pays d’origine 1 . Jusqu’au 13 mai 2002, la position des États-Unis vis-à-vis l’étiquetage des produits étrangers dépendait en grande partie du Tarif Act de 1930 et du Federal Meat Inspection Act . Ces lois fédérales prévoyaient qu’une grande majorité des produits agroalimentaires importés soient étiquetés afin d’informer le « dernier acheteur » de leurs pays d’origine. Le « dernier acheteur » était alors défini comme le dernier acheteur américain qui reçoit le produit sous la forme dans laquelle il a été importé. Par exemple, les cartons dans lesquels les fruits et légumes étaient importés devaient posséder un label d’origine afin d’entrer aux États-Unis. De même, si le produit importé était directement destiné à la consommation, alors un label devait être présent sur son contenant. En revanche, si le produit était substantiellement transformé par un transformateur américain, aucune indication sur l’origine du produit avant transformation n’était requise. Il était alors impossible pour le consommateur de différencier un produit brut américain transformé aux États-Unis d’un produit brut non américain transformé aux États-Unis. Ainsi, les viandes ne nécessitaient pas de label signalant leurs origines dans la mesure où elles étaient dépecées aux États-Unis. Remarquons que les producteurs et les transformateurs américains de viande pouvaient également, s’ils le souhaitaient, étiqueter leurs produits en utilisant les termes USA Beef  ou Fresh American Beef  dans le cas de produits nés, élevés et abattus aux États-Unis, ou les termes Product of USA pour les produits préparés aux États-Unis. Afin d’accroître l’information des consommateurs sur l’origine des produits, l’article X du Farm Bill de 2002 oblige les détaillants à informer, par le biais d’étiquetage, les consommateurs sur le pays d’origine d’un certain nombre de biens alimentaires 2 . Les biens couverts par cet article sont la viande hachée, les coupes de viande de bœuf, d’agneau et de porc, les poissons, les fruits de
                                                 1  Certains éléments de la loi ne pouvaient pas être mis en application immédiatement à cause de la planification nécessaire et dans une moindre mesure de l’opposition organisée par certains groupes. 2  Ce programme porte le nom de Country of Origin Labeling (COOL) et stipule que : « …. a retailer of a covered commodity shall inform consumers, at the final point of sale of the covered commodity to consumers, of the country of origin of the covered commodity » ( Farm Security and Rural Investment Act of 2002 Title X , Subtitle I, Sec 10816, Subtitle D, Sec.282 (a)(1)).
mer, les fruits et légumes (frais et congelés) et les cacahuètes. Pour tous ces biens, les détaillants doivent apposer un label, une étiquette, ou encore tout autre signe visible mentionnant en anglais l’origine du produit, sur le paquet, la boîte ou sur tout autre contenant du produit et ceci au point final de consommation. Étrangement, ces directives ne s’adressent qu’aux détaillants ayant un chiffre d’affaires supérieur à 230 000 $US et excluent certains établissements de service de transformation alimentaire tels que les boucheries, les marchés de poissons, les restaurants et les bars. Le Secrétaire américain de l’agriculture est responsable de l’application de la loi sur l’étiquetage obligatoire suivant l’origine des produits. Toute personne ne respectant pas la loi, qu’il soit un distributeur ou un détaillant, sera contrainte de payer une amende de 10 000 $US pour chaque infraction. Remarquons qu’en comparaison, un importateur américain qui ne respectait pas l’ancienne loi sur l’étiquetage obligatoire devait payer une amende correspondant à 10 % du prix de vente du produit. Le Farm Bill  de 2002 prévoyait que le programme COOL serait volontaire jusqu’au 30 septembre 2004, et obligatoire par la suite. Cependant, suite aux différents mécontentements engendrés par cette loi (comme celui vociféré par le National Pork Producer’s Council , NPPC), le Président Bush a signé, le 27 janvier 2004, la loi 108-199 qui retarde l’introduction du programme COOL sous sa forme obligatoire appelée Mandatory Country of Origin Labeling  (MCOOL). Ainsi le MCOOL ne prendra effet que le 30 septembre 2006, ce qui devrait laisser le temps au gouvernement américain de modifier la forme finale du programme afin de prendre en compte les principales critiques émises sur la forme actuelle du MCOOL 3 . Ces critiques portent essentiellement sur deux points : 1)  La non-obligation pour l’industrie de la volaille d’adhérer au programme. Plusieurs intervenants se demandent pourquoi les consommateurs n’ont pas le droit de connaître le pays d’origine de la volaille qu’ils achètent. Selon le NPPC, le fait de ne pas inclure l’industrie de la volaille dans la loi, alors que le poulet représentait à lui seul 50 % de la consommation américaine de viande en 2002, démontre que l’objectif du COOL n’est pas d’améliorer l’information des consommateurs. Cela pourrait procurer au secteur du poulet un avantage concurrentiel certain sur les secteurs bovin et porcin.
                                                 3 Remarquons que la loi 108-199 ne concerne pas les poissons et les fruits de mer.  
 
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2)  Le coût exorbitant supporté par les industries devant adhérer au programme. La mise en place du MCOOL 4 engendrera trois types de coûts : i) le coût de préservation de l’identité des biens couverts, dans lequel sont inclus les coûts de l’étiquetage des expéditions et de la ségrégation qui sont encourus par les emballeurs, les transformateurs, les importateurs, les grossistes, les distributeurs et les détaillants, les coûts d’identification de race et d’évaluation des carcasses ainsi que d’autres coûts reliés au programme de certification qui sont supportés par les usines d’abattage ; ii) le coût direct lié à l’impression des nouvelles étiquettes comme par exemple le coût de la main d’œuvre additionnelle utilisée pour concevoir, produire et apposer toutes les étiquettes supplémentaires ; et iii) le coût de contrôle de l’application du MCOOL. Ce coût comprendra les coûts gouvernementaux liés à la vérification mais également les coûts liés à la mise en place et au maintien d’un système de contrôle interne supportés par toutes les personnes qui préparent, distribuent ou vendent les produits concernés 5 . Les deux premiers coûts seront supportés par les industries concernées et les consommateurs, alors que le dernier sera supporté par les industries concernées, les consommateurs mais également les contribuables. Le United States Department of Agriculture (USDA) a publié une estimation des coûts du COOL sous sa forme volontaire dans le Federal Register du 21 novembre 2002. Le coût total de la mise en place et du maintien du COOL serait de 1,9 milliards $US pour la première année. VanSickle et al. (2003) considèrent que cette estimation est surévaluée. Ces auteurs soutiennent que l’USDA a surévalué le nombre d’intervenants (producteurs, distributeurs…) qui vont être affectés par le COOL. Selon eux, le coût total de la mise en place et du maintien du programme serait plutôt compris entre 69,9 et 193,4 millions $US. En revanche, d’autres études ont montré que le coût du COOL serait plus important que l’estimation du USDA. Un rapport de la compagnie Sparks estime que la nouvelle législation sur l’étiquetage obligatoire s’élèverait entre 3,7 et 5,6 milliards $US. Remarquons que cette estimation est obtenue en excluant le secteur de l’agneau et des arachides qui sont pourtant soumis aussi au programme MCOOL. Enfin, une étude financée par le NPPC et réalisée par Hayes et Meyer montre que le coût du MCOOL serait de 1 milliard $US                                                  4 Sous sa forme actuelle. 5 Remarquons que la position de l’USDA sur le coût de contrôle de l’application du MCOOL est encore assez floue. Ainsi, même s’il est clair que le gouvernement veut mettre en place un système de certification privé (les différents intervenants dans les filières concernées devront faire appel à un certificateur privé pour démontrer qu’ils respectent le programme MCOOL), la position du gouvernement face à ce système de certification est quant à lui moins claire. Qui va certifier et contrôler les certificateurs privés ? Qui va en supporter le coût ?
 
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pour l’industrie porcine américaine, ce qui équivaut à un accroissement de 10 % des coûts de production. L’objectif visé par la cellule d’intelligence économique est de mesurer les impacts économiques du programme MCOOL sur les industries de transformation de porc québécoises. Les impacts sur les prix, les quantités et les profits dans les marchés américain, québécois, ontarien, ouest du Canada et mondial sont estimés en tenant compte de deux facteurs : 1) l’accroissement des coûts liés au programme MCOOL ; et 2) les préférences des consommateurs américains pour les produits étiquetés « produit des États-Unis ». Le secteur porcin à été choisi à cause de l’existence de sources de données suffisamment désagrégées et l’importance du marché américain pour l’industrie porcine québécoise. Cependant, les mécanismes d’ajustement des prix et des quantités mis en évidence dans cette étude s’appliquent également aux autres produits couverts par le MCOOL. La section suivante présente en détail le programme d’étiquetage du Farm Bill  2002 sous sa forme actuelle. La section trois décrit le cadre opératoire de l’étude. La quatrième section présente les résultats de l’étude. Finalement, la dernière section résume les principaux impacts pour l’industrie québécoise et suggère quelques stratégies disponibles pour que les transformateurs québécois puissent minimiser les effets négatifs découlant de l’application du programme MCOOL.  2. Description de la loi d’étiquetage obligatoire suivant l’origine des pays Tel que mentionné précédemment, tous les détaillants des États-Unis avec un chiffre d’affaires supérieur à 230 000 $US devront informer les consommateurs sur le pays d’origine de la viande hachée, des coupes de viande de bœuf, d’agneau et de porc, des poissons, des fruits de mer, des fruits et légumes et des cacahuètes à partir du 30 septembre 2006. Les détaillants devront apposer un signe distinctif mentionnant en anglais l’origine du produit sur son contenant. Si un détaillant viole obstinément cette section de la loi, il devra payer une amende de 10 000 $US pour chaque infraction. Cette loi doit assurer que les consommateurs puissent prendre connaissance de l’origine des produits concernés, et ceci au point final de consommation. Étrangement, le MCOOL ne s’appliquera pas aux petits détaillants (chiffre d’affaires inférieur à 230 000 $US),
 
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aux boucheries, aux marchés de poissons, aux restaurants ainsi qu’à certains établissements de service de transformation. La mise en œuvre du MCOOL présente des particularités qui sont liées à la nature des produits :  Les viandes : Le programme mentionne qu’une étiquette « produits des États-Unis » ne peut être accordée que pour un animal né, engraissé et abattu aux États-Unis. Mais il existe une exception pour le bétail né et engraissé en Alaska ou à Hawaï et qui est transporté par le Canada pendant une période qui ne dépasse pas soixante jours avant l’abattage aux Etats-Unis.  Les poissons, et les coquillages : Pour qu’un produit sauvage 6  soit étiqueté « produits des États-Unis », il devra être dérivé exclusivement de poissons ou de coquillages pêchés dans la zone de pêche américaine ou achetés à un navire américain, et transformés aux États-Unis ou à bord d’un navire américain. Pour qu’un produit d’élevage 7 soit étiqueté « produits des États-Unis », il devra être dérivé exclusivement de poissons ou de coquillages éclos, élevés, tués et transformés aux États-Unis.  Les légumes et les fruits frais et congelés, et les arachides : Ils devront être exclusivement produits aux États-Unis pour qu’ils soient étiquetés « produit des États-Unis ».  Les produits d’origine mixte : Les produits d’origine mixte sont des produits nés, élevés et abattus dans différents pays, incluant les États-Unis. Par exemple la viande porcine d’un animal né au Canada mais élevé et abattu aux États-Unis sera étiquetée « Importé du Canada, élevé et abattu aux États-Unis ». De même, un poisson pêché au Mexique et transformé aux États-Unis sera étiqueté « Importé du Mexique et transformé aux États-Unis ».  Les produits mélangés : Les produits mélangés sont des produits composés de différents intrants appartenant à la liste des produits concernés par la loi, mais d’origines différentes. L’étiquetage de ces produits devra                                                  6 Un poisson ou un coquillage est sauvage s’il est né et pêché dans des eaux non contrôlées.    7 Un poisson ou un coquillage est d’élevage s’il est pêché dans des fermes d’élevage.
 
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inclure chaque origine spécifique par ordre alphabétique. Par exemple, l’étiquette d’une salade incluant une laitue du Canada et des tomates américaines devra mentionner « Produit du Canada » et « Produit des États-Unis ». L’étiquette d’une portion de viande hachée, incluant du bœuf produit au Mexique, du bœuf importé du Canada, élevé et abattu aux États-Unis, et du bœuf produit aux États-Unis, devra indiquer: « Importé du Canada, élevé et abattu aux États-Unis », « Produit des États-Unis » et « Produit du Mexique ».  Les produits exemptés : Certains produits appartenant aux produits concernés par la loi sont pourtant exclus d’un étiquetage obligatoire. Ainsi, un produit qui a été modifié (physiquement ou chimiquement) pour composer « un produit alimentaire » sera exclu du programme MCOOL, dans la mesure ou les modifications ont altéré ses caractéristiques. Par exemple, les oranges pressées pour faire du jus d’orange, et la viande de porc fumée pour faire du bacon, sont exclues du programme MCOOL. De même, un produit qui a été combiné avec d’autres produits concernés par la loi et d’autres composants sera exclu du programme MCOOL dans la mesure où le produit perd sa caractéristique dans la combinaison. Par exemple, les légumes combinés entre eux pour faire des salades composées, les fruits ou légumes qui sont combinés pour faire des plateaux de fruits ou de légumes, les coquillages présentés sous forme de plateaux de fruits de mer, ainsi que les noix mixées entre elles, sont exclues du programme MCOOL.  3. Présentation du cadre opératoire de l’étude La politique d’étiquetage obligatoire selon le pays d’origine peut avoir des impacts directs et indirects pour plusieurs agents économiques. Cette étude propose donc de construire un programme mathématique (appelé « modèle d’équilibre partiel spatial ») pour déterminer la manière dont le coût du programme MCOOL et le changement dans les préférences des consommateurs américains suite à l’étiquetage affecteront les filières porcines de différentes régions en Amérique du Nord. Ces régions sont le Québec, l’Ontario, l’ouest du Canada, les États-Unis et finalement le reste du monde. Le modèle se compose horizontalement d’un seul secteur de production (secteur du porc) et verticalement, des producteurs, des transformateurs et des détaillants/consommateurs. L’animal vivant est abattu et transformé pour produire potentiellement deux biens : une coupe de viande ou encore un mets préparé. Cette distinction
 
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dans le choix de consommation est élémentaire mais permet de capturer le fait que certains produits porcins doivent être étiquetés alors que d’autres ne le sont pas. Les coûts additionnels pour l’industrie américaine générés par le MCOOL sont inclus dans le modèle au niveau des activités de transformation. Cette hypothèse est basée sur l’étude de Van Sickle et al. (2003) qui établit que les coûts supportés par les producteurs seront négligeables. De plus, nous incluons le changement potentiel des préférences des consommateurs américains pour le produit local (étiqueté comme provenant des États-Unis). À cet effet, il est supposé que les consommateurs américains ne sont prêts à payer une prime additionnelle que pour la coupe de viande américaine et qu’ils perçoivent la coupe de viande d’origine mixte 8  comme étant une coupe de viande étrangère pure 9 . Cette hypothèse implique l’existence de deux catégories de coupe de viande suite à l’implantation du programme MCOOL. L’avantage d’une telle étude est la prise en compte de l’interdépendance entre tous les marchés au niveau de la filière porcine, et de la substituabilité entre le produit couvert (coupe de viande) et un produit non couvert (mets préparé) au niveau de la consommation et de la production sur les marchés national et international. La méthode usuellement adoptée par les économistes pour le chiffrage des modèles d’équilibre partiel spatial est une méthode déterministe de calibrage. La première étape de cette procédure consiste à construire une base de données pour toutes les variables incluses dans le modèle. Les données compilées par Agriculture et Agroalimentaire Canada et par le USDA ont été utilisées pour calculer le niveau de production ainsi que les flux nets d’exportation de porc vivant et de viande fraîche porcine au Québec, en Ontario, dans l’ouest du Canada et aux États-Unis. Le niveau de production de porc vivant en kilogramme a été déterminé en considérant les données sur la production et l’exportation par tête de porc ainsi que des données sur le poids moyen à l’abattage. Au niveau de la chaîne de transformation, les quantités transformées par région ont été déterminées en soustrayant le flux net d’exportation des producteurs de leur niveau de production. Les niveaux de production de coupe de viande et de mets préparé ont été calculés en utilisant les proportions publiées dans une enquête réalisée par le Ministère de l’Agriculture, des
                                                 8 Une coupe de viande est dite d’origine mixte lorsqu’elle provient d’un animal né et engraissé à l’étranger et abattu aux États-Unis.  9 Une coupe de viande est dite pure lorsqu’elle provient d’un animal né, engraissé et abattu dans le même pays.  
 
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Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) 10 . Cette étude estime que 15 % du porc vivant est destiné à la production des mets préparés et 85 %, à la production des coupes de viandes. À ce sujet, il est important de signaler que nous n’avons pas pu différencier la coupe de viande couverte par le programme MCOOL, de la coupe de viande destinée aux établissements exemptés (restaurants, bars, boucheries, etc.). Cette hypothèse est due à l’absence d’un niveau suffisant de désagrégation des données disponibles. Pour le secteur de détail, la quantité commercialisée par les détaillants de chaque région est déduite en soustrayant de la production des transformateurs le flux net de leurs exportations. Nous supposons que la demande d’importation du reste du monde en coupe de viande est donnée par la somme des flux net d’exportation du Québec, de l’Ontario, de l’ouest du Canada et des États-Unis vers le reste du monde. Afin de simplifier le modèle, il est supposé que le Canada n’exporte des mets préparés que vers les États-Unis. En effet, les provinces canadiennes différencient le mets préparé selon la qualité et le prix sur le marché international. Elles exportent de la bonne qualité à un prix élevé vers les États-Unis et de la mauvaise qualité à un prix bas vers le reste du monde 11 . Il est donc raisonnable de penser que l’importance des exportations de mets préparés à l’extérieur de l’Amérique du Nord est négligeable. Les bases de données d’Agriculture et Agroalimentaire Canada et de l’USDA ont été également utilisées pour déterminer les prix dans les filières porcines canadienne et américaine. Ainsi, le prix du porc vivant par province a été obtenu auprès d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Les données publiées par le USDA, ainsi que les données sur le taux de change de la Banque du Canada, et les données sur les coefficients de conversion de poids et de qualité du Ontario Pork Producers Board , ont été utilisées pour calculer le prix de porc vivant américain par kilogramme 12 . Dans le secteur de la transformation, la détermination du prix de gros des transformateurs canadiens pour la coupe de viande a nécessité un certain traitement des données recueillies par Agriculture et Agroalimentaire Canada. Des pondérations ont été utilisées pour chaque coupe de viande afin de reconstituer le prix reçu par les transformateurs canadiens pour                                                  10 Table filière porcine du Québec, MAPAQ, 2004.  11  Red Meat Market Information , Agriculture et Agroalimentaire Canada, 2002.  12 La formule de conversion est : Prix de porc vivant américain = prix de porc vivant publié par le USDA* taux de conversion de la carcasse (0.74/0.8)*taux de conversion de la qualité (1/1.1195)*taux de change annuel de 2002 (1.57). L’information est disponible à l’adresse : www.ontariopork.on.ca/ProducerInfo/Contracts/priceformula.htm  
 
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l’agrégat identifié « coupe de viande ». Le prix au Québec a été utilisé pour les autres régions canadiennes puisque seuls les prix pour le Québec étaient disponibles. Le prix de gros de coupe de viande aux États-Unis a été calculé en utilisant les données publiées par le USDA sur le prix de détail ainsi que sur le coefficient de conversion des prix entre transformation et détail. En moyenne, le prix de gros de la coupe de viande américaine représente 80 % du prix de détail sur le marché américain en 2002 13 . La même source de données a permis d’identifier le prix mondial de la coupe de viande porcine. À cet effet, le prix de gros d’importation japonaise 14  correspond au prix de gros observé sur le marché international. Cette hypothèse se base sur la position qu’occupe le Japon en tant que grand pays importateur de coupes de viande. Ainsi, en 2002, 13 % des exportations mondiales de coupes de viande ont eu comme destination le marché japonais. Les données publiées par Statistique Canada ont été utilisées pour calculer les prix reçus par les transformateurs canadiens et américains pour les mets préparés. À cet effet, le prix de gros canadien a été calculé en divisant la valeur totale des exportations canadiennes de mets préparés par la quantité totale exportée. Dans un deuxième temps, le prix de gros américain a été calculé en additionnant le coût de transport entre le Canada et les États-Unis 15 et le prix de gros canadien.  4. Présentation des résultats de l’étude L’introduction du programme MCOOL aura deux effets directs. Premièrement, les coûts de ségrégation et les coûts liés à l’étiquetage hausseront la structure de coûts des transformateurs américains. Cet effet est appelé l’effet coûts . Deuxièmement, il pourrait exister un accroissement de la disposition à payer pour les produits étiquetés « produit U.S. ». Cet effet est identifié comme l’effet valorisation . En permettant aux consommateurs américains de différencier les produits locaux des produits étrangers, l’introduction d’une étiquette va faire émerger une prime pour les produits américains par rapport aux produits étrangers. Cette prime reflète la valorisation                                                  13  Economic Research Service (ERS), USDA, janvier 2004.  14 Foreign Agricultural Service (FAS), USDA, 2002.  15 Le coût de transport entre le Canada et les États-Unis pour le mets préparé est déterminé en soustrayant du prix des coupes de viande sur le marché américain le prix des coupes de viande sur le marché canadien. L’hypothèse implicite que le coût de transport entre le Canada et les États-Unis est le même pour le mets préparé que pour les coupes de viande est imposée.
 
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des consommateurs américains pour la différence entre les attributs des produits locaux et étrangers, et pour des sentiments de sécurité accrue et de patriotisme. Afin de prendre en compte ces deux effets directs, trois scénarios distincts sont proposés :  Scénario 1 : Ce scénario suppose que la valorisation des consommateurs américains pour les produits locaux est élevée et que les coûts de ségrégation et d’étiquetage pour l’industrie américaine sont nuls.  Scénario 2 : Ce scénario suppose que la valorisation des consommateurs américains pour les produits locaux est nulle et que les coûts de ségrégation et d’étiquetage pour l’industrie américaine sont élevés.  Scénario 3 : Ce scénario suppose que la valorisation des consommateurs américains pour les produits locaux est peu élevée, et que les coûts de ségrégation et d’étiquetage pour l’industrie américaine sont moyennement élevés. Ce scénario est jugé le plus plausible. Le scénario 1 permet d’isoler les impacts de l’effet valorisation sans prendre en compte l’effet coûts. Inversement, le scénario 2 permet d’isoler les impacts de l’effet coûts sans prendre en compte l’effet valorisation. Le scénario 3 considère quant à les impacts simultanés des deux effets. Ces trois scénarios considèrent implicitement que les importateurs américains d’animaux vivants d’origine canadienne sont disposés à mettre en place un coûteux système d’identification des animaux de la ferme jusqu’aux tablettes des détaillants. Une autre option est cependant plausible. Les importateurs américains pourraient renoncer à l’importation d’animaux étrangers en raison des coûts élevés d’identification et de ségrégation. Cette option est considérée au scénario 4.  Scénario 4 : Les États-Unis n’importent plus de porcs vivants canadiens. Dans un premier temps, les trois premiers scénarios sont étudiés. Comme il a été précédemment expliqué, l’introduction d’une étiquette signale l’origine de la viande (américaine ou canadienne) et a deux effets : une hausse des coûts des transformateurs américains et une différenciation sur le marché américain de la viande américaine (notée US) et de la viande québécoise (notée QC) 16  .                                                  16 Seuls les résultats pour le secteur porcin québécois sont présentés ici. Ces résultats sont qualitativement les mêmes pour les secteurs porcins des autres provinces canadiennes, la différence venant des coûts de transport ainsi que de l’existence ou non du programme québécois de soutien des prix à la production (ASRA).  
 
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