ETUDE INSTITUTIONNELLE POUR L’AUTONOMISATION DE L’ANTENNE D’AFRIQUE VERTE AU BURKINA FASO
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ETUDE INSTITUTIONNELLE POUR L’AUTONOMISATION DE L’ANTENNE D’AFRIQUE VERTE AU BURKINA FASO Rapport définitif GREFCO Février 2003 Daniel Thiéba 1SOMMAIRE RESUME..............................................................................................................................................3 INTRODUCTION...6 I. ENVIRONNEMENT DE LA SECURITE ALIMENTAIRE..................................................................6 1.1. La sécurité alimentaire dans le contexte du Sahel6 1.2. Enjeux et politique nationale et régionale pour la sécurité alimentaire ...................................8 1.3. La stratégie opérationnelle régionale 2003-2015 : finalité et objectifs ....................................8 1.4. Etat des lieux des O.P. et ONG. impliqués dans les questions de sécurité alimentaire.........9 1.5. Rôles et spécificités d’Afrique Verte dans le contexte actuel ................................................11 II. LES EXPERIENCES D’AUTONOMISATION AU BURKINA FASO .............................................13 2.1. Centre Ecologique Albert Scheitzer (CEAS)..........................................................................13 2.2. Association Ressources Jeunes.............................................................................................15 2.3. Réseau CVECA / SISSILI................................................................ ...

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                      ETUDE INSTITUTIONNELLE POUR L AUTONOMISATION DE L ANTENNE D AFRIQUE VERTE AU BURKINA FASO ’ ’                      GREFCO Daniel Thiéba
 
 
 
 
Rapport définitif
 
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Février 2003
SOMMAIRE  RESUME.............................................................................................................................................. 3 INTRODUCTION.................................................................................................................................. 6 I. ENVIRONNEMENT DE LA SECURITE ALIMENTAIRE.................................................................. 6 1.1. La sécurité alimentaire dans le contexte du Sahel.................................................................. 6 1.2. Enjeux et politique nationale et régionale pour la sécurité alimentaire................................... 8 1.3. La stratégie opérationnelle régionale 2003-2015 : finalité et objectifs.................................... 8 1.4. Etat des lieux des O.P. et ONG. impliqués dans les questions de sécurité alimentaire......... 9 1.5. Rôles et spécificités d’Afrique Verte dans le contexte actuel................................................ 11 II. LES EXPERIENCES D’AUTONOMISATION AU BURKINA FASO............................................. 13 2.1. Centre Ecologique Albert Scheitzer (CEAS).......................................................................... 13 2.2. Association Ressources Jeunes............................................................................................. 15 2.3. Réseau CVECA / SISSILI....................................................................................................... 17 2.4. ASI (Association de Solidarité Internationale)........................................................................ 20 2.5 ACCORD ................................................................................................................................. 21 III. OPTIONS POUR L’AUTONOMISATION..................................................................................... 21 3.1. Les formes juridiques possibles............................................................................................. 21 3.2. Option 1 : la fédération d’o.p.................................................................................................. 23 3.3. Option 2 : Formule association - adhésion individuelle......................................................... 25 3.4. Option 3 : Formule association. Personnes morales comme fondement.............................. 26 3.5. Association. Combinaison de personnes morales et physiques........................................... 27 3.6. Synthèse sur les options possibles........................................................................................ 28 IV. QUESTIONS A CONSIDERER POUR RAISONNER L’AUTONOMISATION............................ 31 4.1. L’accès aux sources de financement..................................................................................... 31 4.2. Les fonds propres................................................................................................................... 31 4.3. Les relations avec les autres antennes et le siège................................................................ 33 4.4. Une phase transitoire.............................................................................................................. 36   
 
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RESUME  Afrique Verte désire aller vers l’autonomisation de ses antennes au Sahel. La présente étude s’intéresse au cas spécifique du Burkina Faso.  L’insécurité alimentaire touche les producteurs africains, en zone de situation excédentaire et déficitaire. Afrique Verte s’est positionnée depuis plus d’une décennie dans l’environnement des ONG et des O.P au Burkina Faso par son expertise dans le domaine de la commercialisation des céréales et l’appui aux Organisations de producteurs pour monter des opérations de collecte & commercialisation (pour les zones en situation d’excédent), et d’approvisionnement (pour celles en situation de déficit).  La notion de zones excédentaires et zones déficitaires elle même a évolué ainsi que les conditions de commercialisation. C’est ainsi que les commerçants sont de plus en plus présents dans les zones de collecte et de distribution ; les situations de monopole ont tendance à être atténuées à cause de l’amélioration des circuits de transports et de commercialisation.  Afrique Verte fonctionne avec une Direction qui effectue la plus grande partie de recherche du financement (en particulier auprès de l’Union Européenne et du MAE et des Coopérations décentralisées en France). Le contexte local a évolué dans le sens où des opportunités de financement de plus en plus importantes se présentaient localement. Dans le même temps, les capacités des équipes terrain se sont raffermies en même temps que se présentent des personnes ressources et des leaders paysans à même de jouer un rôle dans l’orientation politique et le lobbying.  Il existe plusieurs formes institutionnelles de création d’une organisation locale :  - création d’une Fédération, telle que prévue par la loi 014/99/AN ; La - création d’une association telle que prévue par la loi 010/92/AN. La  La fédération fixe les conditions de création de fédérations de coopératives et de groupements. Ce cadre s’adapte aux regroupements ayant pour objet des activités économiques, sans exclure une composante d’appui et de lobbying.  L’Association se prête aux activités sans but lucratif. Elle est moins contraignante et offre des possibilités plus souples et diversifiées de regroupements.  Chacune des formules présente des variantes, ainsi on peut distinguer quatre grandes familles de choix :   La Fédération ; -- avec comme fondement l’adhésion individuelle ; L’Association, - L’Association, avec comme fondement les personnes morales ; - avec comme fondement une combinaison de personnes physiques et de L’Association personnes morales.  La forme Fédérative, comme la forme associative offre des opportunités d’accès à des financements locaux, selon des guichets différents tout simplement.  L’Association offre les avantages complémentaires suivants :  - Inexistence des charges fiscales et douanières, si elle parvient à se faire reconnaître comme d’utilité publique , après deux années de fonctionnement effectif ; - Possibilité de rassembler des organisations relevant de loi différentes, ou ayant une nationalité autre que burkinabé ; -de statut différent (en l’occurrence non d’admettre des personnes ressources  Possibilité producteurs agricoles).
 
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 Aucune des formes n’interdit ou ne peut compromettre des rapports de partenariat avec l’antenne de France ou les autres antennes sahéliennes.  Le choix de la meilleure formule repose sur celui d’une vision et sur la place de la nouvelle association dans le contexte de la commercialisation céréalière et la sécurité alimentaire. L’analyse de l’environnement amène à la conclusion que c’est une association d’appui, ouvert à des personnes ressources intéressées (constituant la majorité des membres) et morales qui paraît pertinente. Cette thèse repose sur les considérations suivantes :  - organisations de producteurs disposent de cadres organisationnels pouvant assumer Les les fonctions de commercialisation et de lobbying, à un plan régional et même national ; - Il est illusoire et erroné de vouloir regrouper des organisations paysannes sur la base unique de la commercialisation ; l’exigence de professionnalisation et de leurs intérêts dépasse ce domaine… ; - intérêts des O.P. des zones excédentaires et déficitaires sont potentiellement Les conflictuels ; - Il est crucial de distinguer la fonction d’appui en tant que telle de celle de conduite des activités dans le champ de la commercialisation ; - La fonction d’appui, peut concerner le lobbying pour les partenaires (O.P., organisations de commerçants), sans exclure le lobbying général de personnes engagées dans le cadre de l’association.  Par conséquent, l’affirmation claire et sans ambiguïté de l’identité permet de faire plus aisément le choix. Nous penchons pour la sous variante qui ferait comprendre des personnes ressources individuelles intéressées ainsi que des personnes morales en minorité (représentants d’O.P., de syndicats de commerçants, d’institutions d’appui dans le domaine de la sécurité alimentaire). Il ne serait pas approprié que les membres du personnel de la nouvelle association soient des membres à cause des risques sérieux de conflits d’intérêts et de rôles.  Les expériences d’autonomisation permettent de tirer les enseignements suivants pour la mise en place de la nouvelle association :  - Il faut considérer que le patrimoine est commun et faire une cession d’une partie des fonds actuellement gérés par l’antenne (fonds pour le crédit), une partie des fonds propres de l’Association française (afin de permettre le montage de Projets devant être co financés), ainsi que la totalité de la logistique (bureautique et déplacement) ; - de manière décroissante (2 à 3 ans) la prise en charge des frais de structure y Assurer compris les frais relatifs à l’audit institutionnel et comptable.  Le choix de l’auditeur (comptable et institutionnel) devrait être effectué à l’unanimité des membres du C.A. afin de garantir une crédibilité sans faille. L’analyse conduit à la conclusion, qu’il faut maintenir la Direction de Afrique Verte/ France dans ses fonctions suivantes :  - à la recherche de financements dans l’espace européen ; Appui - au développement ; Education - Lobbying en France et en Europe pour les changements de la politique agricole de l’U.E. pour une sécurité alimentaire au Sahel - Suivi des activités de la nouvelle ONG locale, selon les points spécifiés dans le contrat de partenariat entre les 2 coordinations. Il ne saurait être imposé mais justifié et être l’objet d’un accord, y compris dans les composantes des Projets. Toutefois pour les projets financés localement, la nouvelle association aura la possibilité, en toute liberté, de définir le rôle de l’organe exécutif d’Afrique Verte France.  Il appartient au C.A de la nouvelle Association de définir les modalités d’appui et de suivi conseils de la structure exécutive et de le négocier avec l’Association de France. Deux options s’offrent :  
 
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- le recours à une expertise sahélienne - ponctuel de la Direction d’Afrique Verte France, pouvant faire recours à des l’appui compétences européennes  Les exigences de l’autonomisation poussent à une préférence pour la première option, tout en retenant en complément , de recourir à la seconde (compte tenue de toute l’expérience et de la connaissance accumulée depuis près de deux décennies) .  Les rapports entre Directions deviennent égalitaires et les deux associations traitent sur la base du partenariat. Il serait judicieux d’admettre de façon croisée chacune des antennes dans chacun des C.A. Au moins dans une première phase, il ne serait pas opportun d’imposer une structure de coordination ou une institution supra, mais laisser les activités se mener dans le cadre de la concertation et de manière informelle. Il peut être décidé d’un commun accord de mettre les ressources ensemble et donner mandat à l’une des associations pour exécuter une tâche commune.  La mise en place de la nouvelle association elle-même ne saurait être effectuée dans la précipitation, elle demande un processus, imposant une phase de transition. Nous préconisons la cooptation d’un conseil d’orientation et de supervision restreint (pré figuration de la nouvelle A.G. qui aurait pour rôle de préparer l’accouchement de la nouvelle organisation (formulation d’une vision, cooptation de membres de l’A.G., choix sur les principes de composition et de fonctionnement de la nouvelle organisation, négociation avec Afrique Verte France sur les modalités d’appui pour la constitution des fonds…, échanges avec les autres antennes sur les nouvelles modalités de travail en commun).  L’élaboration des modalités et du contenu précis du contrat de partenariat entre les antennes (les nouvelles Associations) relève de la responsabilité des C.A . qui seront mises en place . Il serait prématuré de le faire dans le cadre de cette étude pour les raisons suivantes :  - la vision comme les termes de partenariat sont un et relèvent de la responsabilité de chacune des associations - modalités précises de ce partenariat devraient  lestenir compte de l’état des capacités techniques et de mobilisation des ressources locales, ce qui n’a pas pu être évalué dans le cadre de la présente étude - de manière précise les termes à ce stade, contribue à rendre rigide les modalités formuler d’appropriation   Il n’est pas indispensable de trancher à ce stade sur la forme institutionnelle de coordination (Union ou Fédération d’association). D’une part celle-ci ne saurait être mise en place juste après la création des associations nationales. D’autre part sa forme et son contenu seront déterminées de manière consensuelle à travers un cadre de concertation qui se réunirait régulièrement et qui en fonction de l’appréciation de la situation ferait des propositions sur les formes de coordination les plus appropriées. Des propositions sont faites sur la composition de l’A.G. pour donner des chances à cette volonté de sauvegarder les objectifs communs. La gestion par l’une des antennes des activités conjointes ou transversales devrait y aider également.  Le processus d’autonomisation doit être l’objet d’un programme de travail à proprement parler : formulation d’objectifs, d’activités et d’un calendrier d’exécution, avec les ressources à y consacrer. De telle sorte qu’il figure à proprement parler dans le programme de travail et puisse être évalué régulièrement.  
 
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INTRODUCTION  L’objectif de la présente étude est de proposer des éléments de réflexion au Conseil d’administration d’Afrique Verte en vue de l’autonomisation des antennes sahéliennes. La notion d’autonomisation est bien présente au sein de Afrique Verte qui cherche à préciser les formes institutionnelles qu’elle devra prendre, ainsi que les dispositifs de partenariat à mettre en place.  L’évaluation commanditée auprès du GRET contient déjà un nombre important d’informations qui étaient attendues dans le cadre de cette étude, en particulier l’étude sur l’environnement au Sahel, ainsi que l’état des lieux de l’antenne. Logiquement, un accent plus important a été accordé aux expériences d’autonomisation, ainsi qu’à la présentation et à l’analyse des options institutionnelles possibles. Le déroulement du travail s’est fait en trois temps : la lecture de la documentation disponible, des rencontres avec les acteurs directement impliqués (O.P., animateurs, équipe de l’antenne à Ouaga). Ont été rencontrées les responsables et animateurs des associations régionales du Mouhoun et du Sahel. Des échanges avec des partenaires de l’antenne ont eu lieu également. Puis une période a été consacrée à la rédaction du rapport. Nous avons profité d’une étude antérieure menée sur les expériences d’autonomisation au Burkina Faso, conduite par le GREFCO (Groupe de Recherche de Formation et de Conseils). Toutefois des entretiens complémentaires, notamment avec les responsables de ICODEV (ONG ayant pris la relève de ASI) ont eu lieu. Une restitution auprès des animateurs et représentants des O.P. s’est déroulée le 13 Janvier 2003. Elle a permis de prendre en compte certaines remarques qui ont été utiles pour la production du rapport.   I. ENVIRONNEMENT DE LA SECURITE ALIMENTAIRE  1.1. La sécurité alimentaire dans le contexte du Sahel  Au cours des 15-20 dernières années, les politiques sectorielles et le cadre macro-économique ont connu de profondes réformes qui, combinées avec une amélioration des conditions climatiques ont permis une amélioration sensible de la situation alimentaire sahélienne. Cependant, malgré l’accroissement considérable des productions vivrières, l’insécurité alimentaire reste dans le Sahel une préoccupation quotidienne pour une part très importante de la population, de l’ordre de 40 %.  Cette insécurité alimentaire frappe prioritairement les populations les plus vulnérables : les femmes, les enfants, les ménages ruraux en zones sèches, les ménages urbains ou ruraux dirigés par des femmes seules… L’insécur ité alimentaire est à la fois une résultante de la pauvreté des populations et un des principaux freins au développement. L’urbanisation croissante de la population sahélienne et la faible diversification des sources de revenus en milieu rural font qu’aujourd’hui, la problématique alimentaire au Sahel renvoie tout autant à des problèmes d’accessibilité pour les populations qu’à des problèmes de disponibilités en produits agricoles.  La production de céréales au Burkina Faso, comme dans le reste des pays sahéliens est soumise aux aléas climatiques. Les périmètres irrigués concernent essentiellement le riz et dans une moindre mesure le maïs, mais la part de ces produits dans la production nationale reste très faible. A cause des aléas climatiques, la production connaît de fortes variations nationales et régionales. Celles-ci se répercutent sur le niveau et la dispersion des prix. Les variations de stock, la succession de bonnes ou de mauvaises années, la dimension désormais régionale du marché se conjuguent pour qu’il n’y ait pas de corrélation mécanique entre le niveau moyen de production et celui des prix une année donnée, à fortiori dans une localité donnée.  Chaque campagne est un cas particulier où il est difficile d’anticiper sur les résultats. La distinction classique entre zone excédentaire et zone déficitaire est pertinente pour certaines zones seulement ; il y a des sous zones qui le sont structurellement, pourrait-on le dire. Mais pour la majorité des situations, il y a alternance entre situation d’équilibre, de déficit, comme d’excédent.  
 
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La traduction des estimations de récolte en prévision d’évolution des prix est particulièrement aléatoire. Elle demande le traitement de multiples informations commerciales. En effet, la majeure partie des céréales locales est auto consommée et la part des récoltes mises sur le marché est très faible, on l’estime à 15 % pour les céréales traditionnelles. Des variations de production minimes en pourcentage se traduisent donc par des écarts importants sur les volumes commercialisés.  Chaque petite région est un marché à part. Les prix et leur évolution ne suivent pas forcément ceux des grands marchés urbains. Ils ne dépendent pas seulement de l’offre et de la demande locale. Le déplacement mal prévisible des circuits commerciaux interrégionaux ou internationaux peuvent en modifier l’équilibre d’une année, voire d’un mois sur l’autre. Les difficultés de circulation des marchandises, mais aussi dans une moindre mesure de l’information, accentuent les écarts de prix entre des localités pourtant proches.  De nombreux intermédiaires interviennent au sein de la filière céréale. La commercialisation est organisée autour d’un réseau allant des collecteurs primaires aux détaillants (pour la vente), au centre se trouvant les grossistes organisant une cohérence autour d’eux. Ils disposent d’une capacité de stockage importante ainsi de logistique de transport.  Il est reproché aux commerçants d’engranger des bénéfices forts élevés, d’acheter à des prix dérisoires et de revendre à des prix exorbitants. Cette thèse est toutefois controversée. Des enquêtes indiquent que leur force tiendrait plutôt à la faiblesse de leurs coûts, à la rotation des stocks, ainsi qu’à la flexibilité du travail. Les O.P. qui ont fait l’expérience de la commercialisation, même en pratiquant des prix du marché ont fait l’amère expérience de la rudesse de ce secteur.  Les politiques de libéralisation des filières céréalières ont mis fin aux monopoles d’Etat, connues pour leur inefficacité et leurs interventions inadaptées. Le bilan à mi chemin de ces politiques n’a pu être effectué par la présente. Elle doit être effectuée, afin d’en situer les acquis mais aussi les limites actuelles.  Des études approfondies ont déjà été conduites sur le secteur céréalier, elles n’ont pas pu être entièrement exploitées dans le cadre de cette étude. On peut penser que partout où les moyens d’accès sont relativement aisés, la concurrence entre commerçants est effective et les prix plus raisonnables que là où ce n’est pas le cas. Dans le même sens, dans les zones dites déficitaires, l’activité de distribution dans les toutes petites localités peut s’avérer non rentable pour certains détaillants. Ceux qui le font auraient tendance à pratiquer par conséquent des prix élevés, résultat d’une situation de monopole.  Les commerçants ont réussi à effectuer de manière globalement satisfaisante les transactions de céréales entre régions. Toutefois, les imperfections s’expliquent par certaines raisons dont quelques unes sont évoquées ci-dessus. C’est précisément du rôle des ONG d’appui au secteur et des O.P. de s’organiser pour y pallier.  L’amélioration des circuits de transports, des moyens de diffusion de l’information et de la communication tendent à créer des conditions de disparition des monopoles de collecteurs et de distributeurs. C’est en faisant une analyse approfondie de cela qu’Afrique Verte pourra mieux affiner sa stratégie.  A cause des caractéristiques et des difficultés du secteur de la commercialisation des céréales, les structures gérées par les commerçants sont les mieux habilitées pour le faire. Les O.P. gagneraient à se positionner pour mieux négocier les termes des transactions et pallier le cas échéant aux commerçants pour les zones où leur présence est nulle ou insignifiante.  Afrique verte et la nouvelle organisation qui va émerger au Burkina Faso est tenue de partager les leçons de l’impact des politiques de libéralisation, de la mise en place et du fonctionnement de la SONAGESS (Société Nationale de Gestion des Stocks de Sécurité) afin de situer clairement et avec pertinence les enjeux actuels et sa place dans l’environnement actuel.  
 
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La sécurité alimentaire des paysans dans les zones d’intervention d’Afrique Verte doit être comprise, non pas comme la capacité à assurer sa subsistance, tant à l’échelle de l’économie familiale que sur le plan national et régional. Dans cette perspective, cela ne concerne pas exclusivement les céréales. De plus en plus de nouvelles productions agricoles (issues de l’agriculture sèche également) sont mises sur le marché et suivent des circuits de commercialisation ayant des similitudes avec ceux des céréales. Les volumes commercialisées tendent à rattraper voire à dépasser (dans certaines zones) les céréales traditionnelles. Ces produits ont pour nom : sésame, niébé, haricot, arachide de bouche. Les revenus qui en sont tirés tendent à prendre une place croissante dans le budget des ménages, particulièrement des femmes. Si quelques ONG interviennent timidement dans l’appui à la transformation, ne n’est que très imparfaitement encore le cas pour la commercialisation. Cette évolution des systèmes de production et des besoins des producteurs invite Afrique Verte à interroger son positionnement dans le domaine de l’appui aux O.P. et à la commercialisation. Faut-il l’étendre à d’autres filières agricoles, à quelles conditions ? Dispose-t-on véritablement d’une expertise et d’un avantage comparatif ?  1.2. Enjeux et politique nationale et régionale pour la sécurité alimentaire  Les principaux enjeux et défis :  - Répondre aux besoins d’une population en forte croissance et de plus en plus urbaine ; - Asseoir la croissance des revenus ruraux sur une stratégie de croissance rapide du secteur agricole ; - Affronter la diversité des crises alimentaires ; - Intégrer la gestion de la sécurité alimentaire dans les processus de décentralisation et de reforme de l’Etat ; - Intégrer la gestion de la sécurité alimentaire dans une stratégie de lutte contre la pauvreté et de réduction des inégalités ; - Renforcer la coopération et l’intégration régionales ; - Disposer d’une information fiable et adaptée.  1.3. La stratégie opérationnelle régionale 2003-2015 : finalité et objectifs  Conformément aux priorités définies par les sociétés sahéliennes au cours du processus Sahel 21, et aux orientations du cadre stratégique de sécurité alimentaire, la finalité de la Stratégie et du Programme est dealimentaire régionale durable, et de réduire«créer les conditions d’une sécurité structurellement la pauvreté et les inégalités dans le Sahel».  Dans ce cadre global ainsi défini, l’objectif général poursuivi est d’«assurer l’accès de toutes les Sahéliennes et de tous les Sahéliens, à tout moment, aux aliments nécessaires pour mener une vie saine et active à l’horizon 2015».  Cet objectif général recouvre les dimensions correspondant aux déterminants de la sécurité alimentaire, à savoir :  - La disponibilité d’aliments de bonne qualité sanitaire et nutritionnelle ; - Leur accessibilité pour les populations, y compris pour les plus vulnérables ; - La stabilité des approvisionnements dans l'espace et dans le temps ; - L'utilisation optimale des aliments par les individus.  Les objectifs spécifiques se présentent comme suit :  - La promotion d’une agriculture plus productive, plus diversifiée, durable et régionalement mieux intégrée est assurée (Objectif spécifique n° 1)  - Les marchés nationaux sont plus développés, plus fluides et mieux intégrés au niveau de la sous-région (Objectif spécifique n° 2)  
 
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- Les conditions d’accès des groupes et zones vulnérables à l’alimentation et aux services sociaux de base sont durablement améliorées (Objectif spécifique n° 3)  - Les dispositifs de prévention et de gestion des crises conjoncturelles sont durablement améliorés, en cohérence avec la construction de la S.A. (Objectif spécifique n° 4)  - Les capacités des acteurs sont renforcées et la promotion d’une bonne gouvernance de la sécurité alimentaire assurée (Objectif spécifique n° 5)  Le Cadre stratégique de sécurité alimentaire durable dans une perspective de lutte contre la pauvreté au Sahel constitue une approche novatrice de la coopération régionale, de la réforme des politiques publiques et de la coordination des dynamiques et stratégies dacteurs au service dun objectif central pour la communauté sahélienne et la communauté internationale : la réalisation de la sécurité alimentaire individuelle et collective, considérées comme un bien public. Multidimensionnel et multi-acteurs, le cadre stratégique de sécurité alimentaire. Le dispositif de mise en œuvre retenu s’appuie sur les principes qui ont été adoptés et sont développés dans le cadre stratégique :  - Le principe de complémentarité et de subsidiarité ; - Le principe de participation effective de l’ensemble des acteurs ; - Le principe de responsabilité collective ; - Le principe de transparence et l’obligation de rendre compte ; - Le principe de négociation permanente entre les acteurs.   1.4. Etat des lieux des O.P. et ONG. impliqués dans les questions de sécurité alimentaire  Les ONG travaillant dans le domaine de la sécurité alimentaire sont diverses et nombreuses. Nous en présenterons seulement quelques unes dans le cadre de cette étude.   1.4.1. Centre Ecologique Albert Schweitzer (C.E.A.S)  Le CEAS est un organisme non gouvernemental qui mène depuis 1985, à travers sa représentation au Burkina Faso, des actions pertinentes dans le domaine des technologies appropriées et reproductibles.  Ces actions qui tiennent compte des conditions physiques, économiques et culturelles du milieu, ont contribué de manière significative à la lutte contre la désertification par l’utilisation des énergies renouvelables et la restauration du couvert végétal. Elles ont également contribué à l’amélioration de la situation socio-économique des partenaires du CEAS que sont les paysans, les artisans et les PME.  Il sera présenté plus largement dans le chapitre sur l’autonomisation. Son champ d’activité concerne la transformation des produits agricoles et la recherche de débouchés commerciaux rémunérateurs.  1.4.2. Enterprise Works  Enterprise Works est une ONG dont l’objectif est l’augmentation des revenus, par le développement des technologies et services de petites entreprises privées et par la mise en relation des acteurs économiques. Enterprise Works mène des activités dans deux domaines : la mise au point et la diffusion de technologies appropriables par les artisans locaux et la valorisation des produits agricoles.  ‰La mise au point et la diffusion de technologies :avec l’aide d’ingénieurs locaux, enterprise Works met au point des technologies dans le domaine du génie rural : pompes pour l’irrigation, technologie de transformation des produits agricoles, etc. Une fois la technologie mise au point enterprise Works forme des artisans locaux à sa fabrication et à la commercialisation du produit.  9
Ensuite les artisans sont mis en contact avec des clients potentiels. Ainsi des relations commerciales se créent. L’artisan peut proposer son produit et négocier les prix.  ‰ : valorisation des produits agricoles La à ce niveau, Works intervient surtout pour le développement de relations commerciales entre producteurs et acheteurs. Ainsi dans le domaine de la valorisation de la culture du sésame dans la province de la Komandjari, enterprise Works fournit un appui pour le renforcement des capacités de négociation des producteurs et à l’intéressement des acheteurs : information sur les prix, amélioration de la qualité de la production, organisation de rencontres producteurs-acheteurs pour le développement de relations commerciales.  1.4.3. Initiative Communautaire pour le Développement (ICODEV)  Initiative Communautaire pour le Développement (ICODEV) regroupe dix (10) groupements d’éleveurs et des comités de gestion de formations sanitaires. Les domaines d’intervention de l’ICODEV sont :  - à la production (embouche) et à commercialisation du bétail ; L’appui - au renforcement des soins de santé primaire par l’encadrement des comités de L’appui gestion des formations sanitaires et la mise en place des mutuelles de santé.  L’ICODEV appui ses membres à la commercialisation du bétail par l’organisation, chaque année de la journée de l’éleveur. Il s’agit de l’organisation d’une rencontre entre éleveurs et commerçants de bétail dans le but de développer des relations commerciales. L’objectif final étant de favoriser la commercialisation des animaux des zones d’intervention de l’ICODEV et partant d’augmenter les revenus des éleveurs.  L’ICODEV forme également ses membres aux techniques d’embouche afin que ceux-ci puissent proposer des animaux de qualité au marché.  Initiative Communautaire pour le Développement intervient surtout dans la province de la Gnagna, dans la région Est.  1.4.4. Association pour la Recherche et la Formation en Agroécologie (ARFA)  L’ARFA a vu le jour en 1996 et a démarré ses activités en 1997. En 2002, l’association a obtenu le statut d’organisation de développement d’envergure nationale. L’ARFA intervient dans la production et la commercialisation des produits bio. Elle forme et encadre les agriculteurs pour la production de sésame bio, selon les normes internationales. Elle fait les démarches auprès d’organismes agréés pour la certification des produits.  Les produits sont ensuite exportés vers des pays européens. ARFA est en relation avec un réseau d’exportateurs de sésame qui achète la production des agriculteurs encadrés par l’association. ARFA dispose d’une cellule de commercialisation des produits agricole. Outre le sésame, cette cellule appui les producteurs pour la commercialisation de l’arachide et du niébé.  La zone d’intervention de ARFA s’étend sur trois (3) provinces dans la région de l’Est, à savoir : la Gnagna, le Gourma, la Komondjari et la Kompienga.  Il y a en outre un nombre important d’ONG et d’associations intervenant dans l’appui à la constitution de banques de céréales et à leur gestion.  Les O.P. intervenant dans le domaine de la sécurité alimentaire sont nombreuses également. On peut citer :  - (Union des Groupements villageois du Mouhoun) ; L’UGVBM - CRUS (Coordination Régionale des Unions du Sahel) ; Le
 
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- Tua dans la région est ; Tin - La FUGN (Fédération des Unions et Groupements Naam) au nord.  L’UGVBM commercialise actuellement le maïs, le sorgho, le mil, le haricot, le niébé, le bissap (en Europe notamment).  D’autres organisations, n’ayant pas forcément la même visibilité ou la même taille interviennent dans le domaine de la sécurité alimentaire.  Sur le plan national, il existe des Fédérations qui ont pour objectifs la défense des intérêts des producteurs et dont la préoccupation concerne notamment la sécurité alimentaire et le lobbying auprès des pouvoirs publics. On peut citer à ce titre :  -La FENOP (Fédération Nationale des Organisations paysannes)  - La FEPA-B (Fédération Nationale des Professionnels Agricoles du Burkina) - (Union Nationale des Jeunes Producteurs Agricoles du Burkina ) l’UNJPA-B  Le CCOF, cadre de concertation des OP n’a pu fonctionner de manière effective. Récemment, suite à une exigence de l’Etat, il vient d’être crée la Confédération des Organisations Paysannes du Burkina faso, dont la vocation est d’être le porte parole de l’ensemble des Fédérations existantes et le porte parole auprès des pouvoirs publics.    1.4.5. Afrique Verte  L’évaluation conduite par le GRET décrit et analyse largement la place de Afrique Verte dans l’environnement institutionnel et ses relations avec les autres acteurs (publics et privés). Ce travail ne sera pas repris ici ; nous insistons seulement sur des points qui constituent la force et l’identité particulière de Afrique Verte.  1.5. Rôles et spécificités d Afrique Verte dans le contexte actuel   L’Association Afrique Verte est composée de cinq membres, toutes des O.N.G françaises : Terre des Hommes, Frères des Hommes, Peuples Solidaires, le Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement, l’Association Française des Volontaires du Progrès. Les objectifs généraux poursuivis sont : la mise en œuvre au Sahel d’un Programme de sécurité alimentaire, basé sur l’appui aux organisations paysannes dans la commercialisation des céréales produites localement, l’éducation au développement , la sensibilisation du public et des médias, le dialogue avec les décideurs pour l’amélioration des pratiques de développement.  D’un point de vue opérationnel, deux objectifs spécifiques sont à souligner : la contribution à la « structuration d’organisations paysannes actives sur le marché des céréales, l’amélioration des conditions de l’activité commerciale de ces organisations et la facilitation de cette activité.  Au Burkina Faso, Afrique Verte a eu pour ambition de susciter l’émergence d’organisations paysannes devant fonctionner comme des coopératives de commercialisation. Les unes sont situées en zone excédentaires, les autres en zones déficitaires.  Pour Afrique Verte, la notion de sécurité alimentaire s’apparente à celle de l’autonomie alimentaire fondé donc sur les céréales vivrières en zone excédentaire et sur la capacité d’acheminement & approvisionnement en céréales pour les zones dites déficitaires. La stratégie repose de ce fait sur l’idée selon laquelle il est possible pour les OP de chacune de ces zones de développer une activité commerciale directe dans le secteur de la filière céréalière.   
 
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