Etude 2002-2 sur imagerie
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Le Centre français sur les Etats-Unis (CFE) Troisième Conférence Annuelle du CFE Paris, 12-13 décembre 2002 Cinquième table ronde : Les Ėtats-Unis : partenaire, hégémon, empire ? www.cfe-ifri.org institut français des relations internationaleParticipants: Christopher CALDWELL, Weekly Standard Charles A. KUPCHAN, Council on Foreign Relations Walter Russell MEAD, Président: François BUJON DE L’ESTANG, Ambassadeur de France Actuellement, les relations transatlantiques sont loin d’être au beau fixe. Dans son article, R. Kagan s’est interrogé sur les raisons de cette divergence grandissante entre les Etats-Unis et l’Europe. A première vue, ses conclusions semblent s’imposer comme une évidence : l’Europe est beaucoup trop faible, en tant qu’acteur international, pour être réellement prise au sérieux par les Etats-Unis. Non seulement les divergences entre les Etats-membres de l’Union Européenne s’affichent au grand jour – comme par exemple entre la France et l’Allemagne sur la crise Yougoslave –, mais les Etats-Unis se rendent compte du poids que constitue pour eux l’engagement en Europe. Il est de plus en plus évident que l’Europe n’est plus une priorité stratégique pour les Etats-Unis. Cette évolution reflète d’abord la baisse de la part européenne en termes de population et de PNB à l'échelle mondiale, mais aussi l’absence de rôle stratégique de l’Europe. Dorénavant, les ...

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Extrait

Le Centre français sur les Etats-Unis
(CFE)
Troisième Conférence Annuelle du CFE
Paris, 12-13 décembre 2002
Cinquième table ronde :
Les Ėtats-Unis : partenaire, hégémon, empire ?
www.cfe-ifri.org
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n
ç
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d
e
s
r
e
l
a
t
i
o
n
s
internationale
Participants:
Christopher CALDWELL,
Weekly Standard
Charles A. KUPCHAN,
Council on Foreign Relations
Walter Russell MEAD,
Council on Foreign Relations
Président:
François BUJON DE L’ESTANG,
Ambassadeur de France
Actuellement, les relations transatlantiques sont loin d’être au beau fixe. Dans son
article, R. Kagan s’est interrogé sur les raisons de cette divergence grandissante entre les
Etats-Unis et l’Europe. A première vue, ses conclusions semblent s’imposer comme une
évidence : l’Europe est beaucoup trop faible, en tant qu’acteur international, pour être
réellement prise au sérieux par les Etats-Unis. Non seulement les divergences entre les Etats-
membres de l’Union Européenne s’affichent au grand jour – comme par exemple entre la
France et l’Allemagne sur la crise Yougoslave –, mais les Etats-Unis se rendent compte du
poids que constitue pour eux l’engagement en Europe. Il est de plus en plus évident que
l’Europe n’est plus une priorité stratégique pour les Etats-Unis. Cette évolution reflète
d’abord la baisse de la part européenne en termes de population et de PNB à l'échelle
mondiale, mais aussi l’absence de rôle stratégique de l’Europe. Dorénavant, les Etats-Unis
vont prioritairement se concentrer sur l’Asie et l’Amérique du Sud. Leur politique
européenne, elle, se caractérise par un certain flottement. L’OTAN est en crise: jusqu’où doit
aller son élargissement ? Quel est son avenir ? Et que dire de sa zone d’intervention ? Le seul
élément clair est la promotion de la Russie en allié objectif des Etats-Unis dans la lutte contre
le terrorisme. Quant à l’UE, les Etats-Unis la considèrent d’abord comme une zone
commerciale, ce qui explique qu’ils poussent pour l’intégration de la Turquie, sans se soucier
des effets politiques pour les Européens. Ils le font d’autant plus facilement que les
répercussions potentielles de ces pressions sont sans conséquences pour les Etats-Unis : que
pourrait répondre l’Europe ?
Mais les divergences ne sont pas forcément le seul résultat d’une faiblesse
européenne. Au contraire. On peut également rendre compte du fossé Europe/Etats-Unis en
prenant le contre-pied de Kagan : les prises de position américaines résulteraient
essentiellement de la force de l’Europe et de ses réactions face à l’extension impériale des
Etats-Unis. L’Europe serait en train de se transformer en pôle de pouvoir mondial. Il y aurait
un renversement de tendances historiques remontant aux années trente : depuis cette période,
les Etats-Unis exerçaient des pressions sur les pays européens; la période immédiatement
contemporaine témoignerait précisement de l’inverse. Dans ces conditions, les Etats-Unis
s’intéressent de moins en moins à la protection de l’Europe. Et dès lors, on peut très bien
imaginer que l’OTAN se rapproche de l’Union Européenne pour assurer la sécurité régionale.
A l’inverse, les Etats-Unis, eux, s’occuperaient du reste du monde !
Quelque soit l’origine de ces mutations profondes, elles se traduisent concrètement par
des divergences ponctuelles, mais sérieuses : le traité ABM, les négociations commmerciales,
l’environnement, et, bien sûr, la crise en Irak. Sur toutes ces questions, le multilatéralisme
s’est érodé. Et ce d’autant plus facilement que le terrorisme a favorisé le développement du
sentiment isolationniste et de l’unilatéralisme, à la différence de ce que pouvait susciter la
lutte contre l’ennemi commun soviétique. L’ensemble de ces changements n’est pas
uniquement imputable à la politique étrangère. La scène politique intérieure des Etats-Unis
fournit également d’autres clés : force des néoconservateurs au sein du Parti républicain,
poids électoral du Sud et de l’Ouest, l’importance de l’électorat hispanique (dont le rôle est
déterminant en Californie et au Texas, deux Etats représentant 86 délégués du collège
électoral, soit 1/3 de l’ensemble) qui est surtout préoccupé par les rapports des Etats-Unis et
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de l’Amérique du Sud; enfin, il faut sans doute mentionner aussi un certain fossé
générationnel (les jeunes Américains ayant moins conscience des liens historiques avec
l’Europe). Il semble donc que les raisons internes rendent compte, au moins partiellement, de
l’éloignement des Etats-Unis et de l’Europe.
Dans leur recherche d’un ordre capitaliste international qui leur soit favorable, les
Etats-Unis, seule puissance mondiale, se heurtent de plus en plus à des puissances régionales
émergentes. Ainsi de l’Europe, mais aussi, par exemple, de la Chine. Les Etats-Unis, selon les
termes du Colonel House, conseiller diplomatique de W. Wilson, seraient un “gyroscope” au
sein d’un monde multipolaire, un peu comme la Grande-Bretagne au XIXème siècle. Dans
ces conditions, les Etats-Unis se doivent de maintenir un équilibre international, mais, au vu
de leur pratique unilatérale, il y a un risque de remise en cause de leur légitimité
internationale.
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