Etopia Etude 2007 Autonomie Lechat
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ECOLOGIE-AUTONOMIE FRAGMENTS DE L’HISTOIRE EN COURS Benoît Lechat, chargé d’études à étopia Etude n°2 - Décembre 2007 www.etopia.be 222222 Page 2 sur 18 0 Table des matières 1 Introduction 2 La modernité comme sortie de l’hétéronomie 3 De l’émancipation à l’individualisation 4 1968-1973 : la galaxie des autos 5 1968-1973 : une science qui change le regard 6 « Convivialité ou technofascisme » 7 L’autonomie politique et le fédéralisme intégral 8 La crise culturelle de la société industrielle 9 Adieux au prolétariat 10 Quand l’émancipation ne passe plus par le travail 11 Elargir la sphère autonome 12 L’Etat garant de l’autonomie 13 Sphère autonome et décroissance 14 Le projet du progrès choisi 15 L’ère de la participation et de la solidarité au cube 16 Combiner justice et émancipation 17 Le défi de la régulation 18 Les biens publics comme moyens pour l’autonomie 19 Les critères de la transformation 20 L’autonomie, alternative au chacun pour soi 21 La démocratie comme promotion de l’autonomie à tous les niveaux 22 Autonomie et modernisation réflexive 333333 Page 3 sur 18 1Introduction La montée de la menace climatique, la croissance inéluctable des prix des énergies fossiles et les crises économiques et sociales qui risquent d’en découler peuvent nous faire redouter que la décroissance de l’empreinte écologique se fasse de manière violente, voire autoritaire. Or l’autoritarisme n’est pas la ...

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ECOLOGIE-AUTONOMIE
FRAGMENTS DE L’HISTOIRE
EN COURS



Benoît Lechat, chargé d’études à étopia
Etude n°2 - Décembre 2007



www.etopia.be

222222 Page 2 sur 18
0 Table des matières
1 Introduction
2 La modernité comme sortie de l’hétéronomie
3 De l’émancipation à l’individualisation
4 1968-1973 : la galaxie des autos
5 1968-1973 : une science qui change le regard
6 « Convivialité ou technofascisme »
7 L’autonomie politique et le fédéralisme intégral
8 La crise culturelle de la société industrielle
9 Adieux au prolétariat
10 Quand l’émancipation ne passe plus par le travail
11 Elargir la sphère autonome
12 L’Etat garant de l’autonomie
13 Sphère autonome et décroissance
14 Le projet du progrès choisi
15 L’ère de la participation et de la solidarité au cube
16 Combiner justice et émancipation
17 Le défi de la régulation
18 Les biens publics comme moyens pour l’autonomie
19 Les critères de la transformation
20 L’autonomie, alternative au chacun pour soi
21 La démocratie comme promotion de l’autonomie à tous les
niveaux
22 Autonomie et modernisation réflexive 333333 Page 3 sur 18
1Introduction
La montée de la menace climatique, la croissance inéluctable des prix des énergies fossiles et les
crises économiques et sociales qui risquent d’en découler peuvent nous faire redouter que la
décroissance de l’empreinte écologique se fasse de manière violente, voire autoritaire. Or
l’autoritarisme n’est pas la solution des grands déséquilibres écologiques, c’est même le
contraire d’une solution. Rendre à la société la maîtrise de son destin collectif, n’implique pas
de le confier à un quelconque pouvoir centralisé mais d’encourager le renforcement de
l’autonomie des individus et des groupes humains, au sens d’un accroissement de la
démocratie et de la participation du plus grand nombre à tous les aspects de la vie commune,
qu’elle soit politique ou économique. Depuis ses origines, au tournant du dernier quart du
XXème siècle, le courant écologiste a trouvé dans l’idée d’autonomie, une ressource de
changement politique qui n’est pas prête de s’épuiser.
Autonomie, sphère autonome, autogestion : pourquoi revenir sur ces thèmes dans une réflexion
écologiste en 2007 ? Ne s’agit-il pas d’un attirail ringard pour ex-soixante-huitards nostalgiques
de la vie en communauté, des « pulls qui grattent » et du lait de chèvre ? Le contexte dans
lequel se meut l’écologie politique n’a-t-il pas entretemps radicalement changé ? La prise de
conscience de l’urgence écologique n’a-t-elle pas pénétré jusqu’au cœur de l’économie
capitaliste ? L’essentiel aujourd’hui n’est-il pas de permettre à tout le monde d’accéder à un
pouvoir d’achat permettant une « consommation responsable », c’est-à-dire d’universaliser le
droit de rouler en voiture hybride, d’acheter des quotas de carbone pour voler l’âme en paix
vers les Seychelles, d’habiter en maison passive et de manger du bio ? Ne voulons-nous pas
tous avoir le droit de bosser autant qu’on veut pour accéder à cette nouvelle démocratisation
du luxe vert ? Travailler plus pour gagner plus pour pouvoir consommer durable ? Pourquoi
s’accrocher à l’approfondissement du processus démocratique ? Quel sens cela peut-il encore
avoir aujourd’hui de vouloir défendre l’engagement collectif dans des activités non
marchandes ? Pourquoi juger indispensable un renforcement de la démocratie économique ?
2
Déjà en 1990, Philippe Van Parijs n’annonçait-il pas déjà que tôt ou tard tout le monde se
mettrait à adopter un comportement respectueux de l’environnement, privant du même coup
les partis écologistes de ce qui serait – erronément - leur principale raison d’être ? Leur mission
historique devait bien plutôt consister dans la promotion de l’autonomie et plus
particulièrement de la sphère autonome, que le philosophe bruxellois définissait plus ou moins
clairement comme l’ensemble des activités gratuites effectuées en dehors du marché et de l’Etat,
de manière individuelle ou collective.
Qu’en est-il aujourd’hui ? La « prédiction » de 1990 ne s’est qu’à moitié vérifiée. Certes, la
défense de l’environnement est devenue un impératif largement accepté. Tout le monde est
aujourd’hui obligé de se mettre à l’heure d’une justice intergénérationnelle (entre les
générations). La conscience que la survie collective de l’humanité est en jeu s’est radicalement
agrandie. Au regard de l’histoire récente, c’est un progrès indéniable. Mais tout le monde ne
bouge pas à la même vitesse. L’économie mondiale est comme un gigantesque paquebot lancé
dans le brouillard. Elle est extrêmement difficile à manœuvrer parce que nous restons tous plus
ou moins schizophrène.
Prenons un exemple : la chancelière Angela Merkel a beau vouloir que l’Allemagne soit le bon
élève de la classe écologique en défendant des objectifs très ambitieux de réduction des
émissions de gaz à effet (moins 40 pc à l’horizon 2020, par rapport à 1990), elle bataille ferme
contre les intentions de la Commission européenne de plafonner les émissions individuelles des
voitures, parce que l’industrie automobile allemande produit essentiellement des véhicules de
grosse cylindrée très polluants. Et les exemples pourraient être multipliés. Le meilleur remède

1 Ce texte est une version élargie et légèrement modifiée d’un article paru dans le numéro 3 de la Revue
Etopia, décembre 2007, Editions Namuroises, pp. 63-84.
2 Philippe VAN PARIJS, Impasses et promesses de l’écologie politique, initialement publié dans La Revue
Nouvelle, février 1990 et republié dans le numéro 3 de la Revue Etopia. 444444 Page 4 sur 18
contre cette écologie « Canada Dry » reste encore de renforcer les partis politiques écologistes.
Parce qu’ils sont structurellement plus indépendants des lobbies de la société industrielle.
Exemple : les grandes réformes qui ont permis le boom des énergies renouvelables en RFA (et
les 225.000 emplois que compte le secteur) ont les doit au passage des Verts au gouvernement
allemand qui, entre 1998 et 2005, ont dû batailler ferme pour imposer l’éco-fiscalité, la loi sur les
énergies renouvelables et la sortie du nucléaire.
La modernisation écologique, l’internalisation des externalités négatives, la réorientation des
marchés selon des critères environnementaux, les verts sont les mieux équipés idéologiquement
et historiquement pour les réaliser. La thèse qui est ici soutenue, c’est qu’ils disposent d’une
tradition et de valeurs politiques qui les rendent particulièrement indépendants des pressions
de l’industrie traditionnelle. Autrement dit, leur capacité réformiste s’ancre dans leur critique
de la société industrielle, dans sa version capitaliste comme dans sa version communiste. Or
cette critique a été menée historiquement au nom de l’idéal d’autonomie et d’une volonté
d’émancipation qui prolonge le mouvement entamé par la modernité démocratique vers la
seconde moitié du XVIIIème siècle. Dès lors s’ils veulent rester « performants » sur le plan
politique, les Verts ne doivent pas cesser de dialoguer de manière critique avec la jeune
tradition dans laquelle ils s’inscrivent. Nous fêtons en 2008 les 40 ans de Mai’ 68. Il n’est plus
temps de céder au terrorisme intellectuel de ceux qui veulent nous interdire de voir les progrès
que ce mouvement nous a apportés.

2 La modernité comme sortie de l’hétéronomie
Avant de revenir sur la signification politique que peut encore receler aujourd’hui le
développement de la sphère autonome, il peut être utile de revenir sur le contexte historique
dans lequel elle apparaît. L’idée d’autonomie occupe en l’occurrence une place de choix dans la
pensée démocratique moderne, telle qu’elle émerge au XVIIIème siècle, à l’époque des
Lumières. Elle n’est pas alors pensée comme un secteur de l’activité humaine indépendant de
l’emprise de l’Etat et du commerce, comme le formalise Philippe Van Parijs en 1990, mais bien
comme le mouvement même par lequel l’homme est invité à se détacher de ses déterminations
extérieures, qu’il s’agiss

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