Estimation des tendances de l’engagement dans les associations  volontaires au cours des dernières
28 pages
Français

Estimation des tendances de l’engagement dans les associations volontaires au cours des dernières

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
28 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Article« Estimation des tendances de l’engagement dans les associations volontaires au cours desdernières décennies au Québec et au Canada anglais » James Curtis, Douglas Baer, Edward Grabb et Thomas PerksSociologie et sociétés, vol. 35, n° 1, 2003, p. 115-141. Pour citer cet article, utiliser l'adresse suivante :http://id.erudit.org/iderudit/008513arNote : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir.Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politiqued'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI http://www.erudit.org/apropos/utilisation.htmlÉrudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec àMontréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documentsscientifiques depuis 1998.Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : erudit@umontreal.ca Document téléchargé le 21 September 2011 05:11Socsoc_v35n01.qxd 12/03/04 14:41 Page 115Estimation des tendances de l’engagement dans les associations volontaires aucours des dernières décennies au1Québec et au Canada anglaisjames curtis douglas baerDepartment of Sociology Department of SociologyUniversity of Waterloo University of Victoria200 University Avenue West ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 114
Langue Français

Extrait

Article
« Estimation des tendances de l’engagement dans les associations volontaires au cours des dernières décennies au Québec et au Canada anglais »  James Curtis, Douglas Baer, Edward Grabb et Thomas Perks Sociologie et sociétés, vol. 35, n° 1, 2003, p. 115-141.    Pour citer cet article, utiliser l'adresse suivante : http://id.erudit.org/iderudit/008513ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir.
Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URIhttp://www.erudit.org/apropos/utilisation.html
Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit :erudit@umontreal.ca 
Document téléchargé le 21 September 2011 05:11
oScsoc_v35n01.qxd  12/03/04  14:41  Page 115
Estimation des tendances de l’engagement danslesassociationsvolontairesau coursdesdernièresdécenniesau Québec et au Canada anglais1
james curtis Department of Sociology University of Waterloo 200 University Avenue West Waterloo (Ontario) Canada N2L 3G1 Courriel : curtis@healthy.uwaterloo.ca edward grabb Department of Sociology University of Western Ontario London (Ontario) Canada N6A 5C2 Courriel : grabb@uwo.ca Traduction : Suzanne Mineau
douglas baer Department of Sociology University of Victoria Victoria (British Columbia) Canada V8W 2Y2 Courriel : baer@uvic.ca thomas perks Department of Sociology University of Waterloo 200 University Avenue West Waterloo (Ontario) Canada N2L 3G1 Courriel : taperks@uwaterloo.ca
la question à l’étude DaCnurstidse,sBaaenraeltysGersécr,bbae2n0te0s1euqértnomédtno)ntaoisenuqtêdenéesdonnlesaB(C,retarosruecosablleersetGrabb,urtisetBa,2a0l0e1s; provenant d’échantillons transversaux de Canadiens interrogés au début des années 1980et des années1990ainsi que des données similaires pour les mêmes périodes pro-venant d’autres pays démocratiquesne confirment pasla thèse de Robert Putnam (2000) selon laquelle il y a une baisse de l’eng agement dans les associations volontaires aux États-Unis et dans des pays comparables depuis quelques décennies.
1. notre principale source de données sous la fourniNous remercions Statistique Canada qui nous a forme d’un fichier à grande diffusion, l’Inter-University Consortium for Political and Social Research de l’University of Michigan dont les World Values Surveys ont constitué nos sources de données complémen-taires, ainsi que le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada qui a financé notre étude. Nous remercions également Terry Stewart qui nous a apporté une aide précieuse pour les analyses.
115
Socsoc_v35n01.qxd  12/03/04  14:41  Page 116
116 • vo c i é t é s  s x x v . x o l .s o c i o l o g i e e t1
Il existe peu de sources de séries chronologiques sur l’engagement dans les asso-ciations volontaires au Québec et au Canada anglais en dehors de celles qu’ont analy-sées Baer et ses collaborateurs, et il n’existe pas de données comparables pour de longues périodes. De plus, comme les données utilisées par Baer et ses collaborateurs ne réfè-rent qu’à deux moments dans le temps, il est difficile d’en tirer des conclusions exactes sur les tendances dans ce domaine. D’autant pl us que les deux moments analysés ne se situent pas pendant la plus grande période de déclin de l’engagement dans les asso-ciations volontaires en Amérique du Nord identifiée par Putnam. Ce dernier ne présente aucune donnée provenant directement du Québec et du Canada anglais et se concentre exclusivement sur les États-Unis. Selon lui, c’est entre le début des années1970et le milieu des années1980lieu le plus fort déclin de l’engagement dans les asso-qu’a eu ciations volontaires aux États-Unis, même s’il croit que certaines baisses se sont pour-suivies (2000, chap.3obtenus par Baer et ses collaborateurs s’appliquent). Les résultats à une période postérieure à ce que Putnam considère comme le « désengagement social » d’une forte majorité de citoyens. C’est pour ces raisons qu’il importe d’obtenir des données sur une période de réfé-rence plus longue afin de tester à nouveau la thèse de Putnam, tant au Québec qu’au Canada anglais. la thèse du déclin de l’engagement dans les associations volontaires L’idée de Putnam voulant qu’il y ait eu une baisse des interactions étroites entre des per-sonnes d’une même communauté n’est pas nouvelle. En fait, elle a été énoncée nombre de fois au cours du siècle dernier (par exemple, Sennett,1976; Simmel, [1903]1950; Stein,1960; Toennies, [1887]1940; Wirth,1938). Parallèlement, à chaque période ayant donné lieu à cette affirmation, on a vu s urgir une autre école de pensée qui soutenait que les interactions sociales dans les communautés n’avaient pas réellement décliné, mais qu’elles avaientchangé de formegroupe de chercheurs en venait à la. Cet autre conclusion qu’au fil des ans, un pourcentage moindre d’activités communautaires se déroulait dans lesgroupes primairesdes familles et des quartiers, mais que leur nombre s’accroissait nettement dans lesgroupes secondairesqui englobent les associations volon-taires (voir par exemple, Durkheim, [1893]1967; Riesman, Glaser et Denny,1950; Smith, 1975; Tocqueville, [1835]1961L’idée qui est plutôt nouvelle dans le raisonnement de). Putman (1995a,1995b,1996,2000), c’est qu’aux États-Unis, les activités dans un groupe secondaire important, soit les associations volo ntaires formelles, ont également beau-coup diminué. Putnam soutient que cette baisse est reliée au déclin général des formes du « capital social » qu’il associe aux « réseaux, normes et liens de confiance […] qui per-mettent aux participants d’agir ensemble plus ef ficacement pour la poursuite de buts communs » (1995b, p.664-665; voir aussi1995a, p.64ff ;2000, chap.1). En se basant sur une analyse d’échantillons nationaux d’adultes américains tirés des General Social Surveys (gss) de1974à1994, Putnam signale une baisse du nombre moyen d’adhésions par personne à des associations au cours de cette période. « Cette chute des adhésions, dit-il, a touché toutes sortes de groupes, à partir des clubs sportifs
oScsoc_v35n01.qxd  12/03/04  14:41  Page 117
Estimation des tendances de l’engagement dans les associations volontaires117
et des associations professionnelles j usqu’aux groupes littéraires et aux syndicats. Seuls les groupes ethniques, les clubs de passe-temps et de jardinage et la catégorie générale résiduelle « autres » semblent avoir résisté à ce reflux » (1995b, p.666;1995a, p.64-65; 2000, chap.3). Dans les enquêtesgssportent sur l’adhésion sur une base, des questions annuelle à chacun des groupes énumérés ci-dessus ainsi qu’à neuf autres types de groupes. Putnam se réfère également à d’autres études qui, à son avis, laissent entrevoir au cours des deux décennies des baisses de chacun d es phénomènes suivants : la fréquentation de l’église, la présence à des assemblées publiques, la participation électorale, le temps consa-cré à socialiser avec les voisins et le sentiment de confiance envers la société (1995a, p.67ff; 1995b, p.666ff ;2000, p.31ff). Selon lui, ces constatations révèlent une tendance alar-mante au « désengagement social ». Comme bien des chercheurs avant lui, Putnam croit que l’engagement dans les asso-ciations volontaires peut jouer un rôle clé dans le renforcement des institutions démo-cratiques (Putnam,1993;1995a, p.73ff ;1995b, p.664ff). Bien des associations offrent l’occasion de participer de façon constructive à la vie parapolitique de la communauté et de la nation. Par conséquent, cet engagement facilite, régularise et tempère les change-ments tout en favorisant l’appui austatu quoceth,(aHsunk1962; Inglehart,1977,1997; Janoski,1998; Knoke,1986; Smith,1975; Tocqueville [1835]1961; Verba, Schlozman et Brady,1995pour ces raisons que Putnam regrette profondément le supposé). C’est surtout déclin des activités associatives (Putnam,2000, chap.1,2et22). Putnam a passé en revue les théories qui expliquent cette tendance apparente au désengagement social, notamment celles-ci : la participation accrue des femmes au monde du travail, le déclin des réseaux d es familles élargies, des ponctions accrues dans le temps et le portefeuille des individ us, la montée de l’État providence, la popu-larité grandissante de la télévision (et plus réc emment de l’ordinateur personnel) ainsi que les effets générationnels (Putnam,1995a, p.74ff ;1995b, p.667-674;2000, p.277ff et chap.13). Il a rejeté la plupart de ces explications, à l’exception des effets générationnels et de l’influence de la télévision. Dans tous ses écrits, il considère la télévision surtout comme un phénomène qui accapare énormément le temps et l’attention des citoyens, qui monopolise leurs heures de loisir, qui réd uit leurs interactions face à face dans les associations bénévoles et qui crée chez eux une image négative des autres (Putnam, 1995a, p.75-76;1995b, p.677ff ;2000, chap.13, p.277ff). Putnam laisse entendre que des divertissements comme les jeux vidéo et l’utilisat ion de l’ordinateur personnel ont sans doute les mêmes effets, surtout chez les jeunes (2000, p.104-105, chap.13). Enfin, il juge que les effets générationnels sont puissants, que « la baisse de l’engagement social en Amérique au cours du dernier tiers du siècle est attribuable en grande partie au rem-placement d’une génération dotée d’un esprit civi que hors du commun par plusieurs générations (les enfants et petits-enfants) qui s’intègrent moins à la vie communau-taire » (2000, p.275). Il attribue cette situation aux grands événements duxxesiècle, notamment à la Deuxième Guerre mondiale q ui a entraîné un plus grand engagement de toute une génération, ainsi qu’à « l’impact conjoint » des effets générationnels et des effets de la télévision (2000, p.284ff).
oScsoc_v35n01.qxd  12/03/04  14:41  Page 118
118 x x v . o l . xo c i é t é s • v s  e ts o c i o l o g i e1
interprétations différentes et indications empiriques incohérentes L’affirmation de Putnam voulant qu’il y ait eu depuis deux décennies un déclin des adhé-sions aux associations volontaires s’est mérité pl us de critiques que d’appuis dans la lit-térature. Tout d’abord, en utilisant des méthodes statistiques différentes, deux chercheurs (Paxton,1999; Rotolo,1999) ont récemment analysé à nouveau les données des séries chronologiques utilisées par Putnam, et le urs conclusions diffèrent des siennes. Dans son étude, Rotolo contrôle étroitement l’âge et la scolarité tout en recherchant une cor-rélation curvilinéaire au cours des années à l’aide d un modèle quadratique. Putnam, au contraire, ne contrôle que trois grandes catégories de scolarité et utilise une équation de régression linéaire. Rotolo (1999, p.203-204) constate que le nombre moyen d’adhésions à des associations bénévoles décroît de façon considérable au cours des dix premières années (1974-1984), mais s’accroît de façon importante au cours de la dernière moitié de la période de référence (1984-1994). Dans des analyses où la participation se répartit entre 16types d’associations, Rotolo montre ensuite les adhésions à la plupart s’accroissent que ou demeurent stables lorsqu’on compare le début et la fin de la période. Les seules excep-tions sont les groupes d’appartenance religieuse, les syndicats, les sociétés fraternelles et les groupes sportifs, qui affichent tous des baisses (Rotolo,1999, p.204-205). Paxton (1999) a analysé elle aussi les données desgsspour les mêmes années que Putnam, mais en utilisant une approche à indicateurs multiples dans laquelle la partici-pation communautaire globale est mesurée en combinant les réponses à des questions portant sur les groupes primaires et sur les groupes secondaires. Elle s’appuie sur des réponses aux questions suivantes : temps passé avec des gens du voisinage, temps passé avec des amis à l’extérieur du quartier et nombre total d’adhésions à des associations bénévoles. Paxton ne constate au cours des années aucune baisse de la mesure globale de la participation sociale. Son analyse de chacune des composantes de cette mesure révèle «un changement nul dans les adhésions des individus au cours des années [...] une hausse significative du nombre d’heures [...] avec d es amis à l’extérieur du quartier et une baisse du temps passé [...] avec des voisins » (1999, p.114-116; voir Baumgartner et Walker,1988). Paxton n’avance pas de théorie pour expliquer la stabilité de ses résultats et Rotolo n’explique pas non plus la tendance curvilinéaire qu’il a trouvée. Ces deux chercheurs se concentrent plutôt sur la différence entre leurs résultats et ceux de Putnam. Toutefois, leurs conclusions ont une conséquence théorique évidente : les répercussions de la télé-vision, de l’ordinateur personnel et des effets générationnels ne peuvent pas logique-ment agir comme le conçoit Putnam puisque le supposé déclin des activités associatives ’ t remmentpas produit. ne s es appa Dans une autre étude des tendances, Baumgartner et Walker (1988) se sont égale-ment servi des données desgssété réalisée avant celle de Putnam et, mais leur étude a englobe les données d’autres enquêtes antérieures auxgss. Comme leurs travaux sont plus anciens, l’enquêtegssplus récente qu’ils analysent est celle dela 1985. Les deux auteurs comparent14sondages nationaux d’Américains effectués entre1952et1985et dont la conception, la méthode d’échantillonnage et le questionnaire diffèrent. À par-tir de ces données, Baumgartner et Walker concluent que le pourcentage d’Américains
Socsoc_v35n01.qxd  12/03/04  14:41  Page 119
Estimation des tendances de l’engagement dans les associations volontaires119
déclarant adhérer à une association ou pl usieurs « affiche une augmentation stable pendant la période, passant d’un minimum de43% dans la National Election Study de 1952à un maximun de75% dans la General Social Survey de1974[...] Par la suite, ce pourcentage [...] fluctue vers le bas de façon irrégulière, atteignant66% en1980et68% en1985» (1988, p.911-912). Dans12des14sondages, les chercheurs ont pu mesurer éga-lement le nombre moyen d’adhésions à des associations. Ils ont constaté que « le nombre moyen de groupes par répondant s’accroissait constamment, allant de0,77en 1952à un maximum de1,94en1974, puis amorçait une baisse irrégulière, atteignant un minimum de1,58en1980et de1,75seulement en1984» (1988, p.912). Baer, Curtis et Grabb (2001) sont les seuls chercheurs qui ont produit des analyses systématiques des tendances au Canada. À l’aide des données du début des années1980 et1990provenant de la World Values Survey (wvs), ils ont analysé les adhésions à la fois nominales et actives à des associations au Canada, aux États-Unis et dans13autres pays. Ils ont effectué des comparaisons dans le temps en incluant ou en excluant les adhésions syndicales et religieuses, avant et après avoir contrôlé les variables appro-priées. Leurs résultats ne confirment nullement une baisse des activités associatives, que ce soit au Canada, aux États-Unis ou dans un autre pays. Avec ou sans variables de contrôle, les États-Unis, l’Allemagne de l’Ouest et les Pays-Bas affichent des hausses importantes des adhésions actives. Au C anada, il y a un certain déclin des adhésions nominales, mais les adhésions actives demeurent stables, surtout lorsque la participa-tion à des associations religieuses est ex clue. Les adhésions syndicales actives se révèlent stables. Ces recherches comparent des États-natio ns et des types de nation ; le Québec et le Canada anglais ne font pas l’objet d’analyses distinctes. En ce qui concerne les recherches centrées uniquement sur le Canada, Hall et ses collaborateurs (1998) ont effectué des comparaisons sur une brève période entre des données provenant de l’Enquête nationale sur le don, le bénévolat et la participation (endbp) de1997et des données similaires tirées de l’Enquête sur l’engagement de1987. Dans les deux cas, il s’agit d’enquêtes transversales. Les comparaisons temporelles qui peuvent être faites concernent les « bénévoles » et non les adhésions à des associations volontaires. Les bénévoles sont définis comme « des personnes qui ont donné gratui-tement leur temps à une association volontaire au cours de la période de référence de deux mois » (Hallet al.,1998, p.10La principale conclusion des chercheurs au sujet des). tendances est celle-ci : « [...] entre le1erevonerbm1996et le31octobre1997,31,4% des répondants âgés de15ans et plus ont déclaré qu’ils ont offert bénévolement de l’aide à des organismes sans but lucratif » ; en1986-1987par contre, «26,8% des répondants âgés de15ans et plus étaient des bénévoles » (1998, p.10). On n’a effectué aucune ana-lyse temporelle distincte pour le Québ ec et les autres provinces canadiennes. L’endbpa été rapidement reprise en2000(ecdbp) à titre de nouvelle enquête trans-versale. Il est possible de faire certaines comparaisons desadhésions proprement dites à une association volontaireen1997et en2000parce que chaque enquête contient la même série de questions sur l’adhésion à sept catégories d’associations : organisme d’intérêt profes-sionnel, groupe sportif ou récréatif, groupe religieux, groupe communautaire ou sco-
Socsoc_v35n01.qxd  12/03/04  14:42  Page 120
120 es o c i o l o g i e s to c i é t é s  o l . • v x x v . x1
laire, groupe culturel ou de passe-temps, groupe d’entraide ou société fraternelle, groupe politique. Selon les chercheurs, à peu près le même pourcentage de Canadiens (51% ou 1sur2 membres d’une association en) déclarent, dans l’ensemble, être1997et en2000 (Hallet al.,2000, p.49). Les chercheurs en viennent également à la conclusion suivante : « [...] il y a eu une nette hausse de la participation civique à l’Île-du-Prince-Édouard, en Alberta et en Colombie-Britannique tandis qu’une faible baisse s’est manifestée en Ontario et au Québec » (2000, p.52). Une autre étude, qui ne porte pas sur les différences au cours des années mais sur les données de lendbpde1997, souligne un taux moindre d’activité associative au Québec que dans les autres provinces (Caldwell et Reed,2000). Dans une étude antérieure qui utilisait les données de lawvsde1981et diverses variables de contrôle, des chercheurs ont signalé des résultats quelque peu différents pour les francophones et les anglophones (Grabb et Curtis,1992). Chez ces derniers, les adhésions à des associations étaient plus élevées dans l’ensemble lorsqu’on tenait compte des adhésions nominales et surtout des associations d’appartenance religieuse ; par contre, lorsqu’on dénombrait unique ment les adhésions actives, il n’existait aucune différence significative entre francophones et anglophones, avant ou après les contrôles. Dans chacun des deux groupes, les adhésions étaient moindres pour certaines mesures (mais pas toutes) lorsqu’on comparait ces groupes à l’échantillon d’Américains duwvs de la même période. On a également utilisé les enquêtes de1997et2000pour évaluer dans quelle mesure les personnes offrent bénévoleme nt leur temps et leur compétence pour aider les autres (Hallet al.,1998; Hallet al.,2001; Reed et Selbee,2000,2001). Il ne s’agit évidemment pas là du même phénomène que l’adhésion à une association ou le travail au sein de celle-ci, qui ne comporte généralement pas d’aide ap portée bénévolement aux autres. En outre, un fort pourcentage de l’engagement est « informel » ; il n’est pas encadré par un groupe ou un organisme. Par exemple, « comparativement à environ3Canadiens sur10qui ont donné du temps à titre de bénévoles officiels en [...]2000, près de8sur10ont signalé qu’ils avaient apporté une aide directe en2000» (Reed et Selbee,2000, p.17). Les résultats des enquêtes de1997et2000ainsi que de l’enquête antérieure de1987laissent croire que la pro-portion de la population qui fait de l’engagem ent informel, aussi bien que de l’engagement sous toutes ses formes, s’est accrue au cours des années, que ce soit dans l’ensemble du Canada ou au Québec. En1997, les pourcentages de répondants qui avaient fait de l’enga-gement officiel étaient légèrement supérieurs (2000, p.17). En analysant les données de l’enquête nationale des États-Unis qui affiche nt un écart de plusieurs points entre1975et 1997, Goss (1999démontré que le nombre d’actes d’engagement par année avait consi-) a dérablement augmenté. méthode proposée pour mettre à l’épreuve la thèse du déclin Pour approfondir l’évolution de l’ ment au Québec et au Canada anglais, nous engag e aurions privilégié comme méthode de recherche l’utilisation de données provenant, soit1) des comparaisons entre des séries chronologiques tirées d’études transversales couvrant une longue période, soit2) l’analyse d’enquêtes longitudinales auprès d’échan-
oScsoc_v35n01.qxd  12/03/04  14:42  Page 121
Estimation des tendances de l’engagement dans les associations volontaires121
tillons longitudinaux grâce auxquelles les mêmes répondants auraient été interrogés de façon répétée pendant une longue période. Avec chacune de ces méthodes, nous aurions disposé des réponses directes des répondants sur leurs activités au cours de la période en cours ou toute récente, et l’exactitude de leurs souvenirs aurait été excellente. Malheureusement, de telles données n’e xistent pas pour les décennies récentes, ni au Québec ni au Canada anglais. Il existe, cependant, certaines données que nous pouvons utiliser avec prudence pour évaluer les tendances. Il s’agit deréponses rétrospectives au sujet d’une étape par-ticulière de la vie à partir d’une enquête transversale auprès d’adultes appartenant à dif-férentes cohortes d’âge. Comme il n’existe pas d’autres façons d’évaluer au cours des années les expériences associatives des populations du Québec et du Canada anglais, nous utilisons dans cet article de telles données rétrospectives pour évaluer les ten-dances. Il est évident que ces analyses nous re nseignent sur l’évolution de la participa-tion desjeunesau cours des années, mais non sur la participation de la population dans son ensemble. Toutefois, nous comparo ns également les résultats des analyses des jeunes avec ceux qui correspondent aux adultes à deux moments différents — tirés de l’analyse par Baer et ses collaborateurs (2001) des données duwvs—, mais cette fois nous étudions séparément les répondants du Québec et ceux du Canada anglais. De cette façon, nous dégagerons donc une certaine tendance, limitée dans le temps chez les adultes et à beaucoup plus long terme chez les jeunes.
première étude : comparaison des réponses rétrospectives provenant de différentes cohortes d’âge des échantillons transversaux Source des données Les données de nos premières analyses prov iennent de l’Enquête nationale sur le don, le bénévolat et la participation (endbp) de1997. Statistique Canada a effectué cette enquête au moyen d’entrevues téléphoni ques auprès d’un échantillon représentatif de répondants âgés de15et plus. La taille de l’échantillon avant pondération était deans 18 301répondants dont3 300provenaient du Québec et15 001, du Canada anglais (pour notre étude, nous utilisons la méthode de pondération recommandée par les cher-cheurs de l’enquête). Les entrevues portaient précisément sur les tr ois domaines mentionnés dans le titre de l’enquête : les dons à des œuvres de bi enfaisance, les heures d’engagement au profit d’organismes ou d’individus et la participation communautaire. Chacun de ces domaines a occupé plusieurs minutes des entrevues, qui duraient en moyenne35minutes. Les enquêteurs posaient également quelques q uestions sur les activités communautaires des répondants dans leur jeunesse. Les présentes anal yses reposent largement sur les réponses à ces questions (pour plus de détails sur les enquêtes, voir Hallet al.)2.
2.des jeunes à des activités bénévoles et celle desLes corrélations d’ordre zéro entre la participation adultes à certaines activités communautaires sont présentées dans Hallet al. (1998) et dans Jones (2000).
Socsoc_v35n01.qxd  12/03/04  14:42  Page 122
122 x x v . x o l . • vo c i é t é s  s t es o c i o l o g i e1
Méthodes d’analyse Voici les six questions qui ont été posées au s ujet de l’engagement dans les associations volontaires des répondants durant leur jeunesse : « Lorsque vous étiez à l’école pri-maire ou secondaire étiez-vous…membre d’une équipe sportive ? », « …membre d’un regroupement de jeunes ? », « …engagé dans un travail bénévole quelconque ? », « …occupé à faire du porte-à-porte pour recueillir des fonds ? », « …actif dans la ges-tion étudiante ? », « …actif dans des organismes religieux ? ». Les réponses à chacune de ces questions étaient simplement codées par un « oui » ou un « non ». Nous avons établi des indices des activités durant la jeunesseà partir de ces réponses, chaque type d’activité pratiquée à un moment donné au cours des années scolaires se méritant un point et tous les cas de non-participation, aucun point. Nous avons calculé la somme de ces points pour chaque répondant. Le premier indice (indice I) repré-sente les points totaux pour les six types d’activité (sur une échelle de0à6) et le deuxième indice (indice II) exclut les activités dans un organisme religieux (sur une échelle de0à5). En anticipant sur nos résultats, disons que nous avons séparé les acti-vités religieuses des autres types d’activité parce que ce sont les seules pour lesquelles les taux de participation des jeunes au Québec et au Canada anglais sont nettement en baisse depuis quelques décennies. L’utilisation de deux indices met mieux en évidence les conséquences des fluctuatio ns des activités religieuses. Nos méthodes d’analyse des données consistent en des comparaisons entre les valeurs moyennes des mesures d’activités durant la jeunesse selon les différentes cohortes d’âge au Québec et au Canada anglais. Les cohortes sont comparées avant et après l’introduction de variables de cont rôle. Le personnel de Statistique Canada avait codé l’âge en10catégories, en commençant par les15-24et en finissant par les55-64puis les65pouvons utiliser cette information pour déterminer sommai-ans et plus. Nous rement à quelle période se situent les activités durant la jeunesse mentionnées par les répondants. Les répondants de la catégorie d’âge25-34avaient15ans entre1980et1990, ceux de la catégorie d’âge35-44entre1970et1980, ceux de la catégorie d’âge45-54entre 1960et1970et ceux de la catégorie d’âge55-64entre1950et1960. Nous avons choisi trois variables de contrôle pour notre analyse multivariée des activités durant la jeunesse, et nous avons recherché des interactions entre ces variables et la variable que représentait la cohorte d’âge. Voici quelles étaient nos variables de contrôle et les raisons de les choisir. Premièrement, nous avons contrôlé lascolarité complétéeparce que la fréquenta-tion scolaire peut être l’un des instruments qui permet de déterminer l engagement des jeunes dans les associations volontaires ou de les recruter. Dans ce cas, la scolarité complétée constitue un indice de possibilité d’être en contact avec des activités asso-ciatives durant la jeunesse. En outre, nous sa vons que les cohortes plus jeunes ont un niveau de scolarité supérieur à celui des cohortes plus âgées ; par exemple, le pourcen-tage de ceux qui ont terminé leur cours secondaire décroît constamment d’une cohorte à l’autre. C’est pour ces raisons et aussi pour nous assurer que les comparaisons des acti-vités associatives entre les cohortes ne comporteraient pas un biais dû à une différence
Socsoc_v35n01.qxd  12/03/04  14:42  Page 123
Estimation des tendances de l’engagement dans les associations volontaires123
de fréquentation scolaire que nous avons utilisé la scolarité comme variable de contrôle. Nous l’avons codée en4catégories : moins que le diplôme secondaire, diplôme secon-daire, certaines études postsecondaires et diplôme universitaire et plus. Deuxièmement, nous avons contrôlé le genr e parce que nous prévoyions que les répondantes auraient, au cours de leur jeunesse, des taux d’activité associative un peu supérieurs à ceux des répondants (à ce propos, voir Bianchi et Robinson,1997; Hanks et Eckland,1978; Van Roosmalen et Krahn,1996). De plus, les femmes tendent à vivre plus longtemps que les hommes. Par conséq uent, dans les cohortes plus âgées de notre série de données, les femmes risquaient d’être surreprésentées par rapport aux hommes. En contrôlant le genre, nous voulions éviter toute faute d’interprétation due à de telles configurations. Troisièmement, comme complément aux analyses contrôlant le genre et la scolarité, nous avons également procédé à des analyses en contrôlant laparticipation actuelle à des associations bénévoles. Nous supposions que les répondants qui étaient actuellement membres d’associations se rappelleraient le urs affiliations durant leur jeunesse avec plus d’exactitude que ceux qui ne faisaient pas actu ellement partie d’associations. La littérature montre que les personnes âgées et aussi, à un degré moindre, les jeunes adultes participent généralement moins à des activités associatives que les personnes d’âge moyen (Curtis, Grabb et Baer,1992; Curtis, Baer et Grabb,2001; Smith,1975). Nous avons jugé préfé-rable de contrôler cette variable de façon à éliminer la possibilité de biais de mémoire par suite de différences de participation associative des cohortes3. La mesure de l’adhésion associative actuelle se basait sur une série de qu estions au sujet de sept différents types d’association et de « tout autre type ». L’échelle de cette mesure va de0à8, cette dernière notation étant donnée à tout répondant membre de huit types d’association ou plus. La variable dépendante est la somme du nombre de types d’activité associative dans la jeunesse. À cause des caractéristiques particulières des données de cette somme (zéro représentant la limite inférieure, les données se répartissent de façon asymétrique autour de la moyenne et les variables ne sont pas continues mais discrètes), on consi-dère généralement que les modèles de régr ession de Poisson conviennent mieux dans ce cas que les modèles de moindres carrés ordinaires (ols), surtout lorsque les moyennes ne sont pas très élevées (entre0et5) (voir Long,1997, p.230-241)4. C’est cette méthode que nous avons utilisée pour nos analyses (stataCorp.,1997). L’équation de régres-sion de Poisson prend la forme suivante : ln (somme) = b + b1X1+ b2X2+ … bkXk+ e
3.On pourrait soutenir que cette méthode est « surcontrôlante » parce que la participation associative passée permet de prédire positivement la participation actuelle (voir Curtis, McTeer et White,1999; Hanks et Eckland,1978; Janoski et Wilson,1995). C’est pourquoi nous présentons deux séries de résultats, avec et sans la participation associative actuelle comme variable de contrôle. 4.Dans certains cas où le paramètre de dispersion estimé est supérieur à (1,0), le modèle de Poisson peut donner des erreurs types sous-estimées et par conséque nt exagérer la signification statistique des tests. Un autre modèle, le modèle binomial négatif, convient peut-êt re mieux à ces cas. Nous avons donc testé chacun de nos modèles afin de vérifier si le paramètre de dispersion estimé n’était pas significativement plus élevé que 1,0; ce ne fut pas le cas pour aucun des modèles de la première étude.
Socsoc_v35n01.qxd  12/03/04  14:42  Page 124
124 t e  s • vo c i é t é s x o l .s o c i o l o g i e x x v .1
où X représente une variable exogène et ln, le logarithme naturel. Comme nous nous intéressions surtout aux différences entre les cohortes d’âge, avant et après l’introduc-tion de contrôles, nous aurions pu donner les coefficients de régression qui auraient représenté chacun la valeur logarithmique de l’augmentation de la variable dépen-dante associée à un accroissement unitaire de X. Mais comme ces valeurs sont généra-lement difficiles à interpréter, nous présent ons plutôt les nombres prévus de types de participation associative. Ceux-ci sont estimés, pour une variable X donnée en attri-buant aux autres variables X une valeur quelconque (habituellement, la moyenne de cette variable), en estimant la valeur de la variable dépendante logarithmique, puis en donnant une valeur exponentielle à cett e estimation pour obtenir la valeur prévue.
Résultats des comparaisons entre les cohortes d’âge Les répondants de tous âges semblent avoir éprouvé peu de difficulté à répondre aux questions qui faisaient appel à leurs souvenirs à propos de six types d’activité durant leur jeunesse. Dans l’ensemble, un nombre minime n’a pas répondu à ces questions, quelle que soit la cohorte. Sur plus de18 000rpétn,snoad40ou moins (seulement12 parfois) ont répondu « ne sais pas » à certaines questions. Les questions sur le travail bénévole et la sollicitation de fonds, qui n’étaient reliées à aucun type d’adhésion en particulier, se sont mérité un nombre légèrement supérieur de « ne sais pas », soit jusqu’à n =40. Entre172et188autres répondants, soit environ1%, n’ont pas donné une réponse ou ont refusé de répondre à l’une ou l’autre q uestion. Pour les trois sortes de réponse manquante, aucune n’a de corrélation linéaire avec les cohortes d’âge dans les échan-tillons du Québec et du Canada ang lais. Dans chacun des échantillons, les non-réponses tendent à être plus nombreuses dans une des cohortes plus jeunes (les35-44ans) et chez les plus de65ans (p <0,001), et elles ont une corrélation négative avec les années de sco-larité (p <0,001), mais n’ont aucune corrélation significative avec le genre. Le tableau1illustre la répartition par cohort e d’âge des réponses aux questions sur les six types d’activité bénévole durant la jeunesse. Il donne ces résultats pour les échan-tillons du Québec et du Canada anglais ainsi que la participation totale de tous les groupes d’âge de chaque échantillon. En commençant par la participation totale, indé-pendamment de l’âge, nous voyons que le rang des six types d’activité est similaire au Québec et au Canada anglais. Il existe toutefois, dans les deux échantillons, des fluc-tuations entre les niveaux absolus de participation aux six types d’activité. Dans les deux échantillons, les répondants ont part icipé le plus fréquemment pendant leurs études à un sport organisé (respectivement50et64% au Québec et au Canada anglais) et le moins fréquemment à la gest ion étudiante (respectivement15et16%) et à des organismes religieux (respectivement15et35%). Comme l’indiquent ces pourcentages, les activités sportives et religieuses dur ant la jeunesse sont plus faibles au Québec ou plus élevées au Canada anglais. La même chose est vraie en ce qui a trait à la participation à des groupes de jeunes (33et56%) et marginalement à la sollicitation de fonds (37par rapport à46%). Les taux de travail bénévole (43par rapport à45%) sont très simi-laires au Québec et au Canada anglais. Ces tro is derniers types d’activité (groupes de
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents