doc  comment europe essaie d arnaquer le climat
4 pages
Français

doc comment europe essaie d'arnaquer le climat

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
4 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Octobre 2009 On ne triche pas avec le climat, on agit ! Comment Bruxelles tente d’arnaquer l’atmosphère… En décembre 2008, l’Union européenne s’est engagée à réduire ses émissions de 120 % d’ici à 2020 . Au regard du scénario tendanciel « business as usual » (scénario de référence élaboré par l’Agence internationale de l’énergie, AIE), la réalisation de cet objectif ne nécessitera aucun effort supplémentaire de la part de l’Union européenne. Si les Européens entendent véritablement apporter leur « juste contribution » aux efforts accomplis à l’échelle mondiale pour éviter un emballement climatique catastrophique, et aboutir à un accord ambitieux au sommet de Copenhague, ils doivent réaliser des réductions d’émissions effectives de 40 %, à l’horizon 2020. « La possibilité de recourir exagérément aux mécanismes de compensation et d’utiliser les surplus de permis de polluer fait de l’objectif de 20 % une véritable mascarade. Le climat a besoin de réductions d’émissions effectives, et non de tours de passe-passe comptables. » Joris den Blanken, directeur de l’unité Climat et énergie à Greenpeace Europe. La situation actuelle Aujourd’hui, les émissions de l’UE ont déjà enregistré une baisse de 10,7 % par rapport à leurs niveaux de 1990. Cette réduction est imputable à plusieurs facteurs : restructuration du secteur industriel en Europe centrale et de l’Est, gains d’efficacité attendus dans un scénario « business as usual », aux hivers ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 93
Langue Français

Extrait

Octobre 2009
On ne triche pas avec le climat,
on agit !
Comment Bruxelles tente d’arnaquer l’atmosphère…
En décembre 2008, l’Union européenne s’est engagée à réduire ses émissions de
20 % d’ici à 2020
1
. Au regard du scénario tendanciel « business as usual » (scénario
de référence élaboré par l’Agence internationale de l’énergie, AIE), la réalisation de cet
objectif ne nécessitera aucun effort supplémentaire de la part de l’Union européenne.
Si les Européens entendent véritablement apporter leur « juste contribution » aux
efforts accomplis à l’échelle mondiale pour éviter un emballement climatique
catastrophique, et aboutir à un accord ambitieux au sommet de Copenhague, ils
doivent réaliser des réductions d’émissions effectives de 40 %, à l’horizon 2020.
«
La possibilité de recourir exagérément aux mécanismes de compensation et d’utiliser
les surplus de permis de polluer fait de l’objectif de 20 % une véritable mascarade. Le
climat a besoin de réductions d’émissions effectives, et non de tours de passe-passe
comptables
. »
Joris den Blanken, directeur de l’unité Climat et énergie à Greenpeace Europe.
La situation actuelle
Aujourd’hui, les émissions de l’UE ont déjà enregistré une baisse de 10,7 % par
rapport à leurs niveaux de 1990. Cette réduction est imputable à plusieurs facteurs :
restructuration du secteur industriel en Europe centrale et de l’Est, gains d’efficacité
attendus dans un scénario « business as usual », aux hivers plus doux, qui ont réduit
la consommation de chauffage, enfin à la mise en place de politiques climatiques.
Pour l’année 2009 et les suivantes, le ralentissement économique devrait encore
infléchir la courbe des émissions. Ainsi, selon un rapport publié en octobre dernier par
l’AIE, les émissions du secteur énergétique pourraient diminuer de 3 % en 2009 par
rapport aux niveaux de 1990, affichant ainsi la baisse annuelle la plus importante
depuis quarante ans.
Par ailleurs, l’UE pourrait mettre à profit deux échappatoires du protocole de Kyoto
pour réaliser une partie de son objectif de réduction de 20 %, sans véritablement
diminuer ses émissions…
1. Le recours aux mécanismes de compensation
L’Union européenne peut réaliser une partie de ses réductions d’émissions grâce aux
crédits de compensation qu’elle rachète au titre des mécanismes instaurés par Kyoto.
Concrètement, cela signifie que sur les 20 % de réduction devant être atteints à
l’horizon 2020, seuls 16 % environ résulteront d’initiatives mises en oeuvre à la source
1
L’Union européenne a adopté un objectif de réduction de 20 % dans le cadre du paquet « énergie-
climat ». Sous certaines conditions, l’objectif pourrait être relevé à 30 % en cas d’accord satisfaisant à
Copenhague.
Octobre 2009
sur le territoire européen, les 4 % restant étant réalisés via des projets, souvent douteux, mis
en place dans les pays en développement
2
.
2. Le report des surplus de permis de polluer
Conformément aux dispositions actuelles du protocole de Kyoto, les pays qui atteindront, en
2012, les objectifs de réduction qu’ils s’étaient fixés pour cette date pourront reporter tout
surplus de quotas d’émissions de gaz à effet de serre sur leurs objectifs de la période 2013-
2020, devant être convenus dans le cadre du prochain protocole. Suite à l’effondrement du
communisme, certains pays comme la Russie, l’Ukraine, la Pologne ou la Hongrie ont vu
leurs émissions chuter de façon spectaculaire. Ils ont ainsi accumulé de nombreux crédits
d’émission, appelés Unités de quantité attribuée (UQA).
Estimation des efforts à l’intérieur de l’UE (à partir des données de l’AEE/Sandbag) :
D’après certaines analyses récentes, ces surplus de crédits, encore appelés « air chaud »,
pourraient permettre à l’Union européenne de s’acquitter d’environ la moitié des efforts
qu’elle doit réaliser sur son territoire, dans le cadre de l’objectif fixé de 20 % de réduction
3
.
Entre les crédits de compensation, les surplus de crédits (« air chaud ») et le ralentissement
de l’activité dû à la crise économique, l’Union européenne pourrait atteindre son objectif de
réduction de 20 % sans devoir fournir aucun effort supplémentaire.
2
Pour en savoir plus sur les problèmes liés aux mécanismes de compensation, voir Oekoinstitut,
Is the CDM
fulfilling its environmental and sustainable development objectives? An evaluation of the CDM and options for
improvement
, rapport du WWF, 2007.
3
Sandbag,
EU
ambition
at
Copenhagen:
more
hot
air
means
we
can
aim
higher
,
2009.
http://sandbag.org.uk/files/sandbag.org.uk/EUambition_ii.pdf
Octobre 2009
L’Union européenne peut et doit mieux faire pour Copenhague
Malheureusement, ni la vente des surplus de quotas, ni les crédits de compensation ne
parviendront à tromper le climat.
En 2007, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a appelé
les pays industrialisés à réduire leurs émissions de 25 à 40 % d’ici à 2020, par rapport aux
niveaux de 1990. D’après certaines études plus récentes, l’accélération des changements
climatiques dépasse les prévisions du Giec. En septembre 2009, quarante des plus grands
experts climatiques internationaux ont enjoint les pays industrialisés de réduire leurs
émissions de gaz à effet de serre
d’au moins
40 % à l’horizon 2020 (par rapport aux niveaux
de 1990), afin de maintenir l’augmentation des températures sous le seuil critique des 2°C
4
.
Aujourd’hui, la gravité de la situation est telle que si les plus gros pays pollueurs peuvent se
soustraire à leurs obligations et perpétuer le « business as usual » en payant d’autres pays
pour qu’ils réduisent leurs émissions, nous ne parviendrons pas à atteindre les réductions
recommandées par la science pour éviter le chaos climatique. C’est pourquoi Greenpeace
soutient l’adoption d’objectifs de réduction permettant de maintenir le réchauffement en deçà
de 2°C (voir graphique ci-dessus) : 40 % de réduction à l’horizon 2020 par rapport aux
niveaux de 1990, dont les trois-quarts doivent impérativement être réalisés à la source.
À l’heure actuelle, les négociations climatiques en vue de la conférence de Copenhague
achoppent sur deux questions essentielles : le montant de l’aide financière que les pays
industrialisés accorderont aux pays en développement pour s’adapter aux changements
climatiques, et le niveau d’ambition des objectifs qu’adopteront les pays industrialisés pour
réduire leurs émissions. L’Union européenne peut et doit faire plus sur ces deux points de
négociation.
Revoir à la hausse les objectifs de réduction des émissions de l’Union européenne
Le scénario [R]évolution énergétique UE-27
5
, élaboré par Greenpeace, montre comment les
27 membres de l’Union européenne peuvent réduire les émissions du secteur des transports
et de l’énergie de 30 % à la source tout en :
conservant les mêmes prévisions de croissance économiques ;
conservant les même prévisions de croissance de la population ;
créant 348 000 emplois dans les pays membres de l’OCDE d’ici à 2020
6
.
D’après les recherches conduites par la Commission européenne elle-même, « une
économie d’au moins 20 % de la consommation d’énergie actuelle [de l’UE] équivaudrait à
60 milliards d’euros par an
7
».
Afin de s’orienter vers une économie durable, l’UE doit s’engager en faveur de réductions
d’émissions audacieuses. Or les objectifs actuels ne vont pas dans le sens d’un traité
international à la hauteur du défi climatique à Copenhague. De plus, Bruxelles ne devrait pas
autoriser le report des quotas d’émission inutilisés sur la prochaine période d’engagement –
4
Scientists’ statement on 40% emissions reduction target for developed countries
, 17 septembre 2009.
http://assets.panda.org/downloads/scientists_statement___september_2009.pdf
5
Greenpeace
/
DLR,
Energy
[R]evolution:
a
sustainable
EU27
energy
outlook
,
2008.
www.greenpeace.org/raw/content/eu-unit/press-centre/reports/EU-energy-revolution-report.pdf
6
Greenpeace / EREC,
Working for the Climate
, 2009.
http://www.greenpeace.org/greenjobs
7
Commission des communautés européennes,
Livre vert sur l’efficacité énergétique ou comment consommer
mieux avec moins
, 2005.
http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/site/fr/com/2005/com2005_0265fr01.pdf
Octobre 2009
ou alors les objectifs de réduction devront être relevés de façon significative. Les
négociateurs européens doivent avoir les coudées franches pour aller au-delà des objectifs
conditionnels et peu ambitieux qui ont été souscrits à ce jour.
Les demandes de Greenpeace
L’Union européenne doit adopter un objectif de réduction d’émissions d’au moins
40 % d’ici à 2020
(par rapport aux niveaux de 1990), dont les trois-quarts au minimum
doivent être réalisés à la source, soit 30 % de réduction sur le territoire européen.
Le report des surplus de crédits doit être interdit, ou les objectifs de réduction de
l’UE et de tous les pays industrialisés doivent être revus à la hausse
, en fonction de
la quantité de crédits excédentaires qui sera reportée sur la période post-2012.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents