Crise des migrants : les Allemands toujours favorables à l accueil de réfugiés
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Crise des migrants : les Allemands toujours favorables à l'accueil de réfugiés

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Description

CHRONIQUES ALLEMANDES N°14 : L’OPINION ALLEMANDE FACE AU DÉFI DE LA CRISE DES MIGRANTS. L’Allemagne est confrontée depuis des mois à une arrivée massive de centaines de milliers de migrants sur son territoire. Face à cette situation sans comparaison en Europe, la société allemande et ses dirigeants politiques, économiques et spirituels ont décidé, dans leur grande majorité, de répondre présents et d’accueillir ces migrants. Cela s’est traduit symboliquement par des scènes de fraternisation où l’on a vu de très nombreux citoyens allemands se mobiliser et venir accueillir, aux frontières ou dans les gares, les colonnes de réfugiés avec des pancartes de bienvenue, des fleurs et de la nourriture. C’est un visage ouvert et accueillant que l’Allemagne a présenté au monde. Mais dans le même temps, les attaques et les incendies contre les centres d’hébergement se sont multipliés dans tout le pays (on en dénombrait 252 sur les 8 premiers mois de l’année soit près d’un par jour) et le président de la République fédérale, Joachim Gauck, mettait en garde contre la résurgence d’une « face sombre de l’Allemagne ».

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Publié par
Publié le 28 octobre 2015
Nombre de lectures 5
Langue Français

Extrait


L’opinion allemande face au
défi de la crise des migrants

Note pour la Fondation Jean Jaurès et la FEPS

CHRONIQUES
Allemandes

L’Allemagne est confrontée depuis des mois à une arrivée N° 14
massive de centaines de milliers de migrants sur son territoire. Octobre 2015
Face à cette situation sans comparaison en Europe, la société
La crise de la dette et de la zone euro
allemande et ses dirigeants politiques, économiques et
a montré à quel point la situation
spirituels ont décidé, dans leur grande majorité, de répondre économique et politique prévalant
présents et d’accueillir ces migrants. Cela s’est traduit dans les autres pays européens avait
des implications en France. Le sort de symboliquement par des scènes de fraternisation où l’on a vu
notre pays apparaît ainsi de plus en de très nombreux citoyens allemands se mobiliser et venir
plus lié à celui de nos partenaires au
accueillir, aux frontières ou dans les gares, les colonnes de
premier rang desquels l’Allemagne.
réfugiés avec des pancartes de bienvenue, des fleurs et de la
nourriture. C’est un visage ouvert et accueillant que Sur tous les grands sujets – fiscalité,
compétitivité des entreprises, l’Allemagne a présenté au monde. Mais dans le même temps,
énergie (sortie du nucléaire par les attaques et les incendies contre les centres d’hébergement
exemple) ou bien encore éducation –
se sont multipliés dans tout le pays (on en dénombrait 252 sur
l’exemple allemand est désormais
les 8 premiers mois de l’année soit près d’un par jour) et le systématiquement convoqué dans le
président de la République fédérale, Joachim Gauck, mettait en débat français soit pour s’en inspirer,
soit pour en pointer les limites. Cette garde contre la résurgence d’une « face sombre de
tendance, déjà ancienne, s’est l’Allemagne ».
renforcée ces dernières années et la

campagne électorale en a donné de
Cette nouvelle note de notre série Chroniques allemandes nombreux exemples.
revient chiffres à l’appui sur ces questions pour mesurer et
C’est dans ce contexte que l’Ifop a comprendre quel est l’état de l’opinion publique allemande
décidé de rédiger et publier face à la question des migrants.
régulièrement des notes d’analyse
(réalisées à partir d’enquêtes de l’Ifop
ou d’instituts allemands) sur la
situation politique et économique en
Allemagne.

Déjà publiés
N°1 – Sept. 2005 : Recomposition de la gauche : à l’Est du nouveau ? Retour sur les résultats des élections allemandes de 2005
N°2 – Sept. 2009 : Quand la gauche radicale s’installe en Allemagne. Analyse sur le vote die Linke
N°3 - Mai 2010 : Analyse sur les élections régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie
N°4 – Oct. 2010 : La percée du FPÖ aux élections municipales de Vienne
N°5 – Déc. 2010 : Regards franco-allemands sur la crise de l’Euro
N°6 – Avril 2011 : Le Bade Wurtemberg passe aux Verts : un effet Fukushima
N°7 – Avril 2012 : Fin de la coalition « jamaïcaine » et percée des « Pirates » : retour sur les élections régionales en Sarre
N°8 – Mai 2012 : Premier bilan sur les élections régionales en Rhénanie du Nord-Westphalie : cuisant revers pour la CDU et large victoire pour le SPD
N°9 – Juillet 2012 : L’opinion publique allemande face à la crise de l’Euro
N°10 – Février 2013 : Regards et attentes sur les relations franco-allemandes 50 ans après le Traité de l'Elysée
N°11 – Septembre 2013 : L’état de l’opinion allemande à la veille du Bundestagswahl
N°12 – Octobre 2013 : Retour sur les résultats des élections législatives allemandes
N°13 – Avril 2014 : Les Allemands et la construction européenne

Connection creates value 1 1. C’est en Allemagne que l’adhésion à l’accueil des migrants est la plus élevée


L’enquête de l’Ifop réalisée pour la Fondation Jean Jaurès et la Foundation for European Progressive Studies
1dans 7 pays européens révèle que le principe d’une répartition des migrants dans les différents pays de
l’Union avec comme conséquence un accueil d’une partie d’entre eux dans chaque pays divise profondément
les opinions publiques européennes. La ligne de clivage ne renvoie pas au niveau de richesse du pays ni à des
proximités géographiques entre des groupes de pays ; une autre logique s’impose. Comme le montre la carte
suivante, l’Allemagne objectif premier des migrants, d’une part, et l’Italie porte d’entrée principale en Europe
avec la Grèce, d’autre part, se distinguent par un niveau d’adhésion à l’accueil de migrants sur leur territoire
extrêmement élevé avec 79% de « favorables » en Allemagne et 77% en Italie.

L’adhésion à l’accueil des migrants dans les différents pays européens.
Question : Etes-vous favorable ou opposé à ce que les migrants qui arrivent par dizaines de milliers sur les côtes italiennes et
grecques soient répartis dans les différents pays d’Europe et à ce que [la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie, les
Pays-Bas et le Danemark] en accueille une partie ?
% de réponses « Favorable »



Bien entendu, ces chiffres témoignent d’un degré d’ouverture très important de ces deux sociétés sur ce
sujet mais ces interviewés ont sans doute également opté pour cet item car il inclut aussi le principe d’une
répartition du problème qui pèse d’abord et avant tout sur leur deux pays : 69% des Italiens, mais surtout
86% des Allemands, soit et de loin les taux de réponse les plus élevés à cette question, pensent en effet que
leur pays accueille davantage de migrants que les autres pays membres.



1 Sondages réalisés par questionnaire auto-administré en ligne auprès d’échantillons nationaux représentatifs de 1000
personnes dans 7 pays européens du 16 au 22 septembre 2015.

Connection creates value 2 Le jugement sur l’effort d’accueil fourni par son pays par rapport aux autres pays européens.
Question : Selon vous, est-ce que notre pays accueille moins ou le même nombre de migrants que les autres pays européens ?



Face à ces deux Etats très en pointe en matière d’accueil des migrants, le Royaume-Uni avec seulement 44%
de favorables, la France (46%) et les Pays-Bas (48%), nations très différentes les unes des autres, constituent
le bloc de l’opposition. Le Danemark (57%) et l’Espagne (67%) se placent quant à eux, largement dans le
camps des pro-accueil. Ces différences d’attitude très marquées entre les pays européens s’expliquent en
partie par les prises de position des dirigeants politiques nationaux mais la réciproque existe. Si un accord
européen de répartition a été si difficilement trouvé, c’est parce qu’un certain nombre de dirigeants
nationaux ont campé sur des positions très dures sachant qu’ils auraient le soutien de l’opinion dans leur
pays. Et inversement, si Angela Merkel a pu défendre avec force le devoir d’accueil (et la nécessité d’une
répartition de l’effort entre les différents Etats-membres), c’est que l’état de son opinion publique lui
permettait de pousser assez loin sur cette question. François Hollande par exemple devait quant à lui
composer avec un pays beaucoup plus divisé.

Interrogées sur les actions à mener en priorité en réponse à cette crise migratoire, les opinions publiques
européennes penchent à l’unisson pour l’aide au développement et à la stabilisation des pays du sud de la
Méditerranée pour fixer les populations sur place. Cette option arrive loin devant le développement de
programmes d’aide et d’accueil pour les immigrés dans les pays européens, le renforcement des contrôles
aux frontières ou l’intervention militaire en Syrie. Mais comme on peut le voir sur le graphique suivant, le

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