Au cours de la matine d un dimanche fatal d avril 1861, la population des villes et des villages du Nord
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Au cours de la matine d'un dimanche fatal d'avril 1861, la population des villes et des villages du Nord

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CONFEDERATE HISTORICAL ASSOCIATION OF BELGIUM par Frederic S. Klein Adaptation en français par Gérard Hawkins a nouvelle qui se propagea dans le Nord Len ce dimanche d'avril 1861 fit l'effet d'une bombe. Les populations urbaines et rurales refusèrent a priori de la croire : le drapeau des Etats-Unis avait été mis en berne à Fort Sumter et les couleurs confédérées flottaient désormais sur cette forteresse. Ce geste annonçait la victoire du Sud et narguait l'autorité de l'Union. Le président Lincoln releva cette bravade le jour même en demandant la levée de 75.000 volontaires pour faire taire la rébellion. L'incroyable perspective d'une guerre civile devint ainsi une réalité. Les quatre années de lutte fratricide qui suivirent changèrent bien des aspects de la vie dans le Nord. L'évolution de sa société avait cependant été si fulgurante durant les décennies précédentes que son économie assimila parfaitement certaines facettes du conflit et, parfois, en tira parti. L’amélioration des moyens de communication, le développement de la production industrielle, de l’agriculture et des manufactures, que soutenait un puissant capital ainsi qu'une main-d'œuvre abondante constituèrent les composantes de cette société nordiste en pleine mutation. En réalité, la guerre intensifia cette période d’irrépressible prospérité. L'annonce de la chute de Fort Sumter se révéla un choc qui, dans un premier temps, fut accueilli avec émoi ...

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CONFEDERATE HISTORICAL ASSOCIATION OF BELGIUM
par Frederic S. Klein Adaptation en français par Gérard Hawkins
a nouvelle qui se L propagea dans le Nord en ce dimanche d'avril 1861 fit l'effet d'une bombe. Les populations urbaines et rurales refusèrent a priori de la croire : le drapeau des EtatsUnis avait été mis en berne à Fort Sumter et les couleurs confédérées flottaient désormais sur cette forteresse. Ce geste annonçait la victoire du Sud et narguait l'autorité de l'Union. Le président Lincoln releva cette bravade le jour même en demandant la levée de 75.000 volontaires pour faire taire la rébellion. L'incroyable perspective d'une guerre civile devint ainsi une réalité. Les quatre années de lutte fratricide qui suivirent changèrent bien des aspects de la vie dans le Nord. L'évolution de sa société avait cependant été si fulgurante durant les décennies précédentes que son économie assimila parfaitement certaines facettes du conflit et, parfois, en tira parti. L’amélioration des moyens de communication, le développement de la production industrielle, de l’agriculture et des manufactures, que soutenait un puissant capital ainsi qu'une maind'œuvre abondante constituèrent les composantes de cette société nordiste en pleine mutation.  En réalité, la guerre intensifia cette période d’irrépressible prospérité. L'annonce de la chute de Fort Sumter se révéla un choc qui, dans un premier temps, fut accueilli avec émoi pour se transformer ensuite en tristesse, puis en colère. Si le drapeau national ne flottait désormais plus sur le bastion fédéral de la Caroline, les édifices publics des grandes villes du Nord ne manqueraient certes pas de l’afficher. Le lendemain, une foule excitée se rassembla devant les bâtiments officiels, les hôtels et surtout les agences de presse, généralement critiques à l’égard de l'administration, afin d'exiger que le drapeau de l'Union fût exhibé. Dans la baie de Newark, des ouvriers abordèrent une frégate arborant le drapeau de la Caroline du Sud et menacèrent de jeter son capitaine pardessus bord si ce dernier ne hissait pas les couleurs yankees. A Philadelphie, certains éditeurs de quotidiens à tendance démocrate s'empressèrent de rassembler des
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bouts de tissus rouges, blancs et bleus pour les brandir devant la foule en furie qui tentait de détruire leur propriété. Toute offense à la bannière étoilée fut considérée comme un affront qui demandait une réparation immédiate. Les fabricants de drapeaux se frottèrent évidemment les mains.  Une des conséquences principales de la crise que provoqua la guerre fut l'enrôlement de volontaires. Durant les premières semaines du conflit, la plupart des familles vivant dans les Etats du Nord prirent soudainement conscience de l’immixtion de la lutte fratricide dans la routine de leur vie quotidienne. Il n'y eut pas un foyer qui ne fût confronté à l'épineux problème de décider si l’un de ses mâles, père ou fils, devait rejoindre l'une ou l'autre compagnie de volontaires pour une durée de trois mois. Leur enrôlement dans la garde territoriale ou dans des clubs militaires devint subitement le seul symbole de loyauté envers leur communauté. Pourtant, il ne leur imposait jusquelà qu’un peu de drill et quelques parades dans des uniformes totalement inadaptés aux rigueurs d’une campagne.  C'est avec une fierté non dissimulée qu'ils se rendirent aux gares ferroviaires les plus proches, sous les applaudissements et les larmes de leurs concitoyens. Les volontaires répondaient en masse à une multitude d'annonces de recrutement, que ce soit pour lesGaribaldi Guards, laPolish Legion, lesIrish Zouaves, lesSteuben Volunteers, lesFire Zouaves, lesCuban Volunteers, lesBlack Hussarsou pour d’autres compagnies de milice hautes en couleurs. Ceux qui ne pouvaient pas s’engager se rendirent utiles en se procurant de l'argent pour ceux qui partaient. De nombreuses associations caritatives virent ainsi le jour, leur tâche se résumant à rassembler des armes et des équipements pour les unités locales et des fonds pour leur famille. es années 1850 se caractérisèrent par un ralentissement sensible de la  L prospérité dans le Nord. La sécession soudaine des Etats du Sud provoqua une chute brutale du négoce qui se traduisit par une dépression économique temporaire affectant les banques fédérales, les sociétés commerciales et la bourse. Dans cette conjoncture morose, les travailleurs et les émigrants fraîchement débarqués dans le Nouveau Monde sombraient dans le chômage ou œuvraient dans des tâches subalternes mal rétribuées. Il n'est donc point surprenant que la perspective d'un service actif dans l'armée fût attrayante quand on sait qu'un milicien était logé, nourri, blanchi et touchait une solde mensuelle de onze dollars.  Ce fut une véritable aubaine pour bon nombre de négociants, de détaillants et de représentants de commerce, qui reconvertirent aussitôt leurs activités dans des domaines plus lucratifs, notamment celui de l'équipement militaire. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ils acquirent et revendirent tout ce qui pouvait être utile aux volontaires prêts à partir au front : toiles en caoutchouc, tissus d'uniforme, havresacs, gourdes, bureaux démontables, livres sur les sciences militaires, cartes du Maryland ou de la Virginie, jumelles, papier à entête patriotique et autres fournitures diverses allant même jusqu'au canon Hotchkiss. Des marchands du Sud qui, en ces premiers mois de conflit, étaient libres de leurs allées et venues dans le Nord, se procurèrent ainsi de grandes quantités d'uniformes, d'armes, de poudre, de munitions et de matériel en tout genre auprès d'entreprises peu scrupuleuses qui ne se sentirent pas concernées outre mesure par la constitutionnalité de la sécession ni par les causes du conflit en cours.  Le Nord n'eut que de rares contacts avec les dures réalités de la guerre, exception faite de quelques raids des Rebelles dans les zones frontalières et de l'invasion inattendue de la Pennsylvanie en 1863. Peu de résidents des Etats nordistes eurent à abandonner leur demeure devant l'avance de l'ennemi. La débâcle de First Manassas fit
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bien prendre conscience de la vulnérabilité de la capitale. Quant à la campagne de l'Antietam, elle aurait peutêtre pu déborder en Pennsylvanie, mais ces deux menaces s'avérèrent éphémères. La défaite fédérale de Bull Run alarma tout de même les responsables à Washington. La population nordiste se sentit certes humiliée, mais pas inquiète outre mesure. Pendant plusieurs jours, les journaux tentèrent de convaincre leurs lecteurs que cette première action ne se soldait pas par la débâcle de l'armée de l'Union, mais par un repli nécessaire face à une supériorité numérique écrasante. "La panique et la débandade se limitèrent à quelques individus effrayés, pour la plupart des charretiers et des spectateurs"publia un quotidien. Une autre gazette commenta que"la bataille avait démontré que les Rebelles n'osaient pas affronter nos soldats à la loyale", estimant que les forces confédérées opposèrent 90.000 ou 100.000 hommes à l'armée de McDowell qui n’en comptait que 40.000. Le public ainsi berné critiqua ouvertement la mauvaise organisation de l'armée et exigea de ses commandants de meilleurs résultats dans le futur.  La plupart des quotidiens défendirent la cause nationale avec bec et ongles, du moins durant les premières années de conflit, sousestimant volontairement les pertes de l'Union tout en exagérant celles de l'ennemi. Ils amplifiaient l'importance d'escarmouches locales tandis qu’ils dépeignaient les désastres majeurs comme de brillantes manœuvres défensives. Au lendemain de First Manassas, ces quotidiens ne se privèrent pas d'imprimer maintes histoires d'atrocités commises par les Rebelles, telles que l'utilisation de soldats blessés comme cibles de tir, le massacre de femmes ou encore l'amputation de nez et d'oreilles. Aux yeux de ceux qui demeuraient neutres, désintéressés ou qui se complaisaient à croire que la guerre n'était qu'un conflit entre gentlemen, cette constante intoxication finit par porter ses fruits. Ils devinrent convaincus que la lutte fratricide dans leur pays n'était en réalité qu'une croisade contre le barbarisme! Pour la plupart des gens du Nord, la guerre était un événement qui se lisait mais que l'on ne vivait pas. Les éditeurs de presse s'employaient au maximum afin de ne pas décevoir leurs lecteurs : ils dépêchaient de talentueux artistes sur les champs de bataille pour y esquisser les scènes de combat et leurs meilleurs correspondants s'empressaient d'envoyer des rapports souvent inexacts ou basés sur des rumeurs fallacieuses. lors que l'Union puisait frénétiquement dans ses ressources en vue d'une  A longue et pénible guerre, un vent de prospérité se mit soudainement à souffler dans ses agglomérations et engendra une abondance qui contrastait avec la vie misérable du soldat. L'époque de l'avantguerre s'était caractérisée par l'apparition d'un monde de nouveaux riches qui avaient acquis leur fortune dans l'immobilier ou par des investissements dans les chemins de fer, le pétrole, les mines, les transports maritimes ou l'industrie. Etant donné que les contrats militaires et la demande accrue de biens de consommation généraient de somptueux bénéfices, cette société nouvelle versa dans l'extravagance pour étaler son opulence.  Des objets de luxe tels que la soie, le satin, les bijoux, le mobilier, le marbre et une multitude d’objets d'art furent importés en grande quantité et payés en monnaie sonnante et trébuchante. Les robes de soirée portées par les grandes dames dans les salons, à l'opéra, au théâtre ou lors de galas devinrent des pièces monumentales confectionnées dans des tissus nobles, le plus souvent rehaussées de diamants ou de parures en fourrure et assorties de chapeaux fastueux. Les tenues des citadins ne demeurèrent pas en reste. L'équitation, le patinage, les voyages, l'opéra ou la simple promenade devinrent l'occasion pour les hommes de porter de somptueux costumes
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souvent importés d'Europe ou coupés par les meilleurs tailleurs locaux. La mode imposait aux messieurs des tenues voyantes ou criardes que rehaussaient habituellement de la dentelle et des boutons en diamant ou en nacre. Ces élégants gentlemen vivaient dans de véritables palaces, fréquentaient les clubs, les théâtres, les champs de courses et les salles de jeux et il n'était pas rare de les voir se déplacer dans des fiacres étincelants que conduisait un cocher en livrée.  Bien avant l'ouverture des hostilités, la presse critiqua déjà et satirisa même les signes extérieurs de richesse qu’exhibait la société citadine nordiste. Au fur et à mesure de la progression de la guerre, la condamnation de cette extravagance s'amplifia mais sans résultats apparents. Frederick Seward écrivit en 1863 que"les villes du Nord ont cessé de se plaindre et de se lamenter pour se consacrer dorénavant aux festivités et aux galas (…) Il y a tout juste un an, le secrétaire d'Etat était considéré comme un piètre patriote sans cœur parce qu'il organisait des banquets; maintenant la seule critique à son égard est qu'il n'organise pas de bals!"quotidien de Boston Un commenta la"jet set"d'un endroit à la mode"jugeant de la robe à 4.000 $ que portait une dame qui se prétendait une patriote américaine dévouée, il est impensable que la commission sanitaire soit en manque de tout et que le cœur de la nation soit déchiré". Les épouses de certains politiciens tentèrent bien de former des associations refusant d’acheter des articles de luxe, mais la frénésie avec laquelle la société dilapidait l'argent dont la source paraissait intarissable limita l'impact de tels mouvements. 1  L'introduction duGreenback Dollar mena à l'inflation et à l'escalade des prix qui provoquèrent néanmoins une légère augmentation des salaires. Bien que les revenus des ouvriers s’accrussent en terme de dollars, la dévaluation monétaire rabotait réellement leur pouvoir d’achat. Heureusement, le chômage des années précédentes cessait de grever l’économie malgré l'afflux incessant d'immigrants irlandais et allemands dans les grandes villes. Les offres d'emploi insérées dans la presse quotidienne étaient aussi abondantes que variées : des selliers pour la fabrication de harnachements de cavalerie, des centaines de tailleurs pour la confection de vêtements militaires etc. Une usine d'armement embauchait des centaines de métallurgistes ainsi que des polisseurs ; une manufacture d’uniformes cherchait plus de 2.300 couturières et piqueuses, etc … Un ouvrier qualifié, un peintre, un menuisier ou un maçon était payé 1,75 $ à 2,00 $ par jour, en revanche le prix des œufs avait grimpé de 20 à 40 cents la douzaine, celui du beurre de 20 à 50 cents la livre, le pain de 5 à 10 cents la pièce et le lait de 5 à 10 cents le demilitre. Le café et le thé devinrent des denrées onéreuses qui cédèrent rapidement la place à des substituts. Comme l'armée avait drainé une majeure partie de la maind'œuvre locale, les opportunités d'emploi ne manquaient pas. L'essor des syndicats se manifesta au même moment et ces derniers organisèrent fréquemment des grèves qui versaient parfois dans la violence. L'ouvrier s’identifiait tout doucement à la puissance grandissante du capitalisme américain. es grandes villes du Nord devinrent évidemment les pôles d'attraction  L culturelle des EtatsUnis. La fréquentation des bibliothèques et l’intérêt pour les bons livres et les magazines littéraires se développèrent rapidement. Les maisons d'édition qui, auparavant, se contentaient d'imprimer n'importe quoi en provenance de la GrandeBretagne, se rendirent compte que la hausse du coût de leurs ouvrages exigeait dorénavant une meilleure sélection de ceuxci. La tendance générale délaissa les romans à quatre sous pour se concentrer sur des auteurs plus sérieux tels que 1 Dollar papier introduit par la banque fédérale en 1862.
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McAuly, Dickens, Tennyson, John Stuart Mill et Carlyle. D’illustres écrivains américains émergèrent durant la guerre civile, tels que Motley, Bancroft, Longfellow, Bryant et Whittier. L'engouement pour la littérature devint tel que le romancier Anthony Trollope écrivit que "tout le monde aux EtatsUnis possède une bibliothèque dans sa maison". Les périodiques tels que leHarper's Weekly, l'Atlantic Monthly, leLeslie's Illustrated Magazine et leBackwood's Magazinedes articles d'un niveau contenaient culturel élevé et leur diffusion s’en trouva accrue. D'autres publications comme l'American Agriculturist, leGodey's Lady's Bookou laPolice Gazettes'adressaient à un plus large public.  La prospérité durant la guerre stimula l'appétit pour l’opéra ainsi que pour le théâtre et il ne fait nul doute que les tensions engendrées par le conflit trouvèrent un exutoire dans d'autres formes de délassement. Les tournées des troupes d'opéras allemands et italiens furent très en vogue. Edwin Forrest et Laura Keene tenaient régulièrement le haut de l'affiche dans les théâtres newyorkais et l'on se bousculait à l'American Provost's Theatre pour voir la tragédieHamletJohn Wilkes qu’interprétait 2 Booth , la révélation du moment. Une pléthore de divertissements plus populaires était également disponible tels que concerts de musique légère, comédies théâtrales ou musicales, cabarets et cirques, dont le plus fameux était le Barnum's American Museum qui, à la suite de l'inflation, dut augmenter son tarif d'admission de 25 à 35 cents.  La plupart des bouleversements qui apparurent dans les cités du Nord se seraient manifestés même sans l'arrivée de la guerre. Les visiteurs issus de petites villes ou de zones rurales s’émerveillaient constamment des dernières nouveautés des métropoles : tramways tirés par des chevaux, ascenseurs dans les immeubles, chauffage central urbain à la vapeur, réseau d'égouts, canalisations d'eau potable, éclairage au gaz etc … Bien que ces facilités modernes devinssent monnaie courante, les résidents des quartiers populeux ou plus anciens en étaient toujours réduits à tirer leur eau potable de puits artésiens, à s'éclairer à la lampe au kérosène et à utiliser des toilettes extérieures. Les policiers métropolitains étaient à présent revêtus d'uniformes, ce qui les empêcha par la suite de se mêler incognito à une foule en émeute afin de se dégager de leurs responsabilités.  En ce tempslà, comme aujourd'hui d'ailleurs, les gens se plaignaient constamment des désagréments propres aux grandes villes. Si les rues n'étaient pas continuellement dépavées et sujettes à des travaux divers pour la pose de conduites d'eau ou de gaz, elles étaient bloquées par divers chantiers de construction. Ces rues, sales, puantes et bruyantes, étaient le plus souvent obstruées par des chariots de transport et de déménagement, des carrioles, des fiacres, des charrettes et des vendeurs ambulants. Dans une totale confusion, des chevaux, des mules et leurs attelages tentaient quotidiennement de progresser tant bien que mal sous les jurons de leurs conducteurs afin de livrer de la glace, du lait, de la bière, des légumes, du charbon, du bois et du kérosène. Occasionnellement, un troupeau de bœufs, de vaches ou de moutons traversait la ville vers un abattoir de banlieue en encrassant davantage les rues et les avenues dont le nettoyage était inadéquat ou inexistant. La maind’œuvre masculine se raréfiait mais, en revanche, les femmes à tout faire étaient disponibles en grand nombre sur le marché. Plus d'une jeune fille irlandaise effectuait volontiers des tâches ménagères en échange d'un logement, de nourriture et de quelques centimes par jour. 2 L'assassin du président Abraham Lincoln.
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es nouvelles des désastres militaires fédéraux en Virginie et ailleurs  L filtrèrent jusqu'au public au travers de la presse sans produire pour autant le choc instantané qu'engendrerait aujourd'hui la radio ou la télévision. La bataille de Shiloh, au Tennessee, fut engagée du 6 au 7 avril 1862 mais, jusqu'au mercredi 9, les titres du New York Tribune ne rapportèrent que ce qui se passait à Yorktown et à Island Nr.10. Il fallut attendre le mercredi soir pour ce quotidien fasse état des rumeurs de la grande victoire du général Grant et de sa poursuite musclée des Rebelles! Une version moins abrégée et plus correcte des faits parut néanmoins le lendemain. En juin 1863, l'invasion de l'ouest de la Pennsylvanie par le général Lee créa quelqu’émoi au sein de certains villages et communautés isolées. En revanche, à l'est de la rivière Susquehanna, la plupart des gens pensèrent qu'il ne s'agissait que d'un raid frontalier. La proclamation du gouverneur Curtin visant à lever des volontaires resta lettre morte car que de nombreux Pennsylvaniens soupçonnèrent une nouvelle ruse de sa part pour recruter des soldats. Il fallut que des chariots bourrés de réfugiés et de leurs biens franchissent la Susquehanna pour que les résidents de Harrisburg et de ses environs prennent la menace d'une invasion confédérée au sérieux. Ces derniers passèrent ensuite plusieurs jours dans l'anxiété, glanant ici et là les dernières rumeurs. Un plan d'évacuation d'urgence fut mis sur pied mais il fut abandonné lorsque les craintes d'une invasion se révélèrent peu fondées. Exception faite des Pennsylvaniens du sud, la majorité des gens du Nord se trouvaient dans l'ignorance complète de ce qui se passait à Gettysburg alors que, paradoxalement, tous attendaient impatiemment des nouvelles fraîches de Vicksburg (Mississippi) où une longue campagne arrivait à son terme.  Un peu partout dans les cités du Nord, une excitationintra muros provoqua davantage de traumatisme que l'ennemi en uniforme. La succession des désastres fédéraux des années précédentes, la perspective de la conscription et la crainte d'une migration des Noirs vers le Nord à la suite de la proclamation d'émancipation de Lincoln engendrèrent, en 1863, un renouveau d'indignation patriotique qui déboucha sur des émeutes et des désordres violents. Malgré la solde généreuse offerte aux volontaires, l'enthousiasme pour l'enrôlement déclina fortement à la fin 1862. Lorsque le gouvernement fédéral établit la conscription, beaucoup rechignèrent à participer à un conflit dont ils avaient pratiquement oublié l'existence. Les contestataires se servirent de tous les prétextes possibles: la guerre était l'affaire des riches car ils avaient les moyens de payer des suppléants, elle se muait en une lutte où les Blancs mourraient pour sauver les Noirs, la guerre était vaine et inutile.  En Ohio, des femmes en colère accueillirent les recruteurs officiels avec des volées d'œufs. A Milwaukee, une foule en furie détruisit les archives de recrutement et s’en prit à un juge et à d'autres citoyens loyaux jusqu'à l’intervention de la troupe qui restaura l'ordre. A Chicago, un groupe de manifestants agressa un Marshall des Etats Unis et lui fractura le crâne. Les événements les plus dramatiques eurent lieu à New York, en juillet 1863, où des émeutes éclatèrent pendant trois jours avec leur cortège de vandalisme, de pillages et d'agressions contre les Noirs. Une fois de plus, l'intervention musclée de l'armée s'avéra indispensable pour rétablir le calme. L’indifférence ou la neutralité s’avérait dorénavant impossible et la violence des partisans de la conscription n’avait d’égale que la brutalité de leurs adversaires. Des soldats récemment revenus du front s’offusquèrent du manque de loyauté patriotique de l'arrièrepays et réagirent 3 furieusement en s'acharnant contre certainsCopperheadsDes vétérans notoires. 3 Copperhead ou "tête de cuivre" était le pseudonyme attribué à plusieurs sociétés clandestines, composées principalement de membres de l'aile radicale du parti démocrate dont le leader incontesté fut Clement Vallandigham. Ces sociétés secrètes, un peu comme des loges maçonniques, étaient multiples et possédaient des noms différents tels que les "Sons of Liberty", "the Order of the
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invalides quittèrent même leur hôpital pour briser une manifestation de rue en faveur de la paix.  La stricte application de la conscription ainsi que la poursuite implacable des avocats de la paix poussèrent beaucoup de contestataires à rejoindre des organisations clandestines telles que lesKnights of the Golden Circle et lesSons of Libertyils où purent ouvertement manifester leur indignation en fomentant des complots sans risquer de se compromettre. Il est difficile d'estimer le nombre de membres affiliés à ces organisations secrètes, mais il est clair qu’en 1864, elles envisagèrent un soulèvement massif pour prendre le contrôle de la convention démocratique de Chicago et d'en finir avec la guerre. Cependant, rien de concret ne se matérialisa. andis que les cités du Nord connaissaient des temps mémorables et  T recueillaient les fruits du capitalisme industriel et des spéculations financières, les conditions de vie demeuraient pratiquement inchangées dans les communautés rurales. Les trois quarts de la population nordiste se répartissaient dans des bourgades, villages et communautés isolées qui n'avaient pas ou peu changé depuis le tournant du siècle. Les membres de leurs familles formaient de petites entreprises autonomes axées sur l’agriculture, la construction d’un logement et la confection de vêtements et ce, dans un esprit de solidarité au sein de laquelle leur communauté forgeait même ses propres divertissements. La migration des campagnes vers les grandes villes n'avait pas encore eu lieu, mais la population rurale déclinait sensiblement en nombre. Ce phénomène, il faut l'attribuer à la conquête de terres nouvelles à l'ouest des EtatsUnis plutôt qu'a l'attrait des grandes métropoles.  La subsistance quotidienne demeurait l'occupation majeure des foyers, six jours sur sept, quel que soit leur endroit de résidence, ferme, village ou grande propriété. L’entretien des chevaux, des vaches laitières et des volailles ainsi que la production de graines, de légumes et de fruits entraient dans la routine quotidienne. Chaque ferme consistait en un groupe de bâtiments dont chacun d'eux se révélait essentiel au mode de vie rural : habitation principale, étable, volière, corral, atelier, fumoir et remise. Des poêles en fonte décorée fournissaient la source de chaleur et de cuisson, quant à la lumière, elle était assurée jusqu'à la fin du siècle par des lampes au kérosène. Comme les familles et les communautés vivaient en autarcie, l'argent liquide était rare et le troc était donc courant.  L'âge industriel apporta néanmoins certains bienfaits à ces communautés rurales, tout spécialement dans le domaine des machines agricoles mais, comme ceux qui pouvaient s'offrir de tels luxes étaient rares, la faux et le râteau connurent encore de beaux jours. L'avancement de la guerre créa des problèmes de maind'œuvre lors des moissons, obligeant ainsi les femmes à travailler dans les champs. Heureusement, la hausse des prix des produits agricoles permit aux fermiers et aux cultivateurs d'être sensiblement mieux lotis que les ouvriers qui travaillaient à la ville, et dont les salaires ne suivaient jamais l'inflation.  On pourrait penser que le dur labeur de la ferme ne laissait aucune place aux divertissements. Tout au contraire, la vie rurale offrait une abondance de plaisirs simples et variés. Une randonnée dans les bois, une partie de chasse ou de pêche dans le
American Knight", "the Corps of Belgium" ou encore le plus connu, "the Knights of the Golden Circle". Le but de leurs militants était clair: comploter par tous les moyens afin de prendre le pouvoir, de renverser le gouvernement Lincoln et d'arrêter la guerre. Le mouvement fut particulièrement actif au Kentucky, en Illinois, en Iowa et en Ohio. En août 1862, le journal "Chicago Tribune" estima le nombre total des Copperheads à 20.000 alors que d'autres sources parlent de 60.000 membres dans le seul Missouri. Vers e la fin de la guerre de Sécession, ce sera le Nord entier qui sera empoisonné par cette "5 colonne".
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voisinage immédiat où abondaient le poisson et le gibier, agrémentaient souvent les moments creux de la journée. Les courses de chevaux, la luge, le patinage, les jeux de cartes, les piqueniques et les soirées musicales étaient également très populaires. Le chant constituait l'un des passetemps universels qui donnait chaud au cœur. La guerre de Sécession généra plus de huit mille nouvelles chansons et mélodies patriotiques, comiques et mélancoliques qui furent fredonnées le plus souvent avec l'accompagnement d'un piano, d'une flûte ou d'un violon. Les dernières nouvelles ou rumeurs circulaient principalement à l'épicerie ou à la poste locale, lors du passage de voyageurs et par les journaux que déposaient les diligences. Des foires, des fêtes foraines, des cirques et autres théâtres ambulants fournissaient le prétexte à se déplacer dans les villages voisins et de se donner du bon temps. Après une longue journée de dur labeur, les jeunes trouvaient encore suffisamment d'énergie pour aller danser ou jouer aux cartes chez des amis jusqu'aux petites heures du matin, ce qui nécessitait parfois de longs trajets à cheval ou en charrette. 4  Les Noirs libres, en cavale ou récupérés par l'Underground Railroad, qui arrivèrent dans le Nord durant la guerre furent mieux accueillis à la campagne que dans les villes. Les populations urbaines considéraient en effet leur présence comme une menace pour l’emploi. Nombre d'entre eux s'établirent chez des fermiers qui cherchaient de l'aide et certains de ces Noirs devinrent euxmêmes propriétaires terriens par la suite. Néanmoins, la proclamation d'émancipation avait engendré la crainte que la guerre ne se poursuive jusqu'à l’extinction de l’esclavage. Pour cette raison, les Etats nordistes n’accueillirent pas très chaleureusement les Noirs. Ainsi l'Illinois limita l'immigration de Noirs sur son territoire arguant que leur présence sur le marché de l'emploi réduirait le niveau des salaires existants. a révolution industrielle eut notamment pour conséquence de rapprocher les  L communautés rurales et les villes. Durant la décennie qui précéda la guerre civile, l'étendue des voies ferroviaires dans le Nord avait plus que triplé. Il était maintenant possible de voyager rapidement entre New York et le fleuve Mississippi et plus d'une centaine de trains desservaient quotidiennement Chicago. A la vitesse de 40 ou de 50 km/h et au prix de quelques “cents” au kilomètre, le chemin de fer reliait les Etats de l'Est aux territoires de l'Ouest, ce qui se révéla d'une importance capitale durant le conflit fratricide. La guerre avait coupé les voies fluviales vers le Sud, dans les Etats du Midwest. Ces derniers se rendirent bientôt compte que les liaisons avec l'est des EtatsUnis leur ouvriraient de nouvelles et meilleures opportunités de commerce.  La stratégie militaire bénéficia, elle aussi, des améliorations apportées aux lignes ferroviaires, telles que la standardisation de la largeur des voies, la multiplication des voies dédoublées et la construction de ponts métalliques en remplacement des bacs traversant les cours d'eau. L'introduction de wagonscouchettes et de voituresrestaurant améliora sensiblement le confort des passagers. Les retards et les accidents de trains se produisaient néanmoins fréquemment et, souvent, les passagers terminaient leur voyage à une lenteur désespérante surtout à l'approche des grandes villes. Là, des chevaux remplaçaient les locomotives et remorquaient les wagons à travers la cité jusqu'à sa gare afin d'éviter les nuisances causées par les machines à vapeur. Le passage des trains dans 4  Le "chemin de fer souterrain" ou "underground railroad" était un réseau secret qui avait été créé par les antiesclavagistes en réponse à la “AntiFugitive Slave Law” de 1793, loi qui stipulait l'obligation, sous peine d'amende, de tout citoyen de renvoyer à leur maître un ou des esclaves fugitifs. Cette loi resta d'application jusqu'en 1850.Le nombre d'esclaves qui trouvèrent la liberté grâce à ce réseau oscille entre 25.000 et 100.000.
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les villes de second rang créait un véritable spectacle avec sa cohorte de bruit et son panache de fumée noire. Il ne fallut pas bien longtemps pour que certains Etats interdisent la circulation des trains, le dimanche, parce qu'ils"dérangeaient la paix des habitants et la tranquillité du Sabbat". i les gens du Nord ne furent qu’exceptionnellement confrontés à des soldats  S confédérés, de nombreux villages et bourgades eurent de fréquents contacts avec des unités de l'armée fédérale, principalement par le biais du chemins de fer. La population manifestait sa joie ou sa tristesse lorsque des volontaires embarquaient pour le front, quand des soldats blessés ou démobilisés arrivaient en ville ou encore quand défilaient des trains en direction des champs de bataille et des camps. Durant les premiers mois de guerre, de nombreuses associations caritatives féminines s’organisèrent pour offrir des pâtisseries, des fruits, du café et d’autres encas aux soldats de passage ou dans les trains immobilisés en gare.  Quant à la commission sanitaire des EtatsUnis, elle se développa spectaculairement. Basée uniquement sur le bénévolat, sa mission principale visait à pourvoir aux besoins des blessés et des prisonniers. La commission chrétienne, que 5 patronnait la YMCA , accomplit un travail similaire. La plupart des grands centres urbains ouvrirent de grands salons de rafraîchissement destinés à offrir un bon repas et une compagnie réconfortante aux soldats solitaires. La commission sanitaire créa également des homes pour soldats invalides et participa à l'aménagement de trains et de navireshôpitaux. Lors de galas sanitaires organisés un peu partout dans les Etats de l'Union, elle collecta pour la troupe des équipements estimés à 15.000.000 $. La foire de Philadelphie de 1864, à laquelle participèrent M. et Mme Lincoln, rapporta à elle seule plus d'un million de dollars.  Les salons de rafraîchissement situés dans les grandes villes et le long des routes qu’empruntaient les convois de troupes, évoluèrent parfois en établissements raffinés. Ainsi, leUnion Volunteer Refreshment Saloonde Philadelphie se targuait de servir aux soldats, 15.000 repas chauds gratuits par jour comprenant du bœuf, du jambon, du pain, des pommes de terre, des pâtisseries, du café ou du thé. Ce même organisme mettait également à leur disposition un service de blanchisserie ainsi que de quoi écrire et des enveloppes affranchies. Un petit canon avait été dressé près de l'établissement et, lors de l'arrivée de soldats, il était mis à feu pour prévenir les dames du voisinage et les prier de rejoindre leur poste. Ce canon continua à remplir ses bons offices tout au long de la guerre et il tonna pour la dernière fois en avril 1865 pour annoncer la reddition d'Appomatox.  Après la bataille de Gettysburg, les blessés qui étaient soignés dans les hôpitaux de campagne subissaient le même régime alimentaire que les soldats dans les camps : du porc salé et des pommes de terre bouillies. Telle une manne miraculeuse, une multitude d'associations caritatives féminines des environs apparut alors sur le terrain afin d'apporter à ces malheureux un réconfort diététique sous la forme de chariots bourrés de victuailles. Aux dires d'un journaliste,"ces dames servirent des petits déjeuners savoureux composés de toasts, d'œufs à la coque, de thé et de café, des dîners de bouillon, de poulet, de mouton, de légumes et de desserts variés ainsi que des soupers où l’on trouvait du thé, des purées de fruits et des viennoiseries". A elle seule, 6 l'organisation desPatriot Daughters comptait huit volontaires féminines qui 5 Young Men's Christian Association ou "Association Chrétienne des Jeunes Hommes", aujourd’hui auberge de jeunesse.6 "Filles patriotiques".
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préparaient et servaient pus de 150 repas par jour aux soldats convalescents. Les femmes qui vivaient en arrière du front se rendirent tout aussi utiles. Elles confectionnèrent des bandages, des chaussettes, des sousvêtements, des chemises et 7 autres vêtements ainsi que les incontournableshousewives. Le désir de participer à l'effort de guerre se traduisit également par des séances de couture, de tricotage et par des divertissements variés au profit de ceux qui en avaient besoin. Un nouveau type d'organisation sociale naquit dès lors dans la plupart des foyers unionistes, que ce soit dans les modestes familles rurales ou dans les couches aisées de la population métropolitaine. a chute de Vicksburg et la défaite confédérée à Gettysburg en 1863 ôtèrent  L aux Fédéraux tout doute sur leur victoire ultime et cela malgré la grogne, l'impatience et les omniprésentes longues listes de victimes de guerre. Néanmoins, l'énergie d’un monde en constante mutation grâce à l'apport des merveilleuses innovations mécaniques et industrielles déborda les objectifs réels de guerre. Un tel étalage de bienêtre et de richesses était sans précédent dans une société composée essentiellement de pionniers. Jamais autant de produits de consommation et de matières premières ne s’étalèrent en si peu de temps. De même, jamais autant de gens ne possédèrent autant de terres et de biens leur assurant des lendemains aussi prometteurs. Après avoir décrit la métamorphose subite et fulgurante du Nord durant les années de guerre civile, l'éditeur d'un quotidien conclut son article par ces mots :"Une telle société pouvaitelle tomber en déliquescence?"
Le 7 New York Militia embarque sur un train à destination du front. (Collection Seventh Regiment Fund Inc., NY City)
7 Traduction littérale: épouse de maison. Il s'agissait en réalité de petits nécessaires de couture en tissus, souvent brodés, qui se déroulaient pour révéler du fil, des aiguilles, des boutons, un dé à coudre etc…
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