France business school : une fusion ratée

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2 France business school : une fusion ratée _____________________ PRÉSENTATION_____________________ /¶pFROHsupérieure de commerce France business school, créée sous IRUPH DVVRFLDWLYH OH MXLOOHW SDU OD UpXQLRQ GH O¶École supérieure de commerce et de management (ESCEM) Tours-Orléans-Poitiers et des pFROHV VXSpULHXUHV GH FRPPHUFH G¶$PLHQV %UHVW HW &OHUPRQW-Ferrand, Q¶HVW SDV SDUYHQXH j UHOHYHU OHV GpILV TXH VHV IRQGDWHXUV OXL DYDLHQW IL[pV Après seulement deux années scolaires pleines (2013-2014 et 2014-2015), O¶DVVRFLation a été dissoute et placée en liquidation amiable par décision GH O¶DVVHPEOpH JpQpUDOH GX MXLQ La chambre régionale des comptes de Nouvelle-Aquitaine (anciennement Aquitaine, Limousin, PoitouCharentes) a examiné les multiples causes de cet échec, lesquelles relèvent aussi bien de la préparation du projet et de la stratégie pédagogique suivie, G¶XQH JHVWLRQ GpIDLOODQWH TXL Q¶HVW SDV SDUYHQXH j UHOHYHU DYHF VXFFqV OHV GpILV SRVpV SDU OD IXVLRQ TXH GH OD JRXYHUQDQFH PrPH GH O¶DVVRFLDWLRQ, GRQW O¶organisation faisait intervenir un grand nombre de financeurs, directs ou indirects. $LQVL XQ SURMHW DPELWLHX[ , PDO JpUp ,, V¶HVW-il terminé par une dissolution lourde de conséquences financières, sociales et pédagogiques (III).
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08 février 2017

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2France business school : une fusion ratée
_____________________ PRÉSENTATION_____________________
L’écolesupérieure de commerce France business school, créée sous forme associative le 6 juillet 2012 par la réunion de l’École supérieure de commerce et de management (ESCEM) Tours-Orléans-Poitiers et des écoles supérieures de commerce d’Amiens, Brest et Clermont-Ferrand, n’est pas parvenue à relever les défis que ses fondateurs lui avaient fixés. Après seulement deux années scolaires pleines (2013-2014 et 2014-2015), l’association a été dissoute et placée en liquidation amiable par décision de l’assemblée générale du 8 juin 2015.La chambre régionale des comptes de Nouvelle-Aquitaine (anciennement Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes) a examiné les multiples causes de cet échec, lesquelles relèvent aussi bien de la préparation du projet et de la stratégie pédagogique suivie, d’une gestion défaillante qui n’est pas parvenue à relever avec succès les défis posés par la fusion, que de la gouvernance même de l’association, dont l’organisation faisait intervenir un grand nombre de financeurs, directs ou indirects.
Ainsi un projet ambitieux (I), mal géré (II), s’est-il terminé par une dissolution lourde de conséquences financières, sociales et pédagogiques (III).
I -Un projet ambitieux mais contrarié
A -Le regroupement d’écoles supérieures de commerce, une idéea prioripertinente
Dans son rapport public annuel de 2013, la Cour des comptes avait publié une insertion relative aux «écoles supérieures de commerce et de
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280 gestion (ESCG) » , après une enquête commune avec les chambres régionales des comptes qui avait donné lieu au contrôle de 18 écoles supérieures de commerce (ESC). Elle avait constaté que l’internationalisation croissante des cursus et les classements internationaux jouaient un rôle de plus en plus déterminant dans la stratégie suivie par les établissements, ces objectifs les ayant conduits à investir pour le renforcement du niveau académique et des activités de recherche. Ces évolutions avaient été financées, pour l’essentiel,par un accroissement des ressources propres et notamment des frais de scolarité des élèves. La Cour observait que la mondialisation de l’enseignement supérieur se traduisait dorénavant par une mobilité internationale des étudiants et donc une concurrence accrue des formations entraînant un investissement financier important des écoles pour leurs infrastructures, la qualité du corps professoral et de la recherche, et les partenariats nationaux et internationaux.
Entre 2013 et 2015, par ailleurs, plusieurs mesures d’économies ont été adoptées par le législateur modifiant durablement les conditions de financement du réseau des chambres consulaires aussi bien par la diminution du produit de la fiscalité affectée que par des prélèvements sur 281 leurs fonds de roulement. Le réseau consulaire n’étant pas en mesure de financer la stratégie de croissance des écoles, celles-ci ont cherché de nouveaux relais de financement pour leur développement.
Pour assurer leur visibilité internationale et mutualiser leurs moyens, certaines ESC ont mis en place des stratégies de regroupement avec des écoles de régions non limitrophes.L’ESC Lille et leCentre d’enseignement et de recherche appliqués au management (CERAM) de Nice ont fusionné en 2009 pour former SKEMA business school. En 2013, Bordeaux école de management et Euromed management (Marseille) ont créé KEDGE business school et Reims management school et Rouen business school ont fusionné en NEOMA business school. Dans le rapport précité, la Cour avait rappelé aux écoles que ces rapprochements ne sont pas toujours synonymes de gains de productivité, les effets d’économie
280 Cour des comptes, Rapport public annuel 2013, Tome I-1. Les écoles supérieures de commerce et de gestion : un développement à réguler, p. 305-380. La Documentation française, février 2013, 657 p., disponible sur www.comptes.fr 281 Les chambres consulaires, leurs missions et leur financement, rapportd’information déposé par la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire en conclusion des travaux de la mission d’évaluation et de contrôle (MEC) et présenté par Mmes Monique Rabin et Catherine Vauthrin, députées, enregistré à la présidence de l’Assemblée nationale le 16 septembre 2015.
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d’échelle pour des écoles distantes de plusieurs centaines de kilomètres n’allant pas toujours de soi. Dans ce contexte, leprésident de l’École supérieure de commerce et de management (ESCEM) Tours-Poitiers-Orléans, et ancien directeur général de cette école, a souhaité, pour son école, nouer de nouvelles alliances. Un rapprochement avec les instituts d’administration des entreprises (IAE)de Poitiers et Tours, dotés d’une offre de formation et d’une politique académique solides, a pu être envisagémais c’est finalement un projet avec d’autres ESC,extérieures à la région, qui a été décidé : une «nouvelle grande école française, multi-campus, solidement enracinée sur ses territoires, résolument tournée vers le monde, vitrine des savoir-faire de notre pays, engagée et passionnée pour le développement 282 de ses participants, de ses entreprises et de ses territoires» .La nouvelle école France business school a été pensée comme une école unique mais décentralisée, reposant sur les réseaux et initiatives historiques des anciennes écoles. Les concepteurs du projet avaient donc probablement anticipé la difficulté à laquelle ce projet serait confronté, soit la nécessité de créer une cohérence pédagogique et des économies d’échelles par la réunion de cinq campuset autant de cultures locales et d’intérêts économiques différents. Les regroupements précédents n’avaient en effet jamais concerné plus de deux écoles. Les écoles fondatrices (Amiens, Brest, Clermont et l’ESCEM) présentaient des caractéristiques relativement différentes. Il apparaît notamment que l’ESCEM faisait figure dechef de file, possédant à la fois le plus grand nombre d’élèves, une double accréditation internationale et parvenant encore à recruter un nombre significatif d’élèves issus des classes préparatoires. Ainsi, au sein de la promotion recrutée en 2011-2012, environ 5 % des élèves étaient issusd’uneclasse préparatoire à Brest, 20 % à Clermont-Ferrand et Amiens et plus de 50 % à l’ESCEM. Le projet FBSa donc pu être motivé par la nécessité de renouveler leur image de marque 283 auprès des élèves, des entreprises et des enseignants .
282 Cf. dossier de présentation de la nouvelle école aux écoles fondatrices. 283 «La création de la nouvelle école donne lieu à la création d’une nouvelle marque se substituant aux marques anciennes dont la lisibilité reste faible, malgré l’attachement légitime de chacun à la marque actuelle de son école », dossier de présentation de FBS aux écoles fondatrices.
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Écoles
Amiens
Brest
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Tableau n° 1 :données sur les écoles fondatrices (2011)
Nature juridique
Association
Régie consulaire
Nombre d’étudiants (dont PGE) 1252 (997)
895 (469)
Étudiants intégrés à la suite d’une classe préparatoire 56
6
Budget
9 M€
9 M€
Accréditations
Non
Non
Clermont-Régie 284 2000 (1540) 8118 M€ AACSB Ferrandconsulaire Syndicat AACSB et ESCEM2490 (1940) 25527 M€285 mixte EQUIS Source: Cour des comptes d’après chambre de commerce et d’industrie du Puy-de-Dôme. PGE : programme grande école.
B -Une gouvernance déficiente
Le 6 juillet 2012, les membres fondateurs de l’association France business school ont décidé, par l’adoption destatuts initiaux, de se regrouper et de mettre en commun leurs moyens, dès la rentrée scolaire 2012-2013. Comme dans la plupart des associations, les organes de FBS ont été composés d’une assemblée générale, d’un conseil d’administration, d’une présidence et d’une direction générale. Au sein de l’assemblée générale et du conseil d’administration, et aux termes des articles 7-2 et 9-1 des statuts, chaque membre a désigné respectivement quatre et deux représentants. Comme le montre le schémainfra, lesmembres de l’association n’étaient parfois pas, commedans le cas de l’école d’Amiens et de l’ESCEM, les représentants des financeurs réels. Chaque membre a été doté d’un droit de vote, le montant des cotisations n’étant pas corrélé aux pouvoirs des membres dans les organes de l’association.
284 Association to Advance Collegiate Schools of Business.285 European Quality Improvement System.
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Schéma n° 1 :les fondateurs de France business school
Source : Cour des comptes
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Cette situation a pu poser des difficultés ultérieures pour la gouvernance de l’association. En effet, le syndicat mixte de l’ESCEM disposait notamment du même nombre de représentants et de droit de vote que les autres membres alors que sa cotisation représentait près de 50 % de l’ensemble des cotisations versées.Les chambres de commerce et d’industrie etlescollectivités territoriales membres de l’ESCEM étaient donc relativement sous-représentées dans les organes de FBS, ce qui a pu les dissuader de s’impliquer dans la gouvernance et le contrôle de l’association.
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La délégation de la mission d’enseignement des membres à l’association n’est pas intervenue à la suite d’une procédure de marché public ou d’une délégation de service public mais par une délégation de fait, sur le fondement de la décisionCommune d’Aix-en-Provence du Conseil d’État du 6 avril 2007. Par cette décision,le Conseil d’État avait jugé que les collectivités publiques pouvaient déléguer une mission de service public à un tiers sans recourir à un contrat de délégation de service public lorsqu’elles créaientun organisme dont l’objet statutaire exclusif était de gérer le service délégué et si elles exerçaient sur lui un contrôle comparable à celui qu’elles exerceraient sur leur propre service leur donnant notamment les moyens de s’assurer du strict respect de son objet statutaire.
Ce montage n’a pas permis de distinguer clairement les responsabilités financières des délégants et du délégataire, notamment en cas d’insuffisance de ressources pour couvrir les charges d’exploitation. Aussi, les objectifspédagogiques assignés à l’association et le contrôle de la mission d’enseignement déléguée n’ont pas été précisément définis, comme c’est généralement le cas dans une procédure de délégation de service public, et reposaient donc exclusivement sur les décisions de la gouvernance de l’association.
Le mode de délégation choisi par les membres imposait qu’ils exercent sur l’association un contrôle comparable à celui qu’ils exercent sur leurs propres services. Or,les membres de l’association n’ont exercé qu’uncontrôle très faible de la direction générale.
Les compétences respectives de l’assemblée générale, du conseil d’administration et du président ont été définiesa minimapuisque que ce sont surtout les compétences relatives à la vie institutionnelle de l’association qui ont été envisagées, plutôt que celles de sa gestion. Les statuts de l’association ne définissent pas de règles ou de répartition des compétences concernant la gestion financière et comptable, la gestion des ressources humaines, la politique des achats et des investissements. Un règlement intérieur a bien été approuvé par le conseil d’administration et ratifié par l’assemblée générale mais celui-ci prévoyait uniquement la constitution d’organes, qui n’ont pour la plupart jamais eu d’activité,et la possibilité de délégations de pouvoirs.
Par ailleurs, l’article 13 des statuts prévoyait la constitution d’un comité exécutif, animé par le directeur général et réunissant les directeurs fonctionnels de FBS et des campus. Cette instance, qui aurait pu permettre d’encadrer la stratégie de la direction, n’a pas été consultée et n’apparaissait pas dans l’organigramme embryonnaire de l’école.
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Le président de l’associationa délégué une part importante de ses pouvoirs au directeur général, ne conservant que de faibles attributions, même les fonctions statutaires essentielles, comme celle d’ester en justice, ayant été déléguées. En outre, certains pouvoirs ont été délégués au directeur général alors même quilsne pouvaient pas l’être car ils appartenaientà d’autres organes de l’école.
C -L’échec de la stratégie pédagogique
Le projet France business school s’est naturellement accompagné du recrutement d’un directeur général. La candidature de l’ancien directeur général de l’EM Lyon fut retenue et son contrata débuté en septembre 2012.
1 -L’effondrement des recrutements
La direction générale de FBS a souhaité construire un programme de formation radicalement innovant, abandonnant les références éducatives traditionnelles, plus verticales, et proposant un cursus centré sur les étudiants et sur les savoir-être et savoir-faire plutôt que sur l’acquisition des connaissances académiques. La décision de rompre avec les modalités traditionnelles de recrutement des étudiants du programme grande école (PGE) pour l’année 2013-2014 avait été prise avant son recrutement par l’ancien président de l’ESCEM. Sa mise en œuvre a fait l’objet d’un retard notamment lié à un manque de concertation avec les équipes pédagogiques, les outils de recrutement ont été en partie délégués à une société privée. Aussi, le retrait des écoles fondatrices des anciennes banques communes d’épreuves a été annoncé et publié dans la presse sans que la future procédure de recrutement ne soit aboutie.
Des sélections ont été organisées sur les campus de FBS ainsi que dans la plupart des grandes villes françaises. Les candidats devaient préalablement présenter un dossier et la session de recrutement était composée de plusieurs entretiensoraux, d’un test d’anglais et d’un test de raisonnement.
Ces modalités ont provoqué une forte baisse des recrutements et de la sélectivité. En 2013, pour la première rentrée de FBS, 807 candidats se sont effectivement présentés auxtalent days, 721 ont été admis soit un taux d’admission de près de 90 % et 345 étudiants se sont finalement inscrits. Les recrutements ont baissé de 77 % pour la première année scolaire de
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FBS. La dégradation de l’attractivité de l’école fut encore plusfortel’année suivantepuisqu’elle ne parvint à recruter que 181 étudiants au sein du PGE, soit une baisse de 90% par rapport à l’année scolaire 2011-2012. L’effondrement des recrutements s’expliqueen partie par une donc stratégie de recrutement préparée précipitamment qui n’a pas convaincu les étudiants : les élèves de classes préparatoires, vivier traditionnel et important des écoles supérieures de commerce, ne représentaient que 8 % des candidats destalent days.
2 -Une ambition internationale démesurée
Le projet du directeur général était de créer un « réseau mondial » dont le siège mondial serait à Singapour et qui développerait son activité dans 12 pays à travers des filiales. Ce nouvel établissement qui ne devait pas « se soucier ni des accréditations, ni des classements» devait être financé par des entrepreneurs importants du monde entier, souhaitant développer un «projet qui va démarrer en 2012[et dont]la France, la 286 Suisse, l’Inde et le Moyen-Orient vont être les quatre pays concernés».
La décision d’une implantation permanente de FBS en Chine a été prise par le directeur général dès sa prise de fonctions. L’école ne disposait pourtant pas de la surface financière nécessaire à la réussite d’un tel projet à court et moyen terme, les défis posés par la fusion étant par ailleurs considérables.
La direction générale a tout de même réussi à proposer une offre de formation à Shanghai en 2013-2014, conformément à son engagement envers les étudiantsrecrutés. Des locaux ont été mis à disposition de l’école par la municipalité et FBS a procédé à l’achat de différents cours auprès d’une société chinoise. Il ne s’agissait donc pas véritablement d’un campus délocalisé, les enseignements n’étant pas assurés par le corps professoral de FBS.
Ce partenariat, initialement conclu pour une durée d’un an, dépendait très largement des relations du directeur général. Or, le conseil d’administration de FBS a décidéde mettre fin aux fonctions de son directeur général le 9 juillet 2014par rupture conventionnelle à l’initiative de l’employeur.Le maintien d’une offre de formation de FBS en Chine a donc été menacé.
286 Extrait de la lettre de l’ancien directeur général de France business school au président de l’association.
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Pour éviter cette rupture, le président a proposéà l’ancien directeur générald’organiser ces échanges par une structure « dont il se porterait garant »une fois qu’il aurait quitté ses fonctions au sein de FBS.
er Un partenariat a donc été conclu le 1 septembre 2014 entre le président de FBSet l’ancien directeur général de FBS représentant de «New World University (NWU) by ESFA» pour l’organisation de semestres d’études en Chine pour les étudiants de FBS. Il était prévu que NWU offre aux étudiants une «prestation de grande qualité académique » ponctuée de plusieurs séjours d’études en Chine.En réalité, NWU s’apparentait davantage à une marque ou un projet d’une société spécialisée dans les séjours linguistiques à l’étranger et il n’existait pas de véritable campus NWU à Shanghai mais des prestations de formation délivrées dans des locaux mis à disposition, comme en 2013-2014.
3 -Le refus de l’accréditation master du diplôme grande école
Les écoles fondatrices de FBS ayant décidé de créer un nouveau programme grande école, un dossier de demande d’habilitation master et de reconnaissance du diplôme a été transmis en avril 2012, puis complété en 2013, à la commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion (CEFDG) chargée d’émettre un avis, généralement suivi, au ministère de l’enseignement supérieur pour l’attribution du grade de master. Entre 2012 et 2013, la commission et le ministère ont accompagné les écoles fondatrices afin de les aider à préparer leur dossier de demande de visa et d’accréditation master.La commission a constaté le cadre novateur du programme en précisant toutefois que les données chiffrées fournies par le dossier se fondaient sur les formations existantes, c’est-à-dire sur les programmes des écoles fondatrices, celuide FBS ne démarrant qu’en 2013-2014. La politique scientifique de l’école manquait de lisibilité et des éclaircissements sur l’organisation de la dynamique de recherche, ses axes thématiques et son articulation entre les différents sites étaient jugés nécessaires. La commission a donc émis un avis favorable à la demande d’autorisation à délivrer un diplôme visé pour le programme grande école er (Bac+5, niveau I), pour une durée de deux ans, à compter du 1 septembre 2015, assorti d’un avis défavorable à l’attribution du grade de master, obérant ainsi la réputation académique et les capacités de recrutement de la nouvelle école. Le ministère a cependant fait savoir à l’école que«si lors de la prochaine évaluation, les exigences relatives au grade de master
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sont satisfaitespour l’intégralité des sites, l'autorisation à conférer le grade de master aux titulaires du diplôme visé pourrait être accordée à titre rétroactif aux étudiants inscrits à compter de la rentrée 2013 ».
Il est regrettable que le ministère et la commission n’aient pas dissuadé les écoles de s’engager dans la voie du programme unique habilité alors que ce dernier ne remplissait pas les critères objectifs d’habilitation du fait de la sous-performance en matière académique et de recherche de certaines écoles fondatrices de FBS. En outre, le fait que les étudiants puissent bénéficier d’un master de manière rétroactive et conditionnée n’apportait pas de garanties suffisantes aux étudiants éventuellement intéressés par le programme de FBS et a probablement grevé considérablement les chances de réussite de l’école.
Lorsque plusieurs écoles disposant de programmes déjà visés et habilités master décident de fusionner ou de créer un programme commun de formation, il serait utile d’avoir recours à un dispositif autorisant ces écoles fusionnées à conserver, la première année, le bénéfice des habilitations qu’elles détenaient déjà ce qui permettrait à la fois le recrutement d’étudiants et au ministère et à la commission d’effectuer un contrôle pédagogique continu, avec recommandations, avant de renouveler éventuellement et à plus long terme l’habilitation. Ce dispositif permettrait d’encourager les innovations pédagogiques entre écoles tout en veillant à la qualité académique des masters.
Enfin, considérant l’importance des avis formulés par la commission dans cet environnement fortement concurrentiel, il serait souhaitable que ceux-ci soient intégralement publiés pour permettre une meilleure information des étudiants et de leurs familles.
II -Une gestion défaillante
A -Une gestion budgétaire et comptable contestable
1 -Des difficultés de financement
Dans le plan de financement, le coût du rapprochement entre les écoles fondatrices avait été estiméà 13,65 M€ sur cinq ans.Le président de l’association et les membres fondateurs ont partagé des prévisions dactivité trop optimistes. Le modèle devait aboutir, en 2016, à un résultat
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positif de près de 10M€, permettant de financer les développements pédagogique et international de l’école. Compte tenu des situations préalables à la fusion, notamment un environnement très concurrentiel et une attractivité relative des écoles fondatrices de FBS, ces prévisions n’étaient pasdans un délai aussi court. Alors que le plan de réalisables financement prévoyait un chiffre d’affairesde 42,5 M€ dès 2013,celui-ci s’est établi à 33 M€cette année-là.
Lesdifficultés rencontrées par l’association trouvent notamment leur origine dans l’insuffisance de fonds propres associatifs mobilisés pour la mise en œuvre du projet. La trésorerie apportée était insuffisante pour couvrir les dépenses courantes. Un appel de fonds a ainsi été décidé avant la fin de l’année 2013.
2 -Une comptabilité totalement désorganisée
France business school a été créée sans qu’aucune réflexion ou décision relativeà l’organisation comptable et auchoix d’outilsfinanciers n’ait été engagée.À partirde 2013, les membres de l’association ont décidé de centraliser la direction financière et comptable et de la localiser sur le campus de Tours. Malgré cela, la répartition des tâches et la construction de l’organigramme étaient encore mal définiesà la fin de l’année. Le circuit et le mode de comptabilisation des factures étaient contraires aux règles comptables puisque les factures étaient enregistrées dans le logiciel de l’association après que le comptablea procédé au paiement. Cela a provoquéun certain nombre de retards, d’oublis ou d’erreurset, par suite, un manque de fiabilité des comptes.
er Lors du conseil dadministration du 1 décembre 2014, les membres de l'association ont arrêté les comptes 2012/2013 et ont été informés du refus de certification par le commissaire aux comptes. Les comptes annuels 2013 ont été approuvés tardivement.
B -Une absence de respect des règles de la commande publique
En tant que pouvoir adjudicateur au sens de l’ordonnance du 6 juin 2005 relative aux marchés passés par certaines personnes publiques ou privées non soumises au code des marchés publics, France business school était soumise aux dispositions du décret du 30 décembre 2005. Il
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