Théorie générale de la stratégie
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Théorie générale de la stratégie , livre ebook

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Description

Cet essai a pour ambition de donner une nouvelle définition étendue de la stratégie puis de développer quelques théorèmes et principes fondamentaux qui en découlent.

Informations

Publié par
Date de parution 07 décembre 2012
Nombre de lectures 14
EAN13 9782312006420
Langue Français

Extrait

Théorie générale de la stratégie
Pierre Gaupillat
Théorie générale de la stratégie















Les éditions du net 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
© Les Éditions du Net, 2012 ISBN : 978-2-312-00642-0
Introduction
La stratégie a si souvent imprégné l’histoire des hommes par tant de prestige et de grandeur qu’il est consternant que sa définition soit aussi mal partagée. Chacun s’est fait son idée sur ce qu’elle signifie. Pour certains, il ne s’agit que d’une partie de la science militaire, souvent un art, celui de conduire l’armée d’un état vers la victoire finale. Pour d’autres, il peut s’agir également d’entreprises civiles : politiques électorales, politiques économiques, politiques d’entreprise, management, mise au point d’objectifs, de schémas ou de plans.
Les écrits militaires, afin de préserver leur noblesse, font rarement référence aux écrits de stratégie civils, souvent jugés moins rigoureux. Par contre, les écrits civils font eux régulièrement l’objet de comparaisons entre des situations militaires tirées de l’histoire et des situations civiles où il s’agit le plus souvent d’entreprises. La vulgarisation progressive de la stratégie dans les écrits civils a sans doute poussé les spécialistes militaires vers un certain élitisme, ce qui a souvent privé le reste de la société d’une partie de leurs réflexions.
De son côté, la stratégie civile a contribué à son propre déclin idéologique car en se répandant comme une pratique régulière des managers d’une majorité d’entreprises et d’organisations, chacun s’est peu à peu mis à employer le mot stratégie sans éprouver le besoin d’en redéfinir le sens et en utilisant surtout ce mot à des fins de pure communication. Certes, ce mot peut donner un cachet et une dimension de commandement à des propositions qui relèvent souvent du simple bon sens.
L’ambition de ce livre est de renouveler la tentative de transformer cette connaissance diffuse qu’est la stratégie en une science générale à part entière, afin d’embrasser ses applications civiles comme militaires. L’approche scientifique est certainement ce qui a fait le plus défaut aux livres portant sur la stratégie.
Bien souvent, cette littérature s’est développée sous la forme d’une connaissance empirique et historique. Les connaissances sur la stratégie, en restant pour la plupart purement descriptives et intuitives, n’ont formé peu à peu qu’un simple agrégat informe car les rares tentatives de formalisation de principes stratégiques ont souvent débouché sur des dogmes, des banalités ou des principes non généraux. Les grands stratèges ont dû parfois puiser par eux-mêmes dans cette vaste bibliothèque que sont les connaissances historiques pour se former un jugement et des principes qu’ils ont appliqués à leur tour.
Du coup, ceux qui ont souvent été les mieux placés pour faire de la stratégie une science ont souvent préféré en être seulement des praticiens, laissant à la postérité leurs seuls exploits. C’est ce qui fait sans doute que la stratégie n’est pas vraiment considérée comme une science au même titre que la physique ou l’économie.
En reprenant cet agrégat de connaissances empiriques et intuitives, il existe probablement un moyen de faire de la stratégie une science, c’est-à-dire d’identifier, pour reprendre les termes d’Emmanuel Kant, ses principes généraux et ses concepts. Comme dans toute science, il doit être permis de formuler des théories et des lois que l’on cherchera sans cesse à questionner ou à affiner au moyen d’expériences mais en s’appuyant également sur sa raison.

Tout d’abord, commençons à encadrer cet exercice par une définition de la stratégie :

La stratégie est une réflexion et une mise en œuvre d’actions au service des intérêts d’une puissance organisée.

Cette définition simple permet non seulement de couvrir toutes les définitions habituelles mais elle rompt surtout avec de nombreuses idées reçues.
La stratégie est bien à la fois une réflexion et une action . Cela signifie que la stratégie ne peut jamais rester seulement abstraite ou théorique pour la simple raison que servir les intérêts d’une puissance nécessite des résultats concrets. Il n’est point nécessaire d’ajouter que chaque action nécessite une réflexion préalable. L’important est que la stratégie contienne la mise en œuvre de cette action, donc bien plus que la pensée de ce qui doit être obtenu mais comment cette action doit être menée. Tout ce qui fait la subtilité de la stratégie réside ainsi dans cette dialectique permanente entre pensée et action. En stratégie, la pensée et l’action s’entremêlent pour former un processus itératif.
Continuons sur la notion de service des intérêts d’une puissance organisée. Un individu ou un groupe d’individus peuvent être aux commandes de cette puissance, il n’y a donc pas forcément qu’un seul stratège. L’important est qu’ils se mettent effectivement bien au service de cette puissance. Cela ne signifie pas forcément que les stratèges ne puissent pas servir parallèlement leurs propres intérêts si leur stratégie personnelle rejoint celle de la puissance qu’ils servent.
L’expression puissance organisée est également très importante dans cette définition. Il n’y a pas de stratégie sans puissance, c’est-à-dire sans pouvoir d’action qui permette de transformer ou d’orienter des évènements vers l’intérêt de cette puissance, mais il est également impératif que cette puissance soit maîtrisable par le biais d’une organisation. La notion d’organisation est très générale puisqu’elle évoque aussi bien des groupes civils comme militaires mais elle évoque surtout la notion qu’une puissance brute seule ne suffit pas, elle doit être orientée de façon à permettre une utilisation à la fois pertinente et efficace. Les éléments naturels, aussi puissants soient-ils comme un volcan ou un tsunami, n’ont pas de volonté ni d’organisation ; par définition, « la nature » n’a donc aucune stratégie.
Compte tenu de ces éléments, il semble judicieux d’en déduire ce que la stratégie n’est pas ou ce qu’elle n’est pas seulement. Nous aurons de nombreuses occasions de montrer que le conflit armé, la défaite ou la destruction de l’ennemi par les armes ne sont pas les seules activités qui puissent prétendre revêtir le nom de stratégie. Cette définition est suffisamment généraliste pour englober tout type d’entreprise humaine au sens général du terme. Les puissances organisées peuvent donc être des entreprises privées, publiques, des états, des syndicats, des ménages, des associations, des partis politiques, des individus qui souhaitent tous servir leurs intérêts au moyen de la stratégie.
La victoire est également souvent admise comme étant le but ultime d’une stratégie. Non seulement, elle porte une large connotation militaire mais elle signifie qu’il y ait une fin systématique, ce qui bien entendu n’est pas très représentatif de bon nombre d’activités humaines fondées sur une progression perpétuelle comme c’est le cas par exemple des entreprises privées qui recherchent à perdurer et accumuler continuellement des profits.
La stratégie n’est pas non plus qu’un plan, un schéma ou une liste d’objectifs. Si ces représentations de la réflexion stratégique font partie de la stratégie elle-même, elles sont bien sûr figées. Or la stratégie est bien une activité dynamique dont les réflexions, les actions et l’analyse des effets de ces actions peuvent remettre en cause le "plan" initial. Changer de plan ne revient pas donc pas à changer de stratégie si le plan n’est qu’un élément subordonné à une vision ou ligne stratégique qui englobe une succession de plans à réaliser. Dans ce cas, le plan, le schéma ou la liste d’objectifs ne sont que des représentations imparfaites et statiques de la stratégie à un moment donné et qui servent le plus souvent à être communiqués auprès de leurs protagonistes.
Partie I Les référentiels de la stratégie
Définitions de deux concepts fondamentaux :
Une situation stratégique est un évènement auquel fait face une puissance organisée lorsque ses intérêts sont mis en jeu.

Un système stratégique regroupe l’ensemble des protagonistes, des intérêts stratégiques et des éléments composant l’environnement susceptibles d’engendrer des situations stratégiques.
Cet ensemble sera le plus souvent composé d’un espace physique et d’autres caractéristiques que nous ve

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