Papychat , livre ebook

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Papychat est le surnom donné par ses petits-enfants à l'auteur de cet ouvrage autobiographique pour le différencier des autres grands-pères d'une même parentèle.
Après une enfance perturbée par les événements de la guerre de 1939-1945, une adolescence affectée par un cadre familial instable, l'auteur, après avoir cherché sa voie entre l'hôtellerie, l'art dramatique et les troupes aéroportées, trouve enfin son itinéraire en s'expatriant pendant vingt-sept années pour le compte d'une compagnie aérienne française dans des pays aussi divers que l'ex Congo Kinshasa, le Niger, le Burkina Faso, la Guinée, le Bénin, la Norvège, et enfin la Russie.
Une vie riche d'événements imprévus, de rebondissements inattendus, où la sensibilité le dispute à la drôlerie, l'acuité du regard à la rêverie.




Page de couverture : pastel de Sophie Duhamel.

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Publié par

Date de parution

02 novembre 2018

Nombre de lectures

3

EAN13

9782414273317

Langue

Français

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-27332-4

© Edilivre, 2018
Dédicace
 
À ma fille, Sophie.
 
Presque quatre-vingts ans se sont écoulés depuis ma naissance.
J’ai vécu tellement de moments essentiels ou accessoires durant ces années si longues en apparence quand on s’attache à les compter, quand on évoque ce long spectacle ponctué de joies, de peines, d’événements heureux ou malheureux, et d’instants presque oubliés, au mieux devenus imprécis sous les passerelles du temps passé…
Une longue pièce de théâtre, en quelque sorte, dont je fus l’acteur principal et aujourd’hui, l’auteur.
Lever de rideau…
1938
Une année particulièrement riche en événements historiques, parfois tragiques. Nous étions à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Le monde entier était crispé, stressé, dirait-on aujourd’hui, face à cette logique de conflit dont personne, semble-t-il, n’était en mesure d’arrêter le cours funeste…
Pour mieux nous situer, voici quelques dates :
1 er  janvier, la SNCF est créée.
17 janvier, John Baird fait une démonstration de la première télévision en couleurs.
13 mars, Hitler envahit l’Autriche : ses armées sont acclamées par les Autrichiens.
1 er  avril, invention du Nescafé.
21 avril, naissance du journal de Spirou.
23 septembre, naissance de Romy Schneider.
27 septembre, baptême du paquebot Queen Elizabeth par la reine d’Angleterre.
30 septembre, Chamberlain et Daladier signent le honteux traité de Munich, signe évident de la faiblesse des démocraties occidentales face à la montée des fascismes.
Octobre, invention de la photocopie, puis du nylon.
Enfin, et surtout, le 9 novembre, la tragique « Nuit de Cristal » initiée par Goebbels incitant les militants nazis à se soulever contre les Juifs dans les principales villes d’Allemagne ; synagogues, maisons particulières, magasins pillés, brisés, anéantis. Bilan : 91 morts, 10.000 prisonniers juifs. La communauté juive sera taxée d’une « amende » d’un milliard de marks pour tapage nocturne. Du côté des Alliés, personne n’a levé le petit doigt !
Voilà pour le décor.
Et moi, dans cet épisode ?
J’ai consulté des livres d’histoire, des journaux et des éphémérides de l’époque, rien, pas un seul mot à mon sujet.
Ah si ! : le registre des naissances de la mairie du treizième arrondissement de Paris en parle encore : à la page du 9 septembre, l’heure n’est pas précisée, mais je sais être né vers midi, comme l’ont soutenu mes parents.
J’en déduis donc que je suis une infime fraction de ces milliards d’individus inconnus qui, discrètement, sans bruit, furtivement même pour certains, naissent, vivent et meurent sur cette planète.
Et pourtant, ces milliards d’anonymes auraient tous une histoire à raconter, jalonnée de tant d’événements, une immense saga humaine dont on n’imagine pas le formidable roman que l’on pourrait en écrire !
Vous qui me lisez, ne soyez pas déçus : ma modeste saga ne devrait pas passionner les foules… Alors, pour en relever un peu la saveur, j’essaierai d’y mettre un peu de piment, d’y ajouter parfois une pincée de sel, tout en respectant, cependant, l’authenticité de mes souvenirs…
Aujourd’hui, un accouchement est presque considéré comme une opération chirurgicale : une clinique ou un hôpital est devenu indispensable pour la mise au monde d’un enfant, avec bloc opératoire aseptisé, gynécologue, infirmières, bouteilles d’oxygène, que sais-je encore ?
En ce qui me concerne, je suis né dans l’appartement familial, au n°14 de la rue Le Dantec, dans le treizième arrondissement de Paris, dans la chambre de mes parents, ma mère entourée des soins attentionnés d’une sage-femme à qui ma grand-mère, présente à ce moment-là, avait au préalable fourni des linges propres et une bassine d’eau bouillie.
Et, voyez-vous, je suis toujours là !
Mes parents habitaient au cinquième étage (à gauche sur le palier) d’un immeuble construit par la ville de Paris, d’apparence agréable, fait de briques et de béton, précédé, une fois franchie la grille d’entrée peinte en noir, d’un jardinet soigneusement entretenu par Madame Jourde, la concierge, où les aucubas régnaient en maître, séparés par une allée centrale faite de gros gravier noyé dans du ciment.
Lorsque l’on montait chez mes parents, on empruntait un ascenseur dont l’accès était protégé par une grille métallique, noire elle aussi, suivie d’une porte en bois vitrée à deux battants contre lesquels il fallait jouer des coudes et se battre pour pénétrer dans la cabine, lorsque les mains étaient encombrées de sacs à provisions.
Après avoir appuyé sur le bouton lumineux du cinquième, l’ascenseur, au terme de quelques brèves secondes de réflexion, entamait sa lente élévation… Arrivé à destination, il fallait entreprendre un autre combat avec la porte, plus difficile celui-ci, car on devait, les mains toujours encombrées des mêmes sacs à provisions, ouvrir non seulement les deux battants vers l’intérieur, mais aussi la lourde porte palière grillagée derrière laquelle on était, enfin, libéré de cette épuisante ascension.
En entrant dans l’appartement coquettement entretenu par ma mère, on trouvait à droite dans le couloir assez large, un vieux coffre en bois avec lequel, mon frère, quand il sera plus âgé, et moi, jouions au métro. Ce jeu consistait à soulever les deux grands rabats que l’on appuyait contre le mur et à nous asseoir l’un derrière l’autre à l’intérieur, la désignation du conducteur, placé à l’avant entraînant parfois d’homériques conflits fraternels…
Enfin installés, le conducteur simulait bruyamment le son de la fermeture des portes à l’aide de deux petits couvercles situés à l’avant et à l’arrière du coffre que l’on faisait généreusement claquer en tenant compte du nombre approximatif de portes d’une rame de métro, tandis que le passager, placé à l’arrière, imitait la sonnerie de fermeture précédant le départ vers d’imaginaires destinations suburbaines… Je ne sais combien de kilomètres nous avons, mon frère et moi, parcourus sous terre, mais je peux affirmer que le réseau métropolitain n’avait plus de secrets pour nous !
À gauche, dans ce même couloir, une double porte à petits carreaux donnait sur un agréable salon dans lequel les enfants n’avaient pas le droit de pénétrer sans la présence de leurs parents. Dans un coin, un piano demi-queue sur lequel ma mère jouait fréquemment ses sonates de Chopin préférées, ou s’accompagnait en chantant d’un lied de Schubert. Mais lorsqu’elle avait décidé d’exercer sa voix avec des vocalises dont certaines montaient vers des aigus impressionnants, mon frère et moi nous nous précipitions à nouveau dans notre métro pour échapper à ce qui nous semblait alors des clameurs inutiles que les voisins n’appréciaient pas forcément non plus, et que certains appelaient d’ailleurs, (ô infamie !), des « piailleries »…
Passée la salle à manger meublée d’une longue table à dessus coulissant entourée de plusieurs chaises alsaciennes, on entrait dans la chambre à coucher de nos parents, celle-là même où je suis né, où se trouvait le téléphone dont je me souviens encore du numéro : GOB (pour Gobelins) 20 22. Le lit était encadré et surmonté d’un joli cosy en bois sombre dont les parties inférieures de plus grand volume servaient de tables de chevet. Des bibelots, des photos, des livres emplissaient les différents rayonnages. Contre un mur, était adossée la coiffeuse de notre mère, vieux meuble ancien orné de tas d’objets de toilette, par ailleurs, fort jolis, tels que poudriers, instruments de manucure, brosses à cheveux ou à vêtements, peignes, petits miroirs et autres polissoirs à ongles, tous recouverts d’ivoire.
Stricte interdiction pour nous d’y toucher. Tous ces beaux joujoux maternels venaient de sa grand-mère et il était même hors de question de s’approcher de ce meuble vénérable, au cas où un simple regard aurait risqué sans doute d’écorcher ce fort respectable outillage de coquetterie féminine.
Il y avait dans cet appartement, au bout du couloir, et avant de pénétrer dans la chambre des enfants, un grand placard mural peint en vert pâle, à l’intérieur duquel de nombreuses étagères confectionnées par Papa (grand bricoleur devant l’Eternel…) exposaient une véritable petite épicerie. Il y avait de tout : des boîtes de conserves de légumes, de thon et de sardines, de maquereau au vin blanc, de sauce tomate, des tablettes de chocolat, des paquets de farine, de pâtes, etc.
Evidemment, mon frère et moi, profitions toujours de l’absence de nos parents pour jouer à l’épicier. En général, c’est moi qui vendais. Mais lorsque mon frère prenait ma place, il n’y avait plus rien dans le magasin, et c’était au vendeur de réassortir les étagères de notre épicerie préférée. Je vous laisse imaginer les conflits entre nous… Généralement, Maman arrivait avant la fermeture de notre commerce et nous nous faisions gronder, les rayonnages n’étant pas ordonnés comme il se devait.
Au bout de ce même couloir, à droite, avant notre épicerie, un petit passage avec, à gauche, la salle de bains, en face, les toilettes et, à droite, la cuisine.
La salle de bains était moderne, pour l’époque, avec baignoire et douche, lavabo et placards blancs de rangement. C’est sur l’un de ceux-ci, en forme de coffre dans lequel ma mère mettait le linge sale, que chaque matin, au réveil, alors que mon petit frère restait encore au lit, je bénéficiais d’un long câlin que ma mère me prodiguait pour me réveiller en douceur avant de faire ma toilette, de prendre mon petit-déjeuner, et d’aller à l’école.
J’ai un souvenir particulier des toilettes. Un beau matin, j’y entre, referme la porte, et tourne la molette qui empêchait une quelconque intrusion. Nos parents n

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