Journal d'un thérapeute , livre ebook

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2017

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Médecin, Ramiro de Matos s’est orienté vers des thérapies alternatives qui ont la particularité de considérer le patient comme une personne avec un parcours de vie, un environnement, une famille, des ancêtres. Ce choix d’une médecine différente était déjà inscrit dans son histoire depuis sa plus tendre enfance où, auprès d’une grand-mère sage-femme et guérisseuse, il découvrit les vertus thérapeutiques des plantes et reçut le don de guérir certains maux.
Dans cet ouvrage, Ramiro de Matos rappelle ainsi son expérience et évoque l’histoire singulière de certains patients qui ont trouvé un chemin de guérison en faisant la lumière sur un passé occulté et des traumatismes enfouis.

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Date de parution

16 novembre 2017

Nombre de lectures

1

EAN13

9782414158683

Langue

Français

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-15866-9

© Edilivre, 2018
Un itinéraire
Lorsque je relis le journal de ma vie, je constate que mon histoire personnelle m’a préparé à la pratique de thérapies prenant en compte la totalité de l’être humain et non seulement l’organe malade. Celui-ci est le lieu où résonnent des conflits et des traumatismes divers affectant d’autres dimensions de la personne. Il est aujourd’hui à peu près admis que les maladies organiques trouvent leur origine dans l’interaction de divers facteurs, qu’ils soient environnementaux, génétiques, viraux ou psychiques.
Comment établir des frontières étanches entre le corps, l’esprit, l’environnement et l’histoire personnelle, familiale, des personnes puisque chacune de ces dimensions est en résonance l’une avec l’autre ?
Depuis mon enfance, j’ai été amené à passer des frontières, au sens propre comme au sens figuré. Il faut entreprendre ces passages pour trouver la paix et la lumière intérieure. Très tôt, j’ai fait confiance à la vie et j’ai été obligé de faire preuve de détermination.
J’avais quatre ans lorsque mes parents divorcèrent. Elevé par ma mère et ma grand-mère, dans un village du Portugal, je n’ai pas bénéficié de la présence et de l’amour d’un père. J’avais le sentiment que ce que je vivais en tant qu’enfant n’était pas soumis à une attention débordante de mon entourage. Cependant ma grand-mère m’a appris une chose essentielle et simple que je transmets à mes enfants : ne jamais rendre visite à quelqu’un sans lui apporter quelque chose, une fleur, un sourire, une main pleine d’énergie positive, une bénédiction silencieuse appelant le bonheur, la joie. Ma grand-mère était sage-femme et elle avait un don de guérison qu’elle m’a transmis. Elle guérissait certaines affections, eczémas, zonas, brûlures etc…
A l’âge de sept ans je découvris en moi une autre faculté : celle de voir ou de recevoir, comme des fulgurances, des « images-informations concernant les personnes que je rencontrais. Généralement on nomme cela « voyance ».
Cette découverte a correspondu avec un événement étrange survenu au cours de l’année de mes sept ans. Un jour, je sentis comme une main se poser sur mon épaule. Je poussai un hurlement de frayeur. Je me retournai et j’aperçus le visage d’une dame qui me regardait d’un air attendri. Pendant un cours instant, j’espérai qu’elle disparaisse. Je me réfugiai dans les bras de ma grand-mère qui me serra très fort contre elle en me disant de ne pas avoir peur. Pour la rassurer, je lui dis alors que ce n’était qu’un jeu. Elle me laissa et c’est alors que je vis à nouveau le visage de la dame. Je lui demandai pourquoi elle s’adressait à moi. Elle me répondit : « Parce que tu es différent des autres ». « L’apparition » me fit comprendre que j’étais en difficulté et qu’elle était venue me secourir, mais le reste de ses propos est un secret.
Ma grand-mère m’exhortait à mettre ces dons au service des autres. Aider les êtres en souffrance psychologique et physique sans me sentir supérieur ni inférieur aux autres, demeurer indifférent aux critiques malveillantes, reconnaître en chaque être mon semblable.
Mon petit frère souffrait d’une malformation cardiaque. Je me suis aperçu que lorsque je posais mes mains sur sa poitrine il respirait mieux et était soulagé. Cependant cela ne suffisait pas pour le guérir. Une intervention chirurgicale était nécessaire mais, à cette époque, au Portugal, les techniques médicales n’étaient pas évoluées et la sécurité sociale n’existait pas pour les pauvres mais uniquement pour les fonctionnaires et pour les riches. Mon frère n’a pas survécu parce qu’il n’a pu être opéré. Il avait cinq ans lorsque Dieu préféra le rappeler à lui afin qu’il ne souffre pas plus longtemps. Il décéda dans les bras de ma mère en revenant de chez le médecin. Ce fut une douleur terrible. Ma résolution de devenir médecin s’affermit.
Après que ma grand-mère m’eut initié à ses propres pratiques de guérison, je soignais les animaux. Discrètement, si je traînais par là lorsque les malades venaient consulter ma grand-mère, je voyais les maux dont ils souffraient. Tandis que je les croisais lorsqu’ils arrivaient devant la maison familiale, parfois je révélais aux patients la nature de leur mal, mais je ne leur prédisais que les bonnes choses qui arriveraient ensuite. Pour moi ce don était amusant. Alors ma grand-mère me sermonnait en disant qu’il fallait parfois se taire afin de ne pas effrayer les pauvres gens.
Je me sentais différent des autres garçons. D’abord parce que je n’avais pas de père présent à la maison et, dans ce cas-là, on grandit différemment. Je ressentais vivement la méchanceté des êtres humains. Cela me valut quelques mésaventures. En 1958, l’une d’elle eut des conséquences inattendues.
J’avais onze ans et je gardais les chèvres de ma famille. Pour me rendre au champ où elles paissaient, j’empruntais un chemin longeant un mur derrière lequel se trouvait une vigne. Un jour, le raisin étant arrivé à maturité, l’envie de manger une grappe me vint. Il y avait un trou dans le mur. Ma petite main passait aisément au travers. Je saisis une grappe. Cependant, une jeune fille nommée Adusinda qui amenait ses animaux pacager, surprit mon geste. J’ai alors estimé qu’elle me dénoncerait au propriétaire de la vigne. Le soir, en rentrant à la maison, je révélai mon forfait à ma mère et à ma grand-mère. Elles me semoncèrent afin que je ne recommence plus. Quelques jours plus tard, tandis que je passais à nouveau sur le même chemin, j’éprouvai à nouveau le désir de savourer une grappe de raisin. J’introduisis la main dans la brèche du mur. Je n’avais pas vu que le propriétaire se trouvait dans sa vigne et me guettait. Avec un bâton, il frappa ma main qui avançait pour saisir le raisin et il cria : « je vais t’apprendre à manger mon raisin ! Adusinda m’a prévenu. J’espère que tu as compris maintenant ! ».
Le coup de bâton avait été violent et ma main était très rouge. Je parvins à arrêter le mal comme ma grand-mère me l’avait appris.
Le lendemain, je longeais à nouveau le mur avec les chèvres. Le propriétaire était là. Il me cria : « Tu as compris que les raisins m’appartiennent ? ». Je me suis retourné et j’ai répliqué : « Que ton vin devienne vinaigre ! » J’ai poursuivi mon chemin.
Quelques jours plus tard commençaient les vendanges. Il fallait du personnel pour cueillir le raisin. Des vendangeurs vinrent chez le propriétaire qui m’avait frappé avec le bâton. Ils découvrirent du poison au pied des ceps de vigne. Ils comprirent que le propriétaire avait déposé ces produits afin d’empoisonner les chiens qui venaient sur son domaine. Certains vendangeurs avaient vu leur animal mourir après avoir absorbé une substance toxique. Ils abandonnèrent alors la vendange et quittèrent la vigne en manifestant leur mépris pour le propriétaire.
La femme de ce vigneron venait habituellement chez ma grand-mère afin d’être soulagée de douleurs physiques et psychologiques. Un jour je lui fis part de l’histoire du coup de bâton infligé par son mari. Ma grand-mère se mêla de la discussion et dit à la femme d’aller se faire « redresser » par son mari à coups de bâton. L’épouse du propriétaire s’excusa avec mille mots gentils et ma grand-mère Ascensao la soigna.
Quelques mois plus tard, l’homme avare et cruel voulut commencer à boire son vin. Malheureusement celui-ci avait tourné au vinaigre. Il était impossible de le boire.
La semaine sainte de Pâques arrivait et, au Portugal, le jeudi et le vendredi saints étaient fériés. Adusinda, la jeune femme qui m’avait dénoncé, n’était pas très croyante et le jeudi saint, elle se rendit, comme d’habitude, laver son linge au lavoir. En 1958, au Portugal il n’existait pas de machines à laver. Il était dix heures du matin et la messe était célébrée au village. Adusinda lavait son linge et l’étendait sur l’herbe pour le faire sécher. Je me trouvai non loin de là, je pêchais les grenouilles dans le ruisseau quand j’aperçus la jeune femme. Elle s’absenta un moment pour se rendre chez elle. Tandis que je marchais pieds nus dans l’eau, je me blessai avec un verre cassé qui entailla mon pied gauche sur neuf centimètres environ. Le sang coulait à flots. Je rentrai à la maison et, passant près du linge étendu, je me souvins du coup de bâton reçu suite à la dénonciation d’Adusinda. Alors au centre du linge, je traçais une grande croix, avec mon sang et au bas j’écrivis : « le Christ te punira ».
Je m’empressai de rentrer à la maison pour arrêter l’écoulement d’hémoglobine et soigner la blessure, mais toute la famille se trouvait à l’église. Je désinfectai la plaie en trempant le pied dans une bassine remplie d’eau de vie à 70°. En disant une prière, j’arrêtai le sang et endormis mon pied. Je pris du fil à coudre noir et une aiguille que j’avais désinfectée avec l’alcool. Je cousis d’abord le tendon tout en écartant la plaie avec des pinces à cheveux de ma mère, ensuite je refermai la plaie et fis une couture externe de quatorze points. Je désinfectai le pied entier en le trempant dans un bain d’alcool. Après l’avoir séché, je le badigeonnais avec du mercurochrome et je l’enveloppai dans un morceau de linge blanc. La chirurgie terminée, j’enfilai mes sabots de manière à ce que ma famille ne découvre pas le canular que j’avais ourdi.
Les cloches sonnèrent la fin de la messe. Les femmes rentraient à la maison préparer le repas. Adusinda se dirigeait vers le lavoir pour récupérer son linge étendu dans l’herbe. Lorsqu’elle découvrit la croix et les mots sanglants, elle s’enfuit vers le village en courant et en criant « Dieu m’a punie ». Elle se rendit à l’église et trouva le curé.

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