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EAN : 9782335056020
©Ligaran 2015
Avertissement
M. Rameau, le plus grand musicien de France, mit cet opéra en musique vers l’an 1732. On était près de le jouer, lorsque la même cabale qui depuis fit suspendre les représentations de Mahomet ou du Fanatisme empêcha qu’on ne représentât l’opéra de Samson . Et tandis qu’on permettait que ce sujet parût sur le théâtre de la Comédie italienne, et que Samson y fît des miracles conjointement avec Arlequin, on ne permit pas que ce même sujet fût ennobli sur le théâtre de l’Académie de Musique.
Le musicien employa depuis presque tous les airs de Samson , dans d’autres compositions lyriques que l’envie n’a pas pu supprimer.
On publie ce poème dénué de son plus grand charme ; et on le donne seulement comme une esquisse d’un genre extraordinaire. C’est la seule excuse peut-être de l’impression d’un ouvrage fait plutôt pour être chanté que pour être lu. Les noms de Vénus et d’Adonis trouvent dans cette tragédie une place plus naturelle qu’on ne le croirait d’abord : c’est en effet sur leurs terres que l’action se passe.
Cicéron, dans son excellent livre De la Nature des Dieux , dit que la déesse Astarté, révérée des Syriens, était Vénus même, et qu’elle épousa Adonis. On sait de plus qu’on célébrait la fête d’Adonis chez les Philistins. Ainsi ce qui serait ailleurs un mélange absurde du profane et du sacré se place ici de soi-même.
Personnages du prologue
LA VOLUPTÉ.
PLAISIRS ET AMOURS.
BACCHUS.
HERCULE.
LA VERTU.
SUIVANTS DE LA VERTU.
Prologue
(Le théâtre représente la salle de l’opéra.)
La Volupté, sur son trône, entourée des Plaisirs et des Amours.
LA VOLUPTÉ
Sur les bords fortunés embellis par la Seine
Je règne dès longtemps.
Je préside aux concerts charmants
Que donne Melpomène.
Amours, Plaisirs, Jeux séducteurs,
Que le loisir fit naître au sein de la mollesse,
Répandez vos douces erreurs ;
Versez dans tous les cœurs
Votre charmante ivresse ;
Régnez, répandez mes faveurs.
CHŒUR, à parodier.
Répandons, etc.
LA VOLUPTÉ
Venez, mortels, accourez à mes yeux :
Regardez, imitez les enfants de la gloire :
Ils m’ont tous cédé la victoire.
Mars les rendit cruels, et je les rends heureux.
Entrée de héros armés et tenant dans leurs mains des guirlandes de fleurs.
BACCHUS, à Hercule
Nous sommes les enfants du maître du tonnerre :
Notre nom jadis redouté
Ne périra point sur la terre ;
Mais parlons avec liberté :
Parmi tant de lauriers qui ceignent votre tête,
Dites-moi quelle est la conquête
Dont le grand cœur d’Alcide était le plus flatté.
HERCULE
Ah ! ne me parlez plus de mes travaux pénibles,
Ni des cieux que j’ai soutenus :
En ces lieux je ne connais plus
Que la charmante Iole et les Plaisirs paisibles.
Mais vous, Bacchus, dont la valeur
Fit du sang des humains rougir la terre et l’onde,
Quel plaisir, quel barbare honneur
Trouvez-vous à troubler le monde ?
BACCHUS
Ariane m’ôte à jamais
Le souvenir de mes brillants forfaits ;
Et par mes présents secourables
Je ravis la raison aux mortels misérables,
Pour leur faire oublier tous les maux que j’ai faits.
(Ensemble.)
Volupté, reçois nos hommages ;
Enchante dans ces lieux
Les héros, les dieux, et les sages :
Sans tes plaisirs, sans tes doux avantages,
Est-il des sages et des dieux ?
UN AMOUR
Jupiter n’est point heureux
Par les coups de son tonnerre :
Amour, il doit à tes feux
Ces moments si précieux
Qu’il vient goûter sur la terre.
Le dieu qui préside au jour,
Et qui ranime le monde,
Ferait-il son vaste tour
S’il n’allait trouver l’Amour
Qui l’attend au sein de l’onde ?
Ici tous les conquérants
Bornent leur grandeur à plaire ;
Les sages sont des amants ;
Ils cachent leurs cheveux blancs
Sous les myrtes de Cythère.
Mortels, suivez les Amours ;
Toute sagesse est folie.
Profitez de vos beaux jours :
Les dieux aimeront toujours ;
Soyez dieux dans votre vie.
LA VOLUPTÉ
Ah ! quelle éclatante lumière
Fait pâlir les clartés du beau jour qui nous luit ?
Quelle est cette nymphe sévère
Que la sagesse conduit ?
CHŒUR
Fuyons la Vertu cruelle ;
Les Plaisirs sont bannis par elle.
LA VERTU
Mère des Plaisirs et des Jeux,
Nécessaire aux mortels, et souvent trop fatale,
Non, je ne suis point ta rivale ;
Je viens m’unir à toi pour mieux régner sur eux.
Sans moi, de tes plaisirs l’erreur est passagère ;
Sans toi, l’on ne m’écoute pas :
Il faut que mon flambeau t’éclaire ;
Mais j’ai besoin de tes appas.
Je veux instruire, et je dois plaire.
Viens de ta main charmante orner la Vérité.
Disparaissez, guerriers consacrés par la fable :
Un Alcide véritable
Va paraître en ce lieu, comme vous enchanté.
Chantons sa gloire et sa faiblesse,
Et voyons ce héros, par l’amour abattu,
Adorer encor la Vertu,
Entre les bras de la Mollesse.
CHŒUR DES SUIVANTS DE LA VERTU
Chantons, célébrons, en ce jour,
Les dangers cruels de l’amour.