Piège numérique
214 pages
Français

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Piège numérique , livre ebook

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Description

Christian Olivaux Piège numérique Policier Coup de cœur de Jean Christophe Grangé, Prix du polar 2012 Éditions Les Nouveaux Auteurs 16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com ÉDITIONS PRISMA 13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com Copyright © 2013 Editions Les Nouveaux Auteurs — Prisma Média Tous droits réservés ISBN : 978-2-81950-194-7 Prologue 10 février : 10 h 32.   Le TGV 6299 reliant Paris Gare de Lyon à Albertville roulait depuis une heure trente-cinq et approchait de Lyon. Les deux rames du train à deux niveaux circulaient à pleine vitesse, conduites par Laurent Arnal qui maintenait l’indicateur sur 279 kilomètres à l’heure, soit neuf kilomètres à l’heure au-dessus de la vitesse maximale préconisée sur le tronçon. Il avait ainsi presque rattrapé les dix minutes de retard prises au départ. Ce train supplémentaire, emmenant ses cinq cent cinquante-deux passagers vers les destinations de vacances d’hiver, n’avait pu être mis à quai qu’à 8 h 50, après un changement de voie de dernière minute. Bondé, il acceptait trente-six personnes en surréservation, qui devaient s’accommoder des couloirs et des voitures-bars pour trouver un endroit où s’asseoir.

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Date de parution 12 avril 2006
Nombre de lectures 23
EAN13 9782819501947
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Christian Olivaux
Piège numérique
Policier
Coup de cœur de Jean Christophe Grangé, Prix du polar 2012



Éditions Les Nouveaux Auteurs 16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com
ÉDITIONS PRISMA
13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com
Copyright © 2013 Editions Les Nouveaux Auteurs — Prisma Média Tous droits réservés ISBN : 978-2-81950-194-7
Prologue
10 février : 10 h 32.
 
Le TGV 6299 reliant Paris Gare de Lyon à Albertville roulait depuis une heure trente-cinq et approchait de Lyon.
Les deux rames du train à deux niveaux circulaient à pleine vitesse, conduites par Laurent Arnal qui maintenait l’indicateur sur 279 kilomètres à l’heure, soit neuf kilomètres à l’heure au-dessus de la vitesse maximale préconisée sur le tronçon. Il avait ainsi presque rattrapé les dix minutes de retard prises au départ. Ce train supplémentaire, emmenant ses cinq cent cinquante-deux passagers vers les destinations de vacances d’hiver, n’avait pu être mis à quai qu’à 8 h 50, après un changement de voie de dernière minute. Bondé, il acceptait trente-six personnes en surréservation, qui devaient s’accommoder des couloirs et des voitures-bars pour trouver un endroit où s’asseoir.
Avec quinze années de métier sur les trains à grande vitesse, Laurent savait adapter l’allure de son attelage légèrement au-dessus des maximums autorisés, sans pour autant déclencher le contrôle automatique de vitesse. Cela lui permettait, chaque fois que nécessaire, de réduire le retard et de revenir en dessous de la fameuse demi-heure permettant aux passagers d’être indemnisés. Personne ne s’en plaignait et surtout pas la direction, qui indexait la prime de fin d’année des conducteurs en partie sur la ponctualité des trains et sur les minutes gagnées. Laurent savait apprécier le surcroît de vitesse qu’il pouvait s’autoriser. La marge de manœuvre étant de toute façon limitée par l’informatique de bord. Il jeta un coup d’œil à l’écran de progression qui remplaçait désormais la feuille de route et limitait le besoin de concentration pour lire les panneaux en bord de voie. Dans moins de dix minutes, il commencerait à ralentir pour l’arrêt en gare de Lyon Saint-Exupéry. Il regarda l’heure et fit un rapide calcul : retard de trois minutes, au plus. Devant lui, le paysage défilait au rythme des poteaux supportant les câbles d’alimentation.
 
Dans le wagon numéro un, juste après la motrice, à l’étage, Sophia Jeanneney regardait régulièrement vers l’entrée du compartiment où s’entassaient des bagages et des skis dans leurs housses. Elle avait choisi le train pour rallier Albertville et rejoindre ensuite la station de la Plagne en bus, sur les conseils de sa meilleure amie. Celle-ci l’avait convaincue qu’elle arriverait reposée, sans le stress de la route et ses immanquables bouchons pour arriver en station. Sa copine avait oublié de lui dire que pour parvenir à monter dans le train avec ses deux enfants de huit et dix ans, pour trouver un emplacement pour les bagages et arriver à caser ses deux gros sacs et sa paire de skis, elle allait devoir suer sang et eau. La housse de skis avait déjà glissé deux fois et elle avait dû précipitamment se lever pour les redresser, sous l’œil réprobateur de plusieurs passagers de ce wagon de première. Montée dans le train parmi les derniers, Sophia s’était résignée à entasser ses bagages dans le couloir, tous les emplacements de rangement étant déjà plus que complets. Elle avait pourtant pris les devants en arrivant à la gare avec trente minutes d’avance. Attendant patiemment dans le hall l’affichage du quai. Malheureusement, elle n’avait pas entendu l’annonce précisant que le train prendrait place sur le hall de départ jaune à la place du bleu. Trois minutes avant l’heure de départ prévue, elle s’était décidée à demander au guichet d’information. La suite avait été un pur moment de stress, où elle avait dû courir avec les sacs, en pressant ses enfants de suivre, sans se perdre, jusqu’à monter dans le train deux minutes à peine avant son départ. Elle s’était félicitée, une fois n’est pas coutume, du manque de ponctualité de l’opérateur qui affichait dix minutes de retard. Lorsqu’elle s’était enfin assise, essoufflée et en nage, cette maman de trente-huit ans, divorcée depuis deux ans, avait espéré qu’avec ce contretemps sa dose d’imprévu prendrait fin, et que le reste de la semaine de vacances se déroulerait sans encombre. Au moins, d’après ce qu’elle avait vu avant son départ sur le site Internet de la station, la neige était bonne et la météo annonçait du beau temps au moins pour les trois prochains jours.
 
Au milieu du train, dans le premier wagon de deuxième classe, un homme travaillait sans relâche sur son ordinateur, complètement étranger à la cohue et aux cris des enfants jouant dans l’allée. La petite cinquantaine, costume cravate de bonne coupe, Albert Letourneau relisait pour la dixième fois le dossier qu’il devait remettre le jour même, avant midi, à sa banque. Le conseiller financier lui avait fixé l’ultimatum : à moins qu’il ne fournisse de nouveaux arguments, la banque ne suivrait plus le découvert et il n’aurait plus d’autres choix que de placer son entreprise en cessation de paiement. Les garanties qu’il comptait présenter devaient suffire, selon lui, à faire pencher la balance en sa faveur. Les quinze employés de sa PME vivaient depuis deux mois dans l’angoisse de perdre leur emploi. Il soupçonnait les dirigeants et les commerciaux de la filiale de la banque de ne faire aucun effort pour l’aider. Sans doute voyaient-ils d’un bon œil l’hypothèque sur la propriété familiale qu’il avait dû accepter pour obtenir le prêt lui permettant d’augmenter son activité un an plus tôt. Il avait investi les fonds, légèrement dépassé le budget initial, modernisé l’outil de travail… Le carnet de commandes s’était rempli, mais un peu plus lentement que dans ses prévisions. Depuis plusieurs mois, les liquidités commençaient à faire défaut. Même si le carnet de commandes était aujourd’hui plein pour deux ans, le manque de trésorerie ne lui permettait plus de payer les salaires et les charges. Ses employés avaient accepté de patienter quinze jours pour recevoir leur salaire. Il allait jouer sa dernière carte ! S’il n’obtenait pas cette rallonge, c’en était fini de l’entreprise familiale, que son père avait créée trente ans plus tôt… Il regarda sa montre. Moins de dix minutes avant l’heure théorique d’arrivée. Le léger retard du train l’avait angoissé au plus haut point. Il ne pouvait se permettre d’arriver en retard. Le temps de récupérer sa voiture, il lui faudrait encore vingt minutes pour arriver jusqu’à la banque. Il était encore dans les temps.
À l’autre extrémité du train, dans le dernier wagon de la deuxième rame, dans la voiture portant le numéro dix-huit, les passagers en surnombre devaient également cohabiter avec les bagages. L’ambiance, bruyante et tendue, ne permettait pas à Jean-Pierre Sourbet de se concentrer sur ses corrections. Ce professeur de mathématiques de vingt-huit ans s’efforçait de corriger un maximum de copies dans le train. Il était bien décidé à terminer au plus vite ce travail pour ne pas avoir à y revenir pendant les quinze jours de vacances qu’il allait passer avec sa toute nouvelle petite amie, dans le chalet de ses parents, en bas de la station des Arcs. Elle aurait dû descendre avec lui, mais il n’avait pu obtenir une deuxième place dans le même train. Elle prendrait le suivant, en début d’après-midi.
Jean-Pierre Sourbet regarda sa montre. Plus qu’un petit quart d’heure avant l’arrivée à Lyon. Depuis le départ, le paquet de copies n’avait pas suffisamment diminué à son goût. Peut-être avait-il passé trop de temps sur les premières. Pour son malheur, il devait supporter une famille particulièrement bruyante assise dans le carré de l’autre côté du couloir. Le père et la mère, dépassant tous les deux allègrement les cent kilogrammes, ne cessaient de parler, d’invectiver leurs trois enfants. L’un d’eux était assis à côté de lui. Lorsqu’enfin ceux-ci recouvraient un semblant de calme, les parents ne résistaient pas à l’envie d’utiliser leurs téléphones, chacun leur tour, pour appeler leur famille, leurs voisins ou leurs amis, commençant leur conversation par « Devine d’où je t’appelle ! ». Ils parlaient d’une voix forte, ignorant superbement les panneaux présentant un téléphone barré. Personne dans le wagon, n’ignorait plus qu’ils allaient passer la semaine dans la famille à Lyon. Plusieurs fois, des passagers leur avaient demandé de téléphoner depuis les plates-formes, ou de parler moins fort, mais ils s’en moquaient. Les enfants de cette famille, une fille et deux garçons entre huit et douze ans, suivaient les traces de leurs parents. Le fils aîné accusait déjà une surcharge pondérale impressionnante qu’il entretenait consciencieusement depuis le départ en se gavant de gâteaux qu’il finissait d’avaler sans mâcher en s’aidant de grandes gorgées de Coca. Il semblait capable de manger ainsi sans fin en utilisant uniquement sa main gauche, la droite étant occupée à cliquer sur sa console PSP pour finir un niveau de plus de son jeu favori. Régulièrement, le garçon annonçait son score à son petit frère, tout en continuant de manger, postillonnant à tout va.
Au milieu de la première rame, Michel Petches, contrôleur et chef de train, avait déjà renoncé à deux reprises à verbaliser des passagers possédant une réservation pour un autre train. Le retard et le changement de quai de dernière minute avaient empêché le nécessaire filtrage avant l’embarquement. Difficile de faire descendre quelqu’un après le départ du train. Il demeurait néanmoins responsable du surcroît de passagers et pouvait être sanctionné en cas d’incident. Les bagages empilés dans les couloirs et sur les plates-formes le freinaient dans sa progression. Bon nombre de passagers, exaspérés, le rendaient responsable, pêle-mêle, du ret

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