Le syndrome Noah
220 pages
Français

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Le syndrome Noah , livre ebook

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Description

Pour Stéphanie, ma Nahama. PROLOGUE TOUT D’ABORD, L’ONDE ROUGE 1 – Du diable si je me souviens où on a remisé ce truc ! pesta Noah Gibson, dépité, dans les escaliers menant au rez-de-chaussée. Il avait fallu toute l’autorité de Susan, sa compagne, et la volonté de ne pas déclencher de guerre ouverte avec elle, pour qu’il accepte enfin de quitter le canapé du salon et de descendre à la cave. Pendant plus d’une heure, Susan Kendall avait tourné et retourné dans l’appartement, à la recherche d’un ustensile de cuisine indispensable à ce qu’elle comptait faire, en l’occurrence un grill avec plancha électrique. Ils recevaient des amis à dîner, et faire griller de la viande dans un appartement voulait forcément dire passer par un appareil électrique. À moins d’être suicidaire au point d’installer un barbecue sur le balcon et de se faire lyncher par le voisinage. Finalement, de guerre lasse, elle était entrée dans le salon pour lui demander son aide. – Ça t’ennuierait de me donner un coup de main pour retrouver ce fichu grill ? demanda-t-elle. Il fit mine de ne pas avoir entendu. Son équipe de football fétiche venait de marquer un point crucial, au moment où le lanceur de relève entrait sur le terrain. – Noah ? insista-t-elle. Elle vint se poster juste devant l’écran de téléviseur, l’obligeant à lever la tête vers elle. – Tu es devant la télé, bébé ! prévint-il. – Oui, et j’y resterai tant que tu ne m’auras pas répondu. – Qu’est-ce qu’il y a ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 novembre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782810418091
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pour Stéphanie, ma Nahama.
PROLOGUE
TOUT D’ABORD, L’ONDE ROUGE
1

– Du diable si je me souviens où on a remisé ce truc ! pesta Noah Gibson, dépité, dans les escaliers menant au rez-de-chaussée.
Il avait fallu toute l’autorité de Susan, sa compagne, et la volonté de ne pas déclencher de guerre ouverte avec elle, pour qu’il accepte enfin de quitter le canapé du salon et de descendre à la cave. Pendant plus d’une heure, Susan Kendall avait tourné et retourné dans l’appartement, à la recherche d’un ustensile de cuisine indispensable à ce qu’elle comptait faire, en l’occurrence un grill avec plancha électrique. Ils recevaient des amis à dîner, et faire griller de la viande dans un appartement voulait forcément dire passer par un appareil électrique. À moins d’être suicidaire au point d’installer un barbecue sur le balcon et de se faire lyncher par le voisinage. Finalement, de guerre lasse, elle était entrée dans le salon pour lui demander son aide.
– Ça t’ennuierait de me donner un coup de main pour retrouver ce fichu grill ? demanda-t-elle.
Il fit mine de ne pas avoir entendu. Son équipe de football fétiche venait de marquer un point crucial, au moment où le lanceur de relève entrait sur le terrain.
– Noah ? insista-t-elle.
Elle vint se poster juste devant l’écran de téléviseur, l’obligeant à lever la tête vers elle.
– Tu es devant la télé, bébé ! prévint-il.
– Oui, et j’y resterai tant que tu ne m’auras pas répondu.
– Qu’est-ce qu’il y a ?
– Je te l’ai dit : j’aimerais que tu m’aides à retrouver le grill. Au cas où tu l’aurais oublié, on a des amis ce soir, et je n’arrive pas à remettre la main dessus.
– Tu n’as peut-être pas bien cherché ? supposa-t-il.
Mais Susan secoua la tête en signe de dénégation.
– Il n’y a rien dans tout l’appartement. Je pense qu’il doit être dans l’un des cartons à la cave. Tu peux aller voir ?
– Tout de suite ?
Elle se pencha en avant, déposa un rapide baiser sur ses lèvres.
– Oui, tout de suite mon chéri. Et éteins-moi cette télé, tu ne vas pas passer ta journée devant l’écran. Allez hop !
Noah poussa un soupir misérable qu’elle feignit de ne pas entendre, s’extirpa du canapé en traînant des pieds jusqu’au couloir. Il fouilla parmi les objets encombrant la tablette murale, téléphones portables, courrier en souffrance, paquet de mouchoirs, chercha les clefs de la cave, les trouva. Le miroir fixé juste au-dessus lui renvoya son image : de taille moyenne, le cheveu brun en mèches rebelles, le visage arrondi qui lui donnait presque un air juvénile, couronné selon ses humeurs par un mince collier de barbe, et des yeux verts qui seuls échappaient à sa critique personnelle. Un visage banal, assez agréable, sans défaut majeur. À trente ans passés, il avait tendance à avoir le bide un peu mou et quelques séances d’abdos lui auraient fait le plus grand bien.
Descendre à la cave ne l’inspirait pas tellement. C’était un endroit humide et sombre, mal éclairé par les quelques vieilles ampoules couvertes de chiures de mouche. L’année de leur emménagement, il y avait même eu des squatteurs qui avaient provoqué un court-circuit et un début d’incendie, heureusement vite maîtrisé. Depuis, le problème avait été résolu par une porte métallique solidement verrouillée. Et Susan avait raison : disposer d’une cave à New York était tout sauf un luxe superflu.
En fait, se prit-il à penser, Susan Kendall avait toujours raison. Il devait reconnaître que la location de l’appartement était payée en grande partie grâce à ses revenus à elle : elle enseignait le français dans une école huppée de Manhattan, un endroit où les frais de scolarité avaient tendance à s’envoler aussi vite et aussi haut que le prix du square foot, elle avait un bon salaire, une bonne situation. Ils s’étaient connus sur les bancs de l’école, s’étaient perdus de vue pendant des années, jusqu’à ce que par le plus grand des hasards ils finissent par se retrouver au cours d’une soirée chez un couple d’amis communs. Elle n’avait pas changé, elle était toujours la jeune femme énergique aux cheveux bruns coupés courts et aux petites lunettes dorées. Lui traînait sa non-existence misérable et travaillait comme conseiller financier. Il s’était retrouvé là parce que son père occupait un bon poste à la Citibank, et qu’il avait eu tout naturellement du piston. Il n’aimait pas vraiment son métier mais cela lui laissait suffisamment de temps libre.
Les amis qui devaient venir ce soir-là étaient justement ceux chez qui ils s’étaient rencontrés, ou plutôt retrouvés. Phil et Anna. Ils étaient mariés et parents d’une petite fille. Noah se disait qu’un jour peut-être, eux aussi pourraient se marier. Ils en avaient discuté, et Susan n’était pas contre l’idée… Bon, sans être forcément pour non plus. Peut-être attendait-elle de lui qu’il mûrisse, qu’il devienne plus responsable…
De la cuisine, Susan lui fit un petit signe d’encouragement de la main. Il referma la porte sur elle.
 
 
Convaincu cependant qu’il ne trouverait pas le grill avant un longtemps, et que son match était plié, Noah décida de faire un détour par la rue. Il poussa la porte d’entrée et sortit sur le trottoir. Il aimait bien son quartier, l’avenue animée par les voitures, les passants se pressant de boutiques en boutiques, l’atmosphère, en un mot. Susan et lui avaient eu une chance incroyable de dénicher cet appartement en plein dans Washington Heights, leur premier logement, pensait-il avec fierté, au vu du prix de l’immobilier à New York en général et Manhattan en particulier. Ils habitaient au cinquième et dernier étage d’un immeuble de briques brun-rouge, comme il y en avait des dizaines dans le quartier, un trois pièces sans ascenseur, mais climatisé et très lumineux. Le crâne bourré de bruits et de clameurs, Noah repoussa la porte extérieure et se dirigea à pas lents vers celle de la cave.
L’éclairage basse consommation peignit les murs en pierre brute d’un jaune pisseux. Quelques toiles d’araignée pendaient mollement, au gré des imperceptibles courants d’air qui charriaient de vagues relents d’humidité terreuse et de moisissure. Noah traversa l’étroit couloir, non sans appréhension – il avait toujours du mal à se défaire du souvenir des squatteurs – et atteignit la cave qui leur était réservée, tout au fond du sous-sol. Il se dépêcha de déverrouiller la porte faite de planches mal équarries et peintes à la va-vite, et alluma l’ampoule du réduit. Il ne fallait pas s’éloigner trop de l’interrupteur, une minuterie au compte à rebours aléatoire. Il jeta d’abord un rapide coup d’œil, espérant pouvoir repérer l’instrument dès le premier regard, mais comprit qu’il n’aurait pas d’autre solution que de procéder à une inspection minutieuse, malgré le travail d’archivage de Susan. Avec un soupir de découragement, le deuxième depuis qu’il avait été investi de cette mission, Noah commença à explorer chaque étagère recouverte d’une fine pellicule de poussière, délogeant au passage quelques insectes inoffensifs. La pièce en elle-même ne devait pas excéder les trois mètres sur quatre, et il espéra en faire vite le tour. Le doigt glissant sur chaque objet, il visita la première étagère, puis continua sur la seconde. Il était prêt à renoncer, persuadé qu’ils avaient dû oublier l’appareil lors de leur déménagement, lorsqu’il le vit. Tout en bas d’une énorme pile. Noah se pencha, tira sur le carton, le manœuvrant de gauche à droite, le faisant à peine bouger. Il dégagea les deux premiers objets de la pile, les posa derrière lui, recommença. Cette fois, le carton du grill bougea de quelques centimètres. Surveillant que tout ne s’effondre pas sur lui, Noah se mit à tirer, lentement, amenant le carton dans sa direction. Il avait presque réussi à le dégager de moitié quand la lumière s’éteignit.
– Foutu minuteur ! brailla Noah. Il essuya son front moite de sueur, étonné qu’il fasse soudain aussi chaud. À tâtons, les mains tendues en avant, il se dirigea vers la porte. La chaleur était encore plus nette dans le couloir. Noah fit glisser ses mains le long du mur presque brûlant, retrouva l’interrupteur, l’actionna. L’ampoule émit un bref grésillement, s’alluma d’une vague lueur blafarde, avant de s’éteindre définitivement. Noah sentit sourdre l’inquiétude. Il y avait peut-être le feu dans l’immeuble… Il fallait remonter coûte que coûte.
Et soudain, il l’entendit. D’abord un vague murmure allant crescendo, de plus en plus aigu, avec un bruit strident, une sorte de sifflement issu d’une sirène géante, tellement aigu que de douleur il porta les mains à ses oreilles. Et une vague lumineuse, d’un rouge écœurant, semblant jaillir des murs et du sol, l’enveloppa complètement, l’étouffant presque.
Il pensa L’Onde Rouge !
Il pensa Je vais mourir !
 
Noah recula instinctivement, cherchant abri au fond de la cave. Ses pieds heurtèrent un carton au milieu du passage. Il bascula en arrière, comme au ralenti, porté par cette onde rouge qui enveloppait tout d’un éclat sanglant. Le sol se mit à vibrer comme sous l’effet d’un séisme, l’étagère la plus proche bascula, l’ensevelissant sous une pile d’objets poussiéreux. Sa tête heurta le sol dur et une des planches de bois le frappa au niveau du front. Il cria de douleur, mais sous l’intense sifflement sa voix devint inaudible, ses tympans ne furent plus que des lames de rasoir lui déchirant le crâne, et la nuée l’enveloppa. Sa dernière pensée fut pour Susan.
Et aussi soudainement qu’elle était venue, l’onde rouge disparut, laissant place au silence.
2

Quelque chose lui chatouillait le menton, remontant en direction de sa joue. Il voulut le balayer d’un revers de main, se rendit compte qu’il était coincé, et une vague de panique l’envahit tandis qu’il se mettait à brailler et à gesticuler comme un diable. Il réussit à se mettre en position assise au milieu des sacs et des cartons, le visage couvert de poussière, la respiration courte. Son crâne était douloureux et poisseux à l’endroit où la planche de l’étagère l’avait heurté. Il passa cinq minu

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