La ville où personne ne t attend
146 pages
Français

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La ville où personne ne t'attend , livre ebook

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Description

Seule à Belfort, où elle travaille dans une grande société, Maryse vit difficilement la disparition soudaine de son père. Elle décide de passer une petite annonce, pour rencontrer celui qui deviendra un père fictif. Elle fera également la connaissance d’un garçon séduisant, mais réalisera bientôt qu’elle a été manipulée.


Un roman écrit dans un style original, avec une véritable étude des différents personnages.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 mai 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414202997
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-20297-3

© Edilivre, 2018
Pour échanger avec l’auteur, vous pouvez la contacter à l’adresse mail suivante : michelle.paganon@hotmail.com
Exergue


« Viens au Jardin, Maud,
La Nuit, cette chauve-souris, s’est envolée.
Viens au Jardin.
Je suis seul et t’attends au portail. »
Tennyson (Extrait de « Maud »)
La ville où personne ne t'attend
 
 
Septembre 1983
Maryse Lebrun ne pouvait accepter l’idée de n’avoir plus de père et de devoir modifier sa façon de vivre. Elle se rappelait comme son quotidien lui avait paru facile, lisse, peu de temps auparavant. Une sorte de lente glissade, du jour à la nuit, sans accrocs d’aucune sorte, une existence un peu monotone, mais dépourvue de mauvaises surprises. Elle réalisait aujourd’hui que le mode de vie qu’elle avait tant apprécié ne reviendrait plus jamais.
Il n’y avait pas si longtemps encore, Melle Lebrun avait un père. Il faisait partie de sa vie, même si des kilomètres les séparaient. Echange de courriers, conversations au téléphone, visites à Dijon où il vivait seul. Il avait perdu sa femme quelques années auparavant. S’était bien remis de sa disparition, avait-il assuré plus d’une fois. Pourquoi ne pas le croire ? Il ajoutait même que dorénavant la maison lui paraissait plus grande, il y disposait de plus de place.
Il savait voir le bon côté des choses.
Mme Lebrun avait le cœur un peu fragile, elle s’était éteinte dans son sommeil, par une froide nuit de Mars :
Les travaux ménagers, les petites corvées à effectuer n’avaient pas arrangé son état, même si son conjoint donnait à l’occasion et en soupirant un peu un coup de main bienvenu.
Car il fallait que la maisonnette reluise, indemne de poussière, rescapée de tout détritus. Avec les assiettes bien rangées dans le placard adéquat, la table nette de miettes, les journaux dans le porte-revues.
Mme Lebrun n’était pas une maniaque de l’ordre, tant s’en fallait. Mais elle ne voulait pas que Maryse, lors de ses venues, ait l’impression d’évoluer dans un bric à brac.
Elle était un peu aux yeux de sa famille la fille prodige. Elle avait réussi, se disaient-ils parfois, tout en sachant que ce n’était pas tout à fait vrai. Il n’empêche, en son honneur, le dimanche, on tuerait le veau gras.
Ce qui signifiait que Mme Lebrun se rendrait dans une « bonne » boucherie, afin d’y choisir d’un air résolu de bons morceaux. Au dessert, il y aurait, présentés un peu collés-serrés dans leur boîte de carton blanc, des tartelettes et des gâteaux : un assortiment de couleurs (rose des framboises, jaune de l’ananas), et de crème au beurre. Café bien fort, pour faire passer le tout.
Dans le sucrier pansu, orné d’un liséré doré, les morceaux de sucre ont l’air blanc comme neige : on ose à peine les saisir, y plonger des bouts de doigts gras encore d’avoir trempé dans la sauce du rôti, avec la simplicité qui sied aux réunions en famille, des morceaux de pain.
Tout à l’heure, à l’étage, petite sieste pour Maryse. Elle se dit un peu lasse de la semaine écoulée, du voyage, de tout.
Pour l’heure, buvant son café, elle feuillette un magazine – photos de mode sur papier glacé, revue de luxe.
– Tiens ! Les jupes vont rallonger, cette année.
– Ah bon ! Répond simplement Mme Lebrun, peu sensible pour ne pas dire imperméable à ce genre de révélations.
Melle Lebrun a terminé sa lecture. Comme prévu, elle monte dans sa chambre se reposer un peu.
– C’est décidément une petite nature, notre Maryse, un rien la fatigue, Songe Mme Lebrun en essuyant la vaisselle d’une main lente.
On est Dimanche, après tout, on peut se permettre d’avoir la main lente en faisant les choses. A vrai dire, Agathe Lebrun se sent elle aussi un peu engourdie.
Dans le jardin, elle aperçoit M. Lebrun, à demi assoupi sur sa chaise longue.
En haut, à l’étage, un lit grince : Maryse cherche une position confortable pour sa sieste d’après-déjeuner.
Quant à Mme Lebrun, la vaisselle terminée, elle s’est installée avec délices dans un fauteuil de style rustique, recouvert d’un tissu façon tapisserie. On y est bien.
Il doit être deux heures de l’après-midi.
Tout dort, tout somnole à présent dans la maison. Les volets de bois sont à demi fermés. Un rai de lumière se pose sur le sol de la cuisine-séjour, vient s’attarder sur les genoux de Mme Lebrun.
Dans son demi-sommeil de milieu de jour, elle perçoit un rayon de soleil égaré sur ses jambes, devenues tièdes à présent.
Dans son appartement de Belfort, Maryse, après s’être replongée dans son passé, soupire en revoyant ces images. Elle s’était un peu caché la tête dans le sable, jusqu’à présent, se refusant à voir que les choses pouvaient changer brusquement, sans crier gare, et qu’elle n’était pas à l’abri d’un imprévu, d’un coup du sort. Maryse s’était longtemps sentie préservée. Elle se rappelait comme elle avait apprécié les fins de semaine, ces deux jours où elle quittait la ville où elle vivait depuis près de sept ans, pour se rendre dans l’autre ville, celle où elle avait passé sa jeunesse et où elle retrouvait son père, le temps d’un week-end, ou pour de brèves vacances.
Melle Lebrun remplissait son sac de voyage, le Samedi matin, choisissant des vêtements dont le style variait selon les saisons. Elle prenait aussi, un peu au hasard, un livre de poche, qu’elle ne lirait guère dans le train, trop occupée à contempler un paysage dont elle ne se lassait pas, car au contraire d’un tableau il changeait au fil des mois : il la rapprochait de la ville familière, de la petite maison où vivait son père, dans un quartier tranquille.
« Là-bas » elle avait sa chambre, y disposait d’objets personnels ; serviette de toilette un peu râpeuse, taie d’oreiller bleu lavande : elle achetait à l’occasion dans un grand magasin de la ville les menus objets nécessaires à son bref séjour et les laissait dans l’appartement pour les y retrouver comme neufs, petits cadeaux qu’elle s’offrait à elle-même et qui lui faisaient paraître plus accueillant encore le cadre où elle vivrait pendant ces deux jours. Un autre chez soi, le seul qui comptait à ses yeux.
Arrivée à la gare bien avant l’heure de départ de son train, elle y prenait le temps de déguster un café noir, trop fort, mais dont l’amertume lui plaisait.
Venue des quais, l’odeur de métal des trains parvenait jusque dans le vaste hall des pas perdus, se diluait en volutes dans le bruit des conversations, mais le plus souvent les voyageurs, immobiles sur leur siège, figés dans un silence mutique, semblaient attendre on ne savait quoi, devenus comme absents au monde, protégés des autres par d’invisibles cloisons.
Deux heures plus tard, le train parvenait à destination.
Son père l’attendait. Ils regagnaient ensemble la petite maison, non loin de la rivière, dans un quartier un peu excentré. Ils ne se disaient pas ou plus grand-chose, ils se connaissaient trop et depuis tellement de temps ! Cela n’allait jamais finir, peut-être, toujours elle viendrait le voir, à la fin de la semaine, et toujours il serait là, devant la gare, même pas impatient, et encore moins inquiet, sachant qu’elle descendrait du train comme convenu.
Lorsque Mme Lebrun était encore de ce monde, M. Lebrun révélait à Maryse, comme une précieuse confidence : – Ta mère a préparé des quenelles, pour le déjeuner (ou bien un rôti de veau, accompagné de pommes de terre rissolées). Au dessert, il y aura un clafoutis aux cerises, mais des cerises de la supérette, parce que nos arbres, hein, enfin notre arbre, dans notre jardin un peu minable, un peu pelé, – je sais, j’m’en occupe pas – il ne donne pas grand-chose, il est là, juste posé, un peu comme dans un décor de théâtre.
Il philosophait à sa façon, il ajoutait :
– C’est ça, la vie, on évolue dans un décor de carton-pâte, les choses ne bougent pas autour de soi, et quand on ne voit plus rien, que l’on ne perçoit plus aucun son, que tout est devenu sombre, alors…
M. Lebrun ne terminait pas sa phrase.
Il regardait sa fille. Coup d’œil subreptice. Mine de rien, juste pour voir l’effet produit par ces profondes réflexions. Maryse se contentait de sourire, changeait son sac de voyage de main. En route, parfois, Lionel Lebrun saluait une connaissance, se contentant le plus souvent d’un vague geste de la main, l’air important malgré tout, l’air de dire, de signifier aux autres, ce Samedi et ce Dimanche, je n’aurai pas le temps de discuter de grand-chose avec les voisins, de faire la parlote avec les uns ou les autres, car cette fin de semaine, ma fille est venue nous voir.
Aujourd’hui, je suis en famille, je suis en trio. Trois dans la maison et autour de la table, trois dans le jardin, mais deux seulement pour la promenade d’après déjeuner. Mme Lebrun n’aime pas marcher, en outre elle connaît le coin par cœur, elle voudrait bien changer d’air, mais c’est juste une façon de parler, car au final on n’est pas si mal, ici, on a l’air pur, la rivière pas loin et tous les commerces et l’agitation-animation de la ville à un quart d’heure d’ici.
Tout le nécessaire, en somme.
Maryse se rappelait la voix de son père, les propos tenus en chemin. Mais plus personne n’aurait l’occasion d’entendre et d’apprécier cette façon qu’il avait de parler de sa vie, de celle de ses proches, sur un ton un peu désabusé. Finalement, même s’il se réjouissait de la visite de sa fille, dans son quotidien il n’appréciait vraiment qu’une chose, cet ancien employé aux chemins de fer qui souffrait de maux de dos, se poser sur une chaise longue, dans le jardin, y lire son journal, tout en dégustant un café fort. Suivi d’un second, parfois. Un rien d’excès ne nuit pas. Au contraire, c’est bon pour le moral. Petits plaisirs dérobés,

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