La potiche chinoise
67 pages
Français

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Description

Le vieux Barnabé Mongin, antiquaire de son état, se sent suivi, menacé, au point de s’en plaindre au Quai des Orfèvres.


Le commissaire, bien que dubitatif, envoie l’inspecteur GIRARD dans la boutique du paranoïaque pour avoir l’avis de son homme.


Après une brève conversation, l’inspecteur GIRARD, convaincu que le brocanteur est troublé par la forte somme qu’il détient chez lui, lui conseille de déposer son magot à la banque puis s’en va.


Mais, le temps d’une courte discussion avec la concierge, le policier aperçoit une femme se diriger vers la porte de monsieur Mongin. Au même moment, un cri retentit, puis un râle effrayant, et l’inconnue s’enfuit.


L’inspecteur GIRARD frappe au battant, appelle : aucune réponse.


Un serrurier permet enfin l’accès à l’échoppe dans laquelle Barnabé Mongin est retrouvé mort, assassiné d’un coup de stylet...


À l’intérieur des murs, personne d’autre que la victime...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070038840
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INSPECTEUR GIRARD
LA POTICHE CHINOISE
Récit policier

André CHARPENTIER
CHAPITRE PREMIER
LE PORTEFEUILLE JAUNE
 
Ce matin-là, lorsque l'inspecteur Girard pénétra dans le bureau du commissaire de police pour prendre les ordres, celui-ci l'accueillit par cette phrase de bienvenue :
— Mon petit, vous tombez bien !
— À votre disposition, patron.
— Il s'agit d'une affaire assez nébuleuse.
— Un crime ? Un vol ?
— Pas du tout. Hier soir, après votre départ, j'ai reçu un vieux bonhomme connu dans le quartier sous le sobriquet de « père Ronchonnot », de son vrai nom Barnabé Mongin et de son état antiquaire. Il est installé dans un rez-de-chaussée, rue des Marais. Vous devez voir d'ici la boutique : une vitrine sale, poussiéreuse, encombrée d'objets les plus hétéroclites.
— En effet, j'ai fréquemment passé devant cet étrange bric-à-brac.
— Eh bien ! ce vieil antiquaire, qui me semble un peu « piqué », se croit menacé par des bandits. Il ferait un peu de manie de la persécution que cela ne m'étonnerait pas. Toujours est-il qu'il m'a rabâché durant une heure des histoires de brigands. D'après lui, on en voudrait à son argent, et, d'après ce que l'on dit, il serait possesseur d'un magot assez rond. Qu'y a-t-il de vrai dans ses pressentiments ? Je l'ignore et je compte sur vous pour le savoir. Si cet homme est traqué par quelque bande noire, il vous sera peut-être aisé de vous en rendre compte. Par contre, si nous nous trouvons en présence d'un individu halluciné par la peur, nous classerons l'affaire, tout simplement.
Le commissaire de police esquissa un geste qui signifiait que cette dernière version lui semblait la bonne. Cependant, il ajouta :
— J'ai comme principe de ne rien négliger des dépositions qui me sont faites, si abracadabrantes qu'elles puissent paraître. Donc, en enquête, mon cher Girard, et bonne chance !
Pour une fois, l'inspecteur ne marchait sur rien de positif : que des pressentiments éclos dans l'esprit timoré d'un vieillard maniaque qui méritait bien le surnom de « père Ronchonnot ». Hargneux, toujours maugréant, peu sociable, il avait la réputation d'un homme désagréable et personne ne lui connaissait d'amis. Il vivait solitaire, très chichement, au milieu de son musée bizarre. De temps en temps, un client, et celui-ci n'était introduit dans l'antre de l'antiquaire qu'après s'être fait connaître.
Tous ces détails, l'inspecteur Girard les connut après quelques brèves conversations avec les voisins immédiats du « père Ronchonnot ». Ce n'est qu'ensuite que, documenté sur le personnage, il décida d'avoir avec ce dernier une entrevue au cours de laquelle il comptait bien savoir si les craintes rapportées par le commissaire de police étaient fondées.
— M. Barnabé Mongin ? demanda-t-il à la concierge.
Celle-ci toisa le visiteur :
— On ne le voit pas comme cela, et je ne sais…
Il déclina sa qualité.
— C'est autre chose, fit-elle. Sonnez à cette porte percée d'un judas.
Il se dirigea vers la porte massive et appuya le doigt sur le bouton de la sonnerie. Il attendit un moment, puis le judas grillagé s'ouvrit : une tête ridée et grimaçante apparut ; une voix cassée s'enquit sans aménité :
— Que me voulez-vous ?
— Je viens de la part du commissaire de police.
Le judas se referma avec un bruit métallique. Puis on entendit des verrous manœuvrés avec soin, le cliquetis d'une chaînette, et enfin l'huis s'entrouvrit. Le « père Ronchonnot » introduisit l'inspecteur dans son magasin.
Le vieil antiquaire était revêtu d'une houppelande verte toute rapiécée et son crâne à moitié dénudé se couvrait d'une calotte de velours noir toute pelée. L'inspecteur Girard fut tout d'abord surpris par l'ensemble bizarre que présentait le magasin d'antiquités : il y avait des tables, des consoles, des socles, des sellettes un peu partout et, sur tous ces supports, un amas d'objets les plus divers, les plus variés, et des étoffes précieuses couvraient des chaises misérables. Faire l'inventaire d'une telle boutique semblait tâche insurmontable : statues, coffrets, cristaux, pierreries, vases, argenterie, tout cela pêle-mêle.
Dans l'angle droit de la pièce unique, un petit bureau. C'est là que l'antiquaire conduisit aussitôt son visiteur, non sans avoir refermé précautionneusement la porte.
— Je vais tout vous dire, commença le vieil homme en offrant un escabeau boiteux à l'inspecteur pendant que lui-même prenait place dans un fauteuil.
Ce fut alors un monologue confus que dut entendre le policier :
— Il y a des gens qui en veulent à mon argent. Quand je sors, je sens des yeux qui me fixent, on me suit jusqu'ici, j'entends des chuchotements autour de moi, et l'on prononce des menaces. J'ai idée, Monsieur, qu'on va m'assassiner...
L'inspecteur s'efforça d'obtenir des précisions :
— Pouvez-vous me donner le signalement de ceux qui vous poursuivent, m'indiquer où vous les rencontrez ? Sont-ils venus ici ? Dites-moi enfin sur quoi se basent vos soupçons contre eux ?
Le père Ronchonnot hocha le menton :
— Comme vous le pensez bien, ils oublient de me passer leur carte de visite.
— Est-ce parmi vos clients qu'il faut les chercher ?
— Pas plus parmi eux que parmi les autres.
— Quels autres ?
L'antiquaire se fâcha presque de cette insistance et un rictus découvrit sa bouche édentée :
— Je vous répète qu'on veut me tuer. Qui ? Si je le savais, je ne serais pas venu vous chercher.
Mais il sembla regretter son accès de mauvaise humeur :
— Il y a des pressentiments qui ne vous trompent pas, surtout lorsqu'on a mon expérience. Ah ! si vous pouviez voir les regards de certaines personnes qui viennent ici ! Je devine l'idée du meurtre dans leur prunelle... Hier soir, tenez, à la place où vous êtes, cet homme...
L'inspecteur interrogea :
— De quel homme parlez-vous ?
L'antiquaire allait parler, mais ses lèvres se refermèrent. On devinait qu'il craignait d'en dire trop long. En vain, le policier renouvela sa question ; elle demeura sans réponse. Mais le vieillard avait ouvert un tiroir de son bureau et en avait tiré un gros portefeuille ; ses doigts se mirent à trembler :
— Il y a là trois cents billets de mille.
Il ouvrit le portefeuille de cuir jaune sali par le contact des doigts : on aperçut la grosse liasse de billets.
L'inspecteur vit le père Ronchonnot palper le portefeuille, le caresser, le couvrir de regards attendris. Il fit observer :
— Mais c'est ridicule de garder chez vous une telle somme ! Placez-là dans le coffre d'une banque. J'espère que vous ne montrez pas ce portefeuille à n'importe qui ?
— Évidemment non. Si je vous ai montré ma petite fortune, c'est pour vous faire comprendre que les convoitises qui m'entourent sont réelles ; on se doute qu'il y a de l'argent ici...
Le policier renouvela sa recommandation :
— Il faut que vous portiez à la banque ces billets, le plus tôt possible.
— Certes, il faudra m'y résoudre. Je sais que le conseil que vous me donnez là est bon. Mais comme c'est regrettable !
Sa main passa de nouveau avec amour sur le portefeuille jaune bourré du papier précieux :
— Oui, se décida-t-il, cet après-midi même j'irai à la banque.
— Je vous y invite d'une façon pressante. Lorsque vous n'aurez plus cet argent chez vous, vos appréhensions se dissiperont et ceux qui peuvent savoir que vous gardez par-devers vous une telle somme cesseront peut-être de vous importuner. Votre cauchemar finira...
— Peut-être... je le souhaite, mais que c'est pénible !
Pendant que...

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