La nuit tombe chaque soir
94 pages
Français

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Description

« Heureusement que la nuit tombait chaque soir pour l'envelopper de sa cape de brume dans son cerveau avant d'aller se coucher : pour elle, c'était devenu le meilleur moment de la journée ! Les volutes de ses rêves l'immergeaient dans un monde virtuel meilleur : celui qu'elle aurait bien voulu connaître ; en attendant, elle remodelait l'ancien qu'elle avait vécu selon les pulsions et ses désirs en le rénovant d'un vernis de façade plus conforme à ses aspirations. » Un jour, Marthe, quatre-vingt-trois ans, fait un malaise chez elle et se retrouve hospitalisée. Commence une rétrospective de sa vie, de ses pensées, des actes de ses proches, de leurs sentiments ; une histoire d'amour, de cris de douleur et de ressentiments, hors du temps et de l'espace. Le présent et le passé s'entremêlent avec les drames vécus par plusieurs personnages aux caractères différents, jusqu'au jour où... Chronique douce-amère des dernières heures d'une vieille dame, le premier roman de Gabriel Zallas est un concentré d'humanité, où la rugosité des situations le dispute à la tendresse qui s'en dégage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 septembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342163230
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La nuit tombe chaque soir
Gabriel Zallas
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La nuit tombe chaque soir
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://gabriel-zallas.societedesecrivains.com
Premier jour
C’était le début d’une belle soirée printanière, température juste à point, ni trop fraîche ni top chaude, suffisante pour se passer de veste et de pull et se promener en chemise. Aux alentours du bois de Vincennes, les promeneurs s’oxygénaient encore les poumons, en humant l’air ambiant, et profitaient des jours qui rallongeaient un peu plus chaque jour ; les plus sportifs faisaient leur footing et, malgré l’heure tardive, les enfants se défoulaient en courant et criant dans les allées. Nous étions mardi soir, demain il n’y aurait pas école, il fallait en profiter un maximum ; les plus anciens faisaient de l’exercice par l’intermédiaire de leurs chiens qui couraient à leur place.
 
À plus de vingt et une heures, il faisait encore jour et tout le monde était de la fête, y compris les canards du lac et les oiseaux qui faisaient un vacarme d’enfer pour présager l’été, qui s’annonçait prometteur d’une belle saison, dixit les affirmations prématurées de certains météorologues radiophoniques.
 
Un peu plus loin, en bordure de la ville, dans une voie de Saint-Mandé parallèle au bois, un petit attroupement s’était agglutiné, alerté par le signal de la voiture des premiers secours des pompiers et de la police ; attirés par le gyrophare des voitures arrêtées au beau milieu de la petite rue, tous les voisins alentours aux fenêtres étaient curieux de savoir ce qui était arrivé dans ce quartier si calme où, en général, rien d’extraordinaire ne se passait. Un petit attroupement rapproché s’était formé pour mieux s’informer.
 
Les pompiers attendaient l’ambulance qui avait été prévenue pour transporter un ou une malade : c’était le dernier bruit qui courait de bouche-à-oreille dans le petit rassemblement des curieux ; du moins, c’est ce qu’avait entendu dire un passant de la bouche même de l’un des résidents de l’immeuble qui le tenait d’un autre, qui affirmait qu’il s’agirait peut-être d’une agression sur un couple de personnes âgées à la suite d’un cambriolage qui aurait mal tourné ; d’autres rapportaient que c’était la mort subite d’un locataire à la suite d’une rixe avec son voisin de palier… tout et n’importe quoi pour distraire la douce quiétude d’un quartier majoritairement peuplé de retraités financièrement à l’aise.
 
Enfin l’ambulance arriva, les brancardiers montèrent dans l’immeuble où habitait Mme Marthe Duchêne, une dame âgée de quatre-vingt-trois ans, encore alerte jusqu’à ce jour, mais qui venait de faire un malaise, à ce qu’il paraissait. Mme Duarte, la gardienne, passait tous les soirs chez elle après avoir terminé sa journée pour voir si tout allait bien ; or, ce soir-là, Mme Marthe Duchêne n’ouvrit pas sa porte comme à l’accoutumée. Intriguée et un peu inquiète, elle utilisa le double de la clé qu’elle avait en sa possession pour pénétrer dans l’appartement, et là, son sang ne fit qu’un tour en voyant Mme Duchêne affalée sans connaissance sur le sol, inerte, peut-être morte, pensa-t-elle, à la suite d’une chute ou d’une agression brutale, cela s’était déjà vu par le passé ; elle ne toucha à rien et téléphona immédiatement au commissariat de police qui dépêcha rapidement une équipe, après avoir averti les premiers secours des pompiers.
* * *
Comme tous les soirs, Mme Duchêne avait pris son apéritif préféré, un petit Martini rouge, peut-être un verre ou deux supplémentaires, mais sans exagération, avant de souper légèrement ; vers les neuf heures du soir, elle sentit que quelque chose allait arriver… mais quoi ? La présence de son fils l’aurait rassurée mais il était en vacances en Espagne, elle fit son numéro :
— Allô, Bernard ? C’est moi, ta mère… Dis-moi, tu rentres quand ?
— Bonsoir, Maman, eh bien, tu tombes bien, je rentre demain soir justement. Pourquoi tu me demandes ça ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?
— Non… non… non… tout va bien, c’était juste pour savoir… tant mieux, je suis plus tranquille. À demain alors, je t’embrasse !
— Moi aussi, je t’embrasse. À demain.
Son fils, Bernard, elle ne le voyait pas souvent, il s’était marié avec une étrangère et était parti vivre en Afrique. Il avait eu la chance de trouver un bon poste sur place, comme cadre dans une société qui faisait vaguement de l’import-export ! Il revenait en France assez régulièrement et ne manquait jamais de venir lui rendre visite pour prendre de ses nouvelles, depuis le décès de son mari il y avait quatre ans. Il était passé la voir il y a une quinzaine de jours, en restant quelques jours avant de partir seul en vacances pour se détendre, revenir, puis rester avec elle encore quelque temps, et enfin repartir travailler pour plusieurs mois.
* * *
Il était une heure du matin quand le téléphone portable de Bernard sonna.
« Bizarre, personne ne sait que je suis ici, à part mon plus vieux copain remontant du temps de mes culottes courtes, Jean-Paul, en qui j’ai toute confiance. »
Il avait reconnu la voix de sa mère et, après un très bref échange, il lui dit qu’il allait rentrer le lendemain, mais pourquoi cet appel ?
Connaissant l’état d’esprit de sa mère, Bernard s’était bien gardé de lui dire qu’il partait en vacances, seul et au Cambodge, et qui plus est, sans son épouse ; il l’entendait déjà dire :
« Mais pourquoi tu vas si loin alors qu’il y a des endroits magnifiques en France, déjà que tu t’es marié avec cette… fille, et es allé vivre là-bas comme si tu n’étais pas capable de trouver quelque chose d’intéressant ici… je ne te comprends pas… enfin… Ça te regarde, mais ne viens pas te plaindre… ! »
Non il lui avait fait croire qu’il était parti en Espagne, à quand même une frontière de chez elle, mais cela la rassurait un peu qu’il restât en Europe. Il ne faut pas trop bousculer les personnes âgées dans leurs convictions et il était assez attentif au bien-être de sa mère depuis qu’elle était veuve.
 
Il était exact que son avion de retour était pour demain matin, en fait pas beaucoup plus long que de prendre la route pour revenir d’Espagne ; mais, ce qui le préoccupait, c’était la teneur du message sibyllin de sa mère… ce n’était pas dans ses habitudes d’être inquiète. C’était une femme au caractère affirmé qui ne s’était jamais laissée impressionner et encore moins avoir peur de quoi que ce soit… bizarre…
* * *
Quand elle ouvrit partiellement les paupières, Marthe se demanda ce qu’elle faisait là, ficelée sur un brancard dans ce qu’elle supposait être une ambulance, vu le tintamarre que faisait la sirène pour se frayer un passage dans la circulation. Dans sa vision floue, elle voyait un uniforme blanc sans vraiment pouvoir deviner si c’était un homme ou une femme, mais ce fantôme lui parlait gentiment et calmement :
« Ne vous inquiétez surtout pas, Madame, vous avez fait un petit malaise, on vous emmène pour faire des examens et vous remettre d’aplomb ! Détendez-vous et dormez tranquillement maintenant ! »
Le sommeil l’envahit ; lorsqu’elle se réveilla dans un état semi-comateux quelques heures plus tard, elle était dans un grand lit d’hôpital avec une perfusion dans le bras droit. Par contre, le gauche était presque insensible, elle le sentait à peine, mais qu’importe, elle se sentait fatiguée et replongea dans les bras de Morphée en se laissant aller à la rêverie qui lui faisait voir un monde merveilleux hors du temps et de l’espace, où tout n’est propreté morale et sans tache…
Beau à en être sublime… Pour rien au monde elle ne voudrait revenir dans la sordide réalité du quotidien, elle se sentait trop bien.
Deuxième jour
Levé plus tôt qu’à l’accoutumée, parce qu’ayant mal et peu dormi, stressé de prendre l’avion, comme d’habitude, pendant tout le trajet de retour dans l’avion, Bernard ne cessait de songer à la teneur mystérieuse du coup de fil de sa mère. Pourquoi l’avait-elle appelé ? Avec le décalage horaire, il ne devait être pas plus de 19 heures lors de son appel ; c’était bien la première fois qu’elle se préoccupait de ses dates de retour de vacances… Manifestement il devait y avoir autre choses qu’elle ne pouvait ou ne voulait pas dire au téléphone, et cela l’inquiétait fortement. Si seulement il avait eu un vol de nuit, il aurait pu dormir. Mais, en vol de jour, rien à faire d’autre que de ressasser sans cesse.
Enfin, il survolait le ciel de France et était impatient de quitter cette torture de rester assis pendant de si longues heures ; la descente d’approche lui paraissait longue… très longue… trop longue à son goût, surtout quand on est pressé ; il fut enfin soulagé lorsque l’appareil s’immobilisa, qu’il put se lever et prendre son bagage, et c’est comme un enfant sortant de l’école qu’il s’élança hors de la carlingue en s’engouffrant dans le sas de sortie. Une fois son sac récupéré et les formalités de contrôles effectuées, il sauta littéralement dans un taxi en grillant la politesse devant une queue de mécontents qui le tancèrent vertement ; peu importe, pour lui, il avait priorité !
 
Arrivé en fin de journée à Saint-Mandé et après avoir réglé le taxi, Bernard monta directement dans l’immeuble dans la cour ; avec son jeu de clés il ouvrit la porte,

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