Hallucinations
328 pages
Français

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Description

Sa nuit a été mouvementée, il s’en souvient. Des images le traversent, des bribes lui reviennent, des séquences toutes plus folles les unes que les autres, ce n’est qu’une fois pleinement réveillé qu’il réalise que le temps s’est écoulé sans qu’il sache ce qui s’est passé.


Pour Rémi, une année s’est écoulée sans qu’il l’ait vécue. Il tente de retrouver le fil de son existence.

Léo ne se souvient plus de rien, ni de ce qu’il est, ni d’où il vient. Il doit se reconstruire, s’inventer un passé.

Deux vies qui alternent au rythme des hallucinations des deux personnages.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 juillet 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414232499
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-23247-5

© Edilivre, 2018
Prologue
Journée difficile. Le temps maussade n’a pas arrangé mes affaires et les contrariétés se sont accumulées sans que je parvienne à trouver les solutions adéquates à mes problèmes. Je suis rentré épuisé, me suis confectionné un vague repas, et ne trouvant rien d’intéressant à la télé, je me suis couché, mettant en route la radio comme je le fais souvent, espérant que le sommeil viendrait plus vite. Mon attention fut aussitôt captée par les premiers échanges entendus. Il s’agissait d’un propos tenu par un psy, psychologue ou psychiatre, je ne saurais le dire et j’ignore son nom.
… est caractérisée par un départ soudain de son cadre de vie habituel. Dans le cas d’une fugue dissociative, l’individu éprouve une incapacité totale à se souvenir de son passé, et une confusion concernant son identité personnelle, qui l’amène bien souvent à adopter une nouvelle identité.
– Connaît-on beaucoup d’exemples de ce cas ?
– La fugue dissociative est un trouble psychiatrique rare, caractérisé par une amnésie concernant l’identité personnelle…
– Cette amnésie est-elle passagère ?
– La fugue se manifeste à court terme, quelques heures à quelques jours en général, mais elle peut durer des mois, voire des années. Elle s’accompagne d’une incapacité totale à se souvenir de son passé et en général l’individu concerné adopte une nouvelle identité.
Je n’écoutais plus. J’éteignis ma radio. De ces propos perturbants je ne retins que le mot fugue, plein d’espoir et de rêves.
1
Comme chaque soir, le sommeil est long à venir. Il fait pourtant chaud sous la couette, je m’y sens bien, je n’ai pas envie comme cela m’arrive parfois de me relever pour chasser l’insomnie. M’endormir, oublier les soucis, ne plus penser à quoi que ce soit, compter les moutons, suivre le train qui passe. Sentir la paupière s’alourdir jusqu’à ce qu’il soit impossible de la décoller. Trouver l’entrée du trou noir dans lequel je vais sombrer brutalement.
La lumière filtre à travers la membrane qui recouvre mon œil et force peu à peu la rétine à s’accoutumer. La chambre semble noyée dans un flou que j’aurais tendance à qualifier d’artistique. Je tente de soulever une paupière. Je commence à percevoir des formes, quelqu’un s’agite à quelques mètres de moi, vaquant à je ne sais quelle tâche ménagère. J’observe, inconscient, il me faut quelques fractions de seconde pour réaliser ce qui se passe. Comment est-ce possible ? C’est étrange, il y a quelqu’un dans ma chambre ! Je vis seul depuis des mois dans cet appartement et ne me souviens aucunement avoir invité quiconque à y séjourner. Est-ce l’effet de l’alcool absorbé la veille ? Je revois encore ce buffet surréaliste, je me retrouve planté seul au milieu de gens inconnus pour la plupart venus assister à l’inauguration d’une exposition d’art contemporain à laquelle j’étais convié. Malgré les efforts que je déployais pour m’extraire de ce magma de visiteurs et échapper à leurs discours insipides je ne parvenais pas à rejoindre le buffet tant la foule était dense sur les quelques mètres carrés qui séparaient les invités des petits fours et des verres de champagne qui les attendaient.
– Ce n’est que du mousseux, commentait un voisin tandis que je poussais des coudes pour me frayer un chemin.
– La semaine dernière, au moins il y avait du vrai…
Je progressais lentement, entendant des bribes de conversation, saisissant l’instant où une personne se retournait pour profiter du mouvement circulaire imprimé à son corps et avancer de deux pas. J’avais la bouche sèche, il me fallait boire. Parvenu à mes fins, le verre à la main, je me souviens avoir discuté avec plusieurs personnes avant d’être en quelque sorte happé par un individu bizarre qui prétendait être peintre, il disait s’être spécialisé dans la copie des œuvres de Dali, assurant que cela rapportait beaucoup plus d’argent que de se livrer soi-même à la création artistique. À mesure que je reculais, il se rapprochait, envahissait mon espace privé, les yeux dans les yeux pour ne pas dire la bouche dans la bouche, je sens encore son haleine fétide qui me poussait à m’éloigner d’un pas à chaque réplique jusqu’à ce qu’une cloison ou un mur humain bloque ma stratégie de repli. Je ne parvenais pas à me dépêtrer de cet embarras. J’y réussis enfin en me précipitant dans les bras d’une femme qui passait par là et que je prétendis reconnaître. Il me fallut ensuite expliquer le subterfuge à cette dernière et grand bien me prit car nous trouvâmes elle et moi un terrain d’entente et passâmes la plus grande partie de la soirée ensemble. Nous avons d’ailleurs promis de nous retrouver bientôt, mais je n’ai aucun souvenir d’avoir concrétisé cette idée sur le champ en la ramenant chez moi.
Réflexion et conscience se mettent en route conjointement à mesure que l’autre paupière se soulève, plus vivement que la première. Ce que je vois me laisse coi. La voisine est en train de faire sa vaisselle ! Et chez moi qui plus est. Sa vaisselle chez moi ? Impossible, me dis-je, il n’y a pas d’évier dans ma chambre,… et réfléchissant un peu plus je me demande de toute façon comment et pourquoi elle viendrait y faire sa vaisselle. Elle ne possède pas de clé, nous n’avons jamais échangé autre chose qu’un bonjour-bonsoir cordial et nous n’avons aucune raison de nous côtoyer ! Elle n’a rien d’une Crawford et rien en elle n’aurait pu, même en état d’ivresse, me pousser à lui faire des avances au point de lui ouvrir l’accès à ma chambre, ne serait-ce que pour faire le ménage ! Pourtant c’est bien elle, j’en suis certain, bien que ce ne soit pas tout à fait la femme que je croise habituellement au pied de l’ascenseur, pomponnée, parfumée, pleine d’entrain. Je la découvre mal fagotée, drapée dans un peignoir de bain quelque peu délavé, ébouriffée, baillant tant et plus tout en frottant la tasse qu’elle a sans doute utilisée pour son petit déjeuner.
– Que faites-vous là ? lui dis-je.
Elle ne répond pas, ne semble pas m’entendre. Le son de ma voix ne me revient pas en écho en se heurtant à la paroi de ma chambre et s’efface au contraire à l’infini jusqu’à se perdre et devenir inaudible. Pendant ce temps, elle continue, imperturbable. Elle se déplace, allume une radio. Elle est culottée de venir s’installer chez moi et d’y transporter son poste sans se demander si cela peut ou non me déranger ! Elle a bien vu que je dormais ! Elle se déhanche, se dandine au son de je ne sais quelle musique que je n’entends pas, du reggae sans aucun doute si j’en crois le mouvement que le rythme imprime au corps de la femme.
Car aucun son ne me parvient, ni celui du robinet, ni celui de l’eau qui s’écoule, ni celui de cette damnée musique atone. Ma voix ne semble toujours pas lui parvenir davantage.
– Je vous demande ce que vous faites ici !
Si je n’entends pas, je vois. C’est toujours ça, cela me tranquillise quelque peu. Je la vois. Mais où est-elle ? Il me semble soudain que je suis propulsé à travers ma chambre dans un long travelling qui se prolonge vers mon salon, les deux pièces ne faisant plus qu’une, la cloison s’est effacée, j’aperçois mes bibelots, mes fauteuils, des tableaux qui semblent suspendus dans le vide et au delà… la voisine s’est éloignée dans une cuisine qui n’est pas la mienne, – et qui en toute logique ne saurait être la mienne puisque celle-ci se situe de l’autre côté de ma chambre, – dans laquelle elle fait toujours sa vaisselle.
J’hallucine, les murs ont disparu, l’espace qui m’est imparti se confond avec celui des voisins, il n’y a plus de limite, plus de frontière, je suis chez toi, tu es chez moi. Je me frotte les yeux, persuadé que tout va rentrer dans l’ordre, qu’il s’agit d’un moment de délire passager, d’un rêve qui se prolonge dans l’éveil comme lorsque l’on ne sait plus très bien si l’on est sorti de son cauchemar et que la réalité a bien du mal à reprendre le dessus. Je les ouvre à nouveau. Rien ne s’est passé, la ligne d’horizon semble au contraire s’être un peu plus éloignée.
Je réalise alors qu’être passe-muraille n’est rien à côté de ce que je vis car, lui, il a ses repères, le mur qui lui fait face et qu’il traverse, mais moi rien n’arrête mon regard qui plonge vers l’infini, jusqu’où vais-je aller ainsi ?
Je me lève et me déplace lentement. À gauche, un jardin plein de fleurs, à droite une autre pièce que je ne connais pas. En face, cette satanée cuisine et la voisine. Je lève les yeux pris d’une crainte soudaine. Au-dessus de ma tête des gens se déplacent comme s’ils étaient suspendus à des fils, leurs meubles aussi d’ailleurs. Je ne peux m’empêcher de faire un pas de côté de crainte qu’ils ne me tombent sur la tête. Je regarde hâtivement vers le sol et me rends compte, pris de vertige, que mon lit, moi-même, et tout ce qui m’entoure flotte allègrement au-dessus des voitures du parking. Toutes les cloisons, qu’elles soient verticales ou horizontales, ont disparu. Disparu ? Est-ce vraisemblable ? Que s’est-il passé ? Je ferme à nouveau les yeux, les ouvre. Tout se dessine de plus en plus nettement. Au départ ce qui semblait n’être que l’effet d’une sorte de lunette à infrarouge perçant les ténèbres, m’apparaît à présent avec la plus grande netteté. Mes yeux traversent les murs, le sol, le plafond, ceux-ci ont perdu toute consistance, ils n’ont plus d’existence que virtuelle, une surface sur laquelle les gens se déplacent mais qui n’existe pas !
L’ « hyper vision » est-elle une maladie déclarée ? A-t-on des chances d’en guérir ?
Je ne sais plus comment je dois me comporter. Dois-je bouger ? Vais-je comme dans le rêve des adolescents tomber en vrille dans l’énorme trou béa

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