Errances
42 pages
Français

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Description

Trois histoires, trois personnes, trois générations. Errances est un recueil de nouvelles qui raconte l'évolution d'une famille américaine du XXe siècle. De l'écrivain Beat des années 1950 à la Millenial en quête d'identité, en passant par le bourgeois sceptique, ce recueil explore le vagabondage sous ses différentes facettes. Les aspirations diffèrent, mais un but les unit et transcende les époques : la liberté.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 juin 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414247080
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-24706-6

© Edilivre, 2018
Un Voyage intérieur
Un coup de téléphone. C’est comme ça que tout a commencé. Toute une période de ma vie, déterminée par un appel. J’étais assis dans mon fauteuil, un papier blanc dans la machine à écrire à côté de moi – je n’étais pas parvenu à y inscrire quoi que ce soit de la journée – quand je reçus cet appel. Je décrochai le téléphone. C’était Allen Ginsberg. J’étais ravi de l’entendre. Je ne l’avais que très peu vu depuis que nous avions quitté les bancs de Columbia, à la fin des années 40.
« Alors, comment vas-tu ? J’ai lu ton dernier roman, j’ai trouvé ça très intéressant. »
– Ah ? Merci, lui ai-je répondu.
« J’ai plein de trucs à te dire dessus, tu sais. Je pense qu’il y a de quoi parler des heures. »
– J’adorerais, Allen. Mais faudrait qu’on se voie pour ça.
Il eut un petit rire nerveux. Il semblait s’en vouloir de ne pas avoir vraiment gardé contact ces derniers temps. Il reprit :
« Tu sais quoi ? Retrouve-moi à Denver ! J’y suis en ce moment dans un appart du centre-ville. Lucien Carr y reste actuellement. Et Kerouac devrait arriver d’un jour à l’autre. Tu pourras venir squatter quelques temps, et on discutera de tout ça, histoire de passer de bons moments. »
J’hésitai un instant. Denver n’était pas tout près. J’étais marié, maintenant. Et le gosse était tout petit. Joan m’en aurait voulu de partir, j’en étais sûr. Mais la possibilité de retrouver tous ces grands esprits de notre génération, de voir du pays : tout cela me tentait trop.
– Ça marche.
Allen se félicita de ma venue imminente. Je partirais trois jours plus tard. Joan a gueulé. Exactement comme je l’avais prédit. Je la comprenais… Moi-même je ne savais pas vraiment comment justifier mon action, alors comment le pourrait-elle ? Et malgré tout, poussé par mon instinct, je me préparais à partir, sourd à ses souffrances. J’avais au moins une raison de me réjouir : je pourrais enfin faire voyager la Ford que j’avais acquise quelques mois auparavant. Une si belle voiture, il fallait qu’elle trace sa route. Et j’allais lui donner cette possibilité. Après deux jours passés à m’ignorer, Joan finit par mettre son courroux de côté. La veille de mon départ, je montai dans la chambre de mon fils. Ce n’était alors qu’un bébé. Il ne m’aurait pas compris, même s’il avait été éveillé. Je voulais passer un moment avec lui, avant de partir pour un voyage dont je n’avais pas vraiment déterminé la durée.
Le petit bonhomme était paisible. Il se réveillerait probablement le lendemain sans remarquer la différence, suivant le cours de la cérémonie de son lever sans se poser de questions. Puis, une fois toutes les étapes quotidiennes de sa matinée passées, il sentirait un manque, une absence dans ses perceptions habituelles. « Désolé, p’tit gars. Tu sais bien que je tiens à toi. Un jour, j’espère, tu comprendras. Un jour, je te transmettrai cet idéal, et toi aussi, tu arpenteras les routes. »
Quelques heures plus tard, je pris le volant en direction de l’Ouest. L’Ouest. Ses promesses de soleil, de chaleur et d’inconnu. La modernisation d’un mythe américain. Je voyais le jour se lever en cette journée de début d’été. La voiture démarra dans la fraîcheur éphémère du petit matin. Je laissai New-York derrière moi au profit de la Grand-route. Ce serait un long voyage. Je voulais tout de même essayer d’atteindre Denver assez vite. Je m’étais d’ailleurs équipé en conséquence : je n’avais pris avec moi que de quoi tenir quelques jours, et très peu d’argent. J’arriverais bien assez vite. Alors que je taillais la route quelque part en Pennsylvanie, je me souvins des moments que j’avais pu passer avec Ginsberg, Kerouac et tous les autres pendant mes années à Columbia. Des soirées entières passées à refaire le monde dans des appartements délabrés que l’on sous-louait, le partage de nos idées, de nos rêves, de nos secrets. Des drogues aussi, en grande quantité. Mescaline, héroïne, haschich. De la spiritualité, l’impression d’approcher un Nirvana artificiel. La jouissance. Toutes ces fois où l’on a ramené des filles, toutes ces fois où nous n’avons pas eu besoin d’elles…
Un incontrôlable sourire se dessina sur mon visage. C’étaient de bons souvenirs. Je ne savais pas vraiment comment avait évolué la vie de tous ces gars depuis le temps. J’avais seulement revu Kerouac un peu plus récemment, mais cela remontait tout de même à au moins trois ans. Mais lui et moi avions entretenu une correspondance depuis. Kerouac avait énormément voyagé ces dernières années. Il préparait un roman, lui aussi, à ce qu’il me disait. Quelque chose qui allait vraiment retranscrire tout ce qu’il avait vécu au fil de son errance. La lumière avait percé de façon spectaculaire, désormais, et avait amené la chaleur avec elle. Le vent provoqué par la vitesse de la voiture était une aubaine : on distinguait l’illusion d’un tremblement au loin sur la route, qui dorait au soleil. Je roulai ainsi pour plusieurs heures.
Voir la campagne, les petites villes et le soleil qui régnait sur les gigantesques étendues de terres pendant toute ma journée de route m’avait quelque peu détendu. J’étais apaisé, prêt à être enivré. Désormais, le soir s’était installé dans les plaines, et le soleil n’était plus qu’un rayon rosé à l’horizon. Dans l’Ouest. Là où le jour allait dormir. Au milieu de la campagne, sur cette route droite et sans limites, je me battais contre la nuit, essayant de rattraper le jour qui fuyait, malheureusement plus vite que moi. Mais il n’y...

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