Coup de Fourchette , livre ebook

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Coup de tonnerre dans la gastronomie mondiale: les trois plus grands chefs Français viennent d’être retrouvés dans un salon privé du Bristol en compagnie d’un cadavre dont la tête ressemble à une pastèque ouverte en deux. Ils doivent répondre de ce crime odieux devant la police, mais comment ? Comment prouver qu’ils sont innocents alors que tout les accable ? Comment prouver que la victime n’est pas seulement un médecin sans histoires, mais aussi Fourchette, le plus grand critique gastronomique, celui qui a fait leur gloire et qui, aujourd’hui, leur a tendu un piège aussi cruel que machiavélique ?
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Publié par

Date de parution

01 mars 2011

Nombre de lectures

14

EAN13

9782918602057

Langue

Français

Coup de Fourchette
Nicolas d’Estienne d’Orves
ISBN 978-2-36315-235-0

Juillet 2010
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les ditions StoryLab proposent des fictions et des documents d'actualit lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et in dits pour un nouveau plaisir de lire.

Table des mati res

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Biographie
Dans la m me collection
Prologue
— Tu aimes la cervelle, gamin ? demande le vieux.
Le gamin ne répond pas et serre les dents.
— Tu en as déjà mangé, au moins ?
Le gamin reste muet mais secoue négativement la tête, habitué aux « plaisanteries » du vieux. Celui-ci appuie son doigt ganté sur la masse de chair grise, qui résiste, élastique. Puis, avec un son mou, deux phalanges s’enfoncent dans la gelée blafarde.
— Il paraît même que c’est très bon cru... observe le vieux légiste avant de retirer son index pour le porter à sa bouche et en sucer le caoutchouc. Ses lèvres s’ourlent de rouge et un copeau glaireux se coince entre ses incisives. D’un coup de langue, il le happe et le projette au fond de sa gorge.
— C’est doux. C’est tout frais, dit-il en mâchonnant, avant de déglutir.
Le gamin étouffe une grimace : le vieux est ignoble ! Comment peut-il faire des choses pareilles ? La victime ne doit pas être morte depuis deux heures. Le gamin s’inquiète que personne n’ait rien remarqué, mais tous sont affairés : les flics arpentent la petite salle à manger ; le cadavre est étendu sur la table, son crâne ouvert en pastèque, des lambeaux de chairs gluantes arrosant les assiettes, verres de cristal, couverts en argent ; quant aux trois meurtriers, ils n’ont pas bougé d’un angström. Prostrés côte à côte sur une banquette de velours rouge, près de la fenêtre, ils affichent de vraies gueules d’abattoir.
— La cervelle n’est pas mauvaise en carpaccio, remarque le vieux, en suçotant à nouveau son gant, mais en matière de gastronomie je suis plutôt conservateur : je la préfère poêlée avec du beurre, du vinaigre et des câpres.
Le médecin ôte alors ses gants et observe ses mains avec satisfaction, à la lueur du joli lustre en cristal de bohême.
— Il faudra que je t’emmène manger ça au Ribouldingue , un de ces quatre, gamin, ajoute-t-il d’un ton piquant. Les abats, c’est quand même notre fonds de commerce. Et puis, c’est toujours bon de faire une autopsie « à l’assiette »...
Le gamin ne relève plus, car il sait que le vieux se moque d’être écouté. Voilà trois mois qu’il est en apprentissage de terrain avec lui ; trois mois qu’il supporte ses farces de carabin et son humour cannibale. Chauvier pourrait être son grand-père, mais il agit en collégien.
— Ah, tu vas faire un stage avec Chauvier ? a-t-il entendu, à l’annonce de son affectation. Tu verras : c’est un cinglé, mais c’est le meilleur…
« Le meilleur ? » doute encore le gamin en voyant le vieux légiste s’approcher des trois suspects avec un mélange de respect et d’ironie.
Aussi blafards que leurs toques, les chefs le regardent s’avancer avec incrédulité. D’une manière générale, depuis l’arrivée des flics puis des légistes, les trois cuisiniers semblent subir les événements. Leur présence ici paraît inexplicable. Tout joue pourtant contre eux : les armes dans leur main, la pièce fermée de l’intérieur par leurs soins. Paul Boujut, Noël Duchon et Alex Robicasse sont indubitablement les assassins et n’ont d’ailleurs pas cherché à prouver le contraire. Ils n’ont rien fait pour se défendre, ni même se défiler. Ils n’ont pas dit un mot. Les trois chefs sont les mutiques spectateurs de leur arrestation, comme si chacun se désolidarisait de son propre corps et assistait à la scène, avec une passivité malsaine et suicidaire.
— Maîtres, murmure timidement le vieux légiste, je suis très honoré de faire votre connaissance et navré que ce soit dans ces tristes circonstances…
Boujut, Duchon et Robicasse lui offrent un regard mort. Celui d’un carrelet asphyxié à l’heure du coup de grâce.
— Chauvier, vous faites quoi, là ? demande un des policiers, qui remplit un dossier de l’autre côté de la pièce.
— Je présente mes respects, commissaire. Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre cinquante-quatre étoiles...
— Vous bossez à la morgue, Chauvier, pas au Michelin.
— Ça n’empêche pas d’aimer les bonnes choses, commissaire, reprend le légiste en scrutant les trois toques d’un air gourmand. Et puis quand même : cinquante-quatre étoiles, ça fait rêver, non ?
Chapitre 1
Un mois plus tôt.

« Cinquante-quatre étoiles... »
Tel est le chiffre que l’on se passe, de banc en banc, sous les voutes de la petite église Saint-Laurent, dans le Xe arrondissement.
À eux trois, en additionnant bien sûr leurs multiples restaurants, Paul Boujut, Noël Duchon et Alex Robicasse comptabilisent cinquante-quatre étoiles au Guide Michelin .
— Cinquante-quatre étoiles sont assises au premier rang de l’église Saint Laurent, patron des cuisiniers... murmure le correspondant de France Info , dans son micro, en fond de nef.

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