Café amer
82 pages
Français

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Description

Brillant avocat parisien, Simon délaisse parents, amis, amours pour réaliser ses ambitions. Mais sa rencontre avec Nina bouleverse la vie qu’il s’est construite. Lui, si organisé et prévisible découvre les tourments de la passion.


Lorsqu’elle disparait, Simon se lance inexorablement à sa recherche. Confronté au vide qu’elle laisse, il tentera de dévoiler l’épais mystère qui recouvre la vie de cette énigmatique étrangère.



Entre souvenirs et traumatismes enfouis, la grande et la petite histoire se rejoignent, laissant l’existence de chacun susceptible de basculer à tout instant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 février 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782383513612
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
 
 
 
 
 
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Un éclair a déchiré la nuit. En écho, le tonnerre a retenti. Maintenant, tout est silence ; la rumeur de la ville s’éteint dans l’encre du ciel. Seul le ressac du fleuve chuchote au rythme régulier des vagues qui s’échouent sur les blocs de béton. Les lumières se voilent. Le sable se fige dans l’étranglement du sablier. L’air est étouffant malgré le froid glacial de l’hiver.
Tel un marin sur la proue de son bateau, son corps s’érige en une imposante silhouette. Les muscles encore tendus par l’effort, le torse agité par les accélérations de son cœur, il lève l’ancre, redresse le front et regarde au loin. Sous ses pieds, l’île flotte. Les eaux de la crue la font dériver.
1
Nina soulève les paupières. Encore une nuit sans sommeil ! La fraicheur de la pièce lui pique le nez. Le poids de la couverture sur son corps frêle la scelle au creux du lit. Les couches épaisses la protègent de l’hostilité de l’air. Dans la clarté naissante du jour, elle observe son abri spartiate. Quatre murs délimitent un carré parfait. La porte d’entrée fait face à une étroite fenêtre, seule ouverture sur l’extérieur. De ce puits de lumière, la grisaille de la brume se déverse sur deux lits en fer, collés au mur dans une relation gémellaire. Une modeste table les sépare. Sur la toile cirée à fleurs subsistent les restes du repas de la veille. Nina jette un œil à la lourde couette qui engloutit son amie. Elle entend sa discrète respiration, devine d’imperceptibles vagues sous la couverture. Elle dort toujours.
Depuis son arrivée dans ce sombre et massif bâtiment, élevé en cité universitaire, elle partage sa chambre avec Olga. Elles ne se sont pas choisies. C’est le hasard qui les a réunies. Mais elles se sont apprivoisées et se comprennent. Entre elles les paroles sont sobres, à l’image de cet univers de pierre habité de silence, où les déplacements d’une chambre à l’autre, accompagnés de quelques bruissements, s’effectuent avec la prudence du félin qui épie sa proie. Les échanges se passent de mots. Les gestes et regards suffisent.
Dans cet antre austère, il n’y a pas de salle de bain. Armée de courage, Nina se dégage de son nid, éphémère protection du réel. Enfile de sommaires chaussons, s’enroule d’un généreux châle et sort de la chambre. Elle parcourt le long couloir, éclairé d’une seule ampoule déclinante au bout d’un fil. Les douches et lavabos sont confinés au centre de cet étroit goulot et suintent d’une constante humidité. En hiver, personne ne s’y attarde. Avec dextérité, elle se délivre de l’enveloppe qui la recouvre et offre sa nudité au mince filet d’eau qui s’écoule du pommeau de douche. Malgré la tiédeur de son flux, le carrelage des murs d’une couleur indéfinissable s’embue, tant la froideur sévit. Habituée à cette rigueur, Nina étire en longueur ces ablutions qui la nettoient des effluves de la nuit et des souillures de la vie. Elle savoure ce moment suspendu où tout le monde sommeille. Espace intermédiaire. À la lisière du jour et de la nuit.
Elle s’extrait enfin de la cabine et affronte dans le miroir ses traits encore froissés. La pâle lumière lui donne un teint laiteux et fait ressortir la transparence de ses yeux. Deux amandes rehaussées de la courbe légère des sourcils. Ses cheveux noués en queue de cheval mettent en valeur le carré de son visage et soulignent sa détermination. Elle fixe son image, comme si elle lui était étrangère. Se tapote les joues pour leur redonner un peu de couleurs, puis retourne dans la chambre.
Olga est assise au bord de son lit. Nina rejoint le sien et lui fait face. Leurs regards aimantés, elles s’observent.
— T’es prête ? murmure Olga.
— Oui.
— …
— Tu as l’argent ? poursuit Nina.
— Oui, j’ai tout…
— Je te le rendrai, tu sais !
— Oui. J’sais !
— Merci.
— Il est dans combien de temps ?
— Dans un peu plus d’une heure.
— Faut pas trainer.
— …
— Tes bagages ?
— Ils sont prêts !
Nina se penche, prend sa valise, la pose sur le lit. Elle l’ouvre et découvre les couleurs bigarrées de tee-shirts, jeans, pulls… soigneusement pliés. De ses doigts fins, elle palpe les différentes strates de tissus pour s’assurer de n’avoir rien oublié. Puis referme.
Dans l’étroite pièce, les deux jeunes femmes se déplacent en gestes lents. Nina enfile un pantalon, une chemise. Olga plonge dans un jogging informe, puis sans un mot, glisse l’enveloppe avec l’argent dans le sac à main de son amie. Elles enchaînent ensuite une chorégraphie parfaitement rodée ; débarrassent la table, dressent leurs lits, font chauffer dans la bouilloire un peu d’eau pour se servir un café. Les brioches achetées en début de semaine feront l’affaire pour ce dernier repas. Silencieuses, elles déjeunent. Le jour s’invite et les habille d’une douce lumière. Nina s’inquiète.
— Il est quelle heure, maintenant ?
— Bientôt 7 heures.
— Faut y aller !
— …
À l’unisson, elles se lèvent, mettent leur manteau et s’introduisent dans le corridor. Par chance, il est encore désert. Elles n’auront aucune explication à donner. La double porte pour accéder au palier est lourde à pousser. Olga appose son dos massif sur un battant pour le faire céder. Nina se faufile. Elles descendent les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée et s’enfoncent dans l’obscure ruelle où de rares plaques de neige marquent le déclin de l’hiver. En quelques enjambées, elles parviennent à la Place de l’Université qui s’ouvre sur un long boulevard. À leur droite, un hôtel sans âme perce le plafond cotonneux avec arrogance. Méfiante, son entrée prend des distances avec la rue et s’élève bien au-dessus de la chaussée. Plus loin, à l’angle de la place, une croix érigée en mémoire des « évènements » repose sous une épaisse pellicule de poussière. À cette heure du jour, l’intense circulation débridée sommeille encore. Il n’y a pas de bus. Nina et Olga s’acheminent vers la gare à pied. Elles longent des boutiques en mal d’identité, proposant en vrac cigarettes, dentifrice, maroquinerie, vêtements… ; des bijouteries de luxe, aux vitrines offrant une débauche d’or ; des jardins luxuriants ; des habitations hybrides.
L’air est vif, mais la journée s’annonce belle. Les nuages blanchissent le soleil et auréolent la capitale d’une couronne lactée. Nina s’imprègne des paysages de son enfance avant de les abandonner. Elle se sent excitée par cette aventure autant que désemparée. Suspendue dans le vide ; au bord d’une chute vertigineuse. Elle sent les battements de son cœur s’accélérer. Et sa marche à vive allure accroît cet emportement. Silencieuse, Olga lui emboite le pas. Les pavés défilent sous leurs pieds. Les maisons se succèdent. Par moments, leurs regards se croisent. Une infinie tendresse affleure. Et bientôt les voilà parvenues à destination.
La gare s’élève, massive, surmontée de larges colonnes. Sa puissance écrase tout le quartier. Nina s’arrête un instant, contemple ce lieu où une page se tourne. Olga lui prend la main. Puis elles pénètrent dans ce temple ferroviaire. Un plafond tricoté de poutres rouges surplombe une composition étrange de commerces, où se mêlent tradition et modernité. Les allées sont calmes. Nina et Olga s’avancent vers le panneau numérique des arrivées et départs. Le train est déjà à quai. Le voyage va être long. Nina le sait. Elle s’y est préparée.
Olga l’étreint et glisse une lettre dans sa poche avant de laisser la silhouette gracile de son amie s’éloigner. Elle suspend son regard à son épais manteau à capuche ; l’observe se faufiler entre les passagers hésitants les yeux en quête d’informations sur leur train. Elle la regarde s’acheminer vers son destin – ces retrouvailles tant espérées – fragile et forte à la fois, le cœur embrasé d’émotions, le corps érigé en bélier.
— Elle est courageuse, jamais je n’aurais fait ce voyage. Trop peur. De l’inconnu, du vide ; de ne pas savoir ce qui m’attend… j’ai quitté ma campagne, la tête pleine d’espoir. Certaine que la capitale serait la liberté, le bonheur. La réalité m’a vite rattrapée. Tous mes rêves se sont effondrés. Je me suis retrouvée loin de ceux que j’aime. Pour rien. J’ai eu mal, très mal. Heureusement, Nina m’a consolée. Et maintenant, elle s’en va, elle me laisse seule. Je ne voulais pas qu’elle parte. On était si bien toutes les deux. Comme deux sœurs. J’en avais toujours rêvé. Elle aussi en rêvait. Comment faire sans elle ? Seule, dans cette chambre. Je n’ai pas envie d’y retourner. De voir son lit vide, son armoire vide, de manger seule sur cette table, cette toile cirée à fleurs. Horrible ! Tout est laid, vieux, sale… Avec elle, j’arrivais à ne pas le voir… Nina, reviens, ne pars pas… je sais que c’est important pour toi… mais tu ne sais pas vraiment où tu vas. Tu ne connais personne. Tu ne sais même pas où aller…
Et lentement, les larmes sillonnent ce visage d’enfant sur ce robuste corps de jeune femme.
2
Les premiers rayons de soleil pénètrent dans la chambre. Un halo de lumière tapisse le sol. L’obscurité se dissipe. Simon dort. Les draps lourds et l’épaisse couette le protègent. Sa crinière émerge, indisciplinée sur l’oreiller. Soudain, la musique du radio-réveil s’élève. Une lame soulève le dessus de lit et s’échoue en vaguelettes sur sa nuque. Quelques mouvements saccadés agitent son corps qui se profile sous les strates ouatées. Simon s’étire. D’un geste rapide, il coupe le son. Il glisse la main dans ses cheveux en bataille. Sept heures ! Il sent le poids de la nuit sur lui. Écrasante, elle l’enserre dans ses griffes et le maintient au fond du lit. En sortir est la pre

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