background image

Peaux d'âmes , livre ebook

40

pages

Français

Ebooks

2023

Écrit par

Publié par

icon epub

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe et accède à tout notre catalogue !

Je m'inscris

Découvre YouScribe et accède à tout notre catalogue !

Je m'inscris

40

pages

Français

Ebooks

2023

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Peaux d’âmes est une plongée intime au cœur d’esprits tourmentés d’où émane une émotion dure et fascinante. Léonathabelle nous parle de trois générations de femme, Léontine, Nathalie et Isabelle. Nathalie porte la violence destructrice de Léontine. Lorsqu’elle donne naissance à Isabelle, enfant de la souffrance, elle nous entraine dans une lutte saisissante. Et puis, il y a Lise. Est–elle morte ou a-t-elle définitivement perdu le fil de la raison qui la maintenait encore en vie ? Au travers de ces deux nouvelles, découvrez que l’expression de la folie n’est pas toujours ce qu’elle nous donne à voir !
Voir icon arrow

Publié par

Date de parution

22 septembre 2023

EAN13

9782342398861

Langue

Français

Couverture
Copyright
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cet ouvrage a été composé par les Éditions Publibook,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
http://www.publibook.com
 
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
 
ISBN numérique : 978-2-342-39886-1
 
© Éditions Publibook, 2023
« Tout être blessé est contraint à la métamorphose ».
Boris Cyrulnik
I Léonathabelle
Prologue
Lorsque j’entre dans la chambre, Nathalie ne bouge pas, c’est avec sa souffrance qu’il me faudra tenter de communiquer. Je le sais.
Hier pourtant, elle paraissait apaisée. Ce matin, alors que le soleil tente de se frayer un chemin au travers des stores, je la trouve sur le sol. Poupée de chiffon oubliée là, comme un objet rendu invisible par l’inutilité qu’il représente. Je la salue, ouvre les stores, mon intrusion l’importune, elle m’injurie. La communication est établie.
Notre dernière rencontre remontait au printemps précédent, elle s’était déjà réfugiée comme un animal blessé au dernier sous-sol de l’hôpital. Sans rien demander, elle avait posé là ce corps à bout de résistance. Malgré mon expérience, chaque fois, l’inconnu m’attendait. Une rencontre impossible à décrire, parce que les mots ne disent pas, les mots tentent de traduire, les gestes, les sentiments déjà constitués.
Face à la fenêtre, je lui tourne le dos, la lumière nous inonde, j’aurais souhaité qu’il pleuve, ce soleil est impudique. Je voudrais la rejoindre, aller la chercher là où elle se trouve et pouvoir la sauver. Remonter le temps, redistribuer les cartes de sa vie.
D’où me vient cette idée de toute-puissance ce matin ?
Soudain, elle s’anime, elle a faim, je lui tends son déjeuner, la vie nous a interpellés, le soleil a eu raison de rester.
Elle a dû être belle. Mon regard s’attarde sur son visage et observe l’étendue du malheur. Elle a surpris l’instant. Elle éructe, rejette son plateau, manière de me signifier que tout cela a assez duré. Elle accepte les pilules censées lui apporter une trêve artificielle. Son corps est réparé, elle demande à être libérée. Que puis-je lui proposer pour la retenir, pour la protéger ? Je lui dis qu’elle n’est pas prisonnière du lieu, mais que peut-être sa prison est ailleurs, quelque part dans son histoire. Qu’est-ce que je peux savoir, il faut que j’arrête de la regarder. Mon questionnement la dérange, mon intérêt est suspect.
Je n’insiste pas, son regard m’accompagne lorsque je quitte la chambre. Je sens son désarroi ou est-ce plutôt le mien, et comme une avalanche, sa colère me répond. Une bataille vient de s’engager, c’est tout le mobilier qui maintenant va céder. Durant plusieurs heures, malgré le sédatif administré, Nathalie vocifère, se bat pour les faire taire, les horreurs du passé. Puis comme lors d’un séisme qui fait s’ouvrir la terre, sa tête s’est ouverte. De cette faille, les assaillants campés dans son esprit, ont surgi. Le temps est immobile.
I Nathalie
Une douleur sourde lui comprime la tête, elle entend confusément une voix qui lui demande de se lever. Elle ignore si elle dort depuis longtemps, si c’est le jour ou la nuit, le matin ou le soir. Aucune lueur ne se faufile dans la cage d’escalier où elle s’est réfugiée. Elle perçoit des sons, une agitation qui règne aux alentours.
Soudain, la voix devient insistante, elle ouvre les paupières et hurle si fort que la voix se tait. Ne subsiste alors, que l’écho de son cri qui se cogne à l’escalier.
Cette voix qu’elle a fait taire, laisse place à deux yeux qui la scrutent, qui la questionnent. Elle se lève, leur fait face. La force lui manque. Elle n’aura pas à lutter, elle ne perçoit pas d’hostilité juste de la surprise, de l’étonnement.
Elle a faim, elle a froid. Son corps lui fait si mal qu’il en perd ses contours. Une voix parle dans sa tête, lui dit qu’elle ne mérite pas d’être sauvée, qu’elle est une mauvaise âme.
Un rire caverneux sort de sa gorge, son visage se déforme, son être captif se tait. C’est la laideur qui parle, qui insulte, qui injurie. L’autre lui fait toujours face, la reconnaît, la nomme. Elle l’observe et elle attend. Des émotions la submergent, elle a besoin de ce refuge, son âme a froid, son corps réclame des soins. Alors, une main se tend. Parce qu’elle craint de la souiller, elle refuse son contact. Elle se laisse ainsi guider par cette autre qui lui propose de l’aide. L’autre ne le sait pas encore, mais quelque chose vient de se produire.
Malgré la fureur et la laideur que Nathalie affiche, l’autre ne s’est pas effrayée, n’a pas tenté de la chasser. Dans son regard, Nathalie a perçu quelque chose de nouveau, quelque chose d’elle-même qui n’est pas l’horreur. Sans pouvoir le nommer, ce phénomène l’apaise. Elle se laisse alors aller à ce bien-être inattendu. Il est bon, ne serait-ce qu’un instant, de constater qu’il existe un autre monde. Un monde, où elle a le droit d’imaginer qu’elle peut se laisser douillettement aller en toute sécurité. Durant toutes ces années, la lutte avait été son seul mode de vie. Mais l’idée que peut-être une quête de paix avait du sens, lui redonnait tout à coup un peu d’humanité.
Dehors, c’est l’aube. Lorsqu’elle ouvre les yeux, rien n’a jamais été plus doux que cette conscience d’elle-même. Habituellement, ses nuits sont le prolongement du tourment de ses jours. Mais aujourd’hui, elle a tout lieu de supposer que cette nouvelle sensation ne s’est pas évanouie avec la nuit. Comme prise d’un doute et d’une soudaine panique, elle se précipite dans la salle de bain pour vérifier que cette femme qu’elle se sent être, est bien réelle. Elle est face au miroir, regarde son visage, ne le reconnaît pas. En un instant, elle peut y lire un souvenir anesthésié d’elle qui s’impose tout à coup. Puis elle se déshabille, découvre ses seins, son ventre, ses cuisses, ses genoux, ses pieds. Son regard se pose de nouveau sur ce visage et l’interroge. Qui a bien pu détruire ainsi ce corps ?
Du plus loin qu’elle se souvienne, c’est la noirceur qui s’impose. Elle a tout essayé l’alcool, la drogue sous toutes ses formes. Il y a dix ans de cela, parce qu’elle n’a trouvé personne pour la bercer, personne pour la consoler, personne pour la réparer, c’est à la rue qu’elle s’est retrouvée. Détachée de toute obligation temporelle, les dernières cordes qui reliaient son âme à sa conscience ont cédé. De nouvelles peurs sont apparues, palpitantes, logées au plus profond d’elle. Réduisant tout son être à des besoins rudimentaires.
La noirceur s’est amplifiée, a continué de s’infiltrer. Trouvant toujours une brèche, comme une bête malfaisante.
Elle sait ce que les gens pensent d’elle. Ils pensent qu’elle est une moins-que-rien, ou ne la voient même pas, invisible à leur monde. Qu’elle est même déjà morte. Mais ce qu’ils ne voient pas, c’est qu’elle est emmurée vivante, là, dans son passé. Cette noirceur qui l’accompagne, elle tente de la fuir. Peut-on fuir le passé. Chaque jour un peu plus, ce qu’elle nomme la guerre, envahit sa conscience. Ce serait si tentant de se laisser aller, de se laisser tomber. Elle supplie que tout s’arrête. Parfois dans le sommeil, elle croit à une trêve ; le supplice inutile d’un rêve qui fait mal. Qu’à force, imperceptiblement, elle se détache de tout, indifférente aux sensations. Elle a pris l’habitude, il suffit d’un joint roulé maladroitement arrosé d’un alcool pour que les douleurs s’effacent. Quelques minutes d’attente durant lesquelles il lui faudra lutter avant que le néant tapisse tous ses espaces. À cet instant seulement, elle peut gagner la guerre, le vide a eu raison de sa douleur que la terre entière ignore. Un nouvel ordre du monde s’installe. Le monde de la solitude presque aussi douloureux, le monde du manque d’un soi, d’un autre. Le manque de la souffrance dont elle guette le retour puisque dans son plus lointain souvenir, elle est sa seule compagnie. Lorsque la souffrance s’invite dans son corps elle y trouve, comme...

Voir icon more
Alternate Text