Méli-mélo
108 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Méli-mélo , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
108 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Pour son treizième ouvrage, Annie-France Gaujard nous livre un florilège d'histoires classées de la plus longue à la plus courte.
Des nouvelles à puiser au hasard selon le temps, le circuit, l’envie.
De la jeune femme amnésique, à celle en quête d'amour improbable, en passant par le tueur collectionneur ou les tranches de vie quotidienne, toutes sont chargées d’émotions : humour, tristesse, amour, suspense...
Une certitude : elles ne vous laisseront pas indifférent(e) !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 novembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414298532
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-29854-9

© Edilivre, 2019
Du même auteur
Du même auteur :
2002 « Vous avez dit bizarre ? » Éditions Flam
2006 « C’était » Éditions Ediplume
2007-2008 Éditions Le Manuscrit :
« L’homme au placard » (scénario)
« Au fil d’Ariane » lauréat du 13 ème concours littéraire de l’Académie Francophone.
« Mortelles destinées »
« Les étranges aventures de Léa »
2009 « Engrenage fatal » Éditions Jets d’encre
« Sale temps sur le chantier » Éditions Lulu.com
2011 « Rogny-les-sept-écluses, l’escalier d’eau 1597-1887 » Éditions La Gazette 89
2013 « Rogny les-sept-écluses, le passé-présent » Éditions la Compagnie Littéraire
2014 « Avec le temps, va tout s’en va » Éditions Edilivre, prix Festilivre-témoignage de Bourgogne
2017 « A fleur de peau » Éditions Edilivre, prix 2018 de « l’auteur sans piston » de Bourgogne
Exergue


Les plaisirs et les peines, les biens et les maux sont tellement amalgamés, qu’on ne peut éviter les uns sans se priver des autres.
Madame de Maintenon / Mémoire et lettres de Madame de Maintenon
Égarement
Voilà ! J’ai quarante-quatre ans et je sors d’un chagrin d’amour, d’un divorce douloureux. J’ai cru perdre la raison, ma tête trop lourde s’est noyée dans la fumée et l’ivresse, j’ai eu mal à en vouloir mourir…
Mais un matin alors qu’on n’attend plus rien, la lumière étouffe les ténèbres et on revient des enfers.
Je suis une personne angoissée, rêveuse, maladroite. La glace devant laquelle je coiffe mes longs cheveux blond vénitien me renvoie l’image d’un visage plaisant, les pommettes hautes, mangées par deux grands yeux verts en amande.
J’aurais pu séduire sans peine si ma timidité et ma réserve naturelle ne m’avaient instinctivement éloignée des êtres volubiles, des foules mouvantes et bruyantes, des rencontres fortuites.
Je me suis donc repliée sur l’ordinateur. Nous nous appartenons. Chacun accepte la pensée de l’autre sans état d’âme. Je fouille, j’explore, je peux dialoguer avec le monde entier sous x, juste des mots-émotion, des mots qui se battent, des mots-espoir.
Lui, a vingt quatre ans et le cœur à l’envers. Farid vit mal sa banlieue. Il végète dans un « logement social ». Autour c’est la zone. Les moments forts il faut les mériter. Il travaille dur sur les chantiers d’autoroute pour un salaire de misère. Exténué, ses soirées solitaires s’abîment dans l’alcool. Il veut fuir la violence, la laideur, la médiocrité.
Nos univers sont à l’opposé. Moi, divorcée, enseignante, aisée. Lui, manœuvre sans diplôme, exploité. Pourtant, sur l’écran notre harmonie est évidente. Je lui explique ma souffrance. Il me raconte son parcours, l’époque où, à Alger, sa famille était considérée. Avant que les tortures ne les fassent fuir, avant de quitter leurs racines.
Nous devons nous rencontrer, échanger nos voix, nos regards.
C’est la gare Saint Lazare qui sera notre premier lieu de rencontre. La salle des pas perdus, des égarés du bonheur. NOUS.
Comme nous ne connaissons pas nos visages, nous avons choisi une revue précise pour nous repérer.
Farid est grand, l’œil noir velouté, les lèvres charnues qui s’étirent dans un franc sourire. Ses cheveux coupés court restent cependant abondants. Il s’est « endimanché » et se tient un peu voûté, gauche. La douceur qui émane de l’ensemble me plaît de suite. Il me détaille à son tour.
J’ai essayé de me mettre en valeur. Chevelure retenue par un catogan, œil de biche, soupçon de rouge à lèvres, joli tailleur cintré soulignant la cambrure, collant fumé sur jambes fuselées, chaussures à petits talons pour ne pas faire vulgaire. Erreur, il aurait fallu des talons de 10cm. Je suis toute petite, un mètre cinquante, et je me sens naine devant sa haute stature !
D’emblée il me serre dans ses bras. Je disparais ! Le tissu rugueux de son costume trois pièces irrite ma joue et une odeur de savon de Marseille parfumé remonte à mes narines.
Je me détache doucement mais il me soulève soudainement. Nous sommes face à face et mes pieds battent l’air. Nous éclatons d’un fou-rire spontané.
– Bonjour mon internaute !
– Salut ! C’est moi, Agathe.
Silence.
– On pourrait aller manger un morceau vu l’heure ? Relance Farid. Je connais un restau sympa dans le coin, à deux rues d’ici. Tu veux bien ?
Si je veux ! Je n’ai rien pu avaler ce matin tellement j’étais stressée à l’idée de le voir enfin.
Il me prend la main et nous déambulons comme des collégiens. Les gens doivent nous trouver ridicules. Personnellement je m’en moque.
La brasserie est bondée. Nous jouons des coudes jusqu’à l’arrière-salle pour trouver une table un peu isolée. Par quoi commencer ? Nous nous sommes dit déjà beaucoup de choses par e-mails. On reprend. On approfondit. On se raconte ce qui ne peut s’écrire, ce qui sort du cœur. Les heures passent trop vite. Il doit bientôt reprendre son train.
Sur le quai nous échangeons un baiser-copain.
Je m’engouffre dans le métro, la tête ailleurs. Ce samedi était jour de fête.
Notre correspondance va être arrêtée trois semaines. Farid a un chantier dans le Nord. Il nous reste le téléphone. Moyen de communication que je déteste. La sonnerie me fait sursauter et me file l’angoisse. Qui est de l’autre côté ? Un raseur ? Un publicitaire ? Un inconnu qui me surprend en pleine cuisine, douche, sommeil ou programme de télévision. Bref, forcément un importun. La famille et les amis le savent et nous avons convenu d’un code que je transmets à Farid.
Il m’appelle d’un hôtel proche de son baraquement. Encore une dure journée. J’ai besoin qu’il me la raconte par le menu détail pour l’imaginer les prochains jours.
– Tu sais, ce n’est franchement pas réjouissant ! Mais bon, si tu y tiens. La réunion des ouvriers se fait à huit heures trente au bout des baraquements. Là, nous buvons un café et grignotons quelques biscuits.
Après nous enfilons les combinaisons, mettons les chaussures de sécurité et nous dirigeons vers le camion où est posée une « règle » démontée qu’il faut nettoyer de son goudron avec un chalumeau et des gants spéciaux, puis gratter avec des spatules.
Mais ce serait trop long à t’expliquer ! Je préfère te dire combien je m’ennuie de toi, combien tu me manques !
Pareillement pour moi ! Je le supplie de revenir le week-end.
Autre gare. Retrouvailles. Je l’emmène dans ma petite villa, rue des Artistes, à côté du parc Montsouris. Eh ! Oui. J’ai la chance d’avoir hérité d’une maison avec jardinet en plein Paris.
Je le sens intimidé. Ce n’est pas son monde. Je dois lui faire comprendre que je n’en ai rien à faire. L’argent qui est là, j’en ai hérité, je ne l’ai pas gagné à la sueur de mon front. Il n’a aucune valeur. Je peux très bien m’en passer.
Nous nous asseyons sur le vaste canapé en cuir blanc, face au téléviseur. Machinalement je l’allume pour faire acte de présence. J’ai besoin d’un chaperon.
– Que veux-tu boire ? On ne doit pas être loin de l’heure de l’apéro souligné-je d’un rire bête, sans lui avouer que pour moi c’est plutôt l’heure du thé.
– Un verre de jus de fruit, ça ira.
– Ah ! Bon. Je vais t’en chercher.
Tandis que je me dirige vers la cuisine, Farid se détend, promène un regard circulaire sur la pièce, hoche la tête « c’est chouette ici ! », décroise les jambes, s’installe plus profond en virant le coussin. Il lance même une phrase ironique sur la bimbo qui présente le programme de la soirée.
Je reviens avec mon plateau. Du coup, je me suis servi un petit porto et j’ai mis quelques olives noires à grignoter.
Il lève son verre pour trinquer.
– Tchin-tchin ! A notre rencontre.
– Tchin-tchin ! A notre avenir.
J’ai prévu qu’il reste dormir, enfin… passer la nuit avec moi. Peut-être devrions-nous commencer les préliminaires. Je me blottis contre son bras gauche. Musclé, c’est sûr ! Il le dégage et me le passe autour du cou, m’enserre et me colle un vrai baiser de cinéma.
Le reste n’attendra pas la nuit. Nous sommes UN.
Le lendemain, Farid doit repartir. Il a juste obtenu une matinée en plus. En fait, il travaille grâce aux boîtes d’intérim. Mieux payé et sûr de ne pas essuyer de refus. Car il en a envoyé des curriculum vitae ! Il n’était convoqué que s’il changeait son nom. En fait, lorsqu’il se présentait, le poste venait toujours d’être subitement pris ! Là, au moins, le contrat est signé sur place et bon nombre d’autres gars sont typés comme lui. Évidemment, il faut endurer les jours de pluie ou ceux de canicule où le soleil brûle la nuque, le nez et les avant-bras.
Je lui ai conseillé le Pizza Hut Alésia. Ils embauchent assez souvent. C’est surtout qu’ainsi, je pourrai le voir souvent. On trouve chez Pizza Hut beaucoup de jeunes, d’étudiants qui payent ainsi électricité, téléphone ou soulagent les parents de leur part de loyer. Des trentenaires sans diplômes, très peu de femmes.
Ça marche ! Nous nous organisons sans problèmes. A sa demande, nous avons ouvert un compte commun et je lui ai laissé une procuration sur mes divers placements. Nous vivons comme tous les couples malgré la différence d’âge. Quelques amis ont déserté. Ma liaison avec Farid n’a pas toujours été bien perçue. Que n’ai-je entendu ! « C’est ton argent qui l’intéresse (merci pour la dépréciation personnelle) « Il n’est pas de ton milieu « Vous êtes de religion différente etc. Qu’est-ce que ça peut faire ? Pour vivre heureux, vivons cachés… Nous avons fini par éviter ce que l’on nomme le monde et nous en portons bien.
Comme je n’enseigne que trois jours par semaine, j’ai du temps libre. J’aimerais trouver une moto de moyenne cylindrée, une 500 cm3, pour en faire cadeau à Farid car il a son permis B. Personnellement, j’ai toujours eu la flemme de passer mon permis, d’abord parce q

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents