Ma vie
158 pages
Français

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Ma vie , livre ebook

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Description

Fuyant la malédiction qui frappe sa famille, Jean suit son oncle jusqu'en Australie. Enrôlé par une compagnie minière sans scrupules, il part au Honduras à la recherche d'un important filon d'or. Des Indiens Xiteko sont à ses trousses. Ils pénètrent ses rêves et son âme usant de magie pour l'attirer au cœur de la forêt tropicale.
Avec humour, suspense, drame et sorcellerie, Ma vie est un roman d'aventures passionnant qui nous attire jusqu'au bout du monde à la poursuite de plusieurs vies qui se croisent, se divisent et s'assemblent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 mai 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782334110570
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-11055-6

© Edilivre, 2018
1
Le bruit de l’eau qui court envahit mes oreilles.
J’ouvris les yeux pour découvrir une rivière turbulente, perturbée par le fort courant, les débris d’arbres et de branches qui essayaient de l’entraver.
Des craquements lointains me dérangèrent.
Je tournai la tête pour découvrir un fin brasier dont les flammes montaient droit vers le ciel, au-dessus de la forêt, comme une torche bien huilée.
Derrière moi les branches remuèrent et plusieurs hommes apparurent, noircis par la suie. Ils avaient un air paisible et dur à la fois.
Ils se rassemblèrent autour de nous et cela me rassura.
Sans un mot, l’un des hommes montra, en le pointant du doigt, le ciel où s’amoncelaient des nuages sombres. Le tonnerre, encore lointain, se fit entendre. Des éclairs transperçaient l’horizon. Il allait pleuvoir et ça paraissait bon : la pluie allait apaiser les flammes et mettre fin au brasier avant qu’il n’ait eu le temps de s’étendre. L’homme montra l’autre rive et il caressa son image d’un geste de la main.
Notre avenir était clair maintenant. Nous laissions un passé pénible derrière nous et nous allions enjamber la rivière dans l’espoir d’y construire un meilleur futur.
Tout le monde semblait fatigué, mais il était temps de tourner la page.
Malgré la puissance apparente du courant, l’homme mit un premier pied dans l’eau, puis un deuxième et nous le suivîmes.
Tout ceci paraissait si naturel… Mais que s’était-il passé ? Où étais-je, bon sang ?
2
Je m’appelle Jean.
Un nom très banal pour, somme toute, quelqu’un de plutôt quelconque.
Je suis né un 15 août, en Provence, dans le sud de la France, dans un village de l’arrière-pays du département du Var, dans des circonstances plutôt étranges. On appelle ça l’arrière-pays parce qu’il est situé à quelques kilomètres de la mer, derrière la première barrière de collines qui montent rapidement jusqu’à plus de huit cents mètres d’altitude. Toutefois, les habitants ne sont pas plus arriérés que les autres pour autant.
Mes parents n’étaient pas riches, pour ne pas dire à la limite de la pauvreté. Ils étaient forains tous les deux et enclins à faire des rencontres fort diverses et parfois même bizarres ou dérangeantes. Mon père était d’origine italienne et fils de forain. Ma mère, quant à elle, était du coin, issue d’une famille typiquement provençale, des petits propriétaires terriens de par la taille de leurs cultures et aussi de par leur stature. Le frère cadet de ma mère avait repris du grand-père les terres ancestrales qui se limitaient à une vigne, quelques oliviers et des cerisiers centenaires. Le tout était clôturé par un muret de pierres qui s’écroulait un peu plus à chaque pluie. Un petit mas dominait les terres. C’est dans cette bâtisse que mes cousins grandirent, dans une certaine insouciance sans doute reliée au climat.
Avec les recettes de son stand de foire, mon père avait acheté un bout de colline qui avait vu grandir, vieillir et mourir quelques pieds de vignes, des amandiers sauvages et des cognassiers. Avec le temps, des ronces à mûres s’y étaient disputé l’espace. Au centre du terrain, il y avait une petite maison. C’était en fait une vieille cabane de chasseurs que mon père entreprit de rénover et d’agrandir. Il y travaillait tous les jours sans foires. Ses amis lui amenaient souvent des matériaux de construction : quelques restes des chantiers avoisinants, obtenus plus ou moins légalement. Ils arrivaient à toutes heures et lui donnaient un coup de main en échange d’un pastis, d’une bonne partie de belote et d’un farcis de légumes que préparait ma mère avec les tomates, les courgettes et les oignons du jardin.
Le jour de ma naissance était un jour de fête, comme tous les 15 août en France. Ma mère était grosse de neuf mois, elle avait l’air d’un de ces ballons de foire qu’on explosait à coups de carabine ou de fléchettes. Ce jour-là, deux hommes se seraient approchés du stand. Mon père aimait raconter que c’étaient des Indiens sortis d’un film de Far West ou des Incas descendus d’une quelconque pyramide mystérieuse. Ça devait amuser les badauds et rendre l’histoire des plus intéressantes ! Alors, les sauvages perdirent leurs chaussures et leurs vêtements et se promenaient nu-pieds et vêtus d’un pagne. Mon père ajouta des arcs et des flèches qui volèrent au-dessus de leurs têtes, une langue étrange qu’il n’avait jamais entendue mais qu’il pouvait comprendre parfaitement, comme dans un rêve. Pour sûr, le soleil frappait fort ce jour-là. Les Indiens se seraient approchés de ma mère, il y aurait eu un coup de feu et l’un des deux hommes se serait effondré devant elle. À ce moment, elle aurait eu une contraction, puis une autre, elle aurait dû s’asseoir sur le plancher du stand et juste le temps de le dire, j’aurais été dans les bras de mon père. Dans toute cette confusion, les gens ne savaient plus s’il fallait s’occuper du mort qui ne disait plus rien, du nouveau-né qui criait tous ses poumons, de la mère qui baignait dans des litres de placenta et de sang, s’il fallait interner mon père qui criait à tue-tête « c’est mon fils, c’est mon fils, regardez comme il est beau », ou s’il valait mieux profiter de ce moment d’inattention pour tirer quelques ballons de plus, à l’œil. Le deuxième Indien se serait approché de moi et m’aurait dessiné une ligne bleue sur le front en disant quelques mots et « à bientôt ». Il aurait aussitôt disparu dans la foule emportant sur son dos le cadavre de son frère, parce qu’ils étaient frères, ça c’était sûr ! De toute cette histoire, il ne serait resté qu’une flèche plantée sur le devant du kiosque de mon père qu’il exhibait encore pour attirer les clients et surtout pour avoir un prétexte pour embellir son conte, chaque fois que quelqu’un lui demandait pourquoi il y avait une flèche plantée là.
Jusqu’à l’âge de six ans, je suivais mes parents sur tous les champs de foires. Mon père criait fort pour que les passants s’arrêtent à son stand. Il faisait tourner la roulette, rechargeait les fusils à plomb et distribuait les prix. Ma mère s’occupait de la caisse et de moi. De temps en temps, elle me passait la main dans les cheveux et me couvrait d’un chandail ou d’une couverture lorsque, immanquablement, je m’endormais sous le comptoir, dans le petit lit que mon père y avait improvisé. Le matin, je me réveillais à la maison, sans savoir comment et je me jurais que la prochaine fois, je ne m’endormirai pas et que j’aiderai mon père à décrocher les ours en peluche et les guirlandes de lumière pour les charger dans le camion.
Ces années d’insouciance furent pour moi des années lumières, pleines de joie, de rires et de jeux.
Juste après mon sixième anniversaire, je dus rentrer à l’école. C’en fut fini des longues soirées passées dans les fêtes foraines avec mes parents. Les jours se firent plus monotones, rythmés par les heures d’école. Il fallait arriver le matin, passer la journée assis sur une chaise, dans l’attente de la cloche qui annoncerait la fin des cours. La plupart du temps, à la fin de l’après-midi, je revenais seul de l’école et je remontais à pied le petit chemin de terre qui allait jusqu’à la maison, depuis l’arrêt d’autobus planté au bord de la route. L’hiver, à la même heure, il faisait déjà nuit et les bruits de mes pas et du vent dans les arbres, étaient autant de fantômes et de monstres qui me poursuivaient et qui menaçaient de me dévorer tout cru. Alors, pris de panique, je me mettais à courir, aussi vite que je le pouvais, jusqu’à la maison. Je refermais rapidement la porte derrière moi, fier de ne pas m’être laissé attraper mais soudainement troublé par le souvenir de ce vampire ou de ce mort-vivant qui devait m’attendre, comme tous les soirs, caché derrière la porte de la cuisine ou sous le buffet du salon.
Mes parents n’étaient pas là et ils rentreraient tard.
Dans le poêle à bois, il y avait encore quelques bouts de charbon qui brûlaient et réchauffaient la cuisine.
J’ouvrais le four pour en sortir le repas que ma mère m’avait préparé et je le posais sur la table. Je déballais mon sac d’école, étalant cahiers, plumes et livres, puis je m’asseyais. Tout en faisant mes devoirs, je mangeais, seul, mon dîner froid.
À dix heures du soir, j’avais pour instruction très stricte d’aller me coucher, mais je ne m’endormais pas vraiment avant d’entendre le camion de mon père qui remontait le chemin, vers deux heures du matin.
Cette année-là, mon père termina la construction de ma chambre et j’eus, pour la première fois de ma vie, une pièce à moi tout seul !
Ma mère m’acheta un chiot pour me tenir compagnie et pour que j’ai moins peur la nuit. Il grandit vite et s’avéra être un croisement subtil entre le chien berger et quelque chose qui aurait pu être l’ancêtre paléolithique du Saint-Bernard.
Les vacances scolaires arrivaient régulièrement et relativement rapidement, me permettant de retourner sur les champs de foire, avec mes parents. J’y retrouvais avec joie les cris, les lumières et l’odeur de la barbe-à-papa. Maintenant que je savais lire et compter, je pouvais aider ma mère à la caisse. Mon père était fier de moi comme d’un jour d’été. Il aurait fait payer les gens qui passaient rien que pour pouvoir me voir.
Jujube, mon chien, m’accompagnait partout. Personne n’aurait pu voler l’argent de la caisse : il surveillait tout le monde du coin de l’œil, tout en se laissant caresser par les plus courageux.
Lorsque l’école recommençait, il devait rester seul à la maison. Bien sûr, il aurait voulu venir avec moi, mais c’était interdit ! Je le soupçonne pourtant d’avoir suivi le bus plus d’une fois. Mais je lui avais donné de

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