LE CABECILLAAlphonse DaudetCollection« Les classiques YouScribe »Faites comme Alphonse Daudet,publiez vos textes sur YouScribeYouScribe vous permet de publier vos écrits pour les partager et les vendre.C’est simple et gratuit.Suivez-nous sur : ISBN 978-2-8206-0264-0 Le bon père achevait de dire sa messe, quand on lui amena les prisonniers. C'était dans un coin sauvage desmonts Arichulégui. Une roche éboulée, où un figuier géant enfonçait sa tige tordue, formait une sorte d'autelrecouvert – en guise de nappe – d'un étendard carliste aux franges d'argent. Deux alcarazas ébréchés tenaientlieu de burettes, et quand le sacristain Miguel, qui servait la messe, se levait pour changer les évangiles de côté, onentendait sonner les cartouches dans sa giberne. Tout autour, les soldats de Carlos étaient rangéssilencieusement, le fusil en bandoulière, un genou à terre sur le béret blanc. Un grand soleil, le soleil de Pâques enNavarre, concentrait sa chaleur éblouissante dans ce creux de roche brûlant et sonore, où le vol d'un merle gristraversait seul de temps en temps les psalmodies du prêtre et du servant. Plus haut, sur le pic en dentelle, dessentinelles se tenaient debout, dessinant dans le ciel des silhouettes immobiles.Singulier spectacle, ce prêtre chef d'armée officiant au milieu de ses soldats ! Et comme la double existence ducabecilla se lisait bien sur sa physionomie ! L'air extatique, les traits durs, accentués encore par le teint bronzé ...
Voir