L Ultime Frontière - Gagnant prix 20 minutes du roman
210 pages
Français

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L'Ultime Frontière - Gagnant prix 20 minutes du roman , livre ebook

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Description

À la vie et à ses enseignements. À ce parcours sur une corde raide qui, à chaque instant, nous invite à réajuster notre trajectoire. « Là où il y a beaucoup de lumière, l'ombre est plus noire. » Johann Wolfgang von Goethe S OMMAIRE Titre Dédicace Exergue Première partie Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Deuxième partie Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Troisième partie Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Quatrième partie Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Cinquième partie Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Sixième partie Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Septième partie Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Huitième partie Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Épilogue Remerciements Collection Copyright Écoute-moi bien, mon fils. Il ne me reste pas beaucoup de temps. À l’instant précis où j’ai mis le pied dans le ventre de cet Hercules C-130 posé sur une piste où même les oiseaux dédaignaient d’atterrir, j’ai eu la certitude que j’étais arrivé au bout de mon chemin. Pourtant, j’ai fait comme si de rien n’était. J’ai pris ma place sur l’un des sièges défoncés de ce tas de ferraille prétendant encore fréquenter le ciel après de longues années de loyaux services.

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Informations

Publié par
Date de parution 10 novembre 2021
Nombre de lectures 49
EAN13 9782819506706
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À la vie et à ses enseignements. À ce parcours sur une corde raide qui, à chaque instant, nous invite à réajuster notre trajectoire.
« Là où il y a beaucoup de lumière, l'ombre est plus noire. »
Johann Wolfgang von Goethe
S OMMAIRE
Titre
Dédicace
Exergue
Première partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Deuxième partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Troisième partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Quatrième partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Cinquième partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Sixième partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Septième partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Huitième partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Épilogue
Remerciements
Collection
Copyright
Écoute-moi bien, mon fils. Il ne me reste pas beaucoup de temps. À l’instant précis où j’ai mis le pied dans le ventre de cet Hercules C-130 posé sur une piste où même les oiseaux dédaignaient d’atterrir, j’ai eu la certitude que j’étais arrivé au bout de mon chemin.
Pourtant, j’ai fait comme si de rien n’était.
J’ai pris ma place sur l’un des sièges défoncés de ce tas de ferraille prétendant encore fréquenter le ciel après de longues années de loyaux services. J’ai toléré avec nonchalance, comme tant d’autres fois, les vrombissements assourdissants des hélices et échangé quelques mots avec les autres passagers de ce vol vers une de ces destinations que le monde préfère oublier. L’atmosphère à bord, malgré les plaisanteries grossières des deux pilotes et la fausse légèreté du colonel du contingent ARTEMIS, ne faisait pas penser à un décollage vers une destination Club Med .
Je vais t’expliquer pourquoi j’ai troqué le calme dans lequel tu es né contre des pays sans lois. Pourquoi j’ai choisi d’être du mauvais côté du monde. Je te dirai la raison pour laquelle j’ai préféré le fracas de la mitraillette à la mélodie de ta boîte à musique. Pourquoi ton corps minuscule enveloppé dans un drap aux senteurs de lavande et le regard de ta mère enivrée par ta beauté ne m’ont pas fait retourner sur mes pas.
Nous serons enfin réunis quand, dans quelques jours, j’emprunterai les cinq cents mètres qui nous séparent du dispensaire où mon parcours s’est arrêté.
Que tu étais beau, parfait dans tes formes dodues et apaisé par le nectar maternel qui t’avait nourri ! Les cinq cents mètres dont je parle sont le fruit d’un hasard. D’un simple calcul du destin. Cet espace parcouru tous les matins et tous les soirs pendant des semaines avec cette foi aveugle qui accompagne les grandes causes sera, pour toi comme pour moi, une source de questionnements auxquels je n’ai guère de réponses.
« Voyons, pas de mollesse ! », ça a été mon cheval de bataille toute ma vie. Comme si m’arrêter équivalait à laisser tomber le monde.
Ai-je couru pour que la mort ne me rattrape pas ? Oui, je crois. Quelle mort, me demanderais-tu, la mienne ou celle de ceux à qui j’ai porté secours ? Qui voulais-je sauver ?
Maintenant, je le sais.
La mort a été ma compagne, mon épouvantail, ma source d’inspiration, mon vacarme, mon silence. Elle m’a suivi partout où j’allais. Je suis né en période de conflit. J’ai marché dans des champs de mines sans me faire une seule égratignure. Un pas après l’autre, comme sur un fil traversant l’abîme. J’en sortais vivant. Contre vents et marées. Je vivais car le monde avait besoin de moi. Et plus je me risquais à fouler des sables mouvants, plus j’avais la sensation d’exister.
Certains disent que cette rage de vivre tient de l’adrénaline. Moi, je sais que j’ai baigné dans l’urgence comme un poisson dans l’eau. C’était ma nature. Ma planète Mars dans le signe du Scorpion. Mon karma, mon histoire. Pense ce que tu veux. Cette course contre le temps apaisait mon rythme cardiaque et me permettait de rassembler mes forces dans les moments où les gens autour de moi se laissaient submerger par la paralysie.
C’est la vie qui resurgit comme un phénix de ses cendres que j’ai cherchée. Cette vie qui fuit l’ombre et se relève malgré tout. Pourquoi ? Parce que la mort me collait aux fesses. Elle me guettait dans chaque recoin de mon âme, me poursuivait comme dans un rêve.
Méfie-toi, mon garçon, des morts vivants. De tous ces gens accablés par la peur. Les sociétés trop rassurantes sont celles qui érigent des frontières, qui dorment avec leurs armes sous l’oreiller. Ces sociétés puent le cadavre et idolâtrent la forme comme un placebo contre la mort et la maladie.
Moi, j’ai préféré le bruit. La poussière. Le combat. Ma marque dans le monde, je ne voulais pas la laisser sur le fauteuil du bureau d’un cabinet médical. Mais dans les regards que j’ai croisés, dans les entrailles que j’ai recousues, sur les poings que j’ai serrés.
Je sais seulement que, tout d’un coup, les hurlements de cette guerre qui n’était pas la nôtre ont cessé de me tourmenter. Silence. Tout est devenu silence.
SWITCH OFF .
La lumière s’est éteinte. Un liquide chaud, familier, imprégné d’histoire, s’est répandu sur mon gilet. Moi, comme les autres. Comme tant de victimes innocentes de la haine des clans, des ethnies, des genres.
Je m’apprête ainsi à monter dans la panse grise d’un avion militaire et à inhaler l’odeur de carburant de son réservoir pour être au rendez-vous avec mon destin.
Les images se confondent dans ma tête. J’ai mal d’avoir trop vu. Mon destin est désormais lié à celui des milliers de gens que je n’ai pas pu sauver. À ces gens que les impératifs médicaux de l’urgence m’ont fait abandonner.
Qu’ils me pardonnent. Je ne suis qu’un chirurgien en mission humanitaire. Un homme et pas un dieu, comme le pensent la plupart des blessés qui s’accrochent à la vie. Dans quelques jours il faudra que je rende compte. Un pas de plus, un second de moins et la balle perdue par cette gosse au bandana rouge qui se prend pour la compagne de Rambo aurait percé le mur d’une maison abandonnée.
Mon fils, as-tu fait partie de ce groupe d’élèves de sixième parti visiter l’exposition de dessins d’enfants de la guerre ? Est-ce que tu as vu défiler sous tes yeux, « l’horreur en aquarelles » que les jeunes Palestiniens ou Tchétchènes ont pu extraire de leur cœur ?
Tu m’as suivi à travers leurs histoires. Dans les pays qui ne connaissent pas le répit.
Tu sais bien que la guerre ne peut pas se raconter. Le journal télévisé ne te transmet pas cette peur qui prend aux tripes, chaque fois que l’explosion d’une bombe retentit dans ton cerveau. Il ne déchiquette pas ton cœur lorsque ton meilleur ami saute sur une mine, alors qu’il courait derrière ses chèvres.
Tu voulais la vivre cette guerre. Comme moi, d’ailleurs. Mais tu voulais la vivre loin de moi. Tu savais qu’il suffit d’être né du bon côté du monde pour l’éviter. Ça n’a pas été mon cas. Ni le tien, d’ailleurs. Tu m’as suivi sans le vouloir. Tu m’as rejoint pour avoir voulu m’éviter.
Alors que je monte dans cette carcasse à hélices, je sais que ce voyage me conduira droit à mon destin. Ma blessure saigne avant que la balle ne soit partie.
Ai-je peur ? Non. J’ai surtout peur d’avoir peur.
Écoute ce que j’ai à te raconter. Boucle ta ceinture de sécurité et tiens bon. Tiens jusqu’au bout. Ton voyage à mes côtés sera long. Et pardonne-moi de t’avoir traîné jusqu’à moi.
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE 1

À quelques jours de son départ pour la mission en République démocratique du Congo, Anja Duric s’était apprêtée à monter sur le plateau du cirque pour la dernière fois de sa vie. C’était le dernier samedi du mois de décembre.
Soutenue par Dahlia et Ivana, deux acrobates de la famille Bertovic, la funambule serbe avait attendu quelques instants que Plamen présente au public son numéro, avant de se couler encore une fois dans le moule de son personnage.
– Laissez-vous transporter, Messieurs, Mesdames, dans l’univers tzigane du cirque Bertovic. Ouvrez grands vos yeux, vous allez avoir chaud… très chaud… La « reine du feu » s’apprête à entrer en scène ! Vous êtes priés, chers parents, de garder vos enfants près de vous et de veiller à ce qu’ils ne montent pas sur scène.
Derrière les rideaux pourpres, l’acrobate aux yeux noisette et à la peau diaphane avait entendu le public applaudir les prouesses des frères Balanesco. Elle n’avait pas pu s’empêcher d’esquisser un sourire, puis, avait relevé la tête et regardé droit devant elle. La scène s’était vidée au son déchaîné du petit orchestre. Les acrobates bulgares avaient salué la Reine du feu d’un clin d’œil, juste au moment où ils avaient emprunté la sortie vers les vestiaires. Au même instant, les quatre musiciens aux costumes sobres avaient freiné l’effervescence de leur mélodie.
La piste baignait désormais dans le noir. Les effluves de l’essence utilisée pour allumer les torches, s’étaient répandus dans l’espace fermé du cirque, provoquant chez quelques-uns des spectateurs des quintes de toux.
Il faisait confortablement chaud ce soir d’hiver, avait remarqué Plamen. Le système de chauffage, d’habitude défectueux, avait été réglé à la puissance maximale pendant ces représentations de Noël. Les familles assises autour du plateau avaient profité de cette courte pause pour reprendre leur souffle et étirer leurs jambes.
Le grouillement désordonné des spectateurs fut pour Anja un signal.
D’habitude, ces instants interminables avant son entrée en scène correspondaient à la phase critique du trac. À ce fil subtil tendu entre plaisir et souffrance sur lequel elle cherchait son équilibre avant de passer sous les lumières des réflecteurs. Elle savait que les Parisiens chérissaient le cirque tzigane à tel point qu’ils pardonnaient facilement aux acrobates leurs erreurs, et les pauses trop longues.
Il n’y avait aucune raison, jamais , d’avoir peur quand on était concentrés. La jeune Serbe le savait. Mais la raison pour laquelle ce samedi de décembre, elle attendait confiante de monter sur scène,

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