L Aisance d un touriste en apesanteur
110 pages
Français

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L'Aisance d'un touriste en apesanteur , livre ebook

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Description

« Tu es plus high qu’à ton départ, très détaché. Mike vous convoque aux toilettes: six lignes de poudre blanche attendent vos narines. Tu dis que tu ne peux pas: les enfants, le souper, ta femme, le citoyen responsable que tu es ne t’empêche pas de courber l’échine et d’aspirer. Mike dit qu’il t’aime et Serge ajoute que tu es un vrai chum. Tu ne dis rien, car tu ne ressens rien, sauf un infime soupçon de culpabilité. »
Sous des dehors nonchalants et détachés, le narrateur mène une vie cossue… qui l’exaspère : assurer la réussite scolaire de ses enfants, assister à la fin de vie de sa mère, veiller à la pérennité de son couple et briller en société. Ce bon père de famille, qui suit à la lettre les recettes de Josée di Stasio et achète son gigot chez Costco pour manger local, est soudainement rattrapé par un événement tragique de son adolescence. Comme si les bums de Rosemont revenaient le hanter, il assiste en temps réel à son propre dérapage et entrevoit la vie qui lui était réservée, celle à laquelle il a échappé. Peut-on vraiment esquiver ce qu’on refuse de contrôler?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 mars 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782898274732
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières Couverture Page de marque Page de crédits Page titre Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Chapitre 25 Chapitre 26 Chapitre 27 Chapitre 28 Chapitre 29 Chapitre 30 Chapitre 31 Chapitre 32 Chapitre 33 Chapitre 34 Chapitre 35 Chapitre 36 Chapitre 37 Chapitre 38 Chapitre 39 Chapitre 40 Chapitre 41 Chapitre 42 Chapitre 43 Chapitre 44 Chapitre 45 Chapitre 46 Chapitre 47 Chapitre 48 Chapitre 49 Chapitre 50 Chapitre 51 Chapitre 52 Chapitre 53 Chapitre 54 Chapitre 55 Chapitre 56 Chapitre 57 Chapitre 58 Chapitre 59 Chapitre 60 Remerciements
Points de repère Couverture Page de marque Page de crédits Page titre Début du récit Remerciements
Répertoire des pages Couverture 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203 204 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 221 222
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L’aisance d’un touriste en apesanteur
Yves Renaud
Roman
Sage comme un moine qui boit du vin de messe, tu suis de façon religieuse la recette de muffins au chocolat de Josée di Stasio. Les caissettes de papier sont bien calées dans les moules. Deux bols : dans l’un la farine, la poudre à pâte, le bicarbonate de soude et le sel ; dans l’autre : le sucre et le chocolat Lindt auxquels tu ajoutes deux œufs et une larme de vanille. Tu incorpores dans ce bol la farine et ses amis en alternant avec le lait. Quand tout y est, tu ajoutes ta touche : des gouttes de Cophylac qui feront planer les gourmands. Tu distribues la concoction dans les caissettes et au même moment, le four annonce qu’il est chaud pour ta recette. En peu de temps, le parfum de pâtisseries chocolatées embaume la maison. Tu es fier. Tu es un bon père qui prend grand soin de ses deux enfants et de sa femme.
Tout est prêt pour demain, pour l’examen d’entrée au collège de ton plus vieux.
Tu gares ta Camry hybride devant le Grand Séminaire de Montréal. Imposante bâtisse de pierres grises comme ton âme, au style néoclassique du dix-neuvième siècle, où on formait, il y a quelques décennies, des masses de prêtres ; maintenant un bungalow suffirait à la tâche. « L’endroit doit être désert, songes-tu, la vocation religieuse a pris le bord avec les années soixante. Aujourd’hui, le Grand Séminaire est vide et les facultés de psychologie débordent. Il y a eu transfert. »
Tes pas te mènent à l’Hôpital Général de Montréal. Tes New Balance sont détrempés, cela t’apprendra de privilégier le style au détriment de l’utile ; tu n’as jamais su marier ces deux-là. Tu stoppes au dépanneur pour y prendre Le Journal de Montréal et le Allô Vedettes sans oublier l’Échos Vedettes ; le caissier a toujours cet air étonné quand tu lui tends ces papiers, tu ne sais pas pourquoi d’ailleurs. Tu grimpes la côte qui mène à l’Hôpital Général où ta mère crèche à la suite d’une chute. Tu souffles sous l’effort. Les années à éviter tout exercice et à boire de façon immodérée se font sentir. Ce mauvais moment sera vite oublié après un verre de rouge. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur le quinzième et les affiches fades du ministère de la Santé plaquées sur les murs poqués par les années. Le monsieur qui lave le plancher est là, comme le dicte son inflexible horaire syndical. Il te jette un regard mauvais, il sait que tu vas saloper son travail ; il a encore le cœur à l’ouvrage, cet homme. Tu traverses le couloir, l’odeur d’alcool à friction et de merde te fait renouveler tes vœux de mourir jeune. Tu passes devant les chambres des patients, certains étendus, dont tu vois les chairs flasques et délavées, d’autres assis les jambes pendantes, la bouche béante et le regard implorant ; chacun compose un tableau de la déchéance et de la misère humaines. Tu files et te défiles jusqu’à la chambre 1507. Ta mère est assise devant une desserte à roulettes, à côté de son lit Stryker, tu aimes ce nom qui fait très gang de motards. Le mobilier obligatoire de tous les hôpitaux. Elle met un temps à te reconnaître : d’abord elle lève la tête, la surprise d’une présence éclaire son visage.
— Ah c’est toi ! avance-t-elle prudemment. Je ne t’attendais pas, Claude est passé hier avec ta sœur.
Claude, c’est ton frère ; elle confirme qu’elle ne te confond pas. De la fenêtre, tu vois L’Île-des-Sœurs parsemée de tours et au-delà, le fleuve dans la lumière d’automne et le smog qui ajoute une touche impressionniste au tableau. Tu déposes Le Journal de Montréal et les magazines devant ta mère, elle te dit qu’elle apprécie ce rituel quotidien, en fait elle le répète, car vous n’avez plus beaucoup de conversation. Vous n’en avez même presque jamais eu, tu la tiens à l’écart de ta vie comme tu le fais avec à peu près tout ton entourage : moins on en sait, mieux on se porte. Les seuls moments où vous étiez proches, c’était à Rosemont, dans l’appartement où ta famille a vécu près de trente ans ; tu l’aidais à faire la vaisselle, et vous parliez, de tout et de rien, complices. Cela dura un temps, quelques mois de ton adolescence. Depuis, la parole te paraît futile ; tu es souvent étonné par ces gens qui ont une vie banale et qui ont tant à raconter. Toi, qui fréquentes des milieux intéressants, artistiques et scientifiques, tu préfères écouter plutôt que parler.
Tu débarrasses les restes du petit-déjeuner ; ta mère t’en remercie. La lecture, ça l’aide à passer la journée, te dit-elle. Elle ne s’ennuie pas, ajoute-t-elle. Tu proposes de lui apporter des livres. Elle te regarde avec ses yeux bleus légèrement voilés. Tu ne sais pas si elle a compris ; alors tu attends.
— Je ne sais pas, répond-elle avec une moue indécise. Il faut beaucoup de temps pour lire un livre.
Tu attends quelques secondes pour t’assurer qu’elle ne blague pas, tu ne sais jamais avec ta mère.
— Mais maman, il ne te reste que cela, du temps.
Un sourire fragile anime les rides qui parcourent son visage. Tu lui annonces que ton garçon, le plus vieux, passera les examens d’entrée des collèges privés ce week-end. Aucune réaction. Elle te répond qu’elle garde le journal pour quand tu seras parti ; tu pourrais lui dire de ne pas se gêner, car tu es absent. Elle émiette un biscuit Social Thé et toi, tu es ailleurs ; réfugié en toi, loin de ce présent qui te blesse. Une blessure légère mais jamais absente de ton esprit ; pour y échapper, tu tiens des conversations imaginaires avec des amis, des connaissances, qui serviront de canevas dans la réalité et pour l’instant, tu négliges ta mère, tout comme tu négligeais ton père alors qu’il approchait de la mort. Une présence toute en absence : une de tes grandes spécialités qui t’a servi plus d’une fois à faire passer les temps morts, les situations humiliantes, les mauvais moments. Ta mère est penchée sur les gros titres du journal : elle ne tient pas parole. Elle agite la tête pour suivre le texte. Tu te lèves, tu lui donnes un bisou sur le front en lui disant qu’un rendez-vous t’attend. Tu passeras demain, tu promets. Elle te dit de saluer ta femme et les enfants ; elle pense à eux. Tu t’apprêtes à franchir la porte quand elle lâche qu’elle pense qu’on lui vole ses couches, que les préposés les lui prennent pour les donner aux autres patients de l’étage.
— Tu sais qu’elles ne sont pas fournies par l’hôpital, qu’elle ajoute.
Tu hausses les épaules et tu réponds que tu vas numéroter chaque couche et y mettre son nom et s’il en manque, tu promets de faire le tour de l’étage, d’entrer dans chaque chambre, de soulever la jaquette des patients et d’arracher la couche du coupable dès que tu l’auras trouvé. Ta mère te regarde,

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