Poésies , livre ebook

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Extrait : "Quand je t'aimais, pour toi j'aurais donné ma vie. Mais c'est toi, de t'aimer, toi, qui m'ôtas l'envie. A tes pièges d'un jour on ne me prendra plus ; Tes ris sont maintenant et tes pleurs superflus. Ainsi, lorsqu'à l'enfant la vieille salle obscure Fait peur, il va tout nu décrocher quelque armure ; Il s'enferme, il revient, tout palpitant d'effroi, Dans sa chambre bien noire et dans son lit bien froid."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
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Publié par

Nombre de lectures

132

EAN13

9782335121766

Langue

Français

EAN : 9782335121766

 
©Ligaran 2015

CONTES
D’ESPAGNE ET D’ITALIE

– What is it in that world of ours
Which makes it fatal to be loved  ?
Au lecteur des deux volumes de vers de l’auteur

  Ce livre est toute ma jeunesse  ;
  Je l’ai fait sans presque y songer .
  Il y paraît, je le confesse ,
  Et j’aurais pu le corriger .

  Mais quand l’homme change sans cesse ,
  Au passé pourquoi rien changer  ?
  Va-t’en, pauvre oiseau passager ,
  Que Dieu te mène à ton adresse  !

  Qui que tu sois, qui me liras ,
  Lis-en le plus que tu pourras ,
  Et ne me condamne qu’en somme .

  Mes premiers vers sont d’un enfant ,
  Les seconds d’un adolescent ,
  Les derniers à peine d’un homme .

1840.
Au lecteur
Une préface est presque toujours, sinon une histoire ou une théorie, une espèce de salutation théâtrale, où l’auteur, comme nouveau venu, rend hommage à ces devanciers, cite des noms, la plupart anciens  ; pareil à un provincial qui, en entrant au bal, s’incline à droite et à gauche, cherchant un visage ami .
C’est cette habitude qui nous ferait trouver étrange qu’on entrât à l’Académie sans compliment et en silence. Me pardonnera-t-on d’imiter-le comte d’Essex, qui arriva dans le conseil de la reine crotté et éperonné  ?
On a discuté avec talent et avec chaleur, dans les salons et dans les feuilles quotidiennes, la question littéraire qui succède aujourd’hui à la question oubliée de la musique italienne. On n’a sans doute rien prouvé entièrement .
Il est certain que la plupart de nos anciennes pièces de théâtre, à défaut de grands acteurs, demeurent sans intérêt ; Molière seul, inimitable, est resté amusant .
Le moule de Racine a été brisé ; c’est là le principal grief ; car, pour cet adultère tant discuté du fou et du sérieux, il nous est familier. Les règles de la trinité de l’unité, établies par Aristote, ont été outrepassées. En un mot, les chastes Muses ont été, je crois, violées .
La pédanterie a exercé de grands ravages ; plus d’une perruque s’est dédaigneusement ébranlée, pareille à celle de Hœndel qui battait la mesure des oratorios .
Le genre historique toutefois est assez à la mode, et nous a valu bien des Mémoires. À Dieu ne plaise que je veuille décider s’ils sont véridiques ou apocryphes  !
De nobles essais ont été faits ; plus d’un restera comme monument. Qu’importe le reste ? La sévère et impartiale critique est celle du temps. Elle seule a voix délibérative, et ne repousse jamais un siècle pour en élever un autre ; elle se souvient, en lisant Dante et Shakespeare, que l’héroïne du premier roman du monde, Clarisse Harlowe, portait des paniers .

1830.
Chansons à mettre en musique et fragments

Allons, bel oiseau bleu, chantez la romance à madame .

La Folle Journée.

À Madame B

Quand je t’aimais, pour toi j’aurais donné ma vie,
Mais c’est toi, de t’aimer, toi, qui m’ôtas l’envie.
À tes pièges d’un jour on ne me prendra plus ;
Tes ris sont maintenant et tes pleurs superflus.
Ainsi, lorsqu’à l’enfant la vieille salle obscure
Fait peur, il va tout nu décrocher quelque armure ;
Il s’enferme, il revient, tout palpitant d’effroi.
Dans sa chambre bien noire et dans son lit bien froid.
Et puis, lorsqu’au matin le jour vient à paraître.
Il trouve son fantôme aux plis de sa fenêtre,
Voit son arme inutile, il rit et, triomphant,
S’écrie : « Oh ! que j’ai peur ! oh ! que je suis enfant ! »

1828.

Venise

  Dans Venise la rouge,
  Pas un bateau qui bouge,
  Pas un pêcheur dans l’eau,
  Pas un falot.

  Seul, assis à la grève,
  Le grand lion soulève,
  Sur l’horizon serein,
  Son pied d’airain.

  Autour de lui, par groupes,
  Navires et chaloupes,
  Pareils à des hérons
  Couchés en ronds,

  Dorment sur l’eau qui fume,
  Et croisent dans la brunie,
  Eu légers tourbillons,
  Leurs pavillons.

  La lune qui s’efface
  Couvre son front qui passe
  D’un nuage étoilé
  Demi-voilé.

  Ainsi, la dame abbesse
  De Sainte-Croix rabaisse
  Sa cape aux vastes plis
  Sur son surplis.

  Et les palais antiques.
  Et les graves portiques,
  Et les blancs escaliers
  Des chevaliers,

  Et les ponts, et les rues,
  Et les mornes statues,
  Et le golfe mouvant
  Qui tremble au vent,

  Tout se tait, fors les gardes
  Aux longues hallebardes,
  Qui veillent aux créneaux
  Des arsenaux.

  – Ah ! maintenant plus d’une
  Attend, au clair de lune,
  Quelque jeune muguet,
  L’oreille au guet.

  Pour le bal qu’on prépare
  Plus d’une qui se pare
  Met devant son miroir
  Le masque noir.

  Sur sa couche embaumée,
  La Vanina pâmée
  Presse encor son amant,
  En s’endormant ;

  Et Narcisa, la folle,
  Au fond de sa gondole,
  S’oublie en un festin
  Jusqu’au matin.

  Et qui, dans l’Italie,
  N’a son grain de folie ?
  Qui ne garde aux amours
  Ses plus beaux jours ?

  Laissons la vieille horloge,
  Au palais du vieux doge,
  Lui compter de ses nuits
  Les longs ennuis.

  Comptons plutôt, ma belle,
  Sur ta bouche rebelle
  Tant de baisers donnés…
  Ou pardonnés.

  Comptons plutôt tes charmes,
  Comptons les douces larmes
  Qu’à nos yeux a coûté
  La volupté !

1828.

Stances

  Que j’aime à voir, dans la vallée
  Désolée,
  Se lever comme un mausolée
  Les quatre ailes d’un noir moutier !
  Que j’aime à voir, près de l’austère
  Monastère,
  Au seuil du baron feudataire,
  La croix blanche et le bénitier !

  Vous, des antiques Pyrénées
  Les aînées,
  Vieilles églises décharnées,
  Maigres et tristes monuments,
  Vous que le temps n’a pu dissoudre,
  Ni la foudre,
  De quelques grands monts mis en poudre
  N’êtes-vous pas les ossements ?

  J’aime vos tours à tête grise,
  Où se brise
  L’éclair qui passe avec la brise.
  J’aime vos profonds escaliers
  Qui, tournoyant dans les entrailles
  Des murailles,
  À l’hymne éclatant des ouailles
  Font répondre tous les piliers !

  Oh ! lorsque l’ouragan qui gagne
  La campagne
  Prend par les cheveux la montagne
  Que le temps d’automne jaunit,
  Que j’aime, dans le bois qui crie
  Et se plie,
  Les vieux clochers de l’abbaye,
  Comme deux arbres de granit !

  Que j’aime à voir, dans les vesprées
  Empourprées,
  Jaillir en veines diaprées
  Les rosaces d’or des couvents !
  Oh ! que j’aime, aux voûtes gothiques
  Des portiques,
  Les vieux saints de pierre athlétiques
  Priant tout bas pour les vivants !

1828.

L’Andalouse

  Avez-vous vu, dans Barcelone,
  Une Andalouse au sein bruni ?
  Pâle comme un beau soir d’automne !
  C’est ma maîtresse, ma lionne !
  La marquesa d’Amaëgui.

  J’ai fait bien des chansons pour elle ;
  Je me suis battu bien souvent.
  Bien souvent j’ai fait sentinelle,
  Pour voir le coin de sa prunelle,
  Quand son rideau tremblait au vent.

  Elle est à moi, moi seul au monde.
  Ses grands sourcils noirs sont à moi,
  Son corps souple et sa jambe ronde,
  Sa chevelure qui l’inonde,
  Plus longue qu’un manteau de roi

  C’est à moi son beau col qui penche
  Quand elle dort dans son boudoir,
  Et sa basquina sur sa hanche,
  Son bras dans sa mitaine blanche,
  Son pied dans son brodequin noir !

  Vrai Dieu ! lorsque son œil pétille
 

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